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i jG NOUVEAUX VOY
dans les Bois, ou en d'autres lieux fort
éloignez, où l'on perdroit une partie du
tems à aller & à venir. On avertit alors
lesNegres de porter leur dîné avec eux,
Se l'on occupe à des travaux aux environs
de la maifon les Negrefles qui ont des
enfans à la mammelle, afin qu'elles foienc
plus à portée d'en avoir foin.
Quand on revient dîner à la maifon,
on retourne au travail à une heure après
midi jufques fur les fix heures du foir,
qu'on quitte le travail du Jardin, pour
revenir à la maifon, & commencer celui
qu'on appelle la veillée, qui dure encore
deux ou trois heures -, mais auparavant on
fait la Prière : après quoi ceux qui doivent
travailler à la Sucrerie, aux Fourneaux,
èc au Moulin à minui t , relevent ceux
qui y font aétuellement, & demeurent â
kur place jufqu'à huit heures : ce qu'on
appelle le petit quart. Mais il vaut mieux
ne point faire ce partage, & envoyer coucher
ceux qui ont travaillé à la Sucrerie
<^puis minuit, afin qu'ilsayent-fix heures
â fe repofer, & faire entrer à leur place
ceux qui n'ont travaillé au Jardin, ou
autre part, que depuis fix heures du matin.
Quant aux autres qui ne font point
occupez à ces trois poiles, il paÎTent leur
veillée à grager du Magnoc, ou a d'autres
travaux voifins de la maifon, dont on ne
manquejamais.
LeSamedy on quitte le travail fur les
neuf à dix heures du foir -, & comme tous
Jes Ouvriers des deux quarts fe rencontrent
enfemble, on les employe à porter'
i la Purgerie les formes de Sucre, qu'on
a foit lesjours précedens, quand on travaille
en Sucre blanc, ou à d'autres, lorfqu'on
ftit duSucre brut.On rcmplitd'eau
J[esChaudieres,àmefure qu'on es vuide
du Sucre,oudu Vefou, dont elles étoient
remplies, parce que la chaleur extrême,
jdont les Fourneaux font embrafe^, après
ilîême qu'on en a firé tout le feu, ne man-
A G E S AUX ISLES
queroit pas de les brûler fi elles étoient i6gC,,
vuides. Quand on fait du Sucre brut, on
ne remplit d'eau que les deux dernieresi
Se on laifle les autres pleines de Vefou ,
mais on ne peut pas prendre cette avance
enfaifant du Sucre blanc, comme je le
dirai dans la fuite.
Le Dimanche matin après la Prière
on porte à la Purgerie les formes qu'on
a remplies pendant la nuit, ou bien on
met en Barrique le Sucre brut qui étoic
dans les rafraîchiflbirs, que l'on n'a pas
pû y mettre plûtôt, parce qii'il étoit trop
chaud.
Si on a apporté des Cannes au Moulin
le Samedy au foir, on ne manque pas d'éveiller
les Negres qui doivent y travailler
le Lundy à minuit, afin que le travail foit
difcontinué le moins qu'il eft poffible, &
qu'on puiiTe profiter de la faifon feche,
pour faire fon Sucre, fans fe laiiTer furprendre
par la faifon des pluyes.
. On voit par ce que j'ai dit ei-deflus,
ce que c'eft que le travail d'une Sucrerie,
& combien il eft difficile que des Negres
le plus fouvent mal nourris puiiTent le
fupporter,fans^ fuccomber. L'expedient
que je pris, des que je fus chargé du foin
de nos affaires, ftit de partager en deux
Efcoùades lesNegres que je trouvai propres
au travail delaSucrerie, où que je
fis inftruire à cet effet, afin qu'une EPcoùade
eût pendant unefemaine les dixhuit
heures de travail , Se que la femaine
fuivante elle n'en eût que fix j mais pendant
ce tems-là elle travailloit à la Purgerie,
quand onfaifoit du Sucre blanc,
ou au Bois. Et à l'égard des Negres des
Fourneaux, & desNegreffes du Moulin,
jelesdivifai en fix bandes, dont une entroit
chaque j our en exercice, de manière
que le travail étant ainfi partagé, il étoic
plus facile à fupporter, ccj'étois en droit
d'éxigerdemcsgens un travail prompt,
affidu & vigoureux.
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Une des chofes qu'on ne fçauroit aflez le monde d'avoir des bois de cette épaifcommander
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îiiiv nui i%i-vpnr fpiir. R r m i f m & m a
M-recommander aux Negreffes qui fervent feur,& que même quand on en peut
S eft de le tenir propre, en le la- avoir, une table de cette grandeur, &
(/«; 4-vant fouvent. LesRafineursouceuxqui de ce poids eft difficile à remuer, Scàpowir
iit tiennent leurplace,doivent être exads fer dans un Chaifis,je faifois faire de
..... , uuivtui. i-nt i^AiiuL» «vi uaiia uii , jc la laiiois taire ac
m i i » iufau'au frninnlp fcrupule fur fiir ce r-i' point-nninf.là là, du-rlii. trois rrnis pièces n i é r « felon fpl/^n leur longueur Unrr,,».....i celle „..H^du
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quel dépend toute la beauté de leur Su- milieu étoit toûjours l i k n a plus large, ^
{n^re.
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cre, fur tout du Sucre blanc: car fi le deux autres qui la cantonnoient, ache-
Moulin eft fale & gras, le jus qui fort voient les quatre pieds ôc demi qui en
des Cannes, comrade auffi-tôt les mêmes font toute la largeur, & lui fervoient
défauts, & devient aigre avant que d'arri- comme d'alaifes : elles étoient entaillées
ver aux Chaudières, ce qui de tous les au droit des poteaux qu'ellesembraffoient
défauts eft le plus à craindre, & où il n'y &accolloient trës-jufte, ce qui affermifa
point de remede.On lave ordinairement foit confiderablement le Chaifis, dont les
les Moulins deux fois par jour j le matin poteaux ne pouvoient fe mouvoir, quand
dès qu'il fait jour en prenant le quart, & même leur Sole auroit été gâtée, puif-
" ' ^ Ti r . qu'en ce cas la table leur auroit tenu lieu
d'entre-toife, avec laquelle ils auroient
été fortement liez ou par une longue cheville
de fer, ou par plufieurs chevilles
de bois.
La mortoifc du milieu perçoit toute
un peu avant la nuit. Il faut pour cela
arrêter le Moulin, lever les établis, &
frotter avec de l'eau & de la cendre les
EmbaiTes, &tous les endroits où le jus
s'eft répandu en tombant des Rouleaux :
car il n'y a rien qui engraiffe tant, & qui
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porte plusd ordures & plus gluantes que la largeur de la table, Se comme cette
lejusde Cannes. Après la cendreonlave grande largeur auroit empêché de placer
avec de nouvelle eau la table, les ailettes, commodément l'oeuf Se la platine du
lesétablis &lagouttiere qui porte le jus grandRolle, je lui faifois donner plus de
a la Sucrerie. Et comme tout cela ne fe hauteur & de largeur qu'aux tables ordipeut
faire fansconfommer beaucoup de naires, & je faifois encaftrer la platine
temps, parce que chaque fois qu'on lave fur une planche pofée en coulifl'e dans la
le Moulin, on eft obligéde lever les Em- mortoife, par le moyen de laquelle la plabaffes
& leurs coins, &de les remettre, tine fe pofoit facilement fous l'oeuf, fans
cmm,- en tête d'abreger toutes ces pouvoir varier le moins du monde.
à , de ceremonies, en faifant des tables plus Au lieu des échancrûres qui étoient aux
S r fo'nnio'^es, plusfolides,&quifepuflent tables ordinaires, pour donner paflagc
Scfanscon- aux pivots des petits Rolles, je faifois
fumer un demi-quart d'heure de tems. faire des mortoifes pareilles à celle dumi-
J'en fis d'abord pour les Moulins de nos lieu j & au milieu de ces trois mortoifes
habitations, & dans la fuite j'en ai tracé on pratiquoit des ouvertures rondes pour
pour plufieurs perfonnes qui en avoient le paffage des pivots,
reconnu l'utilité. La longueur de ces ta- A fix pouces des bords de la table on
bles étoit la même que de celles que j'ai creufoitdans fon épaifleur jufqu'à la prodecnt
ci-deffus} mais leur largeur exce- fondeur d'un pouce au bout qui eft vers
doit celle du Chaffis de fix pouces, de le Tambour le plus éloigné de la Sucreforte
qu'elles avoient quatre pieds & demi rie, venant en pente douce jufqu'à trois
de large. Cornine il n'eftpas facile atout pouces à l'autre bout de la table, afin que
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