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f8 NOUVEAUX VOY
• preiTercnt de le venir voir, & de lui témoigner
toute l'amitié qu'on peut attendre
de ces fortes de gens. Il eft vrai
^u'on leur fiiiloit grand'chere, & qu'on
k s faifoit boire largement. On envoya
par ordre du Compere avertir tous les
Capitaines ou Chefs des carbets, tant
Caraïbes que Negres, que le compere
Coullet ctoit arrivé & qu'il vouloir leur
parler. Ils vinrent en diligence, 8c
quand ils furent arrivez, le Sieur Coullet
fit un vin general, c'eft-à-dire, une
aflemblée & feftin extraordinaire, afin
de leur dire le fujet de fa venue , Se
leur diftribuer les prefens qu'il avoit apportez.
Ce fut dans cette aiTemblée
que s'étant fiiit rocoiier, c'eft-à-dire,
peindre de rouge comme eux; il leur
parla avec tant de force , qu'il les fit
renoncer à l'alliance qu'ils avoient fait
avec les Angloisj les obligea à mettre
le feu à tous les bois de chai-penie que
les Anglois avoient fait dans leur Ifle,
& dont il y en avoit pour plus de dix
mille écus fur le bord de la mer prêt à
être embarqué , & qu'il exigea d'eux
des otages pour feureté de la parole
qu'ils lui donnèrent de rompre tout
commerce avec les Anglois. Tout cela
s'executa , ils donnèrent les otages &
maiîacrerent les premiers Anglois qui
tombèrent entre leurs mains, & apportèrent
quelques-uns de leurs membres
boucanez au Fort Royal , pour fdre
voir qu'ils avoient entièrement rompu
avec nos ennemis. Ce fut ainfi que le
Sieur Coullet diffipa par fon adrelïe une
tempête qui auroit fait bien du defordre
dans nos Colonies , fur tout dans un
tems où nous étions en guerre avec nos
voifins les Anglois & les Hollandois.
L a Cour recompenfa les fervices qu'il
avoit rendus en une infinité d'occafions,
en le faifant Lieutenant de Roy de la
Guadeloupe en i j i z . Cette charge lui
A G E S AUX ISLES
donna moyen de rendre encore un fer- »x
vice des p us confiderables à l'Etat 6c à
la Colonie de cette Ifle, car les habitans
s'étant foulevez à l'occafion de certaine
taxe nouvelle qu'on vouloit leur im-
>ofer efi 1715. & ayant pris les armes
e Sieur Coullet appaifa par fa prudence
8c par l'autorité que fes manieres
honnêtes, liberales", ouvertes, definterefîëcs
lui avoient acquifes fur ces
peuples , ces moqvemens fcditieux j
pourvût à la feureté du Gouverneur Sedes
autres Officiers de Sa Majefté, &
rétablit le calme 8c la tranquilité dans
cette Colonie, dont la perte auroit peutêtre
entraîné avec elle les autres liles,
fi on n'avoit pas éteint de bonne heure
cet embrafement. Enfin le Sieur Coullet
étant venu en France en 1716. pour fes
aíEiires particulières, M. le Regent qui
connoît fon mérite, l'y a arrêté par une
penfion confiderable, laLieutenance de
Roy de riile de R é , 8c l'expedative de
la premiere penfion qui vaquera dans
l'Ordre de Saint Louis, en attendant
qu'il fe prefente quelque occafion de récompeniêr
iès fervices d'une maniere
plus éclatante 8c qui lui convienne.
Nous partîmes le Lundi onze Avril
de grand matin le Pere Martelli 8c moi,
par le cul-de facRoba't. Nous trouvâmes
à la riviere des Gallions un canot
de Monfieur Monel qui nous attendoit.
Il fallut fe mettre à entendre les ConfeiFions
dès que nous fûmes arrivez;
je dis la Mefle fur les dix heures, mon
Compagnon la dit fort tard j à peine
eûmes-nous le tems de dîner, qu'il fallut
fe remettre à confefler, ce que nous
continuâmes de faire tout le Mardi. Le
Mercredi le P'ere Martelli acheva d'entendre
les Confciîions, 8c de communier
ceux qui reftoient, Scs'en retourna
à la T r ini té, pendant quej e m'embwqaai
dans un canot de Monfieur de \i.
Vigne-
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE.
\''igne-Granval pour aller faire les fflê-
' mes fondions au cul-de-facFrançois.
J'anivai d'alTez bonne heure à la
nouvelle Eglife de ce quartier j je confeiîai
prefque jufqu'à midi, après quoi
iedis la MeiTe 8c j e communiai ceux qui
s'étoient confeiFez. Je retournai à l'Eglife
auffi-tôt que j'eus dîné, pourconfeiîer
8c inftruire un bon nombre de
Negres, 8c je m'en retournai fi tard
chez Monfieur de la V i g n e , quejepenfiù
être mangé des maringoins 8c des
mouftiques, avec les Negres qui me conduifoient
dans le canot. Le Jeudi j 'achevai
de confefler ceux quiétoient en état
de communier,remettant les autres après
dîné} mais à peine eus-je le tems de manger
un morceau, qu'il fallut m'embarquer
pour aller au cul-de-fac S imon, éloigné
de près de trois lieuës du lieu où
j'étois, pour confeiTer 8c donner lesSacremens
à un Commandeur d'une nouvelle
habitation. J'y arrivai à tems, mais
il n'y en avoit pas de refte. C e fut un bonheur
pour lui , que j e fufl'e dans le quartier,
car s'il avoit fallu aller chercher le
Curé de laTrinité, qui eft éloigné de près
de dix lieuës, il eût étéimpoffible à ce
Religieux d'y arriver aifez-t ôt pour le fecourir.
Sa maladie étoit un mal d'eftomacqui
l'emporta deux heures après que
jel'eus quitté pour retourner à l'Eglife.
On l'apporta e Vendredi matin; je dis
laMefiè pour lui8c j e l'enterrai, 8cj'achevai
de confeifer les Negres. Après dîné
je partis pour venir coucher au cul-defic
Robert chez Monfieur Bouchard, où
le canot de Monfieur Joyeux me devoit
attendre.
r)ifmj>- J'y arrivai tout à propos pour voir
tirer à terre un Lamentin femelle que
fi'ijfon Negres avoient harponné. J'avois
<i#t//e' entendu dire beaucoup de chofes du Lai
t t r "l^"*-'"' ™ais je n'en arois point encore
vu, parce qu'il eft devenu afiez rare,, der9
puis qiie les bords de la mer font habitez.
C e poiiTon cherche les endroits où il y a
des rivieres, parce qu'il y vient boire de
l'eau douce une fois ou deuk chaque jour,
après qu'il à mangé une certaine herbe
qui croît au fond de la mer : mais il s'éloigne
dès qu'il entend le moindre bruit,
car il eft fort craintif, 8c i lal 'oiiye auffi
fubtile, qu'ilala vûëmauvaife; au contraire
de la Tor tue qui a la vûë très-perçante
8c qui eft fourde.
Les Efpagnols appellent Manate ou
Manati, c'eft-à-dire, poiifon qui a des
mains, ce que nous appelions Lamentin.
Onpourroit, ce me femble, l'appeller
vache marine; fa gueul e , fes mamelles,
fa maniere de mettre dehors íes petits 8c.
les allaiter aiant beaucoup de rapport à
cet animal terreftre.
Je mefurai celui qui étoit chez Monfieur
Bouchard, il avoit quatorze pieds
neuf pouces de longueur, depuis le bout
du mufle jufqu'à la naifl'ance de la queue,
il étoit tout rond jufqu'à cet endroit-là.
Sa tête étoit grolFe, fa guéule large avec
de grandes babines , 8c quelques poils
longs 8c f aides aü deffu's. Ses y eux étoient
très-petits par rapport à la tête, 8c fes
oreilles ne paroiffoient que comme deux
petits trous. Le col eft fort gros Se fort
court, 8c fans un petit moùVementqui
lui fait ploïér un peuïa tête, ilneferoit
pas pgfiîbledédiftinguer la tête du refte
du corps.
Je ne fça'i comment on a pû donner
le nom de pieds ou de mains aux deux
nageoires qu'il a un peu au deiTous du
col qui iè replient fous le ventre, dont
quelques auteurs prétendent qu'il fe fert
pour fe traîner fur terre. II faut n'avoir
jamais vû ce poiifon pour enp.arler ainfi.
Premièrement, il s'en faut bien que
ces prétendus pieds ou mains aïant afiez
de force pour foutenir ou pour faire mouvoir
UH Cotps auilî pefant qu'eft celui de
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