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• fondre, & qu'çnfuite on les.travailloit
comme on fait en France, mais que depuis
peu on avoit trouvé l'invention de
eur mettre la mèche, fans autre façon
que de lesperçer avec une éguille chaude,
au bout de laquelle la mèche étoit
paflee : .il l'alTura qu'on fe fervoit .de
ces fortes de chandelles dans prefque
toutes les maifons, & qu'on n'eu emploieroit
jamais de celles qui vicnnent .de
France, il oii pouvoit donner à cellescy
unpeu plus de blancheur. Nôtre habile
homme crût cette fable de tout fon
coeur, 6c fut aiTez iimple pour parler
rfe ces chandelles vertes dans une maifon
où il alla Je même jour, & de blâçier
le Capitaine de fon vaiiTeau qui avoit
apporté une quantité çonfiderabje
de caiiTes de chandelles., mais il fut
étrangement furpris quand il vit que
tout e monde fe moquoit de lui ^ il
connut qu'on l'avioitduppé fut obligé
d'avolier qu'il y avoir bien des choies
qu'il ignoroiti il fegardoitpourtant
bien de me prier de l'en initruire.
Le vent qui nous avoit iî bien fervis
depuis le Fort Royal, nous quitta au
Carbetj c'eft un Bourg à une lieuë du
Fort flint Pierre. On l'appclloit autrefois,
le quartier de Monfieur, parce
gue M. du Parquet, Seigneur & Pro-
A G E S AUX ISLES
prietaire de la Martinique y faifoit'fa
réfidence. Nos Nègres reprirent alors
leurs avirons & ramèrent fi bien, que
j'arrivai à nôtre couvent du Moiiilkgc
fur l,cs huit heures du foir.
JLe lendemain matin le P. Cabaflbn
me conduifit chez le Diredeur des Domaines
du Roi.j il s'appelloit'M. de
Vaucourtois, Parifien, honnête & fort
obligeant. G'étoit lui qui payoit les
penfions que le Roi donne aux Curez,
il me fit auffi-tôt délivrer les provifions
dontj'avoisbelbin. -C'étoit une barique
de vin de Bourdeaux, qu'il jne compta
for le pied de trois mille cinq cens livres
de fucre brut, qui réduit au prix
courant, oià étoit pour lors cette marçhandife,
rev^noit a la fomme de trente
cinq ecus. Je pris outre cela un baril
de farine évalué à dix-huit cens livres
de fucre; un baril de boeuf falé évalué
à quinze cens livres., & un demi baril
de lard pour douze cens livres, ce qui
fkifoiten touthuit mille livres de fucre
qui étoient les deux tiers d'une année de
mapenfion. Je fis porter ces provifions
chez un Marchand du Fort faint Pierre,
nommé Ricord, où M. Michel faifoit
porter les fiennes, en attendant qu'il
pût envoyer fon canot pour les apport
ter chez lui.
C H A P I T R E IX .
de deux vaijfeaux Anglais par JaFlibuftiers. Leur mmiere de combatrp.
le, Traité qu'ils font pur leur courfe.
Jeudi .quatrième Mars j'allai
rendre vifite à nôtre voifin
M. Pinel, Capitaine de Flibuftiers
, Conamandant une
corvette de fix canons, app'ellée la
Malouine ou la Volante. Il étoit arrivé
la veille avec deux vaifleaux Anglois
qu'il avoit pris au vent de la Barbade,
l'un de douze canons & l'autre de dixhuit,
venant à droiture d'Angleterre
très richement chargez.
Il me reçût avec mille civilitez, 6c
ayant fçû que je m'établiflbis à la ParoiiTe
du Macouba , il dit qu'il vouloit
contribuer à me mettre en ménage, 6c
me fit preiênt de fix belles bouteilles 6c
de douze verres de çriftal, avec deux
fromages d'Angleterre. Ce fut ainfique
commença l'amitié qu'il a eue pour moi
jufqu'à famort. J'achetai encore d'autres
F R ANCOISES
D E L'AMERICLUfô 7?
trfis provifions qui me manquoient, 6c
je les fis porter avec mon coiFre, mon
matelas 6c d'autres hardes chez le même
M. Ricord. Mon defl'ein étoit de
m'en retourner le lendemain à ma ParoilTe,
mais nôtre Pere Supérieur m'arrêta
pour aflîfter à une grande MelTe que
les Flibuftiers de M. Pinel devoient faire
chanter le jour fuivant, 6c à laquelle
ils devoient communier, en execution
d'un voeu qu'ils avoient fait dans le
combat, oîi ils avoient pris ces deux
vaifleaux Anglois.
Le . Vendredi nous fûmes occupez
toute la matinée à confeiTer les Flibuftiers.
On chanta une Mefl'e de laVierge
avec toute la folemnité poifiblej je
'Me/ft
chantée
en action
de
fa'pri/e î^f Célébrai 6c je bénis trois grands pains
c'eft-à-dire, attachées en diiFerens endroits
du bord avec deux bandes de fer tenir les
qui fe croifent, l'ouverture de la grc- '^^'"'d»'
nade avec fa fufée répondant fous le
gaillard par ou on lui donne feu. J'y
remarquai des efpoirs ou efpingars de
fonte, oil l'on met vingt-cinq ou trente
balles de moufquet, 6c je ne fçai
combien d'autres attii'ails qui augmentoient
la furprife où j'étois, comment
on avoit pû furmonter tant d'obftacles,
6c enlever ces deux bâtimens. Un Flibuftier
avec qui je m'enti*etenois, me
diti que tout lecanon6c toutes les autres
deiFenfes ne méritoient pas qu'on
y fit la moindre attention j qu'il leur fuffiibitdevoir
un bâtiment 6c de pouvoir
s'en approcher pour compter fûrement
de deux qui furent prefentez par le Capitaine, fur façrife. Que le canon de leur Cor-.
•vaif- accompagné de fes Officiers, avec les ——
. tambours 6c' les trompettes. La Corfar^
U vette 6c les deux prifes qui étoient
fmrpi- mouillées devant l'Eglife firent des dénehça
charges de tout leur canon, au commencement
delaMef lè, & l'élévation
corvet- dufaint Sacrement, à la benedi£tion 6c
¿'î à la fin du l'e Z)^«?», qui fut chanté
après la Mefie. Tous les Flibuftiers vinrent
à l'oftrande, 6c prefenterent cha-
Vaifvette
étoit plus par ceremonie que par
neceffité, puifqu'ils n'employoientprei^
que jamais que les deux pieces de chafle
quand ils battoient un vailTeau par l'ayant
ou par l'arriéré, leurs fufils leur
fuffifant pour le defoler, jufqu'à ce que
leur Capitaine juge à propos de fautera
l'abordage.
Je fouhaitai de fçavoir comment s'é- comlat
toit pafle leur combat. Il me dit, qu'aufcun
un cierge avec une piece de trente fi-tôt que celui qui étoit en vigie ou en
fols ou d'un écu. Ceux qui communie- fentinelleauhautdumafteut averti qu'il ¿^ux
rent le firent avec beaucoup de piété 6c découvroit ces deux vaifleaux, on fit x-«//-
demodeftie. porter deftùs à toutes .voiles, que ccsP^"^'-
Après quej'eus dîné j'allai à bord de deux vaiflïaux voyant que la Corvette
la Corvette 6c des prifes, Jenepouvois les hauflbit confiderablement, crurent
qu'il leur feroit inutile de prendre chaff
e j ils fe flattèrent même qu'ils pouroient
fe rendre maîtres de celui qui
venoit fur eux; de forte qu'ils broiiillerent
leurs voiles pour ratcendre. On
fut bien-tôt à la portée du fufil, ons'atcomprendre
comment ce petit bâtiment
arme feulement de fix canons de fix
6c de quatre livres de balle, avoit ofé
attaquer ces deux vaifleaux, dont le plus
gros avoit cinquante huit hommes d'équipage
, 6c le petit quarante-cinq. Ils
avoient tous deux des gaillards d'avant tacha d'abord au plus gros qui faifoit
féaux 6c d'arriéré, retranchez avec des fa- grand feu de fon canon, 6c très peu de
ulan- pour le canon, des meurtrieres, fa moufqueterie, comme c'eft la coûchez.
des coffres à feu, des grenades lardées, tume des Anglois, On le battit pendant
ÎoHrfm- ^om. L K' trois'
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