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 F R l rA  K C O ' I S E ' S  DE  L' A  M  E  R  I  Q_UE.  ^  
 Maffonier  qu®  j'ayois-  amené  de  Paris  fuis parti des Illes il  ctoit  forcàfonaife.  
 '  jufqu'ilaiRocheile,  maladed'uracgroflè  Je  puis dire  quej'ai  commencé  fafor- 
 ^fmt  'î"^  caufée  en partie  par  tune,  mais je  dois auffi  ajoûter  qu'il  en  
 'l^fare- lechagrinqu'ilavoit  defonétat,  &  par  a  eu  toute  lia  reconnoiiÎânce  poiîîble  ,  
 eimoif-  des  ulcérés  que  les chiques  lui  avoient  jufques-là  qu'étant  tombé  malade  à  la  
 M'  fait  aux pieds.  J'obtins  de nôtre  Supe-  fim  de  idyS.  il me vint trouver  &  m'aprier  
 la permiiîion  de  le faire porter  chez  porta  trois  cens ecus  qui étoient la moimoi, 
   où  j'efperois  que  le  changement  tic  de ce  qu'il avoit alors d'argent compd'air  
 &  le  foinque j'en  ferois  prendre,;  tant,  me  priant  avec  de grandes inftanle  
 remettroient  fur pied.  Je  l'y  gardiai  ces  de les  employer  à  mes  befoins  ,  &  
 cinq  ou  fix  mois ,  il  recouvra  fafanté,  de  difpofer  du refte,  ce  qu'il  a  réitéré  
 &  nos Peres  eurent  la bonté de lui don-  '  "  
 ner le refte du  tcms  de fon  engagement  
 à ma priere.  Dès que je  le vis  libre j e  le  
 "  plaçai  chez  mon  voifin  Monfieur  du  
 Roi,  qui  lui  donna  quatre  cens  francs  
 par an  pour  commander  fes  Negres.  Il  
 apprit  à  faire du  fucrebLmc,  & au bout  
 dedeux  ans  il entra  au  fervice d'un  har  
 bitant  nommé Marchand,  qui  avoit une  
 plufieurs  fois  ,  Sc même  depuis  que  je  
 fiiis revenu  en  Europe,  il  m'a  écrit  &  
 offert  ce qu'il avoit, plus d'une fois.  On  
 peut croire que n'ayant jamais  eu befoin  
 de  ce^fecours,  je  n'ai  pas  abufé  de  fon  
 honnêteté,  &  que  je  n'ai  jamais  touché  
 à  fon argent,  mais je  ne  lui  en  ai  
 pas moins  d'obligation.  Nous  vivons  
 dans  un  iiecle  oii  l'on  voit peu d'exem- 
 Sucrerie de l'autre côté de la grande rivie-  pies  d'une femblable  reconnoiflance.  Te  
 re,  où il  gagnoit  douze cens francs avec  l'ai  rapporté  ici  pour  lui  rendre  la  jùfla  
 moitié  des  eaux-de-vie,  &  Dieu  a  tice  que je  lui  dois,  &  pour  exciter  les  
 tellement beni  fon  travail,  que quand je  autres  à  l'imiter.  
 C H A P I T R E  II.  
 Des  Sauvages  appeliez  Caraïbes,  de  leurs  vètemns,  armes,  
 >  va i f e a u x  ¿ f  coutumes.  
 Ciraïhes  
 SauvatHrels  
 Iflis,  
 L  y  avoit  dix  mois  que  j'étois  
 à  la  Martinique  fans  avoir  
 pû contenterl'envie que  
 j'avois  de voir des Caraïbes  j  
 car quoi  qu'il  en vienne  aiTez  
 fouvent  au Moiiiliage,  je  ne  m'y  étois  
 jamais  rencontré  l'orfqu'il  y  en  étoit  
 venu.  Enfin  le Lundi  if.  Novembre  
 Monfieur  Michel  me  manda qu'il  y  en  
 avoit chez lui.  J'y allai aufli-tôt, &  j'eus  
 toute  la  commodité  de  me  contenter  
 fur ce  fujet.  
 Ils  étoient  quarante-fept  perfonnes  
 dans les deux  bâtimens  qui  les  avoient  
 apportez,  hommes,  femmes6c  enfans.  
 La  taille des  hommes  cft  pour  l'ordinaire  
 au deflus de la  médiocre.  Ils ibnt  
 tous  bien  faits  &  bien  proportionnez  ,  
 les  traits  du  vifage  aflez  agreables  }  il  
 n'y  a  que  le  front  qui  paroît  un  peu  Figure  
 extraordinaire,  parce  qu'il  eft  fort  pl^ndÎkur  
 &  comme enfoncé.  Ils  ne naiflent pointf"""'  ^  
 conime  cela,  mais  ils  forcent  la  tête  
 de l'enfant à prendre cette figure en mettant  
 fur  le  front  de  l'enfant  nouveau né  
 une  petite  planche  liée  fortement  derrière  
 la  tête,  qu'ils y  laiffent jufqu'à  ce  
 que  le  front  ait  pris  fa  confiftance,  6c  
 qu'il demeure applati de maniéré que fans  
 haufier  la  tête  ils  voyent  prefque  perpendiculairement  
 au  deflus  d'eux.  Ils  
 ont  tous  les  yeux  noirs  5c  allez  petits,  
 A  2,  mais  
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