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ito NOUVEAUX VOY A G E S AUX ISLES
16^6. cent à pourrir. Ce goût n'a pourtant
rieadedeiîigréable, on s'y fait aifément,
& on en mange avec plaifir. C'eft une
très-bonne ^nourriture qui n'a d'autre
defFaut que d'être un peu venteufe quand
on la mange criië.
L'arbre ou la plante qui produit ce
fruit ne fe plante pomt. Il ne porte jamais
qu'une feule fois, après quoi, foit
qu'on le coupe ou non , il decline peu
à peu, fe flétrit, fe feche & tombe -, mais
fa racine qui eft une groiTe bulbe ronde,
maffive , d'un blanc tirant fur la couleur
de chair, a bien-tôt peullé d'autres
rejettons qui dans douze à quatorze mois
wrtent du fruit, meurent enfuite, &
eurs racines ont foin d'en produire
d'autres fans qu'il foit befoin d'en replanter.
Lorfque le rejètton fort de
terre il ne paroît d'abord que deux feuilles
roulées enfemble, qui en ie déroulant
s'élargiflent & fant place à deux
autres qui fortent du même centre roulées
comme les deux premieres, qui s'élargiflent
ou s'epanoiiiflènt comme les
autres, & qui fe fuccedant ainfi les unes
aux autres en fortant toujours du même
centre, font croître l'arbre en l'enveloppant
de plulieurs feuilles les unes fur
}cs autres.
Je dis tantôt arbre & tantôt plante,
ear j e ne fçai dans qu'elle efpece je dois
ranger le Bananier -, il eft trop tendre
pour paiTer pour un arbre, il n'a ni
écorce ni bois : mais auiïï il eft bien
gros & bien grand pour être réduit à
l'efpece des plantes. Je vais continuer
fa defcription en attendent que ceux qui
y prennent plus d'intérêt que moi s'accordent
fur fon fort. Je ne puis mieux
le reprefentei- que comme un gros rouleau
de plufieurs feuilles qui fe couvrent
les unes les autres, dont es extérieures
iêrvent d'écorce ou d'enveloppes à celles
qu'elles renfcrinenr.
Quand cet arbre ou plante a atteint ifiji.
fa hauteur naturelle qui eft pour l'ordi-,
naire aux Iflesde dix à douze pieds, les
• feuilles qu'il poufle changent dcfigurej
elles ne fervent plus à le groiHr, elles
fortent abfolument hors du centre auquel
elles ne tiennent plus que par une queue
d'un pouce de diametre , ronde d'un
côté & platte de l'autre, avec un petit
creux ou canal dans le milieu. Cette
queue a plus d'un pied de long : elle fert
de nervure à toute la feuille qui a fept à
huit pieds de longueur, & quinze à dixhuit
pouces de large. Les fibres qui fontiennent
le refte 'de la feuille , partent
toutes de cette nervure & n'en font dif.
tinguées que parce qu'elles font plus fortes
6c tant foit peu plus groiles j la feuille
en elle même eft épaifle comme un bon
parchemin, le dedans eft d'un beau verd,.
le dehors eft plus pûle & paroît comme
argenté. La délicatefîe de ces feuilles &
leur grandeur font caufe que le vent les
coupe aifément le long des fibres, ce
qui fait qu'elles paroilTent ordinairement
comme des lanieres ou des éguillettes
vertes attachées le long d'une
branche.
L e Bananier a toute iâ grandeur à
l'âge de neuf mois. Il a pour lors neuf
à dix pouces de diametre. Cette groffeur
ne le rend pas plus difficile à couper
ni plus dur. On voit aiTez par ceque
j'ai dit ci-devant, qu'il doit être fort aqueitx
& fort tendre, auffi demande-t-il
un terroir humide , gras & profond}
car il lui faut beaucoup de nourriture ,
& pour peu que cela lui manque il ne
profite pas & ne fait que dés fruits avortez.
J'ai vû des Bananiers à S. Domin- ZesSague
bien plus gros & grands qu'aux
Ifles du vent, & dont les fruits étaient
auffi plus gros, plus grands, mieux/^jicrf^
nourris, Sc avoiient plus de faveur, firme 0
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ZFÎeurs cle ianaties .
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