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Z4.Z NOUVEAUX VOY
1596, que l'on veut entamer, afin delà couper
également, fans qu'ils entrent dans la pièce
les uns plus que les autres. Quand elles
n'ont que fept ou huit pieds de hauteur,
on commence par abattre les têtes des rejetions
de toute une fouche, les uns après
lesautres, avecuncoupdeferpe. Se cela
à trois ou quatre pouces au deflbus de la
naiiTance de la feuille la plus baiïe. Il y a
desHabitans qui veulent pi ofiter de tout,
& qui croïanl beaucoup gagner ont peine
à fouiFrir cette perte apparente ; mais ce
n'eft pas en cela feul qu'ils fe trompent j
Se pour en être convaincu , • il n'y a qu'à
faire reflexion, que le haut de la Canne
pouiTe toujoursjuiqu'à cequ'elle ait fléché,
& qu'ainfi ce haut eft toujours verd;
& rempli d'unfuc crud,ou pourainfi dire,
d'un chile indigelle, & qui n'eft deftiné
qu'à l'augmentation de la Canne." Or â
quoi peut fervir cette matiérejiînon à augmenter
la quantité du jus, fans accroître
fa bonté, & à faire un mélange d'un bon
fuc, cuit, & perfeélionné par la chaleur
du Soleil, avec un autre que la nature
n'a defti né qu'à l'accroiiîèment de laPlante?
J e n'ai jamais pû donner dans cette
économiemal entenduë, & i'aitoûjours
voulu que les Negres coupaifent la tête à
l'endroitoli il neparoilToit plus de verd.
Après que la touffe qu'un Negre a
commencé d'étêter, eft achevée, il coupe
les Cannes par le pied. Sur quoi il y a une
remarque à faire, qui e f t, deles couper,
fans taillader la fouche, parce toutes ces
hachiires la gâtent, & ne fervent qu'à
donner entrée à la chaleur du Soleil,6c
à faire confumer plutôt l'humidité & la
févequieftdansiafouche, ce qui n'aide
pas aiîurément à lui faire pouiTer des reoffice
du jettons. Il faut queleCommandeur, c'eftfi>
w- à-dire, l'Homme blanc ou noir, qui a
foin de commander, & de conduire les
Negres au travail, de veiller fur leurs
aftions, de les faire affifter aux Prières, 6c
mitr.
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A G E S A U X I S L E S
exécuter les ordres qu'il a reçus du Maî- 1695,
tre. Ilfaut,dis-je, queleCommandeur
en inftruile les nouveaux Negres, 6c qu'il
prennegarde.que les anciens ne négligent
?as cette pi-écaution. Un peu d'exercice
es y accoutume, 6c un peu de vigilance
duCojnmandeur les empêche de l'oublier
Selon la longueur de la Canne, le Negre
qui l'a coupée defafouche, la coupe
en deux, ou eu trois parties, après avoir
paflëlaierpetoutdu ongpourenôter les
barbes qui pourroient y être attachées.
On ne laiffe guéres les Cannes plus longues
de quatre pieds, & on ne leur en
donne jamais moins de deux 6c demi, à
moins que ce ne foit des Rottins produits
dans des terres maigres 6c ufées, qui ne
font pas'plus longs ordinairement.
Quatre ou cinqNegres qui font voifins,
jettent toutes les Cannes qu'ils coupent,
en un monceau derriere eux,afin que ceux
qui les amarrent, les trouvent aflemblées,
& qu'il ne s'en perde point fous les feuilles,
6c les têtes que l'on continué de couper,
ôc dont la terre eft bien-tôt entièrement
couverte.
On met ordinairement de jeunes Ne-cootgres
ou Negreifes, ou autres, qui ne peu- »»«»''i
ventfaireun plus grand travai , à amar-^"'"
1 ^ o ^ r • j amerrir
rer JesCannes, ce a en fairedes paquets, /^j c«»-
quèl' on charge dans les Cabroiiets. On le nés.
fert pour l'amarrage, des extrêmitez deS
têtes de Cannes, qu'on appelle l'oeil de la.
Canne. On le tiredurefte avec tro's ou
quatre feitilles, 6c il vient aiTez facilement.
On amarre premièrement les feuilles
de deux yeux enfemble, pour faire le
lien plus long, puis felon la longueur des
Cannes on étend deux liens à terre environ
àdeux pieds l'un de l'autre, 6c on couche
les Cannes deilus en travers, au nombre de
dix ou douze, felon leur groiTeur : on
ferre enfuite cesCannes avec les deux liens
en les tortillant, 6c pailant l'un des bouts
entre les Cannes 6c le lien» comme on
voit
F R; A N C'O I S E S DE L'A M E R I Q.U E. 143
ï6(/>. voit que lesFagots ôc.lesCôtterets font tion, comme je le dirai enfon lieu,
liez à Paris. Quand le Commandeur juge Voilà, à mon avis, tout ce qui fe peut
apropos,il faut quitter la coupe, 6c fait dire fur la culture desCannes. Ilfaut à
porter au bord du chemin les paquets de prefent parler desinftruments, dont on
Cannes, afin que les Cabroiiets,arrivans, fe fert pour les écrafer j & pour en tirer le
les Cabroiiettiers: les chargent promte- jus, lefuc, levin, oulevefou, qui font
ment, 6c les portent au Moulin. des termes finonimes ufitez en difFerens
Huill,^ Aurefte, il 11e faut jamais couper de lieux, mais qui tous fignifienttoûjours la
Tcm qu'on juge pouvoir en même chofe. Nous les appelions des
mon confommerdansunefpacedevingt-qua- Moulins à Sucre, 6c les Efpagnols les
(¡mWo«-tre heures. C'eft une faute très-confide- appellent Ingenios d'Azucar.
ifxj^t.
DES MOULINS A SUCRE.
{ir. i-abled'en couper pourdeuxjou troisjours
parce que dans cet efpace.de tems elles
s'échauffent,fe fermentent,' s'aigriiTent,
êc deviennent par confequent mutiles Ilyatroisfortes deMoulins, dont on
pour fane dubucre, fur tout du Sucre fe fert pour moudre, 6c pour brifer les '"'fP'"'
blanc. Quand on eft fur que leMoulin ne , Cannes, afin d'en exprimer le fuc Les f
manquera pas de Cannes, il vaut mieux , uns tournent par le moyen de l'eau, les "
occuper les Negres^ quelques autres tra- lautfcsfont tirez par des Boeufs ou par des
vaux, dont un habile Commandeur ne .Chevaux, 6c les troifiémcs font meûs par
manquejamais, que de leur faire coupér le moyen du vent. Ces derniers font rares
des Cannes pour deux ou trois jours, fous Je n'en ai vû que deux, quoiqu'on en
pretextede les employer durant ce tems puilTefaire très-commodément dans toua
d autres ouvrages.. teslesCabefterres.oùl'oneftaiTûré que
On a coutume de couper les Cannes le les vents de Terre 6c de Mer fe fuccedent
Samedi, pourcommencerafairetourner immanquablement, gc où les calmes fon
le Moulin leLundy a minuit. Quand^n prcfque\uffirares que lesEclipfes S s l
ne faitqueduSucrebrut , onpeutpren- leil. L'unde ceux que j'ai vûs, étoit à
drecetteavance,deporterlesCannesau Saint-Chriftqphle, dans la partie Angloi!
Moulin, fans oublier de les bien cou- fc, auprès du giandFort J e n ' e n t r S ^
vrir avec des femlles, de peur qu'elles dans ce Moulin, 6c je 4 e contentai de
:ne s echauffent trop. l'examiner par deho.4, pouvandeflire
Maisquand ontravai leenSucreblanc. très-facilement, parce qSe la c a ¿ S o f t
4 vaut mieux retarder le travail de quel- toute à jour. L'autre appartenolt à un •
quesheures,quedel'avanceraurifquede Habitant du quartier du Fort-RoyaUe
le gacer par des Cannes échauffées. k Martinique. ^
'V les r f n t ? " Î ^ i " " O n ^ffûré q ^ a n n e s q u e l eLu n d y d e g r a n dma t i n , l'MedeSaint-Chriufet odpehplueilse lsaA pnrgifleo idsee î
a f i n d e ^ & r ^^^^ ^^^^^ ^ ^^ - - ^ ^ r e desMo^ulins à
afin de 1 .avanc«^, & cependantfairedu Bled de Partugal, fur les delleins que le -
feu fous les Chaudières à; démi^pleines ComtedeGenÍsenavoitdo nezaïco^
d eau pour les échauffer, afin queleju. lonelCodrington General des Mes An- "
qui fb urera des Canne., trouve les cho- gloifes fous le vent.
íes difpofees pour une promte cuiffonj Les deux Moulins à vent que j'ai vûs
ce qui eft tres-important pourfaperfec- nedifferoientprefqueenriendeJeûxqu;
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