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558 NOUVEAUX VOYA
i6</>. II doit aut£^nt qu'il eft pofllble fiiire
les proviilons des chores.nece0aires à fon
Habitation dans les terns convenables.,
c'eft-à-dire, lorfqu'il y a beaucoup de
VailTeaux, §c que ces chofes font à un
prix raifonnable. Il doit faire venir de
France pour fon compt e celles qui ne fe
gâtent point fur mer, comme font les
farines , les toiles, les ferremens, les
épiceries , les blanchets, les foûliers,
chapeaux, & autres chofes neceflaires
poûjr fa MaifonSc fonHabi tat ion, même
le,beurre, la chandelle, la c i r e , lesmédicaraens.
Selon les tçms de Paix ou de
Guerre, 6c que le fret eft cher ou à bon
compte j il d,Qit faire venir les viandes
'jalees, comme le boeu f , le lard, 6c autres
chofes femblables. Pour ce qui eft
-du vin, eaw-de-yie, huile, & .autres
• liqueurs, il yaut mieux riiquer .de les
iicheter plus cher aux Ifles, que d'en fair
r e venir poux fon compte, à moins d'avoir
part dans un Vaifleau, parce qu'en
ce.cas, on feroit un peu plus fur, que
ce qu'on y auroit embarqué, feroit mieux
confervé. Ge n'eft ,pas l'affaire des Habitans
,4e .pjieqi^e intérêt d^ns les Vaiffe^
aux. J'jèn d connu beaucoup, qui:ont
eu -ÇÈtte démangeaifon, & tous s'en font
ïepentis; car bien loin d'y gagner, ils
~yj;ont perdu leur capital, & fou vent
.quelque chofe de plus.
•H y a très peu de caves dans les Illes,
:êc le :peui]u'i] y en a ne valent rien. Il
,vaut: mieux fe fervirde celliers , qui ayent
•de (petites fenêtres du côi é du v e n t , pour
donner ,de la f raîcheur, Se qui ne foient
point expofez au midi. Lorfqu'on n'a
pas cette jcorbmodi té, il vaut mieux
anettre le vin en bouteilles dans le haut
de la .mai fon, il s'y conferve en perfeéi^
ioh, .pourvu que le foleil ne donne
point defîus, ôc qu'il ait de 1-air 8c du
vent. . ;
Les vins de France veulent être peu
C E S A U X ISLES
gardez dans les futailles. Geux' dWpagne,
deMadere^ deGanaries.s'y confervent
tant qu'on yeut , pourvu qu'oij
ait foin de tenir les 'toiineaux .toujours
pleins. Les uns & les autres ne courent
aucun rifque de fe gâter , lî on k s tire
dans des dames-jeahnes, qi^i font de
groiTes bouteilles de Provence, qui tienr
nent dépuis fix jufqu'à feÍ2,e '6c dix-huit
pots mefure de Paris. On fait en Eretagne
des bouteilles de moindr« -qapac
i t é , d'un verre beaucoup-plus loit
plus épais. -Oxi s'en fer-t ¡pour foÛOTer'les
danjics-jeannes, qu al .li'ieft .pas fur' é'«n-i
tamer, fans les vuider ienticrement -cn
des (bouteilles-çlus petites j -bien pleines
6c bien ¡bouchées^ (?u les liq-ueuis ne iè
g i ï e n t jamais. C'eftiïinlîqH'.e® ufe®t'leS
Angloif , ijue l'OTdoit.regardèr commé
d'ejiGel ens-modeles â i i toutce qui con^
cerne les boiffiins, parte-que »'étant fait
•une étude .parcicJaMere de ce q-ud regardé
une cbuiè qui les touche de fi prés, ik
ont acquis là-deflus 4les eomîoiffancès
merveilleufes, ;6c d '«ne étendue infinie,
Lorfqu'on a quantité dè bèeuf6c dé
lard en barils, H 'eft-neteflkire pour 'le«
i:Dnferver'j de l«s" entretenir de %onhe
faumure, dont il f aut les remplir à mefure
qu'on remarque que Cille qui y étoic
fe diffipe §C iè perd.
' Le dernier avis que j'ai adonner à uñ
Habitant, eft de vendre les Sucres, 6c
fes autres denrées en argent comptant,ou
e n Lettres de Change bien afiuVées , 6c
de ne payer ce qu'il achete qu'qi Sucre
o u autre chofe provenant du fond de
fon Habitation. .C'eft le fecret de s'enrichir.
Parce moyen il aura le débit de
fes denrées; il vaut mieux qu'il lâche un
|)eu la main en vendant argent comptant,
que de fe tenir trop roide, aux rilqucs
de laiiTer paiTer le tems delà vente, dans
'l'efpcrance de vendre plus cher. 11 vaut
mieux encore vendre comptant aux Ifles,
ou
F R A N Q O I I S E S D
ou-èn LetÎres de C h a n g e , qued'envoyer
fes eíFets en France, parce que le f ret ,
les entrées, les tares , les barriques ^ les
drôitsides Gofiapagnies,! le Magaûnage,
les avancés- 6c les comitniiîïotts' empor>>
tént le plus'cMr dû profit,! ôc qulslqûiç*
fois même une partie du pHttdpalj 6c
kiïïfcntle Propriétaire pendant un longtemfe
dans'l'anxiété du fôrt de fes^ marchandiiès.
Une autre raifon encor e , qui
me porte à' eonfeiller à un Habitant de
vendre toûjotii-s argént comptant où en
LiCttres de Chartgë, 6c de payer en mai>
chandifes, eft parce qu'il éft toûjoûfs
Maître de l^iré des màrchahdifés fuir foù
Habitation autant ^u'ïl •í^eüt, où' du
mbins autant que là têrre lé peut ¡permettre
; mais il n'eft pas en fon pouybif
de foire de l-'tfrgdnt, qui eft' là tíhófé-du
plus g-'i'arid ufage, pu ifqü'on lie edlli^èrtîf
quand^ on veut ea'Terres, en'Charges,
en Rentes, en Maifons,- 6c autres établiifemens
,•- ce qu'on ne pëut fiasfeireíí'
commodeiíieht avec dés Magafitis pleins
de Sücré.
Voilà à peu près tout ce qü'ori peut"
dire fur la Manufaéture du Sucre, ou'
du m o i n s CÈ que j'en ai appris pendant
près de dix années que j'ai eu l'adminiftration
des biens de nos Miffions, qui
confiftent en Sucre, Cacao, Coton, ôc
autres denrées du pais, comme ceux des
autres parties du monde confifterit enblé,
vin, huile 6c fruits; ôc comme ce
. icrbit une injuftice de vouloir nous faire
. pailér pour des Marchands , parce que
nous vendons ce que nous avons de trop
dfe blé, devin, d'huile, pour acheter ce
qui nous manque; de mêmeje laifiièaux'
jugement des perfonnes fages, fi ce n'eft
)as une très-grande injuftice, d'acçufer
es Religieux des Ifles d 'êt r e des Commerçans,
parce qu'ils vendent leurs Sucres
pour acheter du pain, du vin, des
E L'AMERIQ^UE.
toiles, des étoffes, &; ¡autres choies qu'i Is liyô.
ne trouvent pas dans le fond de leurs teires.
C^oique je û'aye rien négligé pour
m'irtftruire iur cette matiere, ceux qui
auront acquis plus de lumieres que moi»,
ôbhgeront le Ptiblic dé mé les communiquer,
afin que je lui en fofle part dans
unefeconde Edi t ion de ces Mémoi res , s'il
y enaune, dans laquelle j e ne manquerai
pas de faire connoître à qui on fera
redevable de ce que j e dirai de nouveau.
Dës Mmkfaâ'eurs que' Von pourvoit êfcC'
blir aux Ifles, des Manhandifesqm
V on y peut porter, £5? fur lefquéllesily
à un profit confiderable à faire.
LES marchandifes que l'on tire des
Ifles fe font reduites jufqu'à prefenc
àu Sucre blanc & brut, à l 'Indigo, au
Rocou, au CaCao, au Coton, au Tabac,
à la Canifice ou Cafle, au Gengembre
, à l'écaillé de Tortue , aux
Confitures, 6c à quelques Cuirs verds-
J ' a i parlé aflez ampletnent de toutes ces
matchandifes dans les trois premiers Tomes,
il n'y a que le Cacao 6c le Chocolat
que j'ai remis au commencement du
fixiéme Volume. J'ai écrit les bonnes ôc
les mauvaifes façons de ces denrées , leurs
défauts, 6c la maniéré de les connoître,
pour n'y être pas trompe.
J'avoue que voilà afléz de marchandifes
pour faire le fond d'un Commerce
trés-confiderable ; mais quel inconvenienty
auroit-il de l'augmenter encore^*
Les revenus du R o i , ôc le bien de fes'
Sujets doivent-ils être renfermez dans
des bornesauiïï étroites, que s'ilyavoit
un danger évident à les accroître, en
eifayant la culture du Thé, du Caffé,
du Senné, de la Rubarbe, . du Poivre,
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