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I J 2 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
que par trois pafles ou ouvertures, l'une
entre les deux Mets qui eil large de
cinquante à foixante toifes, profonde
& fans aucuns dangers; les deux autres
entre les extremitez des Iflecs & les pointes
de la terre ferme de l'Ule , mais où
il ne peut pafler que dejs barques ou de
très-petits vaiiTeaux.
Ce cul-de-fac eft un Port naturel des
plus beaux qu'on fe puifle imaginer ,
capable de retirer une armée navale ,
quelque nombreufe qu'elle puiiTe être ,
il commodément, que les plus gros
vaifleaux peuvent mouiller en bien des
endroits aifez près de terre pour y mettre
une planche. Nous vifitâmes tous
les environs de ce cul-de-fac pour fixer
le lieu le plus propre pour rétabliffement
delà iParoifle & d'un Bourg, qui ne
manqueroit pas de s'y former.
On peut croire qu'il ne manqua pas
d'y avoir beaucoup de conteftations }
tous les habitans fouhaitoient d'avoir
uneEglife Se un Curé refident, mais le
voifinage d'un Bourg les épouventoit,
& ils avoient raifon , car il en coûte
' toujours beaucoup à ceux dont les habitations
font à portée d'un Bourg & de
ceux qui s'y allemblent..
Malgré tout ce qu'on nous pût dire,
pôtre fentiment fut de placer l'Eglife
& le Prefbytere fur une pointe du côté
d e l ' O u e f t , qui avançoit afl'ez, dans la
yner pour découvrir tout le cul-de-fac ;
il y avoit une petite riviere à côté, le
terrein étoit découvert, expofé au vent .
Se par conféquent plus fain que le reftej
d'ailleurs il étoit exempt des Mouftiques
& des Maringoins qui font en trèsgrand
nombre & tort incommodes dans
tous ces endroits-là. Cette pointe faifoit
partie de l'habitation de Monfieur
Février, alors Greffier en Chef du Confeil
Souverain. Comme il étoit ami it\-
time de nôtrp i^jiîion, j'étois fâché de
le charger d'un pareil embaras, & il l'é- ic,^,
toit encore plus que moi. Je fis.enforte
qu'on remit la délibération au lendemain,
Se pendant ce délai il nous conduifit
dans un endroit plus fpatieuxque
là pointe, & où l'on pouvoir placer un
Bourg plus aifément, mais qui à la vérité
étoit moins commode pour le Curé.
Nous y fîmes le nouvel établiiTement j
cet endroit étoit à l'extremité de la favanne
de Monfieur Monel , Confeiller
honoraire au Confeil. Monfieur Monel m. m.
étoit Picard, & il avoit confervé reli- «e/,/»j
gieufement l'accent & les manieres de ""i'«
Ibn pays, quoiqu'il en fut abfent depuis
un grand nombre d'années j il étoit
frere d'un Pere Monel Religieux de la
Mercy, fameux dans fon Ordre. Il étoit
Chirurgien quand il vint aux Mes; fa
fortune avoit commencé par l'achat qu'il
fit de dix ou douze NegrelTes malades
qu'un yaiiTeau Negrier lui lailîa prefque
pour rien, parce qu'on ne croyoit pas
qu'elles euiîènt quatrejoursà vivre: cependant
iJ eut alTez d'habileté ou de
bonheur pourlesguérir, & ellesfetrouverent
fi fécondés, qu'elles lui ont produit
une infinité d'enfans, de forteque
les trois fucreries qu'il avoit 5c quelques
autres habitations, étoient toutes
garnies de Nègres Creoles les plus
beaux de toute l'Me. Il avoit plufieurs
enfans,; l'aîné qui avoit £üt fes études
à Paris étoit Confeiller au Confeil, 6c
fans contredit uh des plus habiles. Il
n'eft pas croyable combien le pere & le
fils firent jofíer de refîbrts pour empêcher
que l'établiiîement de la nouvelle
Eglife ne fe fît fur leur terrein; ce fut
pourtant inutilement, le Gouverneur
General & l'Intendant approuvèrent
nôtre choix, & donnerejit ordre qu'on
travaillât inceiTamment aux bâtimens
de l'Eglife & du Pref bytere. On élût
Monfieur Monel le pejre pour premier
Mar-
Jjln du
Mm-
[iiur.
F R A N Ç O I S ES DE L'AMERIQ^UE. ij-»
Marguillicr de cette nouvelle Egl i fe, &; & par des foiTes p *—' o — — —O ' — our conferver les eaux
on lui fit fi bien entendre raifon, outre
qu'il étoit fort fage & fort pieux, qu'il
i6<j,]
de pluye pour les beftiaux , peut-être
même qu'on y pourroit creufer des puits
avec fuccès.
wuu^^^^i.v..,». uauniii-jiL Les cochons ne craignent point les lîs ode
l'Eglife & du Prefbytere, & s'af- ferpens, au contraire ils les pourfuivent'•'-^•""'î
fcdionna tellement aux Religieux qui & les mangent fans en recevoir de domont
ddlervi cette ParoiiTe, qu'on pou- mage. Le venin du ferpent quand ils pZ't tes
en font mordus , ne leur fait prefque/¿ri««,
point de mal , parce qu'il s'arrête &
demeure dans leur lard ou graifle, fans
pouvoir s'etendre plus loin ni faire autre
chofe que de corrompre les environs
de la morfure qui pouriflent , &
oublia bien tôt le chagrin qu'il avoit
eudecechoix.Il entreprit le bâtiment
voit dire qu'il en étoit le pere. Il avoit
foixante & douze ans dans ce tems-là,
c'eft-à-dire, en i5p4. jel 'ai laiiTé encore
plein de vie & de fanté en ijof.
fi fort & fi difpos, qu'il montoit à cheval
fans étrieyr s ,' r quoiq^ u'il ne vêquît la. IIIUIIUII- puuiiucni, Vi.preique que de chocolat avec du bif- font une efcare qui tombe. C'eft ceque
cuit; quelquefois un peu de potage 6c j'ai vû dans plufieurs cochons marons
devin, fiins viande ni autre chofe. Cet ou fauvages qu'on avoit tuez dans les
exemple eft une preuve de la bonté du bois, & même dans des cochons dochocolat
quand il eft pur, 6c qu'il n'eft meftiques. La nature toute feule les
point mélangé avec des épiceries 6c des guérit de cela 6c de bien d'autres malaodeurs
qui le gâtent en le rendant plus
agreable au goût 6c à l'odorat. J'en
parlerai plus amplement dans un autre
endroit.
Le Mercredi après midi nous allâmes
viflter nôtre Met. Un habitant du culde
lac de la Trinité y vouloir mettre
des cabrittes 6c des cochons, dont nous
partagerions le profit. Nous y avions
eu autrefois des Negres pour y cultiver
du manioc 6c du mil, 6c y élever du
menu bétail 6c des volailles; mais on
avoit été obligé de les retirer , parce
(lll'pranc tfr>r^ ^ ^ 1>U-Idies
fans le fecours des- Medecins ; en
cela mille fois plus heureux que les hommes,
qui avec toute leur raifon s'imaginent
ne pouvoir s'en pafler.
Nous partîmes du cul-de-fac Robert
le Jeudi deuxième Septembre après mid
i ; nous allâmes coucher chez Monfieur
Joyeux qui nous .traitta avec beaucoup
de generofité, 6c nous accompagna
le lendemain au cul-de-fac de la Trinité.
Nous avions paflela riviere des Gai- ¡^¡^¡^^^
lions dans un canot quand nous étions rf./ calqu'étant
trop éloignez de l'habitation , vveennuuss,, ô6c0n oschevauxdeiTellez 1 'avoient
1 s negligeoient le travail 6c qu'ils au- paflee à la nage, mais au retour Monloient
pu etre enlevez, foit par les An- fieur Joyeux nous la fit paiTer à e u é , en
g OIS avec qui on ctoit en guerre , foit faifant un aiTez grand-demi ceicie danspar
les t orbans. J en fis le tour, mais la mer , en fuivant un banc de fable qui
je n olai pas entrer bien avant dans les eft à fon embouchure où les chevaux
teu-es, parce w'il eft tout rempli de n'ont pas de l'eau jufqu'aux genoux
fci pens. La ®r e me parut bonne, 6c quand U mer ¿ f t 'ba/ fe^m^r jufqu' r i a
propre à tout ce qquu''oonn yy voudroit cul- felle- 6c fouvent par deiTus quand elle
tiver par deflus quand elle
quoiqu'il n'y ait ni ruilTeaux ni
fonni...' 'ti V' ^^ h'iute, ou qu'on fe trouve dans les
lontaines: il eft vrai qu'on peut reme- nouvelles ou pleines Lunes , ou dans
Tm^J P^"" des citernes les Equinoxes; car c'eft une erreur'de
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