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116 NOUVEAUX VOY
on trouve une infinité de ces avocats Se
abricotiers d'une grofleur & d'une hauteur
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mei-veilleufe. Les Sangliers qu'on
appelle Cochons Marons, s'y rendent
de tous Les environs quand ces fruits
A G E S AUX I S L E S
font meurs 6c qu'ils tombent des arbres»
ou par leur maturité, ou parce qu'ils
font fecouez par le vent. Alors ces animaux
s'engraiiTent merveilleufement, &c
leur chair en contrade un goût excellent.
C H A P I T R E XV .
De la Vignt qui
;E Dimanche p Mai , Monfieur
Jacques du Roi arriva
au Macouba , il me vint
voir auffi-tôt. Je le priai à
fouper, 6c nous commençâmes
des lors à lier une amitié qui a duré
jufqu'à fa mort. Il me pria le lendemain
matin de marquer moi-même le
terrein que j e voulois prendre. Je m'en
deiFendis long-tems, mais enfin je fas
contraint de ceder, & de marquer avec
quatre piquets ce que je croiois pouvoir
en avoir befoin. Il eut l'honnêteté d'augmenter
ce quej'avois marqué, 6c; de
me dire que fi dahs la fuite j'en voulois
davantage j'en ferois toujours le maîr
tie.
J'écrivis en même tems à Monfieur
Michel pour le prier de commander
les Negres que les habitans avoient
promis de me fournir pour aider aux
Charpentiers à tranfporter ma maifon
où je la voulois mettre.Il eut l'honl
Auteur nêtecé de venir le jour fuivant avec un
îl'anftior- nombre de Negres. Les Charpentiers
mirent ma maifon fur des roul^
fa
mtiifon
x^fatt
un jardin
leaux 6c à force de bras on la poiâ
dans le lieu que j'avois marqué j &
comme le terrein étoit aiTez en pente,,
les Mafibns firent un mur fous les foies
afin de l'élever^ 6c lui donner uneaffiete
plus belle 6c plus feure. Cependant e
fis planter mes paliflades pour clore le
terrein que je voulois mettre en jardin..
Je ku donnai cent cinquante pieds de
long fur cent vingt pieds de large. Mater
li« •^tú-'jAment
aux IJles.
cour avoit trente-quatre pieds de long
fur toute la largueur ci-delTuSj de force
que tout mon enclos avoit deux cens
pieds de long fur cent vingt pieds de
large. Macuifineaveclepoulaillier qui
y écoit joint , fermoit un des bouts de
la cour,. 6c en rempliffoit toute la largeur
par fa longueur > au bout oppofé
j e fis faire une cafe dent une partie iervoit
pour retirer mon cheval pendant
la nuit, 6c l'autre pour loger les Negres
de nos Peres quand ils couchoient chez
moi. Je fis abattre tous les arbres qui
étoient fur le bord de la falaife qui
m'stoient la vûë de la mer. La face
de la maifon étoit au Nord Nord-eft.
Je voyois l'iile de la Dominique 6< toute
l'étendue de la mer. Et en attendant
que les ouvriers euilènt difpofé les bois
neceilaires pour l'agrandiiTement de mamaifon,
je travaillai à mettre à niveau
le terrein de mon jardin, à tracer les
allées, 6c planter les noyaux d'abricots,
d'avocats 6c d'autres fruits qu'on m'avoit
donnez. Je plantai de la vigne afin
de faire une treille qui me fervît de
cabinet. J'en fis un autre de jafmin
rouge 6c blanc. Un troifiéme de pommes
de liannes qui portent des fleurs
qu'on appelle fleurs de la paffion, 8c un
quatrième de différentes ibrtes de pois.
J'achetai d'un Negre deux pied de bois
d'Inde. J'eus du jardin de Monfieur
Pocquet des franch¡pannes rouges Se
blanches, des grenades nains, de l'ozeille.
de Guinée,,des figuiers,,6i differen
F R A N C O I S E S D
rentes fortes de fleurs, herbages 6c légumes,
de forte qu'en moins de fix femaines
ou deux mois, mon jardin fe
trouva fourni de tout ce qu'on pouvoir
fouhaitter. Je le partageai en quatre
grands quarrez" par des allées qui fe
croifoient 6c qui terminoient à d'autres
allées qui régnoient autour de l'enclos.
Les bordures des plates-bandes étoient
de thin, de lavande, de ferpolet, de
petites fauges, d'hyfope 6c d'autres herbes
fines 6c odoriférantes. Je deftinai
les plates - bandes pour les arbriflcaux
6c les fleurs, 64. le dedans des quarrez
partagé en plufieurs planches fervoit
pour les herbes potagères. J'avois
placé ma' vigne au bout de ma
maifon qui étoit à l'Oueil-nord oueft
afin qu'elle fut à couvert des vents alifez
qui me l'auroient gâtée. Entre
l'autre bout de ma- maifon 6c la paliflade
de l'enclos, j'avois fait les planches
pour les pois verds, les concombres
6c les melons.
On s'étonnera peut-être que n'ayant
pour tout domeltique qu'un feul Negre,
j'euiîe entrepris de faire 6c d'entretenir
un fi grand jardin, mais cela
ne m'a jamais donné la moindre peine;
car comme mon jardin étoit pour
ainfi dire commun à tous mes Paroiffiens,
que j'avois convié d'y prendre
tout ce dont ils auroient befoin -, auffi
me donnoient-ils fort genereufement
leurs Negres pour y travailler toutes
les fois que je leur témoignois en avoir
befoin; outre qu'il m'arrivoit très-fou-'
vent d'avoir des Negres marons, c'efta
dire fugitifs, qui venoient me prier
de les ramener chez leur maître 6c
d'obtenir leur pardon; je les faifois
travailler à mon jardin une demiejournee,
après quoi je les ramenois á leurs
maîtres; bien feur qu'ils leur pardonneroient
à ma confideration. La vigne-
E L'AMERIQ^UE. 11 7
que l'on a plantée aux Ifles venant directement
de France , à eu bien de la ^^^
peine à fe naturalifer au pays, 6c mê- ¿eti^««
me jufqu'à prefent les raifins ne meu- vmmde
riiTent pas parfaitement.1 / >11 -11 C e n'ell ni le Foranncte peidehiut
de chaleur ni de la nourriture, / yj
mais c'eft parce que le climat étant naturachaud
6c humide les grains meuriflent ¡•'firaux
trop tôt, 6c les unes avant les autres,
deforte que dans une même grappe on
trouve des grains meurs, d'autres eu
verjus, 6c d'autres qui font prefqu'encore
en fleur. Le mufcat qui eft venu
de Madere ôc des Canaries ett exempt de
ce défaut, 6c il meurit parfaitement bien.
Cependant j'ai remarqué qu'à mefure Xîi vîque
les feps vieilliilbient ee défaut
corrigeoit. Ce que k vigne a d'admira-^^j/^^^
ble dans ce pays, c'eft qu'elle porte du moins
fruit deux fois par an , 6c quelquefois deuxfois
trois fois en quatorze mois, felon
faifon feche ou pluvieufe où elle eil
coupée 6c le fep taillé.
Les feps que j e plantai dans mon jardin
ont porté du fruit fept mois après
avoir été mis en terre. Auffi-bien que
les Figuiers qui viennent de bouture &
qui portent toute Tannée, pourvii qu'on
ait foin de mettre du fumier au pied,
6c de les bien arrofer dans le tems de'
k fechereffe.
L a regie qu'on doit obferver quand Cj quU
on veut tranfporter des arbres, des-''^"']
plantes ou des graines d'un pays froid
dans un pays chaud -, c'eft de les pren- tranfdre
dans les pays les plus voifins, èc!""''^'' .
qui .f ont dj' une température pi lus a:1p - /f"2^£'''S"" fiii
proenante du pays ou on les veut por- desplanter.
Comme, parexemple, de les prendre
en Provence ou à la côte d'Efpasne
oubicn-6c encore mieux aux Ifles de^«,.
Madere ou de Canaries. A l'égard des
graines il ftiut toujours les apporter
dans leurs épis, coiîés ou fiiiques', &C
avec tout cela-il ne faut pas s^attendrc-
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