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f S i NOUVEAUX V O T A G E S A U X ISLES
Terre
propre
pour les
iriqua.
k s Baffes-terres des Mes. J'en ai trouvé
à la Guadeloupe, au bord de la mer,
dans un petit morne appelle-le Morne
doré près la ravine Billau, quiportoicnt
jtffqu' à deux pieds de longueur, un pied
de large ô£ autant d'épaifleur. La facilité
deles tailler m'avoit fait refoudre
les employer pour faire des merlons £c
autres ouvrages que jedevois faire faire
au F o r t , fi les ennemis euiTent tardé un
peu pluslong-tems à nous rendre vifite.
J'en ai fait des plates-formes pour des
batteries. J'en ai employé à des fourneaux,
& par tout j'en ai été content.
On trouve en beaucoup d'endroits des
terres propres pour faire de la poterie &
des briques. Cectederniere eft plus commune
que l'autre. Il y a à la Martinique
& la Guadeloupe des poteries où l'on
travaille les pots & lesformespour faire
le fucre blanc ; mais on n'y fait pas de
_ briques, parce que le profit ne répondroit
pasàladépenfe. Le P.Templ e qui
avoit été Procureur de nôtre maifon de
la Martinique, fe mit en téte d'établir
chez nous une briqueterie, & en effet,
il fit taire une quantité confiderable de
briques j mais fon ouvrier s'étant retiré
, parce qu'il s'aperçût que nos Negres
vouîoient lui dérober fon métier, l'entreprife
échoiia. J'ai trouvé beaucoup
de ces briqties} elles étoient bien faites
& de bonne matière , mais elles man-.
quoient de cuiflbn.
Nous avons depuis bien des années
une poterie établie dans nôtre habitation
de la Guadeloupe , oii nous faifons des
pots Si des formes pour blanchirle fucre,
des thuiles 6c des carreaux quand nous
en avons befoin, avec d'autant plus d'avantage,
que nous avons chez nous une
veine de terre excellente pour tous ces
ouvrages. Je me fouviens qu'étant Smdic
de nôtre Maifon, un Prêtre de nos
amis appellé l'Abbé du Lion, ayant eu
lìlftoìre
de
VAbhé
dítLiofí.
avis qtfil étoit arrivé dans r i l leun po« ,5 J
tier de terre, foi diianc ouvrier en fayenc
e , & s'accommoda avec lui pour établir
une fayencerie qui auroit bientôt dégénéré
en poterie au préjudicedela nôtre.
Je fus furpris de voir faire un four, Se
les autres bâti mens neceiTaires à cette
manufadrure,connoiflant aiTez le terrein
de l 'Abbépourfçavoirqu' il n'avoit point
de terre propre pour cela ; mais j e fus
bien plus étonné quand il me vint faire
un long difcours pour me prouver qu'on
étoit obligé d'afïïiler fon prochain, Se
particulièrement fes voifins, avec lefquels
esfervices réciproques confervoiencl'iinion,
& referroient les noeuds de l'amitié.
Pour commencer , me dit-il, je
vous offre tout ce qui ell; en mon pouvoir,
& je vous aurai une obligation finguliere
d'en difpofer à vôtre gré. Je le remerciai
beaucoup, & lui rendis le même
compliment} ajoûtant néanmoins que
l'offre que je lui faifois étoit peu de
chofe,puifque je ne pouvois difpofer de
rien fans le confentement de mes Confreres.
Il m'appritdanslafuitedelaconverfation
l'entreprife qu'il avoit faite} il
exagera beaucoup l'utilité & la commodité
qui en reviendroit à tout le pays;
qu'à la vérité il lui manquoit une chofe
effentiellfi qui étoit la terre , mais qu'il
avoit compté que j e ne ferois pas de difficulté
de lui laiffer prendre de la nôtre
Ce qu'il en auroit befoin. Je lui répondis
que toute nôtre Communauté eftimoit
trop fon amitié pour rien faire qui la pût
jamais altérer : mais qu'en lui fourniffant
de la terre pour fa poterie, nous ne
manquerions jamais de nous brouiller,
parce que felon le proverbe, un potier
porte toûjours envie à un autre potier,
& que l'envie étant l'ennemie capitale
de l'union, il valloit mieux qu'il abandonnât
fon projet de poterie, & nous le
plaifir de lui fournir de la terre, que de
nous
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 185
nous mettre les.ms.6c les m t r i s daias le où le terrcjncû plus rouge, plus gras, 1696.
dangerderompre-uae amitié que j e vou- plus compaâ:, participent aux mêmes pierres
lois cimenter autrement qu'avec de la q.ualit<z; elles font d'ordinaire df<»u-'¿e^'i'itenie.
Ces raifons me paroilToicnt bon- leur d'ardoife claire j le grain -cjé fin;
jiesj mais elles ne contentoieM point oe elles font pefantes & dures & fort fiijetbon
Seigneui-j ^,ui fe plaignit par tout tes à avoir des clouds,. Quand on fçait
de ma dureté & de la perte que je lui bien les ¡prendre de fil & les travailler
caufois} comme fi un homme d'efprit avec foin, elles rendent l'ouvrage beau,
comme il étoit, ne devoir pas fçavok & les arrêtes a & z vives. J'en,effayai d'en
qu'on doit fefournir de terre avant d'en- . fairepolir quelques morceaux pour faille
ti-eprendre de faire des pots. -descarreaux , ils fe poliffoient fort bien,.
_ e reviens àpréferit à mon fujet. oaais je n'aipoint éprouvé d'en faire fcier.
Pendant .qu'on pêchoit la chaux, je J'en ai trouvé qui étoient rayez & ta- ^fp"^
Joiiai deux Negres,dont I'ub étoit demi- chetez , que je croi être urae-eipece de f
maçon & demi-tailleur de pierre , & marbre j je ne les ai pointfait mettre fai
l'autre étoit fon apprentif. Je joignis à oeuvre, parce qu'ils étoient trop durs,
ces deux ouvriers deux jeunes Negres de & qu'ils m'auroient confommé trop de
notre habitation qui m'avoientfervi,, ôc tems.& tropd'outils. On trouvede très-
«n qui J'avois remarqué de l'inclination groUès roches dans les rivieres, elles font
pour ce métier, & je réfolus de les con- dures, & à en juger par leur fuperficie,
duire tous quatre & de faire mes bâti- elles ont plus l'airde cailloux que de pierjnens,
fans employer les malTons du pays res de taille : je fuis pourtant perfuadé
qui étoient fort chers 6c fort impertí- que fi on fe vouloir donner un peu de pei-
. ne , onlestaiUeroit. -Celles dont on fe
Je me mis donc avec mes quatre efpe- fert aux environs d« R ome , qu'on appelces
de niaffons àchercher de la pierre di le Travert in, font bien plus dures , 6c on
taille pour les coins , Jes pieds droits , nejaiflepasdes'enfervir.
les appuis & l e s fermetures des portes & Je trouvai dans l'Iflet qui forme k pUrr^
des fenêtres. mouillage de Sainte Marie a la Cabefter- -^''oUt-
Lelles que l'on employe plus ordmai- rede la Martinique , trois gros blocs''*
rement aux Mes font de deux fortes, ¿'une pierre prelque violette, mêlée de
t pointsroüges.6cblancs, d'ungrain fin 6c
j terres tiennenrde la natu re du ter- bien pleines j cette découverte me faifoii:
rem ; elles fontgriles, poreufes, ont le efperer que ce feroit le commencement
grain gros i elles fe taillent aifément, d'une carriere,je fus t rompé, après avoir
înais elles font lujettes à s'égrainer, & fait fouiller en plufieurs endroits je ne
jamais les arrêtes des moulures ne fortt trouvai rien davantage. Je tirai environ
bien vi ves. On k s trouve dans les ri- cent Ibixante quartiers decestrois blocs
vieres & dans des éboulemens de teroe, J'en£s faire k s portes de la rureerie • eliorfqu'il
arrive de grandes avidalîès ou leétoitaffez dure 6c franche 6c le travailles
débordemens d'eau. On en trouve áoit fort bien.
quelquefois en creufint, 6c c'eil un pur Ou trouve dans k s Mes du cul-de-fac
hazard II n'y a point de carrkres com- François, une forte de pierrefclanche afme
en Europe. fe z t endr c , pleine, franche 6c d'un bon
Celles quel on trouve aux Cabfiíteríes .grain. Ël k refilîe au feu pendant quelque
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