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 z6  N O U V E A U X  V O Y A G E S  A U X  I S L E S  
 fines  qui  font  libres;  il  ne  faut  cependant  
 les acheter qu'avec  de  grandes  précautions; 
   carc'efttoûjoursle mêine  génie, 
   le  même naturel,  les mêmes  inclinations. 
   A  moins qu'on ne les achete fort  
 jeunes,  c'eft-à-dire,  dès  râgedefeptou  
 huit ans,  il  eii  difficile de  lesdreiTei-  &  
 d'en faire de bons  domeftiques,  &  il  s'en  
 faut  toû  ours  beaucoup  qu'ils  refiftent  
 au  travai  autant  que les Negres.  Quand  
 par un  bonheur  extraordinaire  ilsfe  mettent  
 au  bien,  ils  font  aiTez  adroits,  affidus, 
   &  aiFeétionnez  à  leurs  maîtres  ,  
 mais  plutôt par jaloufie  contre les autres  
 çfclaves Negres,  que  par  une  veritable  
 amitié.  
 Il  y  a  encore  une  autre  difficulté,  
 e'efl:  de  les  marier  quand  l'^âge  ou  le  
 befoin  le  demande-  Car  il  efb  très-rai e  
 qu'un  Caraïbe  veuille  époufer  une  Negrefle. 
   Se  une  Negrelle  ne  fe  réfoudra  
 prefque  jamais de  prendre  un  Caraïbe  5  
 &  on  trouve  fouvent  les  mêmes  difficultez  
 à  les  nrarier  enfemble  ,  quoiqu'en  
 achetant  mâle  &  femelle  oil  ait  
 ebfervé  qu'ils  fu-flent  du  même  pays  ,  
 parce  qu'il  arrive  fouvent  qu'ils  font  
 voiiînSy  qu'ils parlent  la  même  langue,  
 qu'ils  ayent  les mêmes  eoûtumes ;.  mais  
 avec  tout  cela  s'ils  font  en  guerre  ,  ou  
 qu'il  y  ait  ^quelque  inimitié  entre  eux,  
 quoique  fortis  de  leur  pays  encore  enfans, 
   il  femble  qu'ils  ayent  fuccé la  haine  
 avec  le  lait,  8c  il  cil  impolîible  de  
 les  aprivoifer  aflez  pour  les  réduire  à  ce  
 f  oint-là.  11  faut  donc  s'informer  avec  
 foin  de  toutes  ces  chofes  avant  de  les  
 acheter,  afin  de  ne  pas  avoir  dans  la;  
 fuite  le  chagrin  de  les voirfe  defefperer,  
 fe  pendre  ou  manger  delà  terre pour  fe  
 faire  mourir,,  quand  ils  croyent  avoir  
 quelque  fujet  de  déplaifîr,  ou  qu'ils  fe  
 voyent  contrariez  dans  leurs  fentimens.  
 Je  le  répété  encore  une  fois,  ce  font de  
 mauvais  domeiliq^uesj  à  moins  qu'oa  
 ne  les  prenne  pour  s'exercer  dans  la  
 vertu de patience.  
 J'ai  dit  cy-devant  que  les  hamacs  
 .des Caraïbes  étoient  bien  meilleurs  quç  
 ceux  qui  font  faits  par  les  François  ou  
 par  les  Anglois  :  outre  qu'ils  font bien  
 mieux  croifez,  il  faut  convenir  que  k  
 fi-l  qui  les  compofe  eft  plus  tors &  bien  
 mieux  filé.  Ils  ne  fe  fervent  point de  
 rouet  comme  nous;  ils  filent  à  la main,  
 leurs  fufeaux  font d'un  bois  le  plus  pefântqu'ils  
 peuvent  trouver;  &ils  affectent  
 quand  ils  filent  de  fe  mettre  dans  
 un lieu élevé,  afin  que  le  fufeau  defcendant  
 plus  bas,  le  fil  foi t plus tiré &  plus  
 allongé  ,  &  en  même-tems  plus  tors.  
 L'incommodité  des  hamacs  Caraïbes,  
 ,eil:  qu'ils  fentent  horriblement  l'huile  
 &  le  roucou.  On  m'apprit  que  pour  
 leur  faire  perdre  cette  odeur  defagrea»  
 ble,  &  la  couleur  rouge  dont  ils  font  
 peints,  du  moins  en  partie,  il  falloit  
 après  les  avoir  fait  pafTer  dans  deux  ou  
 trois  bonnes  leffives,  les  étendre  fur  
 rherbe  ,  les  arrofer  iSc  les  laiiîer  a»  
 foleil,  6c  au  ferein  pendant  plufieurs  
 ours,  comme  on  fait  en  Europe  pour  
 îlanchir  les  toiles.  On  peut  après cela  
 s'en  fervir,  fans  crainte  de  fe  rougir^  
 ni  de  gagner  l'épian,  qui  eft  en  bon  
 François  la  grolTe  vero  le,  à  laquelle  
 les  Caraïbes  font  fortfujets ,  Sc  dont  ik  
 s'embaraiTent  moins que les  Européens,  
 parce  qu'ils  la  guérilTent  plus  facilement  
 ,  &  à  moins  de  frais,  de  peines 6e  
 de  rifques.  
 On  peut  compter  qu'un  hamac Ca^- 
 raïbe  durera,  autant,  &  peut-être  plu«  
 <]ue  trois  hamacs  François.  Je  me fuis  
 fervi  de  celui  que  je  viens  de  dire  que  
 j'avois  acheté,  pendant  plus  de  dix ans.  
 Je  l'ai  porté  avec  moi  dans  plufieurs  
 voyages;,  je  l'ai  mis  à  la  leffive  une  infinité  
 de  fois,  ¡k  au  bout  de  ce  temslà,, 
  il  ne me  paroilîbit  pas  plus  ufé  que  
 quand  
 F R A N Ç O I S E  S  D E  L 'AMERIQ.UE-  2.7  
 rfoA Otisnd  te  radierai..  Il  n >  avoit  qtie: les  dant  &  n^tre  Supérieur  ¿'établir  un  
 ®  SpammensfloirsquieWnCentière-  Ctiré.  Tousvouloient  la  Paroiffedans  
 r  O,  - ,  ri.™«  If  le  voifinage  de  leurs  habitations,  mais  
 pas  un  ne  la  vouloir  chez  foi.  A  la  fin  
 if ilI'  'tfii lW  
 jaent  effacé,  ÔC  au  lieu  que  dans  le  
 commencement  il étoit  d'un rouge  foncé, 
   il  étoit  devenu  à  la  fin  d'une  couleur  
 de chair  fort  claire.  
 Au  commencement  dtr mois  de  Dcfe  
 SieuF Joyeux.Capitaine  de  Cavalerie,  
 dont j'ai déjà' parlé,  qui  avoit  une  trèsbelle  
 place  dans  le  milieu  des  terres  de'  
 ítói'l'/- 
 ¡mtnt  
 d'uni  
 M  c¿ds  
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 /iu  ""  ixi^ik.  "-  r  —  -  ;  j  .  
 cembre,  le  Supérieur  de  n^tre  Miffion  ces  trois  Meffiettrs ,  offrit de  donner  le  
 me  chargea  d'aller  au  cul  de  fac  Fran-  terreinneceffairepour  l'Eglife8cleprefcois  
 pour  voir  l'endroit  qui  fei'oit  le  byiere  avec  leua's  dépendances,  à  conplus  
 commode  potir  bâtir  une  Eglïfe  Sc  dïtion  d'avoir  le  premier  banc  dansl'Eun  
 Prelbytere.  Ce  quartier  commen-  gliiè,  &  den'être  point  obligé  à  fe  cotçoit  
 à  fe peupler;  &  comme  il  eft  très-  tifer  pool'  la  confíniétion des  bâtimens.  
 kau  8c  très-étendii, il y  avoit apparence  Monfieur de Mareiiil  Lieutenant de  Roi  
 qu'il  feroit  bien-tôt  rempli  d'habitans,  à  la  Cabefterre  y  devoit  auiTi  aller,  &  
 dès qu'il  y  auroit  un  Curéréfident.  j'eus  ordre  de  veiller  à  ce  que  l'Eglifc  
 Le  fieur  de la Vigne-Granval,  Capr-  &  la maifon curíale  fuíTent placées  dros  
 taine des Milices  de ce quartier-là,  pref-  tin endroit  fain  &  commode,  &  qu'il  y  
 foit beaucoup  pour  qu'on  fît cet établi f-  eut  dû  terrein  fufRfant  pour le  cimeticfement, 
  mais  il  ne  fe  prefîbit  point  dtr  fe,  le  jardin  &  la  favanne  du  Curé,  
 tout  d'y  contribuer,  ni  d'offrir  le  ter-  C'étoit  naturellement  au  Pere  Martelli  
 rein  qui  étoit  neceffaire.  Un  autre OfR-  Curé  de  la  Trinité  d'où  ce quartier  décier  
 fort  riche,  appellé  le  Sieur du Bois-  pendoit,  à  faire  ce  Voyage,  mais  il  é- 
 Jourdain  qui  avoit  une  Sucrerie  en  ce  toit  broüiHé  avec  le Lieutenant de  Roi ,  
 quartier-là,  &  qui  en  faifoit  faire enco-  qui  lui  donnoit  tous  les  jours  de  noure  
 une  autre;  6c  un  Provençal  nommé  veaux  fujets  de  chagrin.  
 Saffren, prefïbient  fans  relâche  l'Intcn- 
 C H A P I T R E  II I .  
 L ' A u t e u r  v a  a u  cul  d e  f a c  f r a n c o i s .  Defcri^t ion  d u c a r b e t  d e s  Cardibes.  
 =E  partisduMacouba  le  11.de  
 *  Décembre après  que j'eus  dit  
 la  Meffe.  Je  chargeai  mon  
 voifin le Pere Breton  du  foin  
 de ma  Paroiffe,  je  dînai'en.  
 paffant  à  la  grande  ance,  6c  j'arrivai  
 d'affez  bonne  heure  au  Bourg  de  
 la  Trinité  chez  Monfieur  de  Mareiiil,  
 pour  aller  avec  lui  coucher  chez  
 Monfieur  Joyeux  à  la  riviere  des  Gailions. 
   
 Nous  en  partîmes  le  lendemain  marin. 
   Comme  Monfieur  Joyeux  ne  demeuroit  
 pas au  quartier  oij nous  allions,  
 ÔC qu'il  n'y  avoit  chez  lui  qu'un  Commandeur  
 &  des  Negres,  dont  les  provifions  
 ordinaires  ne  nous  auroient  pas  
 accommodé:  il  avoit  eu  foin  défaire  
 mettre  dans  fon  canot  les  provifions  de  
 bouche  dont  nous  pouvions  avoir  befoin, 
   afin  de  n'être  pas  obligé  d'aller  
 chez  pas  un  de  fes  voifins,  avant  que  
 l'affaire fut  terminée.  Précaurion  fage,  
 dont  nous  vîmes  l'utilité;  quand  nous  
 D  i  fùl 
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