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N O U V E A U X V O Y A G E S AUX ÎSLES
1691- vent, c
Rochel
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ue .je devois défraïer jufqu^à k
e (car le Commiflaire des Mifllons
fe contentoit alors de donner la permiffion
d'aller aux liles fans s'embarafler
derournirce qui eft neceflaire pour y arriver.)
Mais-nos Superietu's & nos amis
communs firent rant d'efforts pour nous
détom-ner de nôtre deiTein , que mes deux
Compagnons fe rendirent, ¿cje me trouvai
obligé de partir fans eux, accompagné
feulement d'un homme qu'on avoit
engage pour trois ans au fervice de la
"Miiïion V c'éto-it On hommede trente-hint
ans fort fage, &qui me fervit pendant le
voïage avec beaucoup de fidélité; il s'appelloit
Guillaume Maifonier. -Jel'appellois
iimplement Maître Guillaume. J'aurai
occafion de parler de lui plus d'une
fois dans tes Mémoires.
Nous anivaitìcs lefept â Orleans, nous
en partîmes le buit, & arrivâmes le dix
à Saumurfur lesonze heuresdufoir.
L e P. Jullienne mon compagnon d'étude
& deTeligion, étoit alors chez un
Gentilhomme de fes parens nomme Ad.
du Tronchay-à une lieue de Saumur, ou
les Medecins l'avoient envoie pour lè remettre
d'une ailêz longue maladie. Je
•l'envoïai avertir de mon arrivée, il vint
auiïï-tôt; ôcfonparent m'envoïades chevaux
pour me rendre chez lui, où malgré
tout ce que je pus dire, il me retint iuf-
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n'eus pas de peine à lier une amitié, qui 169 j.
dure encore. J'ai receu d'eux une infinité
de bons offices, & de marques d'une fincere
aiFedion.
On me dit qu'un Marchand de Limo»
• ges réfidant ordinaire^ment àia Rochelle ,
étoit Commiffionnaire de nos Miffions.
J e Pallai voir le lendemain, & lui confi-'
^nai Maître Guillaume, afin qu'il pourvût
afafiibfiftance jufq u'à l'embarquement.
qu'au 21. que j'obtins enfin la permiffion
de continuer mon voyage , comblé d'honnêteté
de toute fa famille. Nous arrivâmes
à la Rochelle le 24. Août fur Jes trois
heures après midi.. Je fus dcfcendre au
Couvent de mon Ordre, où j'appris que
le R. P. Imbert que j'avois connu trèsparticulierement
pendant que je demeu-
Tois à Nancy, étoit Prieur. Cela me fit
un fenfible plaifir, parce que c'étoit un
homme d'un vrai mérité, Sc de qui je pouvois
attendre toutes fortes de civiiitez.
Les Religieux de fa Communauté étoient
de très-,honnêtes gens., avec lefquels je
trouvai aucun Miffionnaire dans
le Couvent. J'apprÈ lèuÎement du fieur
-Boudor-qui étoit eé Marchand Limofin,
qu'il, en attendoit plufieurs, 6c que le P.
Jacques GaiTot qui avoit été mon compap
o n d'étude, s'étant ennuyé d'attendre-
.. 'embarquetnent, étpit allé faire un pèlerinage
à la Sainte Baulmej ce qui lui avoit
•fart perdre l'occafion d'une flotte qui étoit
•-pmieie i8.de ce même mbis. Je me repentis
de m'étre arrêté fiiong-tems chez
M. du Tronchayi car fi j'avois continué
mon chemm, je ferois arrivé affez à tems
pour m'y embarquer} mais il fallut prendre
patience, &m' y accoutumer de bonne
heure.
^ Ihy avoit-au'Couvent de la Rochelle
, un jeune Religieux du Couvent de Bannières
en Gafcogne, nommé Hyacinthe
Daftez, qui venoit d'être Aunagnier. d'unvaiil'eau
du Roi ; il me pria de lui" procurer
une ObéïiTance pour aller aux-.Miffions.
Sur les témoignages que les Reli-
;gieux du Couvent me rendirent de fes.
bonnes moeurs, j'écrivis à Paris au P.
Commiiraire,qui eut l'honnêteté de m'eiivoyer
auffi-tôtla patente que je lui de-
•mandois.
Je receus le z<}. un ballot, où étoient
-mesécrits, mes inilrumens de mathématique,
une partie de mes livres & quelques
hardes, avec des lettres que des perfonnes
de confideration écrivoient en ma
faveur à M. le Comte de Blenac Gouverneur
general des Mes, à M. le Comman-
•deur de Guitaut Lieutenant general, à M.
.. _ de
r F R A N C O I S E S D
jjfipj. de-pabaret Gouverneur de l'a Martinique-^
à M. du Mets de Goimpy Intendant , Se
quelques-autres. Il y en avoit auffi une
pour M. Begon Intendant à Rochefort ;
mais comrûe il étoit allé aux E aux , je ne
pûs la lui préfenter qu'à fon retour, 6c
pour lors je n'en avois plus befoin.
• Le 8. de Septembre il arriva quelques
y aifleaûx desliles, fur l'un defquels étoit
le P. Jean Temple du Couvent de Nifmes.
C ' ^ i t un ancien Miffionnaire qui s'en
retournoit pour tâcher de iè guérir d'une
diilènterie qu'il avoit depuis prés de deux
ans. Il nous dit bien des nouvelles des
Mes, 6c fur tout le befoin extrême qu'on
y avoit de Religieux. Son mal diminua
dès qu'il fut à terre j 6c il s'en trouva tellement
libre au bout de 15.jours, qu'il fe
•vit en état de retourner chez luij il me
•donna fes lettres pour l'Amérique , ôc
quelques avis que j'ai fuivis, 6c dont je
lui fuis obligé.
L e Dimanche 20. le P. Gaffijt arriva de
fon pelerinage de la Sainte Baulme. Il
avoit rencontré à Bordeaux le P. Jean
Jacques Romanetdu Couvent de Limoges
qui avoit une Obéifl'ance pour les
Iflesj ils vinrent enfemble. Ce dernier
avoit eu la précaution de fe pourvoir d'un
petit garçon pour fervir fa Meffe. Ils
étoient tous deux de fort bons fujets.
L e Samedy 26. il arriva deux autres
Miffionnaires, le P. Jofeph Martelly du
Couvent de Toulon, ôc le P. Charles
du Couvent Saint Maximin. C'étoient
desgensde mérité, 6c bons prédicateurs.
L e lendemain il en parut un autre ap-^
pellé du Homeel du Couvent de Coutances.
Ses infirmitez habituelles nous firent
eonnoître qu'il ne demeureroit pas longtems
dans les Miffions ; en effet il fut renvoyé
en France par le même vaifl^eau qui
Je porta aux Mes.
L e Mecredy 30. nôtre troupe fut augmentée
de deux autres Miffionnaires. L 'Jn
s appelloit le P. Seré, 6c fon compagnon
E" L ^ AMERrO^UE . : .3
le P. Euftache du May. Le premier étoit
unhoimrae de cinquante ans 6c plus, qui
avoit déjà été aux Mes. Il parut fâché de
trouver tant de Miffionnaires, 6c fit tous
fes efforts pour nous perfuader de retourner
dans nos Couvens, en nous affurant
que nous ne pouvions pas fubfifter aux
Mes, où lamifere étoit très grande, 6c où
il n'y avoit pas affez de Paroiffes pomnous
occuper , ni de Couvens pour nous
entretenir. Je connus d'abord que ce bonhomme
avoit peur de manquer de Paroiffe,^
6c ce n'étoit pas fans raifon ; car la
plûpart de ceux qui devoient pafler aux
Mes paroiffoient plus propres que luy à
les occuper. Ainfi je pris la liberté de lui
répondre pour tous les autres, que nous
elperions tous comme lui trouver de quoi
travailler, 6c nous occuper, 6c que fi les
miferes qu'il prévoyoit lui faifoient peur,
il pouvoir s'en retourner chez lui.
L e premier Oftobreil arriva un Frere
Convers Flamand appellé Jean du Mortier;
c'étoit un Religieux fort ferviable,
qui nous fut d'un grand fecours dans les
maladies dont nous fûmes tous attaquez,
àuffi-bienqueles Religieux du Couvent.
Nous voyant enfin au nombre de dix,
6c n'en attendant plus d'autres, nous nous
affemblâmes afin d'en choifir un, qui fe
chargeât de tout ce qui concernoit nôtre
embarquement, 6c qui agit au nom de
tous. Je fus chargé de cet emploi. Je travallai
auffi-tôt à nous faire préparer les
hardes qui nous étoient neceffaires, 6c à
nous affurer le paffage dans les Bâtimens
qu'on équippoit pour les Mes à Rochefort
6c à la Rochelle. J'allai pour cet effet
à Rochefoix, où M. de Mauclerc Ordonnateur
General me dit qu'il avoit ordre
de nous faire embarquer dans les
Vaiffeaux du R o i , ou dans dés Bâtimens
Marchands aufquels le Roi payeroit nôtre
paffage; mais qu'il n'avoit point or"
dre de nous faire donner de l'argent pour
nous équipper. Cette réponfe m?obligeii
A i d'é-
1693.