nl^ j. ;
' 3s ,
rjl:^'.-
: r>!'
•r j-'i'il
m
in H
• }, lij i "J li
! If: Ï "
1
s iSM,.
; 1
F R A N C O I S E S D
1^5,4, & aiTX équipages des chaloupes dont les
Capitaines étoient à bord y il fit encore
dillribuer à ies Officiers Mariniers tout
ce qu'on deflervoit des deux tables ; de
forte qu'on peut aflcurer que jamais
Royauté n'a été celebrée fur mer avec
plus de joye £c plus de pompe, Les canonades
accompagnoient les fantezj &
comme il s'en buvoit beaucoup, on confomma
beaucoup de poudre. Nous nous
retirâmes le Pere Holley 8c moi fur les
dix heures afin d'être en état de dire k
MeiTe le lendemain , car l'Aumônier
crut qu'il étoit de fon devoir de faire les
honneurs de la maifon de ion maître j
& comme il étoit Breton, & qu'il fe
trouva parmi les conviez des gens de
fon pays, ils burent à l'envi la fanté
de nôtre Capitaine Roi , 6c la burent iî
fouvent qu'avant la moitié du repas, ils
avoient plus befoia de dormir que de
boire.
Nos conviez fe retirèrent chez eui
long-temps après minuit, on leur fit
une décharge de canon quand ils partirent,
à laquelle ils ne manquèrent pas
de répondre quand ils furent arrivez à
leurs bords ,. ce qui mit fin à l i cérémonie.
Le Mercredi jour des Rois nous dîmes
k Meife le Pere Holley & moi aflez tard,
parce que tout nôtre monde avoit eu befoin
de repos après la fatigue de k nuit
paifée Nous apprîmes qu'un Soldat de
recrue & un Matelot étoient aux fersj
le premier pour avoir bleiTé legerement
fon camarade d'un coup de coûteau au
bras, 6c le Matelot pour avoir manqué
à Ion quart, ôc avoir défobéi au' quartier
maître. Je voulus demander leur
grace, mais Monfieur dé k Heronniere
m'aillira qu'il avoit fiit ferment de ne
pardonner jamais les blafphêmes, &
qu'ils étoient convaincus tous deux d'avoir
juré le faint Nom de Dieuj il me
pïomit cependant qu'il les retireroit des
E L'ameriq_UE:
mais 1694,
Comment
on
fers dans vingt^quatre heures,
qu'ils feroient châtiez auparavant.
Le lendemain après la Meilè le matelot
fut attaché fur un canon, oi^iil reçût
quarante cinq ou cinquante coups
de bouts de corde, & le fo dat fut condamné
à courir k bouline feche.
On avoit attaché pour cet elïet une
corde du gaillard d'avant au gaillard
d'arriéré, on dépoüilk le foldat de iovi^Zu'
jufte-au-corps, & on le lia par le travers ¿«„//„e
du corps avec une corde qui étoit paf- /t^e.
fée dans un anneau de fer qui couloit le
long de k corde tendue; tout l'équipage
étoit des deux côtez de cette corde
avec des garfettes à k main : ce font de
petites cordes pkttes treifées, dont oa
fe fert pour ferler les voiles > il devoit
courir fept fois de Pavant à l'arriére du'
Vaiffeau, & pendant fa courfe tous ceuxqui
étoient armez de garfettes les lui appuyoient
fur le corps. Nous demanda--
mes grace après trois courfes, nôtre Capitaine
nous l'accorda. Je ne croi pasqu'il
eût envie'dejurerle reftedela traverfée,
car ceux qui lui en firent faire
pénitence , s'en acqiiitterent de leur'
mieux.
Le même jour fios matelots prirent
un Requien qui depuis deux ou troisjours
ne quittoit point leVaiifeauj on
eutaifez de peine à le mettre abord, il'
avoit plus de dix pieds de long; c'eftlc
même poiifon qu'on appelle k Ro-r
cheHe un Chien de mer, mais ceux que
j'y avois vû n'avoient au plus que deux
pieds de longueur ; fi peau eit rude
quand elle eft feche, elle reíTemble afíez
au Chagrin; je croi que les Menui'
fiers s'en fervent pour po ir leur ouvrages
: il a deux aillerons à côté, & unau^
tre fur le milieu du dosyfa-queuë eft large,-
échanevée en croiiTant, i a la tête longue,
fa gueule eft à un bon piedaudeffous
de l'extremité de fon mufeau , elle:
eft armée de trois rangs de dents fortes y
aigiiës