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IJ-8 NOUVEAUX VOY AGE S AUX ISLES
1694, dra I'appeller, le reporte dans l'eau. Il remede que celui de la patience. Plua
huit efpeces de jambes comme des fieurs perfonnes ont expérimenté le mal
lanières ou couroyes , d'une partie def- & le remedequeje propofci & comme
quelles il fe fert pour nager, & del'au- je les ai crû dignes de foi, j'ai crû poutre
qu'il éleve en l'air pour prendre le voir me difpenier d'en faire l'experienvent
& fe ioûtenir mieux fur l'eau. 11 ce fur moi-même. Il y a pourtant des
s'attache à ce qu'il rencontre par le gens qui alTurent que fi on met fur la
moyen de fes jambes qui font comme partie qui a touché la galere, de l'cfgluantcs.
Je n'en ai jamais pû remar- prit de vin ou de l'eau-de-vie la plus
quer le mouvement quand j'en ai trou- forte, avecde l'huile qui fort de la cov
é fur le rivage , quoique je fiiTe tout
mon poiîîble pour obliger le poillbn à
le remuer, je voyois feulement qu'il embraflbit
fortement les morceaux de bois
ou les pierres fur lefquels je le pofois
en le prenant avec un bâton, & je trouvois
de !a réfiilance quand je le voulois
détacher, foit qu'elle vînt de l'effort
qu'il faifoit pour ne pas abandonner
ce qu'il tenoi t , foit que ce fût l'effet
de l'humeur gluante dont fes jambes paroiflent
être couvertes.
L e poifon de cet animal eft fi cauftique,
fi violent Se fi fubtil, que s'il tou-
Ca/Je" '^he la chair de quelque animal que ce
f o i t , il y caufe une chaleur extraordinaire
avec une inflammation & une douleur
auiTi pénétrante que fi cette partie
avoit été arrofée d'huile bouillante.
C e que ce poifon a de particulier, c'eft
que la douleur que caufe fon attouchement
croît à mefure que le foleil
monte fur l'horifon jufqu'à ce qu'il arrive
à fon apogée, & qu'elle diminue à
mefure qu'il defcendj en forte qu'elle
cefle tout-à-fait peu de momens après
qu'il eft couché. On
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gens aux Ifles qui huit elt un
iiu poide
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que de la noix d'Acojou lors qu'on la met
fur le feu ; cette mixtion appaife la douleur
dans le moment. Il me fembleque
c'eft éteindre le feu en y jettant quantité
d'huile. Peut eftre auiïï que la chaleur
que l'attouchement de la galere caufe
eft d'une efpece toute autre que celle
de ces deux liqueurs, & qu'un contraire
en guérit un autre. Or fi lefimpleattouchement
de ce poiiTon eft capable
de caufer tant de mal, que ne peut-on
pas juger de ce qu'il produit dans le
corps d'un animal qui l'a avalé : ce
qu'il y a de furprenant c'eft qu'il corrompt
& empoifonne la chair de ces
poiflbns fans les faire mourrir. On trouve
des galeres dans toutes les côtes des
Mes , & fur tout après les coups de
vent bc les grofles marées. J'en ai vû
dans tous les endroits du golphe du
Mexique où j'ai été.
L a pomme de Manceni l le, ou de Macenilier
cft tout-à-fait femblable à la
pomme Dapis pour la couleur, lagroffeur
Se l'odeur. Pour le goût je n'en
dirai rien, ma ciuiofité n'a pas été jufne
manque pas qu'à en faire l'experience. Ce qu': "
ji indiquent des a de certain c'eft que ce fruit eft
remèdes contre cette douleur } mais
comme aucun de ceux qui s'en font
fervisnem'aafluré d'en avoir receu un
prompt foulagement , je confeille à
ceux que l'ignorance , le hazard ou la
curiofité porteront à toucher des Galeres
Simede
k ce
mal.
, de ne point appliquer d'autre
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cauftique des plus puiiîans, auquel on „bu
ne peut apporter d'autre remede que
de faire avaler promptement de l'huile
en quantité aux animaux qui en ont
mangé pour leur faire vomir le fruit ,
8c oindre les vifceres avant que le fuc
cauftique y aitopcré. L'arbre qui porte
1694.
F R A N C O I S E S D
te ces dangereufes pommes reflemble fi
fort au poirier, que les plus habiles y
feroient trompez. Sa feiiilie eft la même
auiTi-bien que fonécorce, qui n'a d'autre
difterence que d'être plus épaiiTe Se
remplie d'un lait blanchâtre vifqueux Se
corrofif. Son bois fous l'aubier eft grifâtre,
mêlé de grandes Sc petites ondes
de différentes teintes, chargé d'yeux de
perdrix, infiniment plus beaux 5c mieijx
I nuancez que tout ce que le noyer , le
I coeut & les racines d'olivier peuvent proë
duire.
ii Sa qualité cauftique Sc venimeuie n'eft
pasfeulement dans fon frui t , ellefetrouencore
dans les feuilles, dans le bois,
Mmt- dans le lait qui fort de fon écorce quand
niliv, on y fait une incifion, dans fon ombre
même lorfqu'on a le malheur de s'y endormir.
Cet arbre qui pour l'ordinaire vient
fort grand, croît toûjours au bord de la
mer ou des rivieres. Il eft rare d'en
trouver dans des terres éloignées de
l'eau. Lorfqu'il pleut 8c qu'on paiTe fous
cet arbre, il faut prendre garde de recevoir
fur fes mains ou autre partie
du corps, l'eau qui a coulé fur fes feuilles,
car elle caufe des veifies fur la chair
comme fi c'étoit de l'huile boiiillantc
qui y fut tombée, 8c elle y excite une
demangeaifon très-douloureufe , Sc qui
durelongtemSi Elle eft même capable
de faire perdre la vûë fi elle tombe dans
les yeux, ou fi par mégarde on fe les
frotte avec la main moiiillée de cette
eau, elle caufe d'abord une enflure confiderable
, qui de rouge qu'elle étoit au
commencement, devSnt livide Se pleine
de pus.
L e bois de cet arbre n'eft pas moins
dangereux à travailler, à moins qu'il ne
foit entièrement fee, 8c en cet état même
fa pouffiere eft un poifon dont il faut
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il faut l'abattre. OnamaiTeauparavant
que d'y toucher du bois fec autour de
ion pied, on y met le feu, Se on s'en
éloigne à caufe des accidens que la
fumée pourroit caufer. Lorfqu'on juge
que le feu a confumé fon humidi té, on
y met la hache, obfervant d'avoir le vifage
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[irvir de bien fe garder. C'eft un miftere quand
utarhre.
Sc les mains couvertes d'un linge de
crainte que la pouflîere qui en fort," le
lait ou l'humidité qui peutyêtre reftée,
ne rejailliiTe fur le vifage j dans la
bouche, danslesyeux ou fur les mains.
Ceux quilefcient ufent des mêmes précautions,
aufli-bien que les Menuifiers
Sc les Tourneurs qui l'employent, car
fa beauté^ le fait rechercher pour faire
des cabinets, des tables, des guéridons,
8c autres fortes de meubles.
Nos Caraïbes fe fervent du lait de cet lesSauarbre
pourempoifonner leurs fléchés i ils
font pour cela une fente dansl'écorce, 8c '^H/"''
y mettent le bout des flèches qui s'imbi- pourembent
de la liqueur qui en fort qui eft blan- poifinche
comme du lait, mais plusépaifleSc
plus gluante. Ilslaiiîentfec lier les fléchés ^¡cifn^
ainfi imbibées, 8c lorfqu'elles font une
playe elles l'empoifonnent en même
tems.
On n'a point trouvé jufqu'à prefent UfA
d'autre remede contre les playes faites
par les fléchés empoifonnées , que le
fuc d'une certaine plante qui a été en- Toulola,
feignée aux François par un Sauvage.
Les Caraïbes l'appellentToulola, Sc les
François, Herbe aux fléchés. ' Elle eft af- i^fle.
fez feSiblable au Bahfier, excepté c^Mcchesemfa
hauteur ne pafle gueres quatre pieds, t"*/"'^
Sa fleur eft blanche renfermée dans une
peau verte, longue 8c poin>a.Çj^qui en
s'ouvrant en trois montre une pellicule
tendre, unie,, veluë 8c creufe,, au milieu
de laquelle il y a un petit jet en ma"
niere de volute. , Le fruit qui fuccedeà
cette fleur eft une efpece de prifme à
trois côt é s , d'un rouge pâle Se urès-liiTe,
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