25 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
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1^94- cinquantetoifcs enquarré. LeFortcomme
je viens de dire, fait un des côtez,
les trois autres lont environnez de maifons
avec cinq rûës qui y répondent.
e^artier On peut diilinguer ce Bourg en trois
s.piern. quartiers, celui du milieu eft proprement
celui de S. Pierre, il commence au Fort
ces trois quartiers , environ deux mille i<594.
quatre cens communians 5c autant de Nomhe
Nègres & d'enfans, comprenant dans le fjJ'/^^]
premier nombre les foldats ôclesFlibuftiers.
roijes.
L'Eglife Paroiffiale de Saint Pierre eft EgUfe de
de maçonnerie, fon portail de Pierre saim
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: la montagne du coté de l'Uuelt, pierreelt taillée aiiez proprement,
où il y a une batterie à barbette de onze 'Architele à fait des fautes confideracanons,
qu'on appelle à prefent la batte- bles dans le deflein. Cette Eglife à cent
riedeS.Nicolas, dunomdeM.Gabaret vingt pieds de longueur fur trente-iîx
Gouverneurde l'Ifle, fous le gouverne- delargeur, avec deux Chapelles qui font
ment duquel elle à été réparée, 6c aug- lacroifée; les autels, les bancs, lachaiinentée.
re du Prédicateur font très-propres, 6c
Depuis cette batterie jufqu'à celle de le Service s'y fait avec beaucoup d'orfaint
Robert qui eft à l'extrémité du côté dre Se de modeftie. La maifon de l'Inei
de
Lwe.
tendant, du Gouverneur Particulier, le
Palais de la Juftice, laprifon, les fours
6c les magazins de la munition, le Bureau
du Domaine du Roi , le Monaftere
des Urfulines, la rafinerie de Madame
la Marquife de Maintenon d'Angennes,
& les Marchands les plusconiîderables
font dans la ParoiiTe Saine
Pierre.
Nôtre Eglife conventuelle qui fertde Eglifidté
ParoiiTe pour le Moiiillage eft auffi de Mouilk-,
maçonnerie, fon portail eft ruftique,
aflez fimplei elle a quatre-vingt-dix pieds
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de rOueft , eft le quartier qu'on appelwtkr
^^^^ Moiiillage, parce que tous lesvaifÎZm
féaux moiiillent devant ce lieu-là i l'ancrage
y eft excellent, & les vaiiTeaux y
font bien plus à couvert & plusen fureté
que devantleFortSaintPierre. L'Eglife
des Jacobins ou Freres Prêcheurs dédiée
à Nôt r e Dame de bon Por t , fert de
Paroiiîé pour ce quartier & pour les habitansqui
demeurent fur les mornes; c'eft
ainfi qu'on appelle les petites montagnes
dans les Ifles.
Q.iartier Le troifiéme quartier fenomme laGa- _ , _ _
TéiaGa- lere; c'étoit une longue rûëaubordde de longueur fur trente pieds de large
la mer, qui commençoit au Fort Saint avec deux Chapelles de vingt-quatre
Pierre & qui alloit jufqu'à un fortin ou pieds en quarré qui font la croifée. On
batterie fermée, qui eft àl'embouchûre a obligation de h conftru<5tion auxOfde
la riviere des Peres Jefuites. L'oura- ficiers des VaiiTeaux du R o i , particuliegan
de i6p5'. a emporté plus de deux cens rement à M. le Comte de Grancey 8c
maifons de ce quartier, n'en aïant laiiTé à M. de la Clocheterie : quoique ce
que trois ou quatre avec le magazin de dernier fut Calvinifte, ilavoittant d'af-
Ja Compagnie deGuinée qui avoit un bon feétion pour nos Peres & pour la Fabriparapet
de maçonnerie qui legarentit de que de leur Eglife, qu'il alloit lui-mêla
violence de la mer. On commençoit me faire travailler fes gens, & ceux
à le rebâtir quand je fuis parti des Ifles j qui étoient commandez des autres vaifil
eft de la ParoiiTe des Jefuites, ilyavoit féaux pour apporter les pierres de taille,
dans les deux Paroifles qui comprennent le moilon , la chaux, le bois 6c les
Peres
blancs.
Ci que
•vaut le
fas à la
Marti-
F R A N C O I S ES D
î<5o4. autres matériaux neceiTaires pour l'édifice.
• En reconnoiiTance nos Peres ont
fait placer dans l'endroit le plus honorable
de l'Eglife, un -banc fort propre
Se fort commode pour les Officiers de
la marine à qui ils ont donné auffi le
droitde fépulture. L'Eglife eft au milieu
du cimetiere qui eft environné de murailles
, 6c dont la porte répond à la
principale rûë du Mouillage : à côté du
'Couvent cimctiere il y avoit une allée d'orangers
desjaco- qui conduifoit à nôtre couvent, éloigné
iinsoii de la rûë d'environ trois cens pas. Cette
allée étoit coupée par deux autres,
compofées de mêmes arbres, quiavoient
cent pas de longueur. Le Pas de mefure
à la Martinique eft de trois pieds Se
demi de Paris; c'étoit en ce temps-là
toute la largeur de nôtre terrain; nous
l'avons augmenté d'autant en 1700. par
l'achat d'une place contiguë à la nôtre
qui appartenoit aux'heritiers du fieur Lufignan.
. Le couvent qui étoit au bout de cette
allée confiftoit en un corps de logis
de bois de trente pieds en quarré, qui
comprenoit une falle, trois petites
chambres Se un efcalier ; le haut étoit
partagé en trois chambres. Derrière le
corps de logis 8c des deux côtez, il y
avoit deux bâtimens détachez, l'unfer-
Voit de cuifine 6cde poulailler, 6c l'autre
de refeéloire. Au de-là de ces bâtimens
il y avoit un quarré de toute la
largeur de nôtre terrain, fermé par de
doubles allées d'orangers qui renfermoient
le jardin potager, dans lequel il
y avoit nombre d'orangers de la Chine;
mais" ce jardin ne fubfiftoit plus depuis
deux à trois ans; un déluge d'eau qui tombant
de la montagne avoit emporté quantité
de pierre £c de terre, l'avoit entièrement
couvert, 6cavoit même rempli le
couvent jufqu'à la hauteur de 4. pieds;
de forte qu'il n'y avoit plus que les oran-
E L'AMERIQ^UE. z/
gers de la Chine qui fubfiftoient : nous
trouvâmes feulement un petit jardin potager
à côté du couvent avec un datier,
des abricotiers de Saint Domingue, des
poiriers d'avocat, 6c d'autres arbres,
dont je donnerai la defcription, laculture,
l'ufage 6c les qualitez dans un autre
endroit.
On peut juger que nous trouvant neuf
Religieux dans un lî petit couvent, nous
n'y étions pas fort à l'aife pour le coucher
j il fallut-donc nous accommoder
comme dans les VaiiTeaux pour cette
•nuit.
Le lendemain matin le P, CabaiTon
envoya à nôti'ehabitation delà CabefterrelesPP.
Daftez, GaiTot 6c duHomeel.
Nous reçûmes ce même matin la vifite
des R R . PP. Gombault, Holley Ôc Breton
Jefuites, 6c peu après eux celles de
M. l'Intendant du Mets 6c de Meffieurs
de Guitaut 6c-Gabaret. Le premier
m'emmena dîner chez lui avec le P. Martelly,
il étoit bien aife de fçavoir de certaines
nouvelles de la Cour 6c de la Ville,
dont je lui avois parû aiTez inftruit;
d'ailleurs il avoit connu le P. Martelly
rendant qu'il étoit Commiflairedes Gaeres
à Marfeille. M. de Guitaut dîna
avec nous, 8c nous pria à dîner pour le
lendemain; il connoiiToit la famille du
P. Martelly dès Je temps qu'il étoit
Lieutenant de Roi aux Ifles d'Hieres,
pendant que-le Comte de Guitaut fon
frere en étoit Gouverneur. Ces Meffieurs
nous preflërent de nous retirer à
la Cabefterre où l'air eft meilleur, 6c
où nous ferions moins en danger.de gagner
le mal de Siam; mais comme leP,
Martelly s'étoit engagé à prêcher le
jour de la Chandeleur, 8c qu'il falloit
tôt ou tard s'accommoder à l'air 6c ai^
fifter íes malades, nous nous remîmes
entièrement à la difpofition de nos Supérieurs.
A côté du jardin de M. l'In-
D z ten-
1694.