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P R A N C O I S E S D E L ' A M E R I Q ^ U E . ZZI
Des gens dignes de foi qui ont fre- gres ont appellée une patte de banaquenté
la terre ferme de l'Amerique
m'ont affln-é que c'étoit encore toute
autre chofe dans ces quartiers-Jà. II
faut que la terre de ces endroits foit
iC>(j6.
nés.
Il elî: rare qu'on laiiTe meurir le fruit O"»'
fur le pied qui l'a porté. On prétend
-, q-1u-' i-l. Jy. contrafleroit un goût ti-r.voyp^ aa^c.rve^.. cueiiU
plus profonde, plus gralTe ßc plus hu- Je luis pourtant iur du contraire par plumide.
_ ^ fleurs experiences, mais c'cft une coû-
Environ à neuf mois il pouilê de fon tume dans le païs qu'il n'eft pas aifé de
centre un jet ou tige d'un pouce & déraciner. Ainfi on les cueille, c'eft-àdemi
de diametre, & de trois à qua- dire qu'on coupe le regime tout entier ,
tre pieds de long qui fe couvre prefque lorfqu'on juge que les fruits font arritout
de petits boutons d'un j'aune tirant vez à la grandeur & à la grofièur qu'ils
fur le verd. Le bout de cette tige s'élar- doivent avoir, ce qui fe fait en coupant
git & forme ungrosbouton comme une l'arbre par le pied, Ôccela eft fort facile}
car, comme on voit par ce que j'ai dit:
ci-devant, il doit être fort tendre, n'étant
qu'un compofé de fciiilles les unes
fur les autres, auiE très-tendres & remefpece
de coeur de fix à fept pouces de
longueur, fur trois pouces de diametre
dans fon plus gros. Il eft compoié de
phfieurs pellicules les unes fur les au- ..-.wvr-v^ wv
tres comme un oignon dont la derniere plies de beaucoup d'humidité} de forte
eft rfro^,u-.g r^e^ ;. iIll e^f/Lt o_u .t,r e c' ela couvert * 1 -f 1
d'une enveloppe de gris-de-lin aflez
forte & épaiiTe, qui s'ouvre & fe partage
en quatre pour laiiFer paroitre le
bouton.
Les fruits qui fuccedent aux petits
boutons dont la tige eft garnie, la font
pancher vers.la terre par leur pefanteur.
On appelle cette tige chargée de fon
fruit un regime de bananes. Il n'eft
entièrement mûr que quatre mois après
qu'un coup de ferpe donné adroitement
fuffit pour le mettre par terre.
On fufpend le regime dans la maifon
à l'air, 6confe fert du fruit à mefure
qu'il meurit, ce qu'on' connoît à la
couleur jaune que prend fa peau au lieu
de la verte qu'elle avoit fur l'arbre, à
quelques petites marques noires qui y
paroiflent, & parce qu'il devient plus
inol au toucher.
L'arbre avant d'être coupé produit
que la tige s'eft couverte de boutons, huit ou dix rejettons à fon pied, & fou-
Un regime contient oi-dinairement de- vent avant que fon fruit fait mi îr, il y
puis trente jufqu'à cinquante bananes en a qui font prêts à fleurir. Sionlaill'e
felon la bonté du icrrein. C'eft la charge
d'un homme. Il s'en faut bien que
tous les boutons portent du fruit, la
plupart tombent, fans quoi la tige ne
les rejettons dans le lieu où ils font nez,
ils portent du fruit dans douze à treize
mois; mais ii on les arrache en déchirant
racine Ii^'i^i'aiL LuiijuciiL,iHiiî. ja ijge rant un peu la racwie qui les a produits
les pourroit pas fupporter, ni la plante & qu'on les tranfplante dans un autre
kliullrr ffnoiuirrnniiir- la nnroïiiuiMrr-iitfiui.r-«e. neceftaire.
leur fruit eft retardé de trois ou
Elles font attachées autour de la tige
quatre mois.
quatre ou cinq enfemble ; & comme
La banane eft bonne de quelque maniere
elles tiennent à une efpece de noeud
ou d'excroiifance qui s'eft faite fur la
îige par l'union de plufieurs boutons,
elle reprefente une main , que les Neendroit,
qu'on la mange. Avant qu'elle u/ages
foit mûre, on la fait cuire comme les
navets & les carottes avec la viande, ou
la tortue, 6c elle eil très-nourriilànre.
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