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 1 1 4  NOU  V E A U X  VOY  
 1^94-  Cette  reconciliation  fit  grand  bruit,  
 ]e Pere  Romanct  fut ail'ez mortifié de  n'y  
 avoir  point  eu  de  part}  il  nelailîapoui"- 
 tantpasde  nous  en  remercier.  
 •  Avant  de  m'en  retourner à ma  Paroiff 
 c ,  j'allai faire quelque vifite dans le quartier, 
  &  entre  autres  àiMonÎleurLacquant,  
 il  avoit  été Capitaine du  quartier de fainteiVIarie, 
   il  éioit  un  des  plus  riches  de  
 laCabefterre.  Sa  femme  me  fit  prefent  
 de  quelques  abricots de S. Domingue,  6c  
 de  quelques  Avocats,  j e  les  fis  porter  au  
 Macouba  afin  d'en  planter  les  noyaux  
 dans  mon jardin.  .  
 Airkots  Les François ont donné  le nom  d'Abrides. 
 Do-  cot à un  fruit que les Efpagnols  appellent,  
 minguc.  Mamet  Ce  nom François  ne lui  convient  
 que  pour  la  couleur  de  ia  chair,  car  
 pour  tout  le  refte il  neluireilemblepoint  
 du  tout.  
 .  L'arbre  qui  le  porte  vient  grand,  &  
 il  ell  un  des  plus  beaux  arbres  que  l'on  
 puiile  voir.  Son  bois  eft blanchâtre,  fes  
 fibres  afiez  groiTes,  liantes v  fon  écprce  
 eil  grife  ordinairement,  afiez  uniej  fes  
 feuilles  longues  de  fix  à  fept  pouces  en  
 manière  d'élipfe,  un peu  pointues  par  un  
 bout,  font  d'un très-beau verd,  &prefque  
 de  l'épaiiTeur  d'une  piece  de  quinze  
 fols 5  comme  fes  branches  font  aiTez  ég 
 a k s ,  grandes &  fort garnies  de  feuilles,  
 il  fait  un  ombrage  charmant.  Son  fruit  
 cft  prefquerond,  quelquefois de la  figure  
 d'un coeur dont la pointe  eitémouflee  
 iladepuisu^ois  pouces  jufqu'à  fept  pouces  
 de  diametre,  il  eft couvert  d'une  écorce  
 grifâtredel'épailî'eur  d'unécu,  &  
 même  davantage,  forte  &  liante  comme  
 du  cuir.  Après  qu'on  a  fait  une  ou  deux  
 incifions  à  cette  écorce  de  toute  la  hauteur  
 du frui t ,  on  la  lève  comme  fi  on  écorchoitle  
 fruit >  on trouve fous  cette  écorce  
 une  pellicule  jaunâtre  aiTez  forte,  
 quoiquemmce,  &  adhérante  à la  chair  j.  
 après  qu'on  l'a enlevée on  trouye  la  chair.  
 A G E S  AUX  ISLES  
 du  fruit qui  eil  jaune,  ferme comme  cel-  ifiji  
 le  d'une  citroiiille,  &  d'une  odeur  aromatique  
 qui  fait  plaifir.  •  
 Qiiand  on  le mange c rû,  il  laiiTedans  
 la  bouche  une  fort  bonne  odeur,  mais  
 un  peu  amere  &  gomeufe.  La  maniéré Mmim  
 ordinaire  de  le  manger  eft  de  le  couper  '^'f'I"'  
 par  tranches  aiTez  minces  que  l'on  metj"^  
 pendant  une  heure  dans  un  plat  avec  du  
 vin  &  du  fucre,  celalui  ôtefonamertume  
 6c  fa gotnme,  il eft excellent  pour  la  
 poitrine,  très-fain  6c  fort  nourriiFant  ;  
 on  trouve  dans  fon  milieu  un,  deux,  6c  
 fouvent  trois  noyaux  gros  comme  des  
 oeufs  de  pigeons,  6c  même  plus  felon  la  
 groiTeur  du  fruit,  ils font plats  d'un  côté, 
 raboteux  6cfortdurs,  ils  renferment  
 une  amande  blanche  6c  aifez  amere  
 que  l'on  prétend  être  bonne  pour  refferer. 
   
 Cet  arbre eft mâle  6c f eme l l e ,  le  mâle  
 ne  porte  que  très-rarement,  ou  pour  
 parlerjufte  il  fe  contente  de  fleurir  fans  
 rien  rapporter.  La  femelle  rapporte  
 beaucoup  ,  6c deux  fois  l'année  comme  
 tous  les  autres  arbres  de  l'Amérique.  
 Qiiand  on  ne  trouve  qu'un  noyau  dans  
 un  fruit  c'eft  immanquablement  un  arbre  
 femelle  qui  en proviendra.  Loriqu'il  
 s'en  trouve  davantage  cela  eft  cafuel.  
 -On  eft  afluré  par  beaucoup  d'experiences, 
   qu'il eft autant d'années  à  rapporter  
 du  fruit qu'il  a été de mois en  terre  avant  
 de  lever.  On  fe  fert  de  ce  fruit  pour  
 faire  de  la  marmelade  ou' des-  pâtes  qui  
 fe  confervent  long-tems,  elles font  fort  
 peâorales  6c  aftreingentes  ,  agréables,  
 au  goût  6c d'une  très-bonne  odeur.  Les  
 Efpagnols  le  font  auiîî  entrer  dans  la  
 compofition  d'une  marmelade  ,  011  ils  
 mêlent  du  gingembre,  des  épiceries  6c  
 des  odeurs  dont  ils  rempliiTent  des  
 Oranges  qu'ils  font  confire  £c  qu'ils  tirent  
 au  fee.  Ils  ufent  beaucoup  de  ces  
 fortes  d'Oranges,  fur  tout  le  matin  6c  
 après  
 ¡  FR A N C O I S E S  D  
 k o i .  après  le  repas,  ils  prétendent  que  cela  
 les  ibûtient,  6c  leur  aide  beaucoup  a  la  
 digeftion.C'eft une très-bonne  confiture.  
 L'Avocat  que  les Efpagnols  appellent  
 Fera  à'Avocato^  eft  un  fruit  afiez  femblable  
 pour  la  forme  6c  la  grofleur  à  la  
 poire  de  Boncrétien.  La  qualité  de  fa  
 chair  qui  fe fond d'elle même  dans  labou- 
 «he,  le  pourroit  faire  regarder  comme  
 une efpece de pefche. L 'écor ce  qui le  couvre  
 eft aifez  mince, quoique  forte 6c Hante  
 ,  elle eft fortunie 8c d'un beau verd  qui  
 ne jaunit  que  quand le fruit a atteint  tou- 
 ' ;  te  fa maturité.  La  chair  de  ce  fruit  eft  
 '  d'un  verd  pâle,  6ç  n'a  prefque point  de  
 confiftence,  quand  il  eft bien meur ,  de  
 '  forte qu'on le peut manger  avecunecuillier, 
   comme  fi  c'étoit  de  la gelée  6c  de  
 i  la  marmelade, le goût  qu'il a dans  cet  état  
 approcheaiTcz  de  celui  d'une  tourte  de  
 moiielledeboeuf.  Il  y  en aqui le  mettent  
 fur  une  affiette  avec  du  fucre  6c  un  peu  
 d'eau-rofe,  6c  de  fleurs  d'oranges.  
 Qiiand  on  le  ceuille  avant  qu'il  foit  
 tout-à-fiit  meur,  on le  coupe  par  tranche  
 ,  Se  on  le mange  avec  le  poivre  6c le  
 fel  comme  des  artichaux  à  la  poivrade, 
   dont  il  a  pour  lors  le  goût.  De  
 quelque  maniéré  qu'on  en  ufc  ,  il  eft  
 très-bon pour  l'eftomach,  chaud  6c fort  
 nourriflant.  Les bourgeons  de  fes  branches  
 mis  dans  les  ptifannes  des  Pianiftes, 
   c'eft-à-dire  de  ceux  qui ont  laveroî 
 e ,  les  foulagent  beaucoup.  Si  on  fait  
 boire  leur infufion  à  ceux  qui  par  quelques  
 coups  ,  ou  quelques  chûtes  font  
 bleflez à l'eftomach,  6c qu'ils  en  ufent le  
 matin à j e u n ,  il  eft  certain  qu'elle  leur  
 fait  rejetter  le  fang  caillé.  L'ufage  de  
 ee  fruit  arrête  les  cours  de  ventre  6c  
 les  diflenteries}  mais comme  i 1  échauffe  
 beaucoup,  il  provoque  aufl!i les  appétits  
 veneriens.  
 On  trouve  dans  fon  milieu  un  noyau  
 prefque  rond  un  peu  rabotteux,  qui  ne  
 E  L'AMERIQ^UE:  11 5  
 renferme  aucune  amande,  6c qui n'a pas  1694.  
 plus de dureté qu'un  maron  dépoiiillé  de  
 fa  peau.  Une  heure  après  qu'il  eft  feparé  
 du fruit  il  fe  partage  en  deux  ou  trois  
 morceaux  ;  fi  on le  plante  en  cet é tat ,  il  
 ne  leve  point  parce  que  fon  germe  eft  
 rompu  &  gâté}  de  forte  que  quand  on  
 le  veut  planter  il  faut  le  mettre  enterre  
 dans  l'inffant  qu'il  eft  tiré  du  fruit  -,  il  
 demeure  én  terre huit  ou  dix  jours  avant  
 que  de  rien  poufl'er  dehors,  il  produit  
 un  afiez  bel  arbre  quoiqu'il  n'approche  
 pas  de  la  beauté  de  l'abricotier,  fon bois  
 eftgrifâtre  de même  que  fon  écorce,  fa  
 feüille  cft longue ,  pointue,  peuépaiflTe,  
 6c  d'un  afi'ez  beau  verd.  Les  fleurs  qu'il  
 porte  font  par  pelottons  ou  bouquets  ,  
 dont  les  fleurons  afiez  femblables  à  des  
 étoiles,  ont  fix  petites feiiilles d'un  blanc  
 fale ou jaunâtre  dont  le milieu  renferme  
 neuf  étamines,  fix  de  ces  étamines  font  
 panchées  de  divers  côtez,  6c  les  trois  
 autres  qui  font  toutes  droites  accolent  
 des  boutons  jaunes  dont  la  queiie  eft.  
 courte,  qui font l'origine du  fruit.  Cette  
 fleur  a  une  odeur  afiez  agreable  ëc  
 qui  fe répand  afiez  loin.  L'arbre  commence  
 à  porter  du  fruit  à  deux  ans  6c  
 demi  ou  trois  ans  au  plûtard,  il  porte  
 deux  fois  l'année.  
 I l  y  a  quantité  de  ces  deux  fortes  
 d'arbres  dans  toutes  les  terres  des  Efpagnols  
 ,  qui font  infiniment plus  foigneux  
 que les François  6c  les  autres Nations  de  ontroa^  
 planter  des  arbres  ou  de  les  conferver,  -vepeu  
 car il eft  rare  qu'un Efpagnol  mange  un  ^'"f^''«  
 fruit  dans  un  bois  ou  dans  une terre  fans  
 en  mettre  en  terre  les  noyaux  ou  les  ttrresda  
 pépins,  aufiî trouve-t-on  par toutes  leurs  
 terres  une  infinité  d'arbres  fruitiers  de  ^  J' '""  
 toutes  efpeces  ,  au  lieu  que  l'on  ne  chezUs  
 trouve  rien  dans  les  quartiers  des  Fran-  ^ÍMçois. 
   
 Il  y  a  un  quartier  dans  l'Ifle  S.  Domingue  
 oîi  entre  autres  arbres  fruitiers  
 P  2  on  
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