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 N  O U  V E A U X  y  O  Y A G E S A U X  J  S  L E S  
 Le  R/iifinier  
 fait  une  
 iresbelle  
 couleur  
 Son  hois  
 travaillé  
 ejl  
 iresleM. 
   
 43  
 &  fort  adherentei  mais  quand  il  eft  
 vieux,  elle  paroît  foute  crevaiîëe,  fe  
 détache  aifément,  &  le  foleil  la  fuie  
 emoiiler.  il  ell  vrai  qu'il  y  a  fous  cette  
 écorce  une  peau  épaille  comme  un  bon  
 parchemin ,  rouge,  ployante  Se  fortadlerente  
 à  l'aibre,  dont  elle  ne  fe  détache  
 que  quand  il  eft  coupé  8c  fee.  
 Le  bois  eft  d'un  rouge  foncé.  Ses  
 fibres  font  longues,  ferrées  &  niélées.  
 11 a  le  grain  fort  fin.  Si  on  coupe  le  
 coeur  en  petits  éclats,  &  qu'on  letaile  
 bouillir  dans  l'eau,  il  la  teint  d'un  trèsbeau  
 rouge  qui  communique  la  même  
 couleur  aux  laines  &  toiles  que  l'on  y  
 met.  Il  eft  vrai  que  quand  on  lave  
 ces  toiles  elles  perdent  beaucoup.  Cela  
 vientde  ce qu'on  n'a pris  aucune  précaution  
 pour  fixer  la  couleur.  Ce  bois  eft  
 roide,dur,  compaâ&pefant .  Il eft trèsbon  
 aufeu, il y dure long tems,fait un feu  
 v i f&  ardent &  de très-bon  charbon.  
 J'en  ai  fait  débiter  quelques  pieces,  
 dont  j'ay  fait  faire  du  cartelage  de  
 deux  à  trois  pouces,  &  des  planches  
 que  je  fis  enfuite  refendre  pour  Elire  
 des  calTettes,  des  tables  &  autre  meubles. 
   On  ne  peut  rien  voir  de  plus  
 beau  que  les  ondes  de  différentes  teintes  
 de  rouge,  les  yeux  &  les  volutes  
 qui  étoientfur  ces  planches,  qui  d'ailleurs  
 fe  poliiToient  parfaitement  bien  
 &  aifément.  IJ  n'y  a  que  la  pefanteur  
 Se  la  dureté  de  ce  bois  qui  empêchent  
 qu'on  ne  l'employe  à  une  infinité  d'ouvrages  
 ;  car j'ai  éprouvé  qu'il  eft  également  
 boij  en  terre  ,  en  l'air  &  
 dans  l'eau.  Sa  feiiille  n'eft  point  ronde  
 n'y  grande  comme  une  aiîîete  ainfi que  
 dit  mon  Confrere  le  Pere  du  Tertre.  
 Elle  eft ovale,  fon  plus  grand  diametre  
 peut  être  de  huit  à  neuf  pouces,  &  le  
 plus  petit  de  cinq  à  fix.  Sa  queiie  eft  
 groiTe,  courte  &  refendue  prefque  enliereDjeni; 
   à  Tppdroit  gui  J'attache  à  la  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIC^UE.  4»  
 branche  qui  eft  le  cofté  du  petit  dia-  ifci  
 metre  }  elle  eft  épaiflc,  forte,  lifle Se  
 unie.  Ses  nervuresfe diftinguent  peuduft,;  
 refte &  paroiilcnt  plattes.  Quand  elles  fei  
 commencent  à  paroître  elles  font  de-''"'"  
 couleur  de  chair  6c  fort  douces  &  Î  
 délicates;  elle  quittent  cette  couleur  "  
 en  croiiTant,  le  deflus devient  d'unverd  
 gai,  &  le  deflbus  un  peu  plus  pâle.  
 On  fe  fert  de  ces  feiiilles  pour  mettre  
 fous  le  chapeau  quand  on  marche  au  
 foleil,  elles  empêchent  qu'on  ne  foie  
 incommodé  de fa  chaleur,  &  tiennent  
 la  tête  fraiche.  Il  fleurit  6c porte  du  
 fruit  une  fois  l'année.  Avant  de  il eu-,  
 rir  il  poufie  de  petits  fcions,  comme  
 la vigne , qui fe chargent  de petits grains,  
 quien  s'ouvrant,  produifent  une  trèspetite  
 fleur  blanche,  d'une  odeur  douce  
 à  peu  près  comme  celle  de  la  vigne.  
 A  ces  fleurs  fuccedent  des  fruits  tout  
 ronds  d'environ  quatre  lignes  de  diametre  
 qui  font  verds  avant  d'être  
 meurs,  ôcqui  deviennent  violets  quand  
 ils  ont  acquis  toute  leur  maturité.  Ils  
 font bons,  leur  goût  approche  de  ces  
 gros  raifins  qu'on  appelle,  chaflelas.  
 On  en  fait  un  petit  vin  aflez  agreable;  
 mais  la maniéré  la  plus  ordinaire  de les  
 manger,  eft  après  les  avoir  lavez  de  les  
 paiTer  dans  un  blanc  d'oeuf  battu  avec "ft]  
 un  peu  d'eau  rofe  ou  de  fleurs  d'orang 
 e ,  &  enfuite  les  rouler  dans  du  fucre^'  
 bien  blanc,  bien  fec&  bien  pilé  jufqu'à  
 ce  qu'ils  en  foient  bien  couverts.  On  
 les  fert  de  cette  manière,  ils  femblent  
 de  grofles  dragées.  Ils  ieroient  bien  
 plus  eftimez fi leurs  noyaux  occupoienc  
 moins  de  place.  
 Les  Caraïbes  prétendent  que  quand  
 il  y  a  une  abondance  extraordinaire  de  
 ce  fruit,  c'eft  un  pronoftique  ailuré  
 d'un  ouragan  cette  année-là.  J'ai  expirimenté  
 pluiîeurs  fois, qu'ils  fe  trompoient, 
   
 •  L'arbre  
 L'arbre  que  nous  appelions  Mahot  
 aux  Ifles,  8c Mangle  b  ancpar  tout  ailleurs, 
 ViiH/t  
 ill Mailt. 
   
   vient  ordinairement  fur  les bords  
 des rivieres,  6c fes branches  s'étendent  
 fur  la  furface  de  l'eau,  comme  fi  elles  
 vouloient  joiiir  de  fa fraîcheur.  On  en  
 trouve  aflez  au  bord  de  la  mer ,  mais il  
 ne  vient  pas  fi  bien,  qu'auprès  des  rivieres  
 ,  à  moins  qu'il  ne  fe  trouve  fur  
 des coftiers  élevées.  Son écorce eft  grife, 
 del'épaiiTeurd'un  demi-écu.  Le  b^ois  
 cft blanc > il  efl; aflez  fouple quand  il eft  
 verdi  mais  ilfe  feche  dès  qu'il  eft  coupé, 
   devient  très-leger  6c  très-caflant.  
 Le  dedans  eft  rempli  de  mouelle  comme  
 le  fureau,  quoiqu'en  plus  petite  
 quantité.  La  feuille  eft  prefque  ronde  
 de trois  à  quatre  pouces  de  diametre  j  
 elle  eft  fort  lifle,  fort  tendre  6c  fort  
 douce.  Il  porte  deux  fois  l'année  des  
 fleurs jaunes,  qui  s'épanoiiiflent  à  peu  
 )rès  comme  des  tulippes,  mais qui font  
 )eaucoup plus  grandes.  Je n'ai point  remarqué  
 que  ces  fleurs  fufl^enr  fuivies  
 d'aucun  fruit,  graine  ou  femence  qui  
 fervît  à  multiplier  l'arbre j  il  vient  de  
 bouture,  6c  fe multiplie  de  lui-même,  
 parce  que  fes branches  touchant  à  terre  
 y prennent  racine pour peu que le terrein  
 foit  humide.  Malgré  fa  fterilité,  il  ne  
 lailTe pas d'être  fort  utile  aux  habitans,  
 parce  que  fon  écorce  fert  à  faire  des  
 cordes de  toute  efpece,  qui  font  Abonnes, 
   que  nos  CorfairesSc  Flibuftiers  en  
 ont fouvent agréé  entièrement  leurs  bâtimens. 
   Plus  on  coupe  le  mahot ,  plus  
 il  pouife  de  branches.  Elles  font  longues, 
   aflez  droites  6c  fans noeuds,  mais  
 com me elles font foibles &en grand  nombre, 
   elles tombent  les  unes  fur  les  autres, 
   s'entrelaflcntScembaraflent  extrêmement  
 le terrein.  Dés  qu'on  lésa  couf) 
 ees, on  enlevé  facilement  l'écorce  qui  
 es couvre,  parce  que  la  feve  dont  la  
 branche  eft  remplie,  fait  que  l'écorce  
 ,  fom.  II.  ^  
 n'y  eft  pas  fort  adherente,  ce  qui  ne  fe  t'^yy»  
 trouve  plus  quand  on  les  laifl~e un  peu  
 fecher.  
 Lorfqu'on  a  levé  cette  premiere  écorce, 
   on  peut  encore  tirer  de longs fi- 'fervirhl  
 lets  d'une  peau  qui  eft  entre  elle  6c  le  l'écorce  
 bois.  Ces  filets  font  fort  doux,  fort  j"  
 blancs,  fort  fouples;  on  les  tond  facilement, 
   6c on  en  fait  de  bonne  ficelle.  
 Les  Negres  en  font  des  hamacs  à  jour  
 en  forme  de  rezeau.  J'en  ai  vû  de  fort  
 propres.  Les Caraïbes  filent  cette feconde  
 écorce comme fi c'étoit de  la  pite.  
 Quant  à la grofl^e  6c  premiere  écorce,  
 on  la  bat  entre  deux  pierres  pour  feparer  
 la partie  qui  eft  dure  6c  véritablement  
 du  bois,  d'avec  celle  qui  eft  plus  
 molle  6c  plus  tendre.  On  en  fait  des  
 cordes de toutes groflèurs,  qui  font trèsbonnes  
 ,  6c qui  ne pourriiTent  pas  facilement  
 dans  l'eau.  
 J e n'ai jamais vû  de  ces  arbres qui  euffent  
 un  pied  de  diametre,  parce  qu'on  
 ne  leur  donne  pas  le  tems  de devenir  iï  
 gros.  On  les coupe trop  fouvent,  il  n'y  
 a  que  leur  fouche  ou  tête  qui  devient  
 fort  grofle,  à peu  près  comme  celle  des  
 Saules.  Quand  ce bois a pris  une  fois  ra-  incomcine  
 dans  un  endroit,  il  n'eft  pas  facile  "^"dhé  
 de  le  détruire,  parce  que  fes  racines  
 courent  beaucoup,  6c  quelque  petites  
 qu'elles  foient,  elles  pouflent  inceflùmentj  
 de  manière'que  loriqu'on  veut  
 purger  un terrein  de  ces  fortes  d'arbres,  
 il  ne  faut  pas  fe contenter  de couper  les  
 racines,  il  faut  les  arracher  foigneufement  
 6c  entièrement:  car  malgré  l'utilité  
 qu'on  retire  de ces  arbres,  ôc  le  befoin  
 qu'on en a ,  on  eft  obligé de  les  détruire, 
   quand  ils fe  trouvent  proche  des  
 maifons, 6c fur tout à la Martinique,  parce  
 que  les  volailles  trouvent  des  niches  
 fous fes racines oil  elles fe  retirent ,  vont  
 pondre  leurs oeufs 6c les  couvent,  ce  qui  
 ne  manque jamais d'y attirer  trois  fortes  
 G  d'ades  
 Maiiotieres. 
   
 Ilh 
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