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1694-
Ils font
qHoy,
4 NOUVEAUX VOY
mais la figure ou la difpoiîtîon de leur
front les fait paroitre d'une groiTeiir fort
raifonnable.
Tous ceux qui étoient dans ces deux
bâtimens jeunes 6c vieux, avoient les
dents forts belles, blanches6cbien rangées.
Ils ont tous les cheveux noirs,
plats, longsôcluifans. A l'égard de la
couleur elle eil naturelle} mais pour le
luftre, c'eft l'effet de l'huile de carapat
ou autre huile dont ils ne manquent
jamais de les froter tous les matins.
Pour leur tein il eft difficile d'en juger j
car ils fe peignent tous les jours avec
du roucou détrempé dans de l'huile de
carapat ou palma-chrifti qui les fait
refletnbler à des écreviiTes cuites. Cette
pemts de couleur leur fert d'habillement j outre
/oaf- ^ l'agrement qu'elle leur donne, du moins
felon leur goût , elle conferve leur peau
contre l'ardeur du foleil qui la feroit
crevaifer, & les deffend des piqueures
des mouftiques 8c des maringoins qui
les defoleroient fans cette précaution ,
parce que ces infeftes ont une extrême
antipathie pour l'odeur de cette couleur.
Loriqu'ils vont â la guerre, en
feftin ou en quelque vifite de confequence,
leurs femmes ont foin de leur
faire des mouftaches & plufieurs rayes
îles rayes jjoires fur le vifaee & fur le corps avec
uorret , . , ® , •
fur le vi- jus de pommes de genipa. Ces marfageo'
ques durent neuf jours après quoi elles
s'eiFacent, 8c il faut reçommençer à
broder lejuile au corps. J'en vis quelques
uns qui étoient chamarez de cette
maniere. Rien à mon fens n'eft plus
defagreable, & rien au leur n'eft plus
g'alant & mieux entendu. Telle eft la
j / jm diverfité des goiàts. Tous les hommes
tine feti- avoicnt Une petite corde autour des
le^orrie • {-;/lutaur T , j.voit à1 porter un rct-ou-
-if/rrài. teau flamand tout nud, qu ils pailent
entre cette corde 6c leur cuiiTe , & à
foutenir une bande de toile de cinq
à iîx pouces de large qui couvre en
£s eat
jurle
(orps.
A G E S AUX ISLES
partie leur nudité, & qui pend com- i6j|
me par négligence jufqu'à terre. Les
cnfans mâles de dix à douze ans n'avoient
fur le corps que cette petite corde fans
bande de toile, deftinée uniquement pour
foutenir leur coûteau, qu'ils ont cependant
plus fouvent à la main qu'à la ceinture
auffi bien que les hommes. Leur.i»
phifionomie paroît mélancolique : on dit
qu'ils font bonnes gens, maisqu'ilfaut
fe garder de les offenfer, parce qu'ils
font fort vindicatifs, & yvrognes à l'excès.
Les femmes font plus petites que les
hommes, aifez bien faites Se graiTes.
Elles ont les yeux 6c les cheveux noirs, hunt.
le tour du vifage rond, la bouche pe- ;¥»•
tite, les dents fort blanches, l'air plus™®'
gai, plus ouvert 6c plus riant que les
hommesj avec tout cela elles font fort
refervées 6c fort modeftes : elles font
rocoiiées ou peintes de rouge comme
les hommes, mais iimplement 6c fans
mouftaches ni lignes noires. Leurs cheveux
font attachez derriere la tête avec
un cordon de cotton. Leur nudité eft
couverte d'un morceau de toile de cotton
ouvragé 8c brodé avec de petits
grains de raiTade de différentes couleui
s, garni par le bas d'une frange de
raiTade d'environ trois pouces.de hauteur.
CeCamifa, c'eft ainfi qu'on ap-'^'"»Î"
pelle cette couverture , a huit à dix [fj'"
pouces de long fur quatre à cinq pou^
ces de haut non compris la hauteur de
la frange. Il y a à chaque boutufie petite
corde de cotton qui le tient Hé fur
les reins. La plupart de ces femmes
avoient au col plufieurs colliers de raffade
de difterentes couleurs 6c groiTeurs
qui leur pendoient fur le fein , 6c des
braflelets de même efpece à cinq ou
fix rangs aux poignets 6c au dcfllis des
coudes, avec des pierres bleues ou des
raffadcs enfilées qui leur fervoient de
pendans d'oreilles. Les petits enfixns de
Tua
F R A N C O I S E S DE
l'un & de l'autre fexe depuis ceux qui
étoient à la mamelle jufqu'à ceux de huit
à dix ans, avoient des bracelets 6c une
ceinture de grofle raiTade autour des
reins.
L'AMERIÇ^UE. f
avec les garçons dans la même familiarité
qu'auparavant} elles font retirées
avec leurs meres &e ne s'en éloignent
plus, il eft rare qu'une fille demeure Degrez
jufqu'à cet âge fans être retenue par
quelque garçon qui la regarde dès qu'il IZlïill
a déclaré fa volonté, comme ih femme fe maleur
Gkuf- Ce que les femmes ont de particulier,
/i'™/^'^'^ 6c ce que les hommes n'ont jamais, elî
TJm- une efpece de brodequin de cotton qui future , en attendant qu'elle foit en
prend un peu au deifus de la cheville
du pied, qui à environ quatre à cinq
pouces de hauteur. Dès que les filles
ont atteint l'âge de douze ans ou environ
{ car les Caraïbes ne font pas
fort exaéts dans la fupputation de leurs
années) on leur donne le camifa au
lieu de la ceinture de raflade qu'elles
avoient porté jufqu'alors ; 6c leur mere
ou quelques unes de leurs parentes leur
fait les brodequins aux jambes } elles
ne les ôtent jamais à moins qu'ils ne
âge de la devenir réellement. Parmi
eux les parens ont droit de prendre
leurs parentes fans qu'elles puiffent les
refufer, très-fouvent ils les retiennent
dès l'âge de quatre à cinq ans. Leur
coûtume n'eft pas qu'un frere époufe fa
foeur, ni une mere fon enfant} mais pour
tous les autres degrez, 6c pour la pluralité
des femmes, ils ont une liberté fi
générale Ôc fi étendue, que très-fouvent
le même homme prendra pour femmes
trois ou quatre foeurs qui feront fes coufoient
abfolument ufez ou déchirez par fines germaines ou fes nieces. Ils préquelque
accident, 6c quand elles le voudroient
faire il ne leur feroit pas pofïïble;
car ils font travaillez fur le lieu où
ils.doivent tsûjours demeurer } leur épaifleur
les fait demeurer debout , ils
font fi ferrez qu'ils ne peuvent ni montendent
qu'ayant été élevées enfemble
elles s'aimeront davantage , vivront avec
plus d'intelligence, fe fecoureront
plus volontiers les unes les autres , 6c
grofleur, quand elle vient à augmenter
avec les années, elles fe trouvent fi ferrées
que le molet devient beaucoup
plus gros 6c plus dur qu'il n'auroit été
naturellement. Les extremitez de ce
brodequin ont un rebord d'environ un
demi-pouce de large par le bas, 6c du
double par le haut, aflèz fort pour fe
tenir droit par lui-même comme le
bord d'uneafliette. Cela fait une aflez
plaifante figure aux jambes d'une femme.
Il faut qu'elles confervent cette
chauflure toute leur vie, 6c qu'elles l'emportent
avec elles en terre.
Lorfque les filles ont ces deux pieces
d'ajuftemens, c'efl-à-dire, le camifa
& les brodequins, elles ne vivent plus
ce qui eft plus avantageux pour lui ; elles
le ' ferviront fei • mieux.•
Car en ce point no3
IV£ _
le refte des hommes} ils regardent leurs
ter ni defcendre} 6c comme dans cet âge fauvages font bien plus raifonnables que
les jambes n'ont pas encore toute leur d-"" raihei
femmes comme leurs fervantes, 6c 'fëmuns.
quelque amitié qu'ils ayent pour elles,
elle ne va jamais jufqu'à les difpenfer
du fervice qu'elles font obligées de leur
rendre, ni du refpeétqui le doit accom- •
pagner. Il eft inoûi qu'une femme
mange avec fon mari, ni même en fa
prefence. Qu'on juge du refte par cet
échantillon.
Les armes de ces Meilleurs etoient desi
arcs, des fléchés, un bouton, 6c le coûteau
qu'ils ont à la ceinture, 6c- le plus
fouvent à la main. Ils font ravis quand
ils peuvent avoir un fufil, mais quelque
bon qu'il foit, ils trouvent bien-tôt le
moyen de le rendre inutile, foit en le
faifant crever en y mettant trop de
A 3 pou-
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