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n o NOUVEAUX VOY AGE S A U X I S L E S
i6<j6. ne 6c fort nourriilame. On eftime les châmes tput U long & au fond de nôçottous
comme étant plus déliçats, & ^rç riviere iufqu'à ce que nous trouvalis
le lont en effet i mais ils lont trop mes un endroit moins efcarpé que le
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gras, de forte qu'ils rendent la graiiTe
comme s'ils étoient pleins d'huile.
« Lamaniere de les accommoder quand
Maniere
commo- , ^ ' , n— frande eau avec du fel & des herbes
grands, eiÎ deles fairebomllir à
der.
refte, où nous montâmes les uns après
les autres en nous aidant ou plûtôt en
montant fur les épaules de ceux qui demeuroient
en bas, que nous tirâmes
enfiiite à nous avec des liannes, auflî-
nés, juiqu'à k moitié de leur cuiiTon, bien que nos chiens. Je crus après avoir
^ - -- .1 . — , »-1111.11». J t^-l us aui es HVOir
après quoi on les retire ôc on les laiflc paiTé ce mauvais pas en être quitte j
eeouter i Cfitte rniiTrin I égoûter j cette demie-cuiiïbn lef«s dé .v..,;.. ^oo ru..
iraiiTe 8c leur ôte le goût de poiiTon,
'n acheve de les faire cuire en daube,
en ragoût ou autrement, avec des écorces
d'oranges 6c des feuilles de bois
d'Inde.
mais ces mauvais pas fe trouvoient toutes
les fois qu'il falloit paiTer des ruiG
féaux ou des rivieres, ce qui arriva fept
ou huit fois avant que nous fuiEons arrivez
au haut de la montagne des oifeaux
qui eft à côté de la Souphriere. - • J» 1 1 vjwi V-At O. v^v^uv^ ici iJUUUlli IClt.
i . e s petits diables ou cottous font meil- Il étoit près de fix heures quand nous
Leurs étant rôtis à la b r o che , ou furie
g r i l , faupoudrez de fel, de poivre 6*.
de graine de bois d'Inde battus enfemble
O n peut dire que ces oifeaux font une
manne que Dieu envoye tous les ans
pour lesNegres 6c pour les petits habitans,
qui ne vivent d'autre chofe pendant
la faifon.
L a difficulté de la chaiTe de ces oifeaux
en conferve l'efpece, quiferoit détruite
entièrement i lyabien desannées,
félon la mauvaife coûtume des Franç
o i s , s'ils neferetiroient dans des lieux
qui ne font pas acceffibles à tout le
monde.
arrivâmes au lieu ou nos chaffeurs
avoient refolu de faire leur cabane.
Nous nous mîmes tous à travailler à
nôtre logement, les.uns couperentdes
gaulettes , les autres amaiTerent des
fougeres pendant que deux chaffeurs
allerent chercher des oifeaux pour fouper.
J'avois eu la précaution de faire
porter mon manteau, une bonne bouteille
de vin de Madere, 6c du pain,
avec de l'eau-de-vie 6c de la farine
pour nos Negres. Nôtre Cabane fut
bien-tôt dreffée , nous la couvrîmes
avec des feuilles de cachibou que nous
avions coupées en chemin, parce que
nous fçavions bien que nous n'en trou-
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F R A N C O I S E S D E
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les dangers 6c les incommodi- venons pas dans l'endroit oîi nous al-
7,inlenarahlfs fie r-prt-p
Chemin
deU
montagne
des
diables.
tez inleparables de cette chaffe, macurioiîté
me porta d'accompagner quatre
de nos Negres qui y alloient un Dimanche
après midi, & qui ne devoientretourner
que le lendemain au foir ; car
il faut ce tems-là pour fe rendre fur le
lieu de la chaffe, chercher le gibier, 6c
revenir. Outre mon Nègre je conduifis
avec moi un jeune Creolle qui
aprenoit chez nous à rafiner le fucre,
nommé Albert de Launay, Nous mariions.
Nous fîmes une bonne litiere
de fougeres pour nous coucher, 6c nous
allumâmes un grand feu , tant pour
faire cuire le gibier qu'on étoit allé
chercher pour louper, que pour nous
chauffer pendant la nuit, .qui eft toûjours
très-froide dans ces lieux élevez.
Nos deux chaffeurs furent heureux
ils revinrent affez prompcement avec
quinze ou feize diables. Chacun fe
mit
mit d'abord à plumer. Pour rnoi j e fis
les brochettes pour les faire rôtir. Après
qu'ils font plumez 6c flambez, on les
ouvre par le dos; tous les dedans fervent
lis Ha-
(fa.
pour le fouper des chiens avec
les pieds, les têtes 6c les bouts des aîles.
On embroche les corps diagonalement,
c'eft-à-dire qu'on fait paffer la broehcfte
d'une cuiffe à l'épaule óppofée.
On la plante en terre devant le feu -,
on la tourne de tems en tems pour
ftire cuire la viande des deux cotez ,
& quand elle éft prefque cuite , on y
jette du fel deffusj une feirille de cachibou
ou de balilier fert d'affiette. Il
faut avoiier qu'un diable mangé de
broche en bouche eft un mets delicieux.
Je croyois être raffafié aïant un diable
dans le corps ; mais foit que l'air
froid de la montagne , ou la fatigue
du chemin euffent augmenté mon appétit
: foit que les diables de ce païsk
foient plus délicats 6c de plus facile
digeftion que les autres , il fallut
faire comme mes compagnons , 6c en
manger un fécond. La nuit fut belle
& fans p luye, 6c nous dormîmes-bien,
quoique les diables fiffent un grand bruit
en fortant de leurs maifons pour aller à
la mer, 6c en y retournant.
Le lendemain dès le point du jour
nous nous mîmes à chaffer. Chaque
chaffeur eft armé d'une gauk de la
grolTeur du pouce, longue de fept à
huit pieds, affez ployante, 6c qui a un
crochet au bout. Les chiens que nous
avions amenez ou apportez quêtoient
Se alloient fleurer tous les trous. D è s
qu'ils fentoient qu'il y avoit ufi diable
dans un trou (car cette montagne eft
toute percée comme une garenne) ils
jappoient 8c fe mettoient à gratter :
mais le chaffeur a foin de les empêcher
de gâter les entrées, parce que les
diables ne voudroient pas y rentrer une
L ' A M E R I Q ^ U E . ttï
autre année. On enfonce àuifi-tôt la ifiçii,
gauletté dans le trou jufqu'à ce qu'on
rencontre l'oifeau, qui dès qu'il la fent
la prend avec le bec 6c la ferre, Se fè
laiffe plûtôt entraîner dehors que de
lâcher prife. Quand il eft à la bouche
du trou, la lumiere l'aveugle, il èft ébloiii
, il veut retourner à reculons
dans fon trou, mais le chaffeur y a mis
le pied. Alors l'oifeau fe renverfe fur
le dos pour fe deffendre du bec 6c des
griffes. On le prend alors par la tête,
on lui tord le col , 6c le chafleur l'attache
à une corde ou lianne qu'il a autour
du corps en guife de ceinture. Il
arrive quelquefois que l'oifeau ne veut
5as mordre la gaul e t t e; pour lors on
a tourne de côté 6c d'autre en fourgonnant
dans le trou jufqu'à ce qu'on
'attrappe au deffaut de l'aîle , qui étant
fort grande, l'oifeau ne peut l'étendre
affez pour fe débarraffer, 6c il
eft ainfi entraîné hors de fa maifon.
O n continue ordinairement la chaffe
toute la matinée , ce qil'on ne peut
faire fans s*éloigner beaucoup de la cabanne,
6cmonterScdefcendre dans des
lieux fort difficiles. J'envoyai les Negres
dans les lieux éloignez, 6c j e retins
le Creolle avec moi pour chaffer
aux environs de ia cabanne. Il entendoit
parfaitement bien ce métier , 8c il
avoit un très-bon chien. Après deux
ou trois heures de chaffe, je retournai
avec mon Negre pour me repofer, 6c
pour accommoder des oifeaux pour dîner.
Je me remis enfin à chaffer feul.
Nous nous raffemblâmes fur le midi.
Les quatre Negres avoient cent trentehuit
diables, Albert en avoit quarantetrois,
6c moi dix-fept. Nous en man--
geûmes chacun deux 5 6c partîmes chargez
du refte de nôtier gibier.
Je croi que ces oifeaux vont à la
Virginie 6c dans les païs voifins, pen- -
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