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N O U V E A U X y O Y A G E S A U X J S L E S
Le R/iifinier
fait une
iresbelle
couleur
Son hois
travaillé
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iresleM.
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& fort adherentei mais quand il eft
vieux, elle paroît foute crevaiîëe, fe
détache aifément, & le foleil la fuie
emoiiler. il ell vrai qu'il y a fous cette
écorce une peau épaille comme un bon
parchemin , rouge, ployante Se fortadlerente
à l'aibre, dont elle ne fe détache
que quand il eft coupé 8c fee.
Le bois eft d'un rouge foncé. Ses
fibres font longues, ferrées & niélées.
11 a le grain fort fin. Si on coupe le
coeur en petits éclats, & qu'on letaile
bouillir dans l'eau, il la teint d'un trèsbeau
rouge qui communique la même
couleur aux laines & toiles que l'on y
met. Il eft vrai que quand on lave
ces toiles elles perdent beaucoup. Cela
vientde ce qu'on n'a pris aucune précaution
pour fixer la couleur. Ce bois eft
roide,dur, compaâ&pefant . Il eft trèsbon
aufeu, il y dure long tems,fait un feu
v i f& ardent & de très-bon charbon.
J'en ai fait débiter quelques pieces,
dont j'ay fait faire du cartelage de
deux à trois pouces, & des planches
que je fis enfuite refendre pour Elire
des calTettes, des tables & autre meubles.
On ne peut rien voir de plus
beau que les ondes de différentes teintes
de rouge, les yeux & les volutes
qui étoientfur ces planches, qui d'ailleurs
fe poliiToient parfaitement bien
& aifément. IJ n'y a que la pefanteur
Se la dureté de ce bois qui empêchent
qu'on ne l'employe à une infinité d'ouvrages
; car j'ai éprouvé qu'il eft également
boij en terre , en l'air &
dans l'eau. Sa feiiille n'eft point ronde
n'y grande comme une aiîîete ainfi que
dit mon Confrere le Pere du Tertre.
Elle eft ovale, fon plus grand diametre
peut être de huit à neuf pouces, & le
plus petit de cinq à fix. Sa queiie eft
groiTe, courte & refendue prefque enliereDjeni;
à Tppdroit gui J'attache à la
F R A N C O I S E S DE L'AMERIC^UE. 4»
branche qui eft le cofté du petit dia- ifci
metre } elle eft épaiflc, forte, lifle Se
unie. Ses nervuresfe diftinguent peuduft,;
refte & paroiilcnt plattes. Quand elles fei
commencent à paroître elles font de-''"'"
couleur de chair 6c fort douces & Î
délicates; elle quittent cette couleur "
en croiiTant, le deflus devient d'unverd
gai, & le deflbus un peu plus pâle.
On fe fert de ces feiiilles pour mettre
fous le chapeau quand on marche au
foleil, elles empêchent qu'on ne foie
incommodé de fa chaleur, & tiennent
la tête fraiche. Il fleurit 6c porte du
fruit une fois l'année. Avant de il eu-,
rir il poufie de petits fcions, comme
la vigne , qui fe chargent de petits grains,
quien s'ouvrant, produifent une trèspetite
fleur blanche, d'une odeur douce
à peu près comme celle de la vigne.
A ces fleurs fuccedent des fruits tout
ronds d'environ quatre lignes de diametre
qui font verds avant d'être
meurs, ôcqui deviennent violets quand
ils ont acquis toute leur maturité. Ils
font bons, leur goût approche de ces
gros raifins qu'on appelle, chaflelas.
On en fait un petit vin aflez agreable;
mais la maniéré la plus ordinaire de les
manger, eft après les avoir lavez de les
paiTer dans un blanc d'oeuf battu avec "ft]
un peu d'eau rofe ou de fleurs d'orang
e , & enfuite les rouler dans du fucre^'
bien blanc, bien fec& bien pilé jufqu'à
ce qu'ils en foient bien couverts. On
les fert de cette manière, ils femblent
de grofles dragées. Ils ieroient bien
plus eftimez fi leurs noyaux occupoienc
moins de place.
Les Caraïbes prétendent que quand
il y a une abondance extraordinaire de
ce fruit, c'eft un pronoftique ailuré
d'un ouragan cette année-là. J'ai expirimenté
pluiîeurs fois, qu'ils fe trompoient,
• L'arbre
L'arbre que nous appelions Mahot
aux Ifles, 8c Mangle b ancpar tout ailleurs,
ViiH/t
ill Mailt.
vient ordinairement fur les bords
des rivieres, 6c fes branches s'étendent
fur la furface de l'eau, comme fi elles
vouloient joiiir de fa fraîcheur. On en
trouve aflez au bord de la mer , mais il
ne vient pas fi bien, qu'auprès des rivieres
, à moins qu'il ne fe trouve fur
des coftiers élevées. Son écorce eft grife,
del'épaiiTeurd'un demi-écu. Le b^ois
cft blanc > il efl; aflez fouple quand il eft
verdi mais ilfe feche dès qu'il eft coupé,
devient très-leger 6c très-caflant.
Le dedans eft rempli de mouelle comme
le fureau, quoiqu'en plus petite
quantité. La feuille eft prefque ronde
de trois à quatre pouces de diametre j
elle eft fort lifle, fort tendre 6c fort
douce. Il porte deux fois l'année des
fleurs jaunes, qui s'épanoiiiflent à peu
)rès comme des tulippes, mais qui font
)eaucoup plus grandes. Je n'ai point remarqué
que ces fleurs fufl^enr fuivies
d'aucun fruit, graine ou femence qui
fervît à multiplier l'arbre j il vient de
bouture, 6c fe multiplie de lui-même,
parce que fes branches touchant à terre
y prennent racine pour peu que le terrein
foit humide. Malgré fa fterilité, il ne
lailTe pas d'être fort utile aux habitans,
parce que fon écorce fert à faire des
cordes de toute efpece, qui font Abonnes,
que nos CorfairesSc Flibuftiers en
ont fouvent agréé entièrement leurs bâtimens.
Plus on coupe le mahot , plus
il pouife de branches. Elles font longues,
aflez droites 6c fans noeuds, mais
com me elles font foibles &en grand nombre,
elles tombent les unes fur les autres,
s'entrelaflcntScembaraflent extrêmement
le terrein. Dés qu'on lésa couf)
ees, on enlevé facilement l'écorce qui
es couvre, parce que la feve dont la
branche eft remplie, fait que l'écorce
, fom. II. ^
n'y eft pas fort adherente, ce qui ne fe t'^yy»
trouve plus quand on les laifl~e un peu
fecher.
Lorfqu'on a levé cette premiere écorce,
on peut encore tirer de longs fi- 'fervirhl
lets d'une peau qui eft entre elle 6c le l'écorce
bois. Ces filets font fort doux, fort j"
blancs, fort fouples; on les tond facilement,
6c on en fait de bonne ficelle.
Les Negres en font des hamacs à jour
en forme de rezeau. J'en ai vû de fort
propres. Les Caraïbes filent cette feconde
écorce comme fi c'étoit de la pite.
Quant à la grofl^e 6c premiere écorce,
on la bat entre deux pierres pour feparer
la partie qui eft dure 6c véritablement
du bois, d'avec celle qui eft plus
molle 6c plus tendre. On en fait des
cordes de toutes groflèurs, qui font trèsbonnes
, 6c qui ne pourriiTent pas facilement
dans l'eau.
J e n'ai jamais vû de ces arbres qui euffent
un pied de diametre, parce qu'on
ne leur donne pas le tems de devenir iï
gros. On les coupe trop fouvent, il n'y
a que leur fouche ou tête qui devient
fort grofle, à peu près comme celle des
Saules. Quand ce bois a pris une fois ra- incomcine
dans un endroit, il n'eft pas facile "^"dhé
de le détruire, parce que fes racines
courent beaucoup, 6c quelque petites
qu'elles foient, elles pouflent inceflùmentj
de manière'que loriqu'on veut
purger un terrein de ces fortes d'arbres,
il ne faut pas fe contenter de couper les
racines, il faut les arracher foigneufement
6c entièrement: car malgré l'utilité
qu'on retire de ces arbres, ôc le befoin
qu'on en a , on eft obligé de les détruire,
quand ils fe trouvent proche des
maifons, 6c fur tout à la Martinique, parce
que les volailles trouvent des niches
fous fes racines oil elles fe retirent , vont
pondre leurs oeufs 6c les couvent, ce qui
ne manque jamais d'y attirer trois fortes
G d'ades
Maiiotieres.
IlhÂ
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