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 330  NOUVEAUX  VOY  
 Catechifme à  la  fin  de  laPriere,  les  conduire  
 à la Mefle  les Fêtes  &  Dimanches,  
 voir il leurs maifons font propres, &  leurs  
 jardins bien entretenus} appaifer les diiFerens  
 qui naiiTent  dans  les  ménagés,  faire  
 conduire  les  malades  à  l'infirmerie,  empêcher  
 lesNegres  étrangers  de  fe  retirer  
 de jour  ou  de  nuit  dans les cafes  de  l'Habitation, 
   donner  avis  au Maître  de  tout  
 cequi  fepailè,  recevoir & bien  entendre  
 fes ordres,  &  les faire executer  à la  lettre.  
 Il faut avoir  cette  confideration  poui-  un  
 Commandeur,  dene  le jamais  reprimender, 
   Se encore mojns le frapper devant  les  
 autres  Efclaves,  'parce  que  cela  le  rend  
 mépi ifable, & lui  fait perdre tout fon  crédit. 
   Qiiand  ila  fait quelque faute  fi  confiderable, 
   qu'elle méritéabfolument  qu'il  
 en foit châtié,  il fautavant  toutes chofes  
 le  caiTer  de  fon  emploi.  On  donne  toûjours  
 au  Commandeur  plus  de  vivres  &  
 d'habillemens  qu'aux  autres,  Sc  detems  
 en  tems  quelque  gratification.  On  doit  
 châtierfeverement ceux  qui  lui  défobéïffent, 
   ou  qui  fe révoltent  contre  lui ,  6c  
 fans mifericorde ceux qui auroient  la  hardiefle  
 de  le  frapper.  
 J e  me  fuis  toujours mieux  trouvé  des  
 Commandeurs  Negres,  que  des  blancs.  
 Cependant  quand  on  eft  contraint  d'en  
 avoir  pour  foûlager  le  Rafineur  dans  le  
 quart  de  la nuit,  il  faut  choifir  un  homme  
 âgé ,  afin  qu'il  foit  moins  capable  de  
 cauler  du  defordfe avec les Negrefles,  &  
 ne  pas  laiiTer  pour  cela  d'avoir  un  Commandeur  
 Negre,  fans  oublier  d'avoir  
 quelques  efpions  fidelles  qui  rapportent  
 tout  ce  qui  fe  paiTe,  fauf  à  prendre  les  
 voyes  neceiTaires  pour  s'aflurer  de  la  vérité  
 de  leur  rapport.  Dès  qu'ons'apperçoit  
 que  les blancs  que l'on a à fon fervice  
 ont  quelque  commerce  avec  les Negreffes, 
 A G E S  AUX  ISLES  
 dans k  maifon,  ils ne font  point  du  tout  li^y''«  
 fous la jurifdiétion  du  Commandeur,  à  
 moins  que  le  Maître  ne  le  fafle  venir,  
 pour  les  châtier  quand  ils  ont  fait  quelque  
   le  plus  court  eft  de  les  chaflerauflirôt. 
   
 A l'égard des Domeitiques qui fervent  
 faute.  Quoiqu'ils  foient  bien  mieux  
 que les autres Negres  pour  les habits,  &  
 pour  la  nourriture  ,.  la  plupart  aiment  
 mieux  travailler  au  jardin  ,  c'eft  ainfi  
 qu'on  appelle  les  travaux  ordinaires  de  
 l'Habitation,  que  d'être  bien  nourris  &  
 bien  vécus,  &  être reiTerrez dans la maifon  
 comme  leur devoir  les  y  retient.  
 On  prend dejeunes Negres  de douze  à  
 treize ans  les mieux  faits, &  les  plus  fpirituels  
 pour fervir de laquais. O n  s'en  fert  
 ainfi jufqu'à  ce  que le Maître  juge  apropos  
 de  les mettre  au  travail,  ou  de  leur  
 faire apprendre un métier,  qui eft la meilleure  
 chofe  qu'on  puiiTe  faire pour  eux,  
 D E P E N S E  N E C E S S A I R E  
 pour  la  nourrilitre,  ^  Ventretien  de  
 cent  vingt  EJcîaves.  
 Il  faut  fuppofer d'abord  que  l'on  aura  
 foin d'avoir du  manioc en abondance,  de  
 forte qu'il foit plutôt en danger  de  pourir  
 en terre,  que  d'être obligé de  retrancher  
 l'ordinaire  que  l'on  doit  donner  aux  Negres, 
   ou d'acheter de la  farine de manioc,  
 qui eft fouvent fort chere,  fort rare,  fort  
 difficile à  trouver,  &  qu'il faut toûjours  
 payer  en argent  comptant.  On  en  donne  
 trois pots mefure de Paris chaque femaine  
 par  tête  à  tous  les Negres  grands  ou  pe-  àvnm  
 t i t s ,  excepté aux  enfans qui font  à la mamelle, 
   aux  meres  defquels  on  donne  un  
 demi ordinaire  pour leurs  enfans.  J'avois  
 coutume de donner pour ces enfans là deux  
 livres  de  farine  de  froment  par  femaine  
 avec du  lait pour leur faire  de  la  boiiillic,  
 &  comme  la  farine de  froment  peut-être  
 évaluée  avec  celle  de  manioc,  il  faut  
 compter  trois  pots par femaine pour  chaque  
 tête,  qui font  3^0  pots  ou fept  barrils  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERICLUÉ.  j^r  
 nls  &  demi  par  femaine.  Le  baril  con-  jours de Fêtes,  parce qu'ils  fevifitent les  
 tientcmquante  pots,  qui  multipliez  par  uns  les  autres  ces jouis-là  ,  &  que  pour  
 ies  cinquante  deux  femames  qui  compo-  regaler  ceux  qui  les  viennent  voir,  ils  
 l e n t l a n n e e ,  font trois cent quatre vingt-  confomment  dans  un  repas  ce  qui  le^  
 dix  barnls  par  an.  Ce  feroit  une  grande  doit  entretenir toute une femaine.  Il  faut  
 depenie, fi on etoit oblige d'acheter  cette  donc  que le premier  jour  de  travail  delà  
 quantité de fanne.  Il  eft  vrai  qu'elle  eft  femaine,  le W r e  i u e  Commandeur  
 quelquefois  a  bon  marche,  &  qu'on  la  fafle pefer en  fa  prefence,  &  partaeeen  
 peut  avoir  a  cinq  &  fix  francs  le barril.  portions  égales  la  viande qu'on  leur  doit  
 Pn.de  nfnnr  r  ^^  OU portions,  &  loifque  les  Ne- 
 K i ^ i ï n ^ n ? / ^ " ' - '  du  gresviennentpourdîner,lesfemmesvonc  
 t>anfport  feroit  une  depenfe  de  près  de  au  Magazin  de  la  farine  ou  on  la  leuilep  
 mille livres par an,  qui iroit  toûjours  diftribue, &  les hommes prennent la viana  
 plus  de deux  cent pi  ftoles,  quand mê-  de  à  mefure  qu'on  les  appelle,  tout  de  
 me  on  la  redujroit  au  tiers.  Il faut  donc  fiiite,  &  fans  leur  permetÎre  d  cho  fir!  
 Z Z  r / '  Unba r r i ldeboeul f a l édoi tpe f e r c ent  foiquantite  
 de  manioc  qu'on  en  ait  trois  xante  livres : pour  ne  fe point  tromper,  il  
 ou  quatre fois au-delà  de  ce  qu'on  s'ima-  ne  le  f.ut  r .mnr . .  „. „ „ P ? '  
 A  1  egaid  delà  viandej  ai  deja  remar-  ter  la  portion  des  ouvriers,  &  de  ceu^.  
 que  que  le Roi  a ordonne  qu  on  donnât  qui  travaillent  à  la  Sucrerie,  aurFouin  
 chaque Lfclave deux  livres  6c demie de  neaux,ôc lesMalades.Ces deux barrils  mr  
 viande  falee par  femaine.^  Cette  Ordon.  femaine  font  cent  quatre  barîils  par  in  
 nance  n'eft  pas mieux obfervéeque  beau- ^ a i m a  IJ41  inj.  
 dont  lia  le prix eft / i  different . j ' n "  felon  r»  1  les <  ^  
 coup  d'autres,  ou  par  la  negligence  des  
 tems  de  
 Officiers  qui  devroient  y  tenir  la  main,  
 Paix  &  de  Guerre,  d'abondance  ou  de  
 ou  par  l'avarice  des  Maîtres,  qui  veui 
 difette.  On  le vend quelquefois  cinquanI  
 vjt**  te  f r anc s ,  6c  quelquefois  dix-huit  ou  
 lent  tirer  de  leurs  Efclaves  tout  le travail  vingt.  JcVmidTun  ^W^^tnoyen  "  
 qu  ilspeuventfansnendépenlerpourleur  mete's  le  ban-il  à  vingt^cinqTancs  ¿1  
 nourriture^  oufouvent  par  l'impoffibili-  fera  2600  livres  pour  cet aiticTe"  
 ted  avoir des viandes falees  dans  un  tems  Pour  la  boiiTon  on  neleur  donne  que  
 de Guerre,  ou  l e p e u q u j n  enapporteeft  de  l'eau,  6c  comme  elle  n'eft  miéresca!  
 toujoursa  un  prix exceffif  Les gens rai-  pable  de  les  foûtenir  dans un  auffi a-and  
 fonnables  fuppleent  ace  défaut en faifant  travail  qu'eft  leleur,  outre  l'oùico5&h  
 planter des patates  6c des  ignan.es,  6c les  grappe qu'ils font pour î  ur L^inaire  1 s  
 leursd.ftribuantaulieu  de  viande,  ou par  HabiianS  qui  ont  foin  de  le ir  n S  es  
 quelqu'autre  moyen  dont  on  ne  manque  leur  font donner  foir  6c  matin  un  cf  un  
 gueres  quand  on  en veut  chercher.  De  d'Eau-de-Vie de Cannes,  fur  tou^quand  
 ces  gens  raifonnables  le  nombre  eft  pe-  ils ont  fait quelque  travail  pbs  qù'à  
 11 f  ,r  j  ,  ,  l'ordinaire,  où  qu'ils  ont  fouffert de  la  
 Il  faut  obferver  de  ne  leur  donner  ja-  pluye.L'Eau-de-Viefefaifantdans  a  t^ai.  
 mais  leur  viande  le  Dimanche,  ou  les  fon,jenecompterienpourcettedépe^ft  
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