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 t6çi6.  pied  en  quarré,  entre  lefquels  on  laiiTe  
 trois  pouces de vuide pour  le  paflagedes  
 cendres & de l'air.  On  le fait quelquefois  
 de fer fondu de quatre  pouces  en  quarré,  
 que  l'on  éloigne  l'un  de  l'autre  de  deux  
 pouces.  Mais cette dépenfe eft confidera- 
 . ble & dure peu,  parce  que  le fer  fe  con- 
 -fomme aifémentpar  l'ardeur  Continuelle  
 du feu qui eft allumé  nuit & jour.  L'aire  
 du  fourneau  eft ronde,  6c fon  diamètre  
 par  le bas eft  égal  à  celui  du  haut  de  la  
 chaudiere qui doit  y  être placé.  Le  refte  
 du  fourneau  eft  compofé  de  pierres  de  
 taille taillées  en ceintre  de  voûte fpherique, 
   êcfait  à  peu près la même  figure,  fi  
 elle  étoit  parfaite,  que  fait la  chaudière  
 qu'elle  renferme  :  mais  comme  la  chaudiere  
 n'y entre qu'àmoitié, elle rend la figure  
 du  fourneau imparfaite ôc tronquée.  
 Les  meilleures  pierres  qu'on  puiiîe  employer  
 pour  faire ces ceintres, queles Maçons  
 appellent Serces,  font les pierres  de  
 •taille  grifes,  tendres,  qui  ne  s'éclattent  
 point au feu,  & qui tiennent  de  la  nature  
 delà  pierre-ponce.  On fe fert de briques  
 qui durent aflurement  plus que les pierres  
 quand  elles  font bien  faites.  A  huit  ou  
 neuf  pouces  au-deiTus des  grilles, & à un  
 pied  &  demi  de  diftance de  chaque  côté  
 de la bouche, on coupe  dans  les ferces des  
 ouvertures  de  quatre  à  cinq  pouces  en  
 quarré,  qui  fervent d'entrées  à  un canal  
 t]ui fe communique  avec celui de la chaurdiere  
 voifine, & n'en  compofeplus qu'un  
 dont  riiTuë eftdans le mur  entre  les  bouches  
 des  fourneaux,  mais  environ  deux  
 ieds  plus haut : c'eft  ce  que l'on  appelle  
 esévéns,paroù  la fumée des  fourneaux  
 s'exhale.  On les fait de bonnes briques,  &  
 on  fait avancer huit  ou  dix pouces en dehors  
 une  pierre  au-deflus de  leur  ouverture, 
   pour  rabattre  la  flâme qui  en  fort,  
 f.  
 quand  ils  font  bien  échauffez,  &  pour  
 empêcher  qu'elle  ne  monte  jufqu'à  la  
 charpente  de  l'appentis.  ^  
 Le fourneau étant élevé à une  hauteur  i<5si<5.  
 fuffifante, pour que  le vuide  qui  refte au Mmim  
 milieu  de  fà  route  foit exaftement  rempli, 
   en  y  pofant  la  chaudiere,  & l'y  fai- ÉV«.  
 fant defcendre  du  tiers de fa hauteur j  on AW,  
 l'y  arrête  après  l'avoir  bien  mis  de  niveau  
 ,  & on la fcelle tout  autour avec  des  
 tuileaux &des  briques,  fans y  laiiTer  aucun  
 vuide :  furquoi  il  faut bien  prendre  
 garde que  les Maçons  garnifient  bien  la  
 circonférence de la chaudiere, depuis fon  
 entrée dans la voûte du  fourneau, jufqu'à  
 fes bords, avec de bons matériaux  qui  refiftent  
 au feu,  fans fe  fondre &  fans  s'égrener  
 , comme  font les cailloux & le  tuf  
 parce que quand cela  arrive,  il  fe fait  des  
 vuides  où  la  flâme  entre  ,  &  qui  ne  
 trouvant  point  d'iffuë,  comme  elle  fait  
 autour  de  la  partie  de  là  chaudiere  qui  
 eft dans le  fourneau, brûle  la  chaudiere.  
 C'eft  à  quoi  on  ne peut  être  trop  exaét,  
 non-feulement  à  caufe de  la  perte  de  la  
 chaudiere,  mais encore  par  e  retardement  
 que  cela caufe, quand on eft obligé  
 d'arrêter le Moulin  &  de  cefler à faire du  
 Sucre dans la bonne  faifon, pour  démonter  
 une chaudiere, &  pour  raccommoder  
 un  fourneau j  ce  qui  eft un  retardement  
 &  une  perte  de  quinze jours  au  moins,  
 parce qu'il  en  faut du  moins  douze  à  la  
 Maçonnerie  nouvelle  pour  fe  fécher,  
 avant  que de  pouvoir  en  fureté  y  allumer  
 le  feu.  
 -  La  grandeur  des  chaùdieres  eft difFe- Koms  
 rente  :  elles diminuent de diamètre & de ^JT'JJ  
 profondeur-à  mefure  qu'elles  s'approchent  
 de  celle  où  le Sucre  reçoit  fa der-  d'ans.  
 niere  cuiiTon : dans un Equipage de  cinq  
 chaùdieres  ,  y  cornpris  là  batterie,  la  
 jremiere  qu'on appelle la grande,  &  qui  
 'eften effet plus  que les autres,  a  quatre  
 pieds de diamètre,  & la quatrième  n'en a  
 que  deux  &  trois  quarts.  Leur  profondeur  
 fuit  à  peu  près  les mêmes  proportions  
 ,  de  forte  que  fi  la  grande  à  trois  
 pieds  
 F R A N C O I S E S  t)  
 i6(/>.  pieds de profondeur,  la quatrième  n'en  
 aura que deux.  On  ne les met  pas  toutes  
 de niveau.  On obferve de donner un  pouce  
 6c demi  de pente à chacune,  commençant  
 à  la  batterie,  afin  que  le  firop  qui  
 s'éleveen bouillant , 6cs'extravafe,  coule  
 vers  celle  qui  cft à côté,  fans la pouvoir  
 gâter par  fon mélange,  comme  cela arriveroit  
 fi la pente alloit des premieres chaudières, 
   ou  le vefou ou jus  de Cannes  eft  
 moins  purifié,  8c s'il  tomboit  dans celle  
 où  il l'eft  davantage,  ou  entièrement.  
 Ainfi  dans  une Sucrerie de cinq  chaùdieres  
 la  batterie  eft  plus  haute  que  la  
 grande d'environ,fept pouces,  de maniere  
 que  fi  leglacisqui  environne  les chaùdieres, 
   eft  de  deux  pieds  6c  demi  plus  
 haut  que  le pavé  de  la  Sucreriedevantla  
 batterie,  il  ne  fera  pas  élevé  de  deux  
 pieds  devant  la  grande.  L'aire  des fourneaux  
 n'eft pas non  plus de niveau,  parce  
 que la diftance depuis l'aire jufqu'au fond  
 de  la chaudiere,  doit  être  plus grande  à  
 la  batterie,  qu'aux  quatre  autres  chaùdieres, 
   en  diminuant  de  deux  pouces  à  
 chacune.  
 Ainfi  dans  la fuppofition  d'une Sucrerie  
 à  cinq  chaùdieres,  la  batterie  doit  
 avoir  vingt-huit  pouces  de feu,  c'eft-àdire, 
   que  depuis  la  fuperficiedes grilles  
 jufqu'au  fond  de  la  chaudiere,  il  doit  y  
 avoir  vingt-huit pouces  dediftance, pendant  
 que  la  grande  qui  eft  la  premiere,  
 n'en aura que dixhuit.  Laraifon  de  cette  
 diminution  vient  de  deux caufes:  la premiere, 
   que la grande  chaudiere  n'étant  
 3our l'ordinaire chaufféequ'avec des pailes  
 ou des bagaces,  6c la fecondeavec  du  
 menu bois,  ces matieres  ne fuffiroient pas  
 pour les échauffer «fiez,  6c pour les  faire  
 bouillir, fi elles étoient plus confiderablement  
 élevées  au-defllis de  l'âtre  de  leurs  
 fourneaux.  La  feconde,  quelagrandeur  
 de  leurs  fourneaux  confommeroit  une  
 trop  grande  quantité  dematiere,  fi  on  
 E  L'AMERIQ^UE.  275  
 vouloit  faire monter  le  feu  fi  haut  :  au  
 lieu que les  trois  autres  étant  échauffées  
 avec du gros bois, 6c leurs fourneaux étant  
 plus petits,  à caufe queles  diamètres  des  
 chaùdieres  qu'ils  renferment, lefontauffi  
 il  faut  recompenfer  cette  diminution  
 du diametre du fourneau par fon élévation  
 ,  afin que  la  flamme  qui  fort  du  
 bois,  ne  foit  pas étouffée,  qu'elle  envirorine  
 bien  tout  le  fiand de  la  chaudiere  
 quiparoît  dans  la  capacité du  fourneau,  
 6c qu'elle  y agifle  le plus fortement 6c  le  
 plus  vivement  qu'il  eft poffible.  
 Ces proportions obligent prefque toujours  
 d'augmenter  la  hauteur  des  bords  
 des chaùdieres avec des briques 8c des carreaux  
 que l'on  taille,  6cquel'onpofede  
 maniere  qu'en  faifant le  tour  des  bords  
 elles en  augmentent  confiderablement  le  
 diametre  en  l'évafant.  On  appelle  cette  Euv^ge  
 augmentation  un euvage.  On  fait  ordinairement  
 celui  de la batterie,  de pierre  fT' " "  
 de  taille,  afin qu'il  foit  plus  propre,  6c  t t Z  
 qu y aiant moms de joints qu'à  ceux  qui  
 font faits de briques,  ily  ait  aufll moins  
 de  danger  que  e  mortier  qui  les joint ,  
 s'engrene en cuifant, 6c tombe dans le Sucre. 
   Onjoint tous les euvages  les uns  aux  
 autres  depuis  le  mur du pignon  jufqu'au  
 petit mur  intérieur  par  un  pavé  de  carreaux  
 ajuftez de maniere que  le  firop  qui  
 echape  de  la batterie,  tombe  dans celle  
 qui eft à côté d'elle,  6c  ainfi de  fuite jufqu'à  
 la  grande.  
 U y  a  des  Sucreries,  fur  tout  celles,  
 ou  l'on  ne  ti-availle  qu'en  Sucre  brut  ,  daloi  
 ou  1 on pratique  une  dalle faite  avec des i"""-'-^- 
 carreaux,  ou  avec  des pierres  de  taille  T"''"'  
 dans l'épaiiTeur du petit mur intérieur  qui  Z' /"'  
 renferme les chaùdieres, dans laquelle on  
 met leurs écumes,  à mefure qu'on  les enleve  
 avec les écumoires.  La  pente  qu'on  
 donne a cette dalle,  les  fait  couler, 6c les  
 conduit  dans  un  refervoir,  ou  dans  une  
 goutiere  qui  les  porte  à  la  Vinaigrerie  
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