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z6o NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
derniers la nuit plûtôtqueleiour, parce
a chaleur que les
eurallûreelHengu'ilsreilftent
moins à
Chevauxjmais comme
te, ils font moins d'ouvrage que lesChevaux.
On les attelle avec un joug qui eil
attaché à leurs cornes avec des courroyes.
L e milieu du joug efl; percé pour recevoir
le bout d'un long bâton, dont l'autre extrémité
eft garnie d'un crochet de fer qui
s'attache au bout du bras.
Quand on ne met qu'une couple de
Chevaux, on les change de deux en deux
heures ; mais quand on en met deux couples,
on les fait travailler quatre heures,
quoiqu'à mon avis ilferoit plus expedient
de partager ces quatre heures en deux,
afin de ne pas tant fatiguer les Chevaux.
LesMoulins où lesTambours font perpendiculaires
à la table, & s'appellent
Moulins droits, foit qu'ils aillent parle
moyen des Chevaux ou de l'Eau. Ijy a
encore deux autres efpeces de Moulins
qui font meus par les Chevaux.
M e u l l n s Les premiers dont fe fervoient les PorfifirtZ
W^au commencement deleurétablif-
S r e / , 1 . iement au Brefil, & dont on dit qu'ilsfe
fervent encore en quelques endroits, font
tout-à-fait femblables à ceux, dont on fe
fertenNormandiepour brifer les pommes
à faire le Cidre, & dont on fe fert aux
Païs où il y a des Oliviers pour écrafer les
Olives, ou pour mettre en pouffiere une
efpece de Gland qui vient du Levant,
qu'on appelle Valonnée, dontonfeferc
en Italie pour paifer les Cuirs. Comme il
fe^peut faire que bien des gens n'ont pas
vû cette machine, en voici la defcription
en peu de mots.
L'Aire du Moulin eft ronde > elle eft
faite de pierre de taille, coupée en pente,
depuis le centrejufqu'aux bords, qui font
relevez de quelques pouces. Cette Aire a
encore une autre pente tout le long de fon
rebord, afinque le fue des Cannes, des
Pommes, oud'autres fruits qu'on écrafe,
coule vers un endroit, où le bord aune x m
ouverture, par laquelle le fuc tombe dans
unbacq, ou dans un autre vaiileau,, qui
eft deftiné à le recevoir.
Le centre de l'aire eft percé d'une ouverture
ronde , dont le fond eft garni
d'une platine de feracerée, pour recevoir
la pointe de l'oeufou du pivot, dont eft
armée une pièce de bois de fix à fept pouces
en quarré,dont l'autre extrémité taillée
en mamere de pivot, paffe dans une
ouverture ronde, pratiquée dans une Demoifelle,
ou autre pièce de bois, fortement
attachée à la charpente.
A un pied & demi, ou deux pieds audeflus
de l'aire, l'Arbre, dont je viens
de parler, eft percé d'une mortoife quarree,
dans laquelle on paiTe & on arrête
une autre pièce de bois de quatre à cino
pouces de diamét re,& de neuf à dix pieds
de long. Une meule de trois à quatre
pieds de diamètre, d'un pied ou plus d'épaifleur,
de pierre dure, eft enchafféc
dans cette traverfequiluifertd'axe, autour
duquel elle fe peut mouvoir, mais
lans s ecarter du lieu où elle eft pofée
îarce qu'elle y eft arrêtée par des rondeles
& par des chevilles plates defer, de
maniere qu'en tournantelle écrafe tout ce
qu'on prefentefurfavoye, en dedans du
rebord de l'aire. Les Chevaux qui la
tournent, font attachez à l'autre extrémité
de l'axe, Sedans lemême-tems qu'ils
font tourner l'axe autour de l'Arbre, la
meule tourne autour de l 'axe. On prefente
des Cannes ou autres chofes qu'on veut
écrafer, furlepaiiage de la meule, & on
les y met en différentes fituations, jufqu'à
ce qu'on ait exprimé tout le fucquicft
dedans.
Je croi'quecette efpeee de Moulin eft
meilleure pour les Pommes, pour les.
Olives, & pour la Valonnée, quepour
les Cannes, 8c qu'il n'avance pas le travail
comme ceux q_ue j'ai décrit cidevant
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mede qu'on pourroit apporter en partie à 1^9«,
cet inconvenient,feroit de mettre au bout
des Tambours de petites ailettes de bois
mince ou de fer blanc, qui reiîerreroient
le jus des Cannes, & les empêcheroient
de s'écarter des Tambours. Le troificme
eft,que les bagaces fortant du même côté.
F R A N C O I S E S DE
devant , ou que je décrirai ci-après.
Les féconds ont la longueur des Tambours,
parallele à la fupei ficiede la table.
On les appelle Moulins couchez. Le
Tambour du milieu eft enchaifé dans
l'Arbre, qui fert en même tems d'axe à
une Rouë de quinze à dix-huit pieds de _
diametre, aiîèz large pour contenir un qu'on prefente les Cannes, elles doivent
Cheval ou un Afne qu'on y fait entrer,
& qui la fait tourner par ion poids, 6c
par fon mouvement. Le Tambour du
milieu eft garni de dents à l'ordinaire,
qui s'engrenent dans celles des autres
Tambours, & qui leur impriment le
mouvement à mefure que celui du milieu
fe meut.
On voit bien que ces deux Tambours
doivent être, l'un deffiis & l'autre deiTous
celui du milieu. Ils font retenus dans cette
fituation par des entre-toifes, où les
crapaudines qui portent leurs pivots,font
cnchalTèes. Ces enrre-toifes doivent fe
mouvoir dans les coulifles pratiquées dans
l'épaiifeur des montans duChaiîîs, afin
qu'on puiiTe approcher les petits Tambours
de celui du milieu, autant qu'on le
juge à propos, par le moyen des coins,
dont on le garnit.
On fait paiTer les Cannes entieres entre
le Tambour le plusbas & celui du milieu,
& les bagaces entie celui du milieu Se le
plus haut.
. Ces Moulins travaillent à proportion
du mouvement qui eft imprimé à la Roue
par l'animal qui eft dedans. Ils peuvent
être fujets à trois inconveniens. Le premier
eft, que les Cannes fe trouvant horizontalement
peuvent glifler facilement
le long des Tambours, & s'embarafler
dans le dents. Le fécond, que quand le
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de ces
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hremf. mouvement eft violent, comme il arrive
il. dans ceux,dont laRouë eft mûë par l'eau.
tomber fur elles, Se caufer de la confufion.
Il eft vrai , qu'on peut ajufter une
îlanche vis-à-vis le milieu du grand Role
, qui foit inclinée en dehors, fur laquelle
les bagaces gliflent, fans fe mêler
parmi les Cannes j mais cela ne peut pas
empêcher que la NegrelTe qui donne à
manger au Moulin, ne foit toûjourscouverte
de bagaces} ce qui n'eft pas une petite
incommodité.
J'ai vû un Moulin de cette façon à la
grande terre de la Guadeloupe -, i I appartenoit
àunMenuifier, qui ayant gagné
de quoi acheter quelques Negres, iè mit
en tête de devenir Sucrier: i avoit conftruit
fon Moulin , qu'il faifoit tourner
par des Afnes : il étoit propre, bien fort
&bien entendu : & celui qui l'avoit fait,
avoit voulu montrer fon habileté, en n'y
employant point de fer : l'ouvrage me
plût beaucoup.
Il y en avoit un autre au Fond de Cananville
près le Fort Saint Pierre de la
Martinique qui appartenoit à un Habitant
nommé Pierre Roi : il étoit auffi
tourné par des Afnes, un defquels fut
caufe d'un procès aiTez fingulier.
C'eft la coûtume des Negres de donner
aux animaux que leurs Maîtres achètent.
les noms de ceux dont on les a achetez.
CePierre Roi avoit acheté un Afne d'un proces
Sergent exploitant 5 nommé Durand, % arrivé
qui lesNegres ne manquèrent pas de donner
le nom de Durand. Ce Durand Afne „/^„^
lejus des Cannes circule autour desTam- étant un jour attaché auprès duMoulin a n f u j e t
bours, & coule le long des dents & des en attendant que fon heure d'entrer dans
pivots, ou jaillit hors de la table. Lcre- laRouë fut venue, fe détacha 6c s'enfuit
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