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 318  N O U V E A U X  VOYAGES  AUX  ISLES  
 in<j6.  
 depuis  douze jufqu'à  feize  barriques  de  
 Sucre brut.  Mais aux Cabefterres ce n'cft  
 pas  la  même  chofe,  n'y  dans  les  terres  
 rouges  Se grafles :  car quoique les Cannes  
 y  foient  plus  grandes,  plusgrolTcs,  6c  
 mieux  nourries,  elles font  toûjours  plus  
 aqueufes,  plus  crues,  &  moins  fucrées:  
 de forte  qu'il  faut une  moitié  davantage  
 de  terrain  planté  aux Cannes,  pour rendre  
 «•;/ eß  
 fins  
 avantageux  
 de  
 faire  du  
 ,  Sucre  
 hlanc  
 que du  
 brnt.  
 la même  quantité  de  Sucre.  
 .  J'ai  remarqué  que  le  pas  d'arpentage  
 de  la  Martinique  étoit  de  trois  pieds  6c  
 demi,  8c par confequent plus  grand  que  
 celui  de la Guadeloupe  qui  n'eli: que  de  
 trois  pieds.  Cette  augmentation  ne  doit  
 rien  changer  au  fiftême  que j'ai  établi,  
 parce  que  le terrain  de  la Martini que eft  
 communément  parlant  d'un  plus  grand  
 rapport pour le Sucre que celui delà Guadeloupe. 
   
 Onpourroit  encore  demander  s'il  y  a'  
 plus de profit à faire du Sucre blanc,  que  
 du Sucre  brut.  Dans  la fuppolîtion  que  
 j'ai faite,  que la même Sucrerie fera deux  
 cent  formes  de Sucre  blanc,  ou  vingtquatre  
 barriques  de Sucre brut par  femaine, 
   fi  nous mettons les deux cent formes  
 à  vingt-cinq  livres  piece,  elles  produiront  
 cinq millelivres de Sucre qui araifon  
 de  zz.  livres  10.  fols  le  cent  font  mille  
 cent vingt-cinq francs :  & les  vingt-quatre  
 barriques  de  Sucre  brut  à  cinq  cent  
 cinquante  livres  piece  font  treize  mille  
 fept cent livres de Sucre,  qui étant vendu  
 à  j l iv.  10  f.  le  cent,  font  mille  vingtlept  
 livres  dix  fols.  Il  s'agit  de  fçavoir,  
 s'il  y  a  plus  de  profit  à  faire du  Sucre  
 blanc  que  du brut.  J'avoue  qu'il  paroît  
 d'abord  plus  de facilité à  faire  du  Sucre  
 brut.  On  eft exempt de faire les dépenfes  
 neceiTaires  pour  les  formes,  les  étuves,  
 les purgeries,  &  tout  ce  qui  en  dépend  
 quieftconfiderable.  Onn'eftpoint  obligé  
 de payer de gros gages  à des Rafineurs  
 defouiFrirleur&impèrtinences, 8c les per-  1695,  
 tes que leiur negligence,  ou leur ignorance  
 caufentfouvent,  tout  cela  eft  appreciable, 
   & cependant  je foûtiens qu'il  eft  
 plus  avantageux  de  blanchir  fon  Sucre,  
 que  dele  lailTer blanchir  à d'autres,  qui  
 aiTûrement ne le blanchi roient pas,s'ils n'y  
 Prouvoient  un  gros  profit.  Pour  ce qui  
 regarde  les  pertes  que  l'ignorance  ou  la  
 pareiîè  des Rafineurs peuvent  caufer,  il  
 n'y a qu'à fe fouvenir,  &  mettre  en  pratique  
 l'avis que j'ai donné ci-devant.  Les  
 dépenfes pour  fe mettre  en  état  de  blanchir  
 nefe  font  qu'une  fois,  elles  durent  
 toûjours,  ou  on  en peut  continuer  l'entretien  
 à peu de frais, & le  profit qu'elles  
 produifent  eft  continuel,  &  augmente  
 touslesjours.  D'ailleurs  onfedéfait  plus  
 facilement  du  Sucre blanc  que  du  brut,  
 fur  tout  dans  un  tems  de Guerre  où  il  
 vient  peu de Vaifleaux. On ne confomme  
 pas  plus de  bois pour  faire l'un  que  l'autre. 
  On le tranfporte plus facilement,puifqu'il  
 eft en moindre quantité.  Etenfinon  
 voit  par  le  compte  que je  viens de  faire  
 qu'il y  a cent  francs  de profit  par  femaine  
 qui eft un pur avantage: car je prérends  
 que  les vingt  formes  de  firop  fin  qu'on  
 fait toutes les iemaines fuffifent pour payer  
 toutes  les  dépenfes  qu'on  eft obligé  de  
 faire pour blanchir: fans com pter que l'on  
 a encore  les Sucres  de  gros  firop  &  d'écumes, 
   qui  vont  à  plus  de  cinquante  
 francs, ce qui eft un profit de plus de cinq  
 mille francs par an.  Je  laiilè  à  prefent  au  
 jugement de tout le monde,  fi  je  n'ai pas  
 eu  raifon  de  dire,  qu'il  eft  plus  avantageux  
 de faire du Sucre blanc que du brut :  
 à  quoi je dois  ajoûter  que  quand  l'occafîon  
 fe prefente  de  faire  avec  avantage  
 une  grofle  partie  de  Sucre  brut,  on  la  
 peut  faire, au lieu qu'on ne peut  pas  faire  
 du Sucre  blanc,  lorfqu'on  n'a  pas  l'établiiTcmentneceilàire  
 pour cela. D'ailleurs  
 le  
 Mamere  
 depefer  
 le Sttcrt.  
 Leshalaaces  
 m.  
 F R A N C O I S E S  
 D E  L'AMERIQ^UE,  ^19  
 le  prix  du  Sucre  blanc  eft fouvent  bien  
 plus haut que celui  du Sucre  brut ,  toute  
 proportion gardée,  ce qui fait une difference  
 confiderable,  dont  le profit  n'eft  
 point  du  tout  à négliger.  
 On pefe les barriques  de Sucre  avec  la.  
 Romaine, ou avec des balances ordinaires.  
 La  Romaine  eft  plus  cxpeditive,  mais  
 elle  eft  fujette  à  de  grandes  erreurs :  il  
 faut  être  habile  pour  connoître  fîelleeft  
 bonne, 8c pour n'être pas furpris par ceux  
 qui la conduifent en pefant : car il eft certain  
 que  fi on fait  courir  le poids du bout  
 vers  lecenti-e,  le poids  emporte davantage, 
   que  fi  on  le  fait  avancer  du  centre  
 vers  le  bout.  
 Leplusfûr  eft de fe fervirdes  balances  
 .  ordinaires,  Se  de  poids  de  plomb  bien  
 /¿m  "'  étalonnez.  Les  poids  de  fer font fujets à  
 quela.  s'altérer parlaroiiille,  Se à  devenir  trop  
 Böra^j;-  ]egers,ôc fouvent on ne penfe pas à les faire  
 étalonner ou on n'en a pas  la  commodité.  
 Les baffins des  balances doivent  être  des  
 Madriers  de bon  bois,  garnis  de  bandes  
 de  fer,  avec  des  crochets,  pour  attacher  
 les boucles des  chaînes,  ou des  cordes  
 qui  les joignent  aux  extrêmitez  du  
 fléau.  
 Lorfqu'on  livre une partie de  Sucre,le  
 Marchand  qui  la reçoit,  &  celui  qui  la  
 livre doivent écrire chacun  en  particulier  
 k  numéro Se le poids de chaque barrique  ,  
 à  mefure qu'elle  fort  du  baflîn de  la  balance; 
   ôc fi c'eft du Sucre blanc,  il  faut  
 encore  écrire la tare ou le poids  de  la  barrique  
 qui  doit  y  être  marqué  deffus.  
 Lorfqu'on  a  achevé  de peier  toutes  les  
 barriques  ,  ils  confrontent  leurs  poids  
 )our voir s'ils s'accordent, & puis ils font  
 'additionde  toutes  les  tares,  &  de  tous  
 es poids.  On  fouftrait le  total  des  tares  
 âecaUH- dy  JOJ^I Jçj  SE on  a  le  poids  net  
 foids^  Sucre,  qui étant multiplié  par le  prix  
 Uprix  dont oneft convenu pour le cent de livres  duSucri.  
 de  Sucre,  donne  la  valeur  totale  de  la  
 tianiere  
 marchandife.  Un  exemple  fufiîra pour  
 éclaircir cequejeviens  de  dire,  fuppofé  
 donc qu'on  ait  livré  fix  barriques  de  Sucre  
 blanc  à raifon  de zx  liv.  lof.  le  cent  
 on  les  écrit  en  cette  maniéré.  
 Numero  des Barriques.  Tares.  Poids',  
 4.  
 r  
 7  
 8  
 4P.  
 f i - 
 47- 
 n - 
 sr- 
 57- 
 6.  JIZ.  
 Poids  du  Sucre  net.  
 3897.  
 Prix.  2Z.1.I0.  f.le  ^  
 69B:  
 71a.  
 68 y.  
 704.  
 717- 
 6i?3.  
 4209.  
 3897- 
 77P4- 
 77P4- 
 194^'- 
 876.182.  
 8z.l.  10. fols.  
 20.  
 f o l s i ó i f o .  
 l ì  
 deniers  6100.  
 Somme totale  du frix  du Sucre,  
 1.  i6.r.6.den.  
 Les barriques ou l'on met le Sucre brut  
 ne font point  tarées.  On  fe contente  d'ô^  
 ter dix pour cent  du  poids  entier  du  Sucre  
 enfutaillé,  pour  le poids  de la barrique. 
   Ainfi fi on fuppofe que  les  fix  barriques  
 dont le poids  eftci-deflîjs, foient der  
 Sucre  brut,  & qu'elles  ayentpefé 42091.  
 pour  en  avoir  la  tare ,  on  écrit le  même  
 HoaK  
 Ittt'MÎ  
 if;::.;,  
 iilrjti.  (  
 56-fll  !  
 i; . 'ji  
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