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 50e  NOUVEAUX  VOY  
 i6'j6.  lignes,  celaaidc encore à la formation  du  
 grain,  6cempêche  leSucre  d'écumerou  
 plûtôt  de moLifler,  ou de jetter  de  petits  
 boiiillons.  
 On  laiiTe  après  cela  repofer  ces  deux  
 rsfraichiflbirs.  life forme  une  croûte  fur  
 k  fuperficie  qui  s'épaiffit  peu  à  peu.  
 A G E S  AUX  ISLES  
 Sucre  de  Cannes.  
 La  fécondé batterie qu'on  tire  ell mife  
 dans deux  autres rafraichiffbirs quand  on  
 en a :  finon  il ne  faut  pas fe  preiTer  de  la  
 cuire,  afin  de  donner  le  tems  à  la  premieredeferefroidir. 
   Lorfquelefucredes  
 deux premiers rafraichiflbirs a fait fa croût 
 e ,  &  qu'une  autre  batterie  cft  prête  à  
 être  tirée,  on  coupe  avec un couteau  un  
 petit  quartier  de la  croûte  de  cinq  à  fix  
 pouces de diamètre,  ôc on  cerne  tout  le  
 tour des rafraichiflbirs,  afin que la croûte  
 celle  d'y  être  adherents.  
 A  tnefure  qa'on vuide  la batterie  avec  
 les  becs  de  corbin ,  on  la  porte  dans  les  
 rafraichiiToirs  ,  verfant  doucement  par  
 l'ouverture  qu'on  a  faite  à  la c roûte,  &  
 comme elle n'eft plus adherente  au  bord,  
 elle  s'éleve  infenfiblement  à  mefure  que  
 le  fîrop  coule  deiTous.  
 Lorfqu'on  a  achevé de cuire tout le  fî-- 
 Top,  on  rompt  les  croûtes,  on  mouve  
 bien  avec  la  pagalle  tout  ce  qui  eft dans  
 les rafraichiiToirs,  & on le  porte avec  les  
 becs  de corbin  dans  les formes deftinées à  
 le recevoir, obfervant de partager les morceaux  
 des croûtes dans toutes les  formes à  
 mefure  qu'on  les  emplit  comme  j'ai  remarqué  
 ci-devant  en parlant  du Sucre  de  
 Cannes,  Qiiand  celui qui eft dans les formes  
 a fait  corps,.  cSc  qu'il  eft  refroidi, on  
 leve  les  formes,  on  les  débouché,  &  on  
 les met  fur les  pots.  On  ks  perce  quand  
 elles  font  en  état  de  l'être,,  on  fait  leurs  
 fonds, &  on  les terre  comme  le Sucre  de  
 Cannes.  Ce  Sucre  eft auffi beau que celui  
 dont  il  vient,,  il  eft même  quelque  fois  
 plus  blanc j  mais  fa  blancheur  eft  plus  
 mattc,  &  n'a pas le luftre Scie brillant  du  
 J ' a i v û  des Rafinetn-squi  faifoient  cinre  
 les  firops  qui fortoient  de ces  firops-là,  des  firopi  
 &  qui en faifoient de grosSucre,  qui étant  ne/ont  
 mis en  barrils avec une forte ter re,  comme  
 au Sucre  dé firop  decîterne,  le  ren-  led/"''  
 doit  propre  pour  être  repafle  en  Sucre  l'Eaubrut, 
   mais  il  lui communique une  odeur  ''•;>„  
 de brûlé fi forte,  avec un  goût  amer,  capables  
 défaire  paiTertoute  la partie  ou  il  
 eft mêlé,  pour Sucre  de  firop,  de  forte  
 qu'il vaut  mieux  employer  les  firops  dea  
 firops  à  faire  de  l'Eau-de-Vie.  
 A  l'égard  des  écumes  qui  fe tirent  du  
 fi^rop &  de labaiterie y  &n  doit  les  cuire  
 tous  les matins, ou du moinstousles  deux  
 jours,  pourvû  qu'iln'y  ait  point  danger  
 qu'elles  s'aigriflent.  On  let  met  dans  la,  
 chaudiere deftinée àcuire les  firopsavec  
 un quart d'eau,  afin de retarder  leureuiffon,& 
  avoir  le tems de les  purger.  Lorfqu'elles  
 commencent  àboûillir,  onyjet t e  
 de la Icffive ordinaire,  5c on l'écume  avec  
 foin.  Quand  elles approchent de  leurcuiPfon, 
   on  y jette  de l'eau  3e chaux  &  d'alun, 
   & quand  on eft prêt  de  tirer  la  batterie, 
   on la-faupoudred'un  peu d'alun  en  
 poudre,  j'ai  vû  de ce Sucre mis en  forme  
 &  terré  qui  écoit  très-beau-,  
 Lorfque les Rafineurs réiàffiiTent à blanchir  
 ces Sucres  d'écumes  en  perfeétion,.  
 c'eft  un  chef-d'oeuvre  pour  eux,  qu'ils  
 s'imaginent  les  couvrir  d'autant  de  gloir 
 e ,  qu'un General  d'armée  l'eftdu  gain  
 d'une Bataille.  Mai« il faut prendre  garde  
 que  fous pretexte  de  faire  du  Sucre  d'éeûmes, 
  ils n'enlevent  avec les écumes  une  
 partie  du Sucre  qui  eft dans la batterie  8c frendrfi  
 dans le  firop  parce que ce  qui  fatisferoit  ¡^  
 leur vanité  tourneroic  au. defavantage  du  *  
 Maître  j.  &  fur  cela,  &  fur  cent  autres  
 ehofes,il faut avoir  l'oeil toûjour.s ouvert  
 fur  ces  fortes  de  gens»  
 lls'eft vendu du Sucrf  de gros  firop  de  
 Sucrcterré,  pour Sucre, biut,,  Si. même  
 foiur  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQ^UE,  jo ^  
 ïCçSi  poU'' Sucre pafle. C'eft une tromperie: car  ce Sucre étoit bon^ 8c beau, mon  Nantois  
 il  eft certain  que  quand  ces Sucrés  vien^  ne manqua pas  de le mettre  apart.  Je  lui  
 nentàêtre  fondus  pour  être  rafinez,  ils  dis  qu'il  fe  trompoi t ,  &  que  ce  n'étoic  
 ne rendentjamais tant à beaucoup près que  que du Sucre  de  firop  j  mais  il voulut  s'y  
 UcG,,^-»..  T^  tetlir, en difant que fi c'en étoit  véritablement, 
   je  n'aurois  pas  la  charité  de  l'eti  
 avertir,  qu'au  refte  il  n'avoit  pas befoiiv  
 de  confeil.  Il  prit  donc  dix-huit  barriques  
 de  fucre  de  firop,.  rebutant  celles  
 quiétoientdcpur  fucre de  Cannes,  s'en  
 tenant  toûjours  à  fon  fyftême  du  poids  
 8cdu grain  pour  diftinguer  ces  deux  fortes  
 de fucre.  Ileft-vrai,-  que  ces  dixhuit  
 k s Sucres de Cannes.  La  confcience  veut  
 qu'on  les vende,  pour ce qu'ils  font ,  afin  
 que  celui  qui  les  achete  Içache leur  qualité, 
   8c  l'emploi  qu'il  en  doit  faire":  car  
 k  plupart  des gens ne font  pas  aflez habiles  
 pour diftinguer cesSucreSjd'avec  ceux  
 qui  font  tout  purs  de  Cannes,  fijr  tout  
 quand  ils font  bien  travaillez.  
 Ulftohe  II  m'arriva  ur>  jour  une ¡affaire  aiTez  
 d'unCii-  particulière  à  ce fujet avec  un  Capitaine  barriques  étoient  d'un  parfaitement  beau  
 pitaive  de  Nantes  nommé***  il  m'avoit  livré  fucre,  grené  comme  du  fable,  luifant,  
 ihZidde quelques marchandifes  pour  le  payement  ferme,  ôc tranfparent, Scfipefantyqu'el- 
 A'/w^ii.  defquelles je  devois  lui  donner  du  Sucre  les allèrent  à plus de onze  millelivresnet,- 
 brut  à huit  francs  le cent.  L'^aïant  averti  c'eft-à-dire ,lataredéfalquée. Quand  nosd'envoyer  
 chercher  fon payement,  il me  comptes  furent  finis  8c  fignez,  iecom-- 
 dit qu'il  y viendroit  lui-même  fans fe  fier  mençai  à  me  mocquer  de  fa  prétendue  
 à fon Commis,  parce que fçachant que  je  habileté  a  connoître  les  fucres ,  8c  je  
 faifois du  Sucre  blanc,  il  avoit  lieu  de  l'afturai qu'il  n'avoit  pas une  feule  barricraindrequejene  
 fiiTe comme  les  autres,  que  de  Sucre  de Cannes,  8c que tout  ce  
 Se que je  ne  lui donnafle du  Sucre  de  fi-  qu'il  avoit  choifr n'étoit que de fiî op.  Il  
 vop.  Je  lui demandai  s'il  étoit  aiTez  ha-  foûtint  le contraire,. &  de  paroles  en  pabile  
 pour  en  connoitre  la  difference,  Ss  roles,  il  me  défia.de  gager  dix-huit  aucomment  
 il  s'y  prendroit,  il  me  répond 
 i t ,  qu'il en fçavoit  aflez pour  n'être  pas  
 trompé,.  8c qu'il  me  lepardonnoitfij'en  
 venoîs  à  bouc ;  &  que  le  grain  8C  la  pefanteur  
 étoient  deux  moyens  infaillibles  
 pour  diftinguer le Sucre de Cannes  d'avec  
 celui defirop.  Je  me  mis  à  rire,  8cjene  
 très  barriques  de  Sucre,,  contre  les  dixhuit  
 qu'il avoit  reçûës, Se qu'on  tranfportoit  
 au  lieu  de  l'embarquement.  Je  fus  
 contraint  d'accepter  la  gageure  ,  nousl'écrivîmes  
 8c la  fignâmes,  ôc nous  nommâmes  
 chacun  un  Rafineur  pour  Arbit 
 r e ,  qui  pourraient  choifif  entr'eux  un'  
 doutai  poun  qu'il  ne  fe  trompât  lui-mê-  furabitrepourjuger ledifFerent,  fuppofê  
 me.  Mais je ne crus pas  lui  devoir décou-  qu'ils  ne  s'accordaflint  pas  tous  deux,  
 vrir  alors  le  fecret  qu'il  ignoroit.  Comme  il  s'en-trouva.  U  de  prefens,  le'  
 Il vint  lejour  que  je lui  avois  marqué,  procès  fun bien-tôt  jugé,  8c  il  le  perdit  
 8c me dit que  fuivant nôtre marché  je  de-  tout  d'une  voix,  8c  appr-it  à. fes  dépens  
 vois  le  laiiFer  choifir.  J'y  eonfentis  fans  qu'il  n'avoit  choifi  que  du- Sucre  de  fipeine,, 
   je  lui  fis  ouvrir.le Magazin,  où  il  rop,  lorfqu'il  pouvoit  prendre  du  Sucre  
 y avoicenviron quatre-vingt  barriques  de  de  Cannes.  M  étoit  très-mortifié,  8c  il  
 Sucre,  parmi lefquelJesil y avoit une par-  avoit raifon:  car c'étoit  une perte  confitjede  
 Sucre  de  firop,  que j'avois  promis  derable pour  un Capitaine  Nantois^,  qui  
 à  un  Marchand  comme  Sucre  de  firop  à  faifoit fon  premier  voyage  en  cette  quaraifoade  
 fix livresdixfol&le cent. Comme  '¡'•^  p— j —  
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 lté,  étant  venu encore  l'année  dernière  
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