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 Îfî?  NOUV-EAUX  VOY  
 irnjô.  deloupe.  Nous  vîmes  fes deux fucreries  
 &  fes moulins  à  eau,.  Nous  entrâmes  
 dans  celle  d'enbas,  où  l'on  faifoit  du  
 ^icre  blanc qui étoit parfaitement  beau.  
 Ces terres font  très-bonnes,  quoiqu'elles  
 foient  pierreufes.  A  cent  cinquante  
 pas  de  cette  derniere  fucrerie,  il  y  a  
 une  petite  riviere  appellée  la  riviere  de  
 Senfe  qui  coule  au  fond  d'une  falaife  
 allez  profonde Se fort efcarpée.  Elle  fepare  
 les  terres  deMonfieur Hinfelin  de  
 celles de Monfieur Houel,  qu'on  appelle  
 «ildan,  ou  il  y  a  une montagne  ronde,  
 tort  haute,  &  qui  paroît  de  loin  comme  
 ifolée,  nommée  Houelmont,  où  
 teu  Monfieur  Houel  avoit  fait  faire  
 quelques  retranchemens  garnis  de  canon  
 ,  avec  des  fours  &  des  citernes  
 pour  fervir  .de  réduit  dans  un  befoin.  
 Environ  huit  cens  pas  plus  bas  que  
 cette  fucrerie,  nous  trouvâmes  l'habimion  
 des enfans  du  feu  Sieur  Milet,  
 Confeiller & Capitaine de Milice.  Nous  
 remarquâmes  étant  au  bas  de  la  favanne  
 que  la  riviere  des  Gallions  8c  celle  
 de  Sence  s'approchoient  beaucoup,  &  
 ne laiiîbiententr'elles qu'un  efpace  d'environ  
 cent  cinquante  pas  efcarpé  des  
 deux  côtez  par  des  falaifes  profondes  
 &  impraticables.  Cet  endroit  forme  
 une hauteur en plate-forme capable d'un  
 Bauteur  retranchement  aiféàdeiFendre,  qui  
 qui corn-  commande  abfolument  le F o r t ,  dont il  
 mandt  voit  de  revers  tous  les ouvrages.  Après  
 l'avoir  bien  examiné,  il  fut  refolu  de  
 le  fortifier,  &  d'y  faire des embrafures  
 pour  y mettre  du  canon,  qui  ferviroit  
 à  empêcher  aux  ennemis  les  approches  
 du  Fort  s'ils  venoient  l'attaquer du côté  
 du  Cavalier,  ou  les  en  déloger  ,  s'ils  
 s'en  étoient  emparez.  Tous  ces  ouvrages  
 ne furent executez qu'en  1702. parce  
 qu'il  s'en  trouva  d'autres  plus  preffez, 
   ôc  que  la  paix  s'étant  faite  à  Rifvik  
 en 169J.  on  ne jugea  à propos d'o»  
 A G E S  AU^X'  ISLES  
 hliger  les habitans  à  faire des  ouvrages  
 qui  ne  paroiiTent  pas  devoir  être  fi-tôt  
 d'ufage.  
 De  cette  plate-forme  à  la  falaife qui  
 cil  fur  le  bord  de  la  mer,  il  y  a  cinq  
 ou fix cens  pas.  Nous  trouvâmes  qu'on  
 y  avoit  creufé  un  boyau  faifant  face à  
 amer,  avec  deux  angles  faillans,  fur  
 1 un  defquels  il  y  avoit  trois  canons  
 en  batterie  à  barbette.  On  defcend à  
 la  riviere  des  Gallions  par  un  chemin  
 taillé  dans  la  pente  du  morne ;  il  
 eft roide  &  raboteux.  On  paflc  la  riviere  
 à  guéj  elle  eft  aiTez  confidera.  
 Ole.  Il  y  avoit  autrefois  un  pont  de  
 bois  en cet  endroit qui  aïant  été  emporté  
 par un  grand débordement,  n'a point  
 encore  été  rétabli,  quoiqu'il  foit  trèsnecelîaire, 
   parce que  c'eft  l'uniquepaffage  
 pour aller  de la  Baife-terre  à la Cabeflerre  
 ;  Se Ton  eft fouvent  obligé  de  
 s'arrêter  quand  cette  riviere  cft  débordée. 
   
 On  l'appelle  la  riviere  des  Gallions si«  
 parce  quec'étoit  en  cet endroit  que  les  
 Gallions  d'Efpagne venoient  fe ralfraîchir  
 8c  fiiire  de  l'eau  quand  ils  prenoient  
 ce  chemin  pour  aller  à  la  terre  
 ferme  avant  que  es  François  fe  fuffent  
 rendus  maîtres  des  liles.  Ce  lieu  
 leur  étoit  commode  parce  que c'eft une  
 grande  ance  oîi  l'ancrage  eft excellent j  
 oc oii  il y  a de  l'eau  douce  en  abondance. 
   Ils  auroient  cependant  beaucoup  
 mieux  fait  de  defcendre  plus  bas  ,  &  
 de  faire  leur  eau  à  la  riviere  S.  Louis  
 &  à  celle  du  Baillif  où  l'ancrage  elt  
 le même.  Se où les eaux  font infiniment  
 meilleures ;  car  celles  de  la  riviere  des  
 Gallions  font  fulphurées  Se  vitriolées,  
 8c ne manquent  jamais de cauferdes  flux  
 de  ventre 8c des  diiTenteries  à  ceux  qui  
 ne  font  pas  accoiitumez  d'en  uferj  ce  
 qui  eft  fi  vrai  qu'on  deffend  aux  foldats  
 du Fort .de s'en  fervir.  Au  fortir  
 de  
 F R A N C a i S E S  DE  L'AMERIQ^UE;  ij ç  
 de la riviere  oti  trouve  un  chemin  dans  deux  heures  après midi quand nous y  ar-  I'^P'^î  
 la côte beaucoup  plus  haute  8c  plus ef-  rivâmes.  Monfieur Auger  m'y  retint  à  
 carpée  que  la  precedente  qui  conduit  dîner.  Sur  le  foir je me  retirai  à  nôtre  
 for l'efplanade du  Fort .  Il étoit  près  de  Couvent  du  Baillif.  
 C H A P I T R E  XXV.  
 ^efcripion  de la Pointe  du  'vieux  Fort  ^  ¿r  de toute  la ckejufyu'k  la  rivière  
 S^. Louis.  Vela  riviere  des Gallions-,  du  lieu appelle  de Fare  )  &  delà  
 cote jufqu'a  la riviere  des  Habitans.  
 oE  trouvai  en  arrivant  chez  
 nous  des Lettres de la Martinique, 
   par  lefquelles on  me  
 marquoit  que  le Pere Aftruc  
 que  l'a vois  laiiTé pour garder  
 mamaifon Se maParoifle,avoit été obligé  
 d'aller deiTervir celle  de  la Trinité  à caufedu  
 déparc du  Pere Martelli qu'on  avoit  
 été  obligé  d'envoyer  à  S.  Domingue.  
 On m'avertiffoit  auffi que  lePereRofié  
 n'avoit  point  voulu  fe  charger  de  ma  
 Paroiire,  à  moins  que  le  Supérieur  ne  
 lui promît  de  lui  laiifer abfolument,  8c  
 de trouver  moyen  de  retirer  la  parole  
 qu'on m'avoit  donnée  ,  8c  de  me  contenter  
 comme  on  pourroit.  
 Ces  nouvelles  me  chagrinèrent  Se  
 me  firent  refoudre à achever  promptement  
 ce  qui  reftoit  à  niveler  8c  à  tracer  
 au  canal,  Se ce  que  j'avois  promis  
 à Monfieur Auger  afin de m'en  retourner  
 promptement  à la  Martinique.  J'achevai  
 mon  ouvrage  du  canal  en  deux  
 jours.  J'en  employai  fept  on  huit  à  
 mettre  au  net  les  plans  8c les  mémoires  
 du  grand  Se du  petit  cul-de-lac,  8e  
 je  les  portai  au  Gouverneur,  à  qui  je  
 fis  part  du  deiTein  que  j'avois  de  repaiTer  
 à la Martinique  par  la  premiere  
 occafion qui  fe prefenteroit,  ëêdes  raifons  
 qui m'y  obligeoient.  Il  me  parut  
 y être  fort  fenfible.  Se  vouloit  à  toute  
 force  me  retenir  à  la Guadaloupe,  en  
 ffii'oiFiant un  parti  qui  auroit  dû  me  
 Sieater.  Mais j'étois  tellement  piqué  de  
 ce  manquement  de  parole  ,  que  je  le  
 n-iai de  ne  pas  s'oppofer à mon  départ,  
 'aiTurant  que  quand  j'aurois  fait  ce  
 que j'avois  refolu  de  faire  a  la  Martinique  
 ,  je  ferois  toûjours  difpofé  à  lui  
 venir  rendre  les  fervices  donc  j'étois  
 capable,  8c  (^u'en  attendant  mon  départ  
 il  pouvoit  difpofer de moi,  n'ayant  
 plus  rien  à  faire  un  canal  pour  lequel  
 j'étois  venu.  Il  accepta  mon  offre,  8c  
 m'en  témoigna  beaucoup de  ixconnoiffance. 
   
 Le  Lundi  zt.  Mai  il  m'envoya  un  
 cheval,  8c  me  fit  prier  d'aller  dîner  
 chez  lui,  pour  aller  enfuite  aux  trois  
 rivieres  copime  nous  en  étions  con^  
 venus.  Nous  paiTâmes  par  les  mêmes  
 endroits  que  j'ai  marqués  ci-deflus,  
 remarquant  exaélement  tous  les  poftes  
 Se  tous  les  avantages  qu'on  pourroit  
 tirer  de  la  fituation  des  lieux  pour  s'en  
 fervir dans  l'occafion.  Nous  n'arrivâmes  
 que  la  nuit  aux  trois  rivieres sparce  
 que  nous  étions  venus  fort  doucement, 
   Se que  nous  nous  étions  arrêtez  
 plufieurs  fois.  Il  eft  certain  qu'un  
 même  objet  vû  de  difterens  côtez  ne  
 paroît  pas  toûjours  le  même,  8c  qu'on  
 a  befoin  de  cette  précaution  dans  les  
 endroits  que  nous  vifitions,  afin  de  ne  
 pas  faire  des  travaux  inutiles,  ou  de  
 manquer  à  faire  ce  qui  feroit  neceifaire.  
 Nous  logeâmes  encore  chez  le  Sieur  
 Rigolet.  
 Le  Mardi  nous  nous  rendîmes-  de  
 grand  
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