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I 5 Í NOUVEAUX VOYAGES
if,y,, lesfcmblàbles aux deux premieres,'dont
celle du milieu eft d'un bon tiers?plus
longue & plus large que les autres. Ces
feuilles font d'un beau verd ', aflez fermes,
charnues 6c bien nourries. Ceux
qui ont donné le nom deLiannedePer-
• iîl à cette lianne ont crû voir ¡dans la
difpofition de fa feuille, quelque chofc
d'aprocliant de celle de perfil. On voit
aiTez combien ils fe font trompez , &
qu'ils auroient mieux fait de l'appeller
Liannes à cinq feuilles. Mais comme
elle n'ell pas connue fous ce noni-là chez
nos infulaires, jen'ai garde de le lui impofer}
mon autorité ne s'étend pas jufijues
là. :
; Cette plante jette de petits rameaux
qui fe chargent de petits boutons blancs
qui en s'épanoiiiÎTant produifent une
fleur compofée de cinq feuilles de coùkur
blanche avec des filets & des points
rouges, au milieu de laquelle il y a un
bouton verd accompagné de quelques
cramines blanches. Ce bouton s'allonge
& produit une petite gouiTe ronde teriiiinée
en pointe comme un coin,;d'une
couleur rouge qui étant meure s'ouvre
, en deux & fait une matiere Jblanche
friable, feche , qui environne des graines
rondes comme des pois, qui avant
kur parfaite maturité font rougeâtres
& qui à la fin deviennent toutes noiresJ
1 Ceux qui n'ont point de bois propre
à enyvrer les poiflbns comme je
l'ai décrit dans ma premiere Partie,
fe fervent de ces pois j ils les pilent
& les mêlent avec de la farine de froment,
de mahis ou de manioc, & en
font des plotes qu'ils jettent dans les
rivieresiou à la mer. Le poillbn y
court avec avidité, & dès qu'il en a
inangé il s'enyvre, vient fur l'eau, fe
laiiTe prendre à la main & meurt. On ne
doit pas oublier de l'ouvrir auffi-tôt,
d'en ôter les entrailles, les oeufs & autres
parues internes qui onç été abrcuvées
de cé fuc venimeux, qui côrrom-r
proit le,refte de la chair s'il y .faifoit
quelque féjour. On^peut croire qu'il
produiroit de mauvais effets dans Jes'
corps des hommes Scdes animaux qui en
auroient pris.i". .
On prétend que le fuc dccfcs ffeuillesrecentes
eft un baume fouverain pour
toutes fortes de bleiîures, foit qu'elles
foient nouvelles, ou qu'elles ayent dégénéré
en ulcères. : Ce fuc fert à laver
la playe ou l'ulcerc poùr la mondifier j'
& le marc dont il a été extrait fert de
cataplafme.^ Nous avons tant d'autres
plantes vulnéraires aux Ifles, que je ne
me fuis jamais fervi de celle-ci.
• Nous avons dans les fdrefts des Jûes^'im
une autre forte'de liaiane aufli extraor-"^*^
dinaire^ar fa mani'ere de croître & de^jH
fe multiplier, que-'ielle que je-viéns »».
de décrire l'eft par fes feuilles. • -Nos
Negres ne l'appellent point autrement
que Lianne à cordes. Quelques habitans
la nomment Lianne jaune.' Ils
ont tous raifon. Les premiers, parce
que rien au monde ne reflemble mieux
à une corde que cette efpece de lianne.
Elle eft-toute unie fans noeuds ^ fans
branches, fans feuilles, for te, flexible,
facile à manier. On s'en fert pour attacher"
tout ce dont on veut faire des
paquets..- Son écorce eft brunfe, fort
adhérante. Ses fibres font longues,'-déliées,
foopks j en un- mot ce font des
cordes naturelles. On en trouve de
toutes fortes de groffeurs depuis celle
pu petit-doigt jufqu'à celle de ti'ois
pouces de diameire. Ces grofles font
ordinairement cordonnées ou tbrfes
deux enfemble comme les tourillons
d'un cable de vaifléau. Qiiant à la Ion-'
gueur il eft difficile de la déterminer, envoici
la raifon. Cette lianne ne vient
jamais que dans les forefts & aux ' pieds
des plus grandsJiU'bres ; elle s'appuye
ftjr 'eux pour monter, m^îs elle.-ne-s'y
attache
''"•S''...
F R A N C O I S E S D
6. attache pas, 8c des qu'elle a pû gagner
une branche, elle quitte le tronc, fe replie
fur cette branche6cdefcend enterre,
ou étant parvenue elle reprend racine
> puis refortant à quelques pouces
de là, elle recommence à monter en s'apjuyant
de nouveau contre le tronc de
'arbre, jufqu'à ce qu'elle aitatteintles
branches où elle fe replie encore & defcend
en terre, en continuant toûjours
le même manege. J'ai vû des arbres de
plus de quarante pieds de tiges, fi couverts
de ces liannes de toutes fortes de
grofléurs, qu'ils reflembloient à des mats
de navires avec toutes leurs manoeuvres.
On voit par ce que je viens de dire, que
ces liannes doivent être fort longues, Sc
qu'il n'eft pas poiïïble d'en déterminer
au jufte la longueur.
Lorfqu'il arrive qu'on en coupe quelque
morceau i on voit auffi-tôt que la
partie qui eft demeurée pendante en l'air
çouflé desfilamens, qui en croiflantaffez
vite defcendent en terre, y prennent
racine 8c rétabliflént bien-tôt la
partie coupée, comme elle étoit auparavant.
Les fibres de cette lianne font remplies
d'un fuc jaune qui coule en quantité
lorfqu'onla coupe} Scc'eftce iucqui
lu fait appeller lianne jaune. Ce fuc eft
épais, vifqueux, tenace} il eft amer 8c
ftiptique. Il a une odeur de verd aromatique
allez agreable. On l'employe
avec fuccés à guérir la galle qui vient à
la tête des enfans,8c même la teigne. On
l'applique feul dans les commencemens,
& lorfque le mal eft netoyé, on le fait
dilToudre dans de l'eau-de-vie, 8c on
l'applique ainfi fur la tête ; il acheveen
peu de temsde guérir, de mondifier 8c
de faire revenir la peau 8c les cheveux.
• J'ai parlé dans ma premiere Par t ie , de
Ja lianne qui entre dans la compofition
E L'AMERIQ^UE.
du remede qu'on applique fur les morfures
de ferpent, fans en faire la defcrip- .
tion. La voici, elle eft trop utile pourjne
la pas faire connoître, peut-être même
que fi on enapportoit en Europe, elle
pourroit être utile pour la guérifon de
ces accidens. • Bien entendu toûjours que
les crocs du ferpent n'ayent par . percé
quelque artere confiderable, car quand
cela fe trouve, il n'y a ni lianne ni theriaque,
ni aucune autre drogue que ce foi t ,
qui puiiTe empêcher que le venin ne foit
porté au coeu r , à moins d'être puiiTamment
iecouru dans le moment qu'on a
été mordu.
Cette lianne vient en quantité 8c fans
culture dans toutes les hayes lifieres Sc
halliers de nos Mes, 8c fur tout de la
Martinique. Sa feiiille eft attachée aux
branches par une queue longue 8c déliée^
elle reflemble tellement à la tête d'un ferpent,
qu'il eft fàt i k de s'y méprendre.
J'ai déjà dit que ia tête du ferpent eft un
triangle, dont les angles fontémoufléz,
attachée au corps par un co] aflez petitj
cette difpofition fait que le ferpent ouvrantla
gueule, prefente une ouverture
beaucoup plus grande qu'elle ne de vroit
être felon fa groflèur 8c fa grandeur, 8ç
qu'il peut ainfi engloutir un membre
beaucoup plus gros. J'ai.vû eneftetun
Negre qui avoit été mordu au genou,
que les crocs du ferpent avoient percé
des deux côtez, ce qui ne pouvoir être
arrivé fans que le ferpent lui eut englouti
le genou tout entier, Sc cependant ce
ferpent n'étoit pas plus gros que k
bras. -
Les fleurs de cette lianne ne paroiffent
qu'à l'extrémité de fes branches,
comme de petites grappes chargées de
petits grains ronds, qui fouvent produifent
un bouton jaune environné de
quatre petites feuilles de la même couleur,
découpées, feparées l'une del'au-
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