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98 N O U V E A U X V O Y A G E S AUX ISLES
onftueufe , pour peu qu'on la frotte entre
les mains l'odeur qui en fort eft douce
Se aromatique. Elle fe leve facilement,
parce qu'il femble que l'arbre eft
toujours en feve. Le bois eft blanc Se
aflez tendre.
Metho- Lorfqu'on veut tirer l'huile ou le
ti/ir"- baume de cet arbre, on fait une incilhuile
fion àfon écorce vers le pied, elle doit
¿iCn/rt« être perpendiculaire, 6c de fix à fept
pouces de longueur. On y fait entrer
un petit morceau de calebafle pour diriger
la liqueur qui fuente, 6c la con-'
diiire dans une calebaiTé attachée au
corps de l'arbre, Se dont l'ouverture
répond au petit morceau de calebafle
qui lui fert comme d'entonnoir. Cette
matiere eft plus ou moins abondante
f e b n la force de l'arbre, ou le tems
auquel on la reci^eille î mais auffi elle
a differens degrez de vertu : car quand
l'arbre eft jeune , comme il eft alors
plus abondant en feve, il rend par confequent
plus d'huile, mais elle eft
moins cuite^ pour ainiî dire, 6c moins
parfaite. Il arrive laméme chofe quand
on la tire dans le tems que l'arbre eft
en feve j il rend une plus grande quant
i t é , parce que la feve fort avec l'huilej
mais ce mélange diminue fa vertu, &
on court rifque de faire fecher l'arbre.
L e tems le plus propre pour faire
l'incifion eft dans le mois de Mars, en
variant des païs qui font fituez entre la
igne Equinoéliale Se le Tropique de cancer;
êc pour ceux qui font de l'autre
côté de la Ligne, c'cft-à-dire entr'elle
jerns SclcTropique de Capricorne, c'eft le
propre à |-nois de Septembre; parce pour lors les
K-'"''- pluyes font celTées depuis près''de trois
nlois, ce qui fuffit pour que l'abondan- :
ce de la feve, que l'arbre a tirée dans
les fiifons pluvieufes, foitconfommée,
& convertie dans la fubftance de l'arbre.
L'incifion ne doit pas percer feule-,
ment l'écorce premiere, 6c une pelli. i
cule aflez mince qui eft deflbus qui
eft comme une feconde écorce, elle
doit entrer un peu dans le vif du bois.
Je croi même que fi on voaloit rifquer
de perdre l'arbre, 6c que l'on fit
l'incifion aflez profonde pour aller jiif.,
qu'au coeur, il en fortiroit une huile
bien plus parfaite. Mais comme on
ne veut pas rifquer l'arbre, on fe contente
de faire l'incifion comme j e viens
de dire, 6c lorfque l'arbre ne peut plus
donner d'huile par cet endroit-là, I3
playe qu'on lui a faite fe referme d'ellemême.
Si l'arbre eft v ieux, gros 6c vigoureux
, on peut faire deux ou trois
incifions dans la même année. L'année
fui vante on en fait d'autres, en obfer-
Vant de ne les pas faire aux rtiémes endroits,
parce que les incifions precedentes
font en fe refermant une efpece de
cakis dura incifer, 6c qui empêche l'écoulement
de la matiere.
Cette huile pour êtce bonne doit être^'*
cpaifl'e, de couleur d'ambre; elle doit!"^'
avoir une odeur de verd aromatique."
Qiiand elle eft claire 6c trop liquide,fa,s
c'eft une marque qu'elle a été tirée dans
une mauvaifefaifon, ou qu'on enaaugmenté
la quantité en y mêlant quel-m,
qu'autre huile.
Pour s'en aflljrer, il n'y a qu'à entirerune
goutc avec une épingle, 6c la
laifl~er tomber dans un verre d'eau froide.
Si la goût e va au fond fans fediiToudre
, ou qu'elle fe tienne entre deux
eaux en confervant fa figure, c'eft une
marque certaine que l'huile eft trèsbonne.
Mais fi elle s'étend, ou qu'elle
nage fur la fuperficie de l'eau, on doit
compter qu'il y a du mélange. La
difFci'ence du baume du Pérou eft qu'il
fe feche 6c durcit à la fin j au lieu
que l'huile de Copaix ne fait que
s'épaiflir , 6c devenir d'une couleur
plus
F R A N C O I S E S
plus foncée , fans fe durcir ni fe fecher.
Cette huile eft merveilleufe pour refermer
promptement toutes fortes de
playes fliites avec le fer, le bâton, les
chiites 6c autres accidensj mais non pas
pour les coups de feu.
On s'en fert avec fuccès pour les flux
de fang, les crachemens de fang provenans
de la rupture de quelques petits
vaifleaux dans la poitrine, pour les
excoriations du fondement 6c autres
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D E L'AMERIQ^UE. 99
tre heures fans y toucher, au bout de
ce tems, il faut ôter la bande 6c les
compreifes le plus doucement qu'il' eft
poffiblei & ;fî on voit que le plumafièau
foil adherent, c'eft une marque
que la réunion n'eft pasençoreachevée,
comme il arrive dans les bleflluxs coniiderables
6c profondes, ou à ceux qui
ont la chaif mauvaife, bavàufe 6c inf
e d é e de quelque autre mal -, pour lors
il faut laiiTer l extuiiiiLiuijj "VI " — " —— -e- pr lum7 a-f,l eau,' &, fe conmaux
où il faut empêcher l'eiFufion du tenter de répandre deflus quelques goufaug.
Pour les flux de lîing 6c les vaif- tes d'huile chaude pour l'humeéber, 6c
féaux rompus, on en met douze ou réitérer ainfi de vingt-quatre en vingtquinze
goûtes dans un jaune d 'oeuf que quatre heures jufqu'à ce qu'il tombe de
l'on fait avaller au malade. On peut, lui-même, ce qui ne peut pas^tarder ,
réiterer ce remede deux fois le jour, étant fort rare que les playes même con-
On peut encore dans le premier cas en fiderables, ne foient pas confolidées en
donner une demie once dans un lave- vingt-quatre heures.
L e hazard vient de découvrir une
vertu que l'on n'avoit pas encore remarquée
dans ce baume ou huile. C'eft
qu'il eft admirable 6c fpecifique pour
guérir toutes fortes de fièvres. Des'
perfonnes d'honneur Se de probité
m'ont afl'euré qu'elles avoient fait des
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ment anodin que le malade puifle garder
long-tems, on a vû des effets
merveilleux de ce remede. Pour les
excoriations on en imbibe un peu de
cotôn que l'on avec unecomprefl'e
furia partie affligée, obfervant en ce
cas de faire un peu chauffer l'huile - ^
avant de l'appliquer. A l'égard des bief- cures furprenantes avec ce feul baume.
itiiaiVefures il faut appliquer l'huile auflî On n'a point encore entendu parler
chaude que le bleffé la peut fouffrir. Il d'un febrifuge plus puifllint , plus
faut d'abord preffer les levres de la prompt, moins dangereux. Je fuppofe
playe pour en exprimer tout le fang toûjours qu'on ait du Copaii veritable
autant qu'il eft poflible, puis laiffer 6c point falfifié. Il fuffit d'en répantomber
quelques goûtes de l'huile dans dre cinq ou fix goûtes dans une demie
la playe , en oindre les levres 6c les taflc de boiiillon 6c la faire prendre au
environs, les raprocher 6c y appliquer malade dans le commencement de fon
deiTus un plumafleau trempé dans la accès; ou fi la fievreeft continue, deux
même huile, 6c couvrir le plumaffeau heures avant de lui donner de la nourd'une
bonne compreffe, 6c même de riture. On peut repeter le remede deux
deux s'il eft befoin. Après quoi il faut fois en vingt-quatre heures, il eft rare
bander la playe un peu fortement, fans que la fievre ai|t' tenu bon contre trois
s'embaraffer fi elle rend du fang ou ou quatre prifes. La Bretagne 6c fur
non; la regle générale eft que le fang tout les villes de Rennes 6c de Nantes,
eft un baume naturel, quand le fujec a'iant été affligées de quantité de fièvres
n'eft point vicié par un autre endroit, en 1719- tous ceux qui fe fervirent de
On doit laiffer cet appareil vingt-qua- ce remede, furent parfaitement guéris,
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