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10O NOUVEAUX VOY A G E S A U X I S L E S
un peu élevé pour y bâtir la raaifon du
dans un rnaître, afin d'avoir plus d'air, une plus
h2fr- fi on eft en lieu d'en pouvoir
Jiment ' moins pour voir plus ai-
• fément le travail qui fe fait fur l'habitation.
S'il y a une rivière ou quelque rafaut
obferver d'y mettre toûjours le feu
fous le vent, c'eil-i-dire, du côté op.
Man-
•vmfe
coutume
des
hahitans
dans
ïulbalis
des
bois.
vine qui donne de l'eau toûjours ou une
fource, on s'en éloigne le moins qu'il
ell poffible, à caufe de la commodité
qu'il y a d'avoir de l'eau pour lesbefoins
de la maifon, pour les Negres, pour les
beftiaux , & pour remedier aux incendies
qui peuvent arriver.
On commence d'abord par faire quelques
cafes de menu bois que l'on couvre
avec des feuilles de palmiftes, de latanier
ou de rofeaux, après quoi on abbat les
arbres en commençant à défricher par
l'endroit où l'on veut faire le principal
établiilement.
La plupart des habitans ont la mauvaife
coûtume d'abbatre les arbres les
uns fur les autres comme font les Caraïbes,
& d'y mettre le feu quand ils font
fees, fans fe mettre en peine fi ce font
des bois propres à bâtir ou non, ou fi
le tems eft propre pour les abbatre &
les conferver j mais ceux qui ont du bon
fens & de l'économie aiment mieux n'aller
pas fi vite, & conferver tous les arbres
qui font bons à faire des planches,
ducartelage, des poutres & autres bois
de charpente, ce qui eft un profit trèsconfiderable,
fur tout à prefent que les
bois à bâtir deviennent très-rares i, 6c
par conféquent très-chers. Il faut donc
attendre le déclin de la lune pour abbatre
k s arbres qui font bons à quelque chofe
j les couper par tronfes de la Ionp
e u r qu'on juge à propos, les ranger '
les uns fur les autres & y faire un petit
toit pour les défendre de la pluye, jufqu'à
ce qu'on ait le loifir de les travailler.
Après cela on amaiTe en plufieurs
monceaux les branchages & les bois inutiles
que l'on veut brûler : fur quoi il
^ ^ j
pole au vent, après avoir fait une trace
ou chemin bien net pour feparer le terrein
que l'on veut brûler, de celui qu'on
veut conferver, & cela pour deux raifons.
La premiere, afin d'être toûjours
maître du feu, & empêcher quand on
le juge à propos qu'il n'aille trop loin,
ce qu'on ne pourroit pas faire fi le vent
chaifoit la flame devant foi, parce qu'il
la pourroit chaffer avec trop de violence
, & embrafer les-endroits qu'on veut
conferver. La fécondé, parce que le feu
ne paffant pas avec tant de rapidité, Se
comme en courant fur les endroits que
l'on veut brûler, il a plus de tems pour
confumer les bois abbatus 6c leurs fouches.
Le terrein étant nétoyé on bâtit
les cafes ou maifons dont les poteaux fe
mettent trois à quatre pieds en terre avec
une fauffe foie. Le bout des grands &
des petits poteaux eft échancré pour recevoir
le faitage & les fablieres. On paliiTade
ou environne les caies avec des
rofeaux ou des palmiftes refendus, 8c on
ks couvre avec des feuilles de palmiftes
ou de rofeaux.
• On feme auiïï-tôt des pois, du mil, raahis
ou bled de Turquie (ces'trois termes
font fynonimes & fignifient la même chofe)
danskrefte du défriché, ôcs'il eft un
peu confiderable, on y plante du manioc,
des patates, des ignames 6c quelques herbages.
Il eft incroyable avec quelle facilité
6c quelle abondance ces terres vierges
produifent tout ce qu'on y plante ou
qu'on y feme.
On ne manque jatriais de faire des
pepinieres d'orangers 6c de citronniers.
Les habitans habiles préferent les oranges
delà Chine aux autres, parce quç
outre que ks enfans, ks Negres 6c les
:)aflans s'en fervent pour fe defalterer,
es chevaux 6c tous ks antres animaux
en mangent 6c s'en engraifi^int, à quoi
il
Mail
nil
briik
tm.
ijiC,
F R A N C O I S E S DE L'AMBRIQ^UE: îxsi
il faut ajoûter que les arbres qui les nouvelles que ks autres, au moins felon
portent font bien meilleurs pour faire toutes les apparences. Ellès font ks
des clotures , parce qu ils font armez mêmes que celles que ks Portugais apd
epines bien plus longues & plus for- pdlent oranges de la Chine j qu'il eit
tes qui s entrelaffent de manière que les très-conftant qu'ils ont apportées ksprehayes
ou clotures qui en font faites, de- miers de la Chine en Europe, 6c dont
viennent impenetrables aux hommes 6c ils ont répandu l'efpece dans tous les
auxammaux. , . . endroits de leur domination en Afrique
„.. auand les pépins ont produit un jet Se en Amérique, d'où ks autres N a t i L
i, de huit a dix pouces de haut, on les les ont tranfportées dans ks Ikux de
ir^ eve de terre pour les tranfplanter dans leurs dépendances.
• ks heux ou l'on veut faire les lizkres. Le climat de l'Amérique, du moinscc
On choifit pour cela un tems de pluye, qui eft entre ks deux Tropiques Sc aux
on laboure la terre de deux fois la environs, s'eft trouvé fiVopre pour
largeur d'une houe a cote du cordeau ks orangers, qu'ils s'y font Lturaliqu'on
a etendu afin de planter en ' •
iCxjS,
ligne droite : on éloigne ks jets que
l'on plante de quatre à cinq pouces
les uns des autres, 6c pour l'ordinaire
on fiit deux rangs éloignez l'un de
l'autre de deux pieds ou enyiron. Les
arbres ainfi plantez groiîîftent en croiffant,
6c fe preffent ks uns contre ks
autres -, il arrive même ordinairement
que le vent ks faifant frotter ks uns
contre ks autres , leurs ém-rpc
fez tant ils y viennent bien ôc facile
ment.
Nous avons aux Ifles quatre fortes giuatre
d'oranges. Les aigres, ks douces, les 'fi""
oranges de la Chine ou de Portugal ,
& celles de la Barbade qu'on appeUe auffi
Chadec.
Les oranges aigres, ou comme on dit orange,
aux Ifles, les oranges — *fures,V4l wo , font IWlJt les At
plus "¿ires
communes 6c les moins eftiméec OnA''"-
communes 6c les moins eftimées. "On
ne s'en k r t que pour les faulces, 6c pour
oit
mirent ainfi plùfieurs enfemble com- iTd fferen J hÎ^ Î P?"""-,
me s'ils ne ikiToient qu'un feul fantrôn™ lî„eS "î r
Pta & uni p.er,ue une mi- p.r
oranges en Egypte, en Pakftine, dans
iAfie mineure, dans la Sicik, dans k
Koyaume de Naples , 6c fur prefque
toutes les côtes de la Méditerranek ;
mais il eft alkz difficik de fçavoir de
quelle efpece ils étoient. Celles qu'on
N • 1 , ""V-"^ ^ JlUcllUlUiC
aguenr ks ulcérés, quelque vieux 6c
opiniâtres qu'ils puiifent être, 6c de quelque
cauk qu'ils puiffent provenir, même
de epian (c'eft ainfi qu'on appelk k
î i l e s f lagroik verolk aux
rOe.Sn λnc oOuvrpaer une orang:e . _e n deu^x , 6C
.ppelle c n g e s de , gÄ S e ^ T I L ^ n t r ^ S
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