ióy6.
Importance
du
quartier
des
trois 'Rivieres.
j f 6 NOUVEAUX VOYAGËS AUX ISLES
Comme cette côte eft très-propre
pour inviter les ennemis à y faire des
defcentes, étant aiTez unie, le mouillage
bon, & la mer fouvent très-calme
6c tiès-bellc} MonGeur le Gouverneur
voulut reconnoître exadement
tout ce terrein, y faire faire les retranchemens
neceflaires, & rétablir les'
anciens, parce que fi les ennemis at-
•-•¡f'»-- «i.
laiterie
vautres
travaux
tracez.
far
l'Aliteur
eux
trois Kivitres.
taquoient l'Ifle, & qu'ils commençaffent
par fe rendre maîtres de ce quart
i e r , ils couperoient la communication
de la Bafle-terre avec la Cabefterre,
d'oii s'enfuivroitprefque infailliblement
la perte de l'Ifle : car quoiqu'il foit facile
deles renfermer dans ce quartier-là,
il feroit toûjours impoffible d'aller fecourir
la partie de l'Ifle qu'ils attaqueroient,
fur tout s'ils étoient une fois
les maîtres des hauteurs & des défilez
où nous venions de pafîer, & de ceux
que l'on palTe pour aller à la Bafleterre.
Nous paflames toute la journée à vifitcr
ce terrein ,, à tracer des retranchemens
nouveaux, à corriger & augmenter
les anciens. Nous changeâmes
une batterie de trois canons qui nous
parut inutile où elle étoit, & nous la
plaçâmes fur le haut de la cuiflè du
morne qui fepare les deux ances afin
qu'elle pût fervir pour toutes les deux.
Au lieu des gabions dont fes embrafures
étoient compofées, je la fis faire
à barbette ; cette maniere eft plus expeditive,
& donne plus d'avantage pour
pointer où l'on veut. Je fçai bien que
ceux qui fervent ces batteries font plus
cxpofez 5 mais les coups ne font que
pour les malheureux, ôc tout le monde
ne l'eli pas. Je traçai deux bons retranchemens
pour foûtenir la batterie
avec des retirades pour couvrir les habitans
en cas qu'ils fuiTent forcez au
bord de la mer. ' Je faifois toifer tous
BiipL
Ti.lff
les ouvrages à mefure que je traçois.
ils devoient être de pierre fecbe; excepté
la barbette de la batterie qui
devoit être de maçonnerie. L'épaifleur
de tous ces ouvrages devoit être de
huit pieds par le bas, de cinq par le
haut, & de fept pieds & demi de hauteur,
avec une banquette. Quoiqu'on
dût confommer beaucoup de pierres
dans ces travaux, je n'avois pas peur
d'en manquer, parce que tous ces
quartiers en font abondamment pourvûs.
Nous employâmes encore le
Mardi tout entier à ces travaux. Lorfque
nous fûmes retournez le foir chez
nôtre hôte, Monfieur Auger fe fit apporter
le rôlle des Nègres travaillans
de la Paroifle, fur lequel nous fîmes
la repartition de ces ouvrages à tant
de pieds par tête de Negre. . Il ordonna
au Sieur des Meurs, Capitaine du
quartier de commander les Negres des
habitans pour le Lundi fuivant, felon
la repartition qu'on lui mit entre les
mains, l'avertiflant de veiller foigneufement
â ce que les travaux fuilent
executez comme ils étoient tracés, &
comme étoient quelques toifes qui
étoient achevées & pour fervir de modèle,
parce qu'il s'en prendroit à lui
s'il fe trouvoit quelque mal-façon ou
quelque negligence.
Nous partîmes le Mercredi fur les
fept heures pour retourner 4 la Bafleterre.
En fortant des trois rivieres on rentre
dans les détours des montagnes
qui font partie de celle de la Souphriere.
Ce font des ravinages perpétuels
, & des montées ÔC defcentes
qui font peur, avec des défilez où
vingt hommes arrêteroient 6c mettroient
en defordre une armée. Nous
trouvâmes en quelques endroits des
parapets de fafcints 6c de terre q,ue
l'oa
isjl^^tiitilxit
jftllé
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F R ANCOISES-DE
l'on refolut de changer , parce qu'ils
étoient mal placez-, mais le Gouverneur
remit ce travail à une autre fois, parce
qu'il n'étoit pas fi préfie que celui qu'il
venoit d'ordonner aux trois, rivieres.
Après avoir monté une côte très-diflici
e par un chemin taillé dans le rocher,
la plus grande partie afl'ez étroit & fort
roide , nous arrivâmes enfin à une
efpece-de plat pais appelle le Dos d'Afne,
qui a fervi de l'éduit où l'on avoit
retiré les femmes, lesenfans, les vieillards,
6c ce qu'on avoit de meilleur,
comme dans un lieu fort 6c hors d'infulte
pendant que les Anglois attaquoient
le Fort de la Baflls-terre en
1 6 9 1 .
Les Carmes y ont une petite Chapelle
fi dégarnie de pm-tes 6c de fenêtres,
quele3befl:iaux de deux ou trois
habitans voifins l'avoient remplie de
leurs ordures. Nous trouvâmes aux
environs les poteaux de plufieurs cafes
qu'on avoit bâties dans cette occafion,
nous en vîmes encore beaucoup aux
lizieres du bois. Cet endroit efl: élevé
êc très-fain, quoiqueenvironnédebois,
& autant qu'on en peut juger il efl; impenetrable
du côté des trois rivieres
pour peu qu'il foit deflFendu. Ces favannes
peuvent avoir trois à quatre
cens pas de long, fur différentes largeurs.
Dès qu'on en efl: forti on trouve
une monté aflez douce , après
quoi on cottoye une montagne dans
le côté de laquelle on a fi;it un chemin
de dix à douze pieds de large ,
dont le côté oppofé à la montagne efl:
couvert par un terrein marecageux, où
dans la lîtifon des pluyes les eaux de
toutes les montagnes voifines fe raffemblent,
6c font un étang dont le fond
mol 6c fangeux eft couvert de cinq à
fix pieds d'eau, 6c dans la fiifon feche
il y en a coûjoui's aflez pour embour-
L ' A M E R i a . U E , tf j
ber une armée. Ce marais nous parut
fulîifant pour couvrir le chemin du
réduit du,côté delà mer, dont il eft
éloigné de près de quatre mille pas -,
mais il falloit fçavoir s'il était auflibicn
gardé du côté de la montagne,
c'eft ce que Monfieur Auger remit à
une autre fois. En fortant de ce chemin
nous trouvâmes deux pans de murailles
qui fe traverfoient, 6c qui laiffoient
irae ouverture fermée d'une porte
à gros barreaux de bois. Nous entrâmes
par-là dans une petite favanne
appartenante aux héritiers de Jean
Smite, où nous trouvâmes encore un
grand magafin ruiné en partie, où l'on
avoit renfermé des munitions de guerre,
pour les diftribuer plus facilement aux
habitans qui bordoient la riviere des
Gallions lors de l'attaque des Anglois
en Kîpt. A côté de cette favanne eft
l'habitation du Sieur Favre dont la
maifon, la fucrerie 6c le moulin, font
fur deux hauteurs qui commandent touE
le terrein des environs. On pourroit tirer
un boyau à mi-côte de l'une à l'autre
pour faire face à la plaine, 6c mettre
ce pofte hors d'infulte , fur tout il
on y tranfportoit quelques petites pieces
de canon qui étoient dans le chemin
du Dos d'Afne où elles étoient abfolument
inutiles. Le chemin pour defcendre
dans la plaine qui eft au deflbus
de cette hauteur, eft fur la croupe du
morne j la pente en eft aflez douce.
Les deux côtez de ce chemin font efcarpez
6c couverts de grands arbres. Il
étoit coupé en cjuatre endroits par des
traverfes defiifcinages toutes droites. On
jugea apropos d'y faire quelques flancs
ou quelques angles lorfqu'on y feroit
travailler. C'eft-là que commencent les
terres de feu Monfieur le Chevalier
Hiniêlin, predecefleur de Monfieur Aug
e r , dans le Gouvernement de laGua-
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