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Ï74 NOUVEAUX VÔY
ï<3s)Ç. exlîortois de mon mieux. Nous ai'rivâmes
enfin à l'embarcadere du Potiche
où nous nous échouâmes bica
plus heureufement que nous n'oiions
efperer. Je pris du linge & un habit
Cec dans mon p a n i e r , j e fis laver
le refte de ma. dépouille dans la riviere
parce que tout étoit mouillé d'eau de
nier. Je montai chez MonfieurMichel
o ù j e f u s reçûà l'ordinaire. Ondonnaà
boire ^ à manger à ceux qui m'avoient
conduit, §cjelcs recompenfai largement
de leurs peines. J'appris que le
Père Rof î é moaConfrere ne comptoit
pas de me rendre ma Paroifle, 6c qu'il
s'en étoit expliquéainfi à plufieurs pcrlonnes.
Les voiiînsdeMonfieur Michel
aianc rçû que j'étois arrivé, me vinrent
v o i r , m'oiFrirent:de fiure figner une
Requêteà toute la Paroifle pourdàmander
à l'Intendant & au Gouverneur ge-«
neralque je fuiTe réintégré dans mon
pofte. Je ne crus pas devoir accepter
leurs offres, j e les remerciai de eur
bonne volonté, étant refolu de ne m'a,
drelTer qu'aux Supérieurs delaReligion,
perfuadé qu'ils me rendroient juilice.
J e foupai ôc couchai chez Monfieur
Michel.
L e Mardi 12 Juin il me donna un
ilarrive^^^^^^ Sc uiï Negre pour porter mon
àjhPii- piinier, & vint avec moi aq MacouKi.
roiffi iiu L,cs habitans qui demeuroient fur le
Macsu- chemin, m'accompagnerent, Se nous
vinimes tous mettre pied à terre au
Prel'bytere. Le Curé parut étonné de
p e voir arriver fi bien accompagné }
il m'a avoué depuis qu'il avoit crû d'abord
que je vcnois prendre pofleffion
de ma maifon de haute lutte, & le mettre
dehors. Après les complimens ordinaires
il me tifa à part , & me dit
qu'on n'avoit pas penfé que je dûiTe
revenir fi-tôt, qu'il n'eût pas quitté fa
Paroifle, s'il eut crû ne devoir pas de-
A G E S A U X ISLES
meurer plus long-tems dans celle où
il le trouvoit, qu'il ne la pouvoit ceder
fans un ordre exprès du Supérieur
& que comme il trouvoit fort jufte que
j e travaillafle pour y rentra" , il me
prioit d'agréer qu'il tâchât de s'y conserver,
puifqu'on lui avoit promis pofitivement
de l'y laifler, & de me contenter
d'une autre façon en cas que je
revinfli de la Guadeloupe. Je ne crûs
5as me devoir beaucoup expliquer avec
ui. Je lui dis feulement que j'étois venu
pour le voir, dire laMefl'e 8ccontinuer
mon voyage. lime pria de refter
à dîner, mais j e le remerciai. Je fus dire
la Mef lè, à la fin de laquelle la plûpart
de mes Paroifljcns me vinrent faluer, &
me dirent en fa prefence que j e n'avois
qu'à parler, 6c quedès le mêmejour ils
députeroient vers le Gouverneur general
6c l'Intendant pouf me faire rendre
ma Paroifle. Je les priai de n'en rien flùre,
6c comme je vis que ces offres mortifioient
mon Confrere, 6c qu'on pourroit
peut-être s'échauffer de part 6c d'aut
r ^ j e montai à,cheval 6c j e partis. Je
vis en paflant le Pere Breton 6c le Pere
Imbert, 6c j'arrivai au fond S. Jacques
à l'heure de dîner.
L e Pere CabaiTon nôtre Supérieur parut
furpris de me voir, il me demanda
des nouvelles delà Guadeloupe, 6c feignit
de n'avoir pas r e çû la lettre par laquelle
je lui mandois que ne voyant aucune
apparence de faire travailler au
canal, jem'en retournerois aufli-tôt que
j'aurois achevé ce que Monf ieur Auger
fouhaittoit de moi ; il me dit que ne
m'attendant pas fi-tôt, il avoit été
obligé de. donner ma ParoifTe au Pere
R o f i é , mais qu'il trouveroit le moyen
de me contenter. Je lui répondis que
fans mettre en ligne de compte les dépenfesi^
u'il fçavoit que j'a.vois faites pour
meubler la maifoii Curiale, j'efperois
qu'il
F U A N C O I S E S bÉ
i^A qu'il Te fouviendroit de la parole qu'il
m'avoit donnée, fur laquelle je croyois
devoir compter très-feurement. Le dîner
fe pafla fans plus parler de cette
affairé. Dès que nous fûmes lortis de
table, il emmena avec lui le Pere Chavagnac.
Je vis bien qu'il alloit confulter
fur ce qu'il avoit à faire pour fe tirer
d'embarras. Je me retirai dans une chambre
pour dire mon Bréviaire 6c me repofer.
Nous ne parlâmes point d'affaires
L ' A M E k Î Î l t J É . ty r
dès le lendeniain au Pere Rofié, afin
qu'il prît là-deflîis fes mefures comme
i le jugeroit à propos. Nous rentrâmes
dans la maifon auflî-tôt que j'eus
donné ma parole au Pere Chavagriac j
qui frappa à la porte du Pere Supérieur j
& lui fit paît de la réûiïïte de fa coinmiiÎiôn.
Celui-ci fortit avec ernptefle*
ment, m'embraiTa, me renouvella les
romeflcs qu'on venoit de me faire dè
a part, 8c m'aflurà que dans toutes lés
lóíí'í.
enfoupantj mais comme le Supérieur, otcafions'il feroit pour moi cequejè
fe fut tetiré dans fa chambre en fortant faifois pour lui dans celle-ci. Je me
de table , le Pere Chavagnac qui étoit chargeai auflî du foin de la Paroifle du
mon ami particuhefjmepritpar la maiii Marigot, parce que nous n'avions per-
6c me conduifit dans le jardin pour preii- fonne pour la remplir, 6c qu'étant fort
di'e le frais j il faifoit un beau clair de petite elle ne m'empécheroit pas de va-
Itme, 6c i l f çût fi bien me tourner que
quer à mes bàtimens. Le plus confideraole
je conféntis à demeurer avec lui au fond
étoit une pur^erie, c'efl:-à-dire une
S.Jacques jufques à ce que les bâtimens
qu'on étoit obligé de faire pour la fâbri^
lòTìgue gallerie oii l'oti porte les formeè
de fuere au fortir de la fucrerie pour les y
quedu fucre blanc, fuflent achevez ,ou travailler. Je réfolus de lui donner cent
du moins en état d'être continuez fans vingt pieds de longueur fur trente'^ dè '
mon aflifiance} 6c que cela étant fait, largeur, avec des appentis d'un côté de
je ferois maître de retourner à'ma Paroif- quinze pieds de large, 6c de mettre l'étufe,
Sequele Supérieur en donneront avis ve au bout des appentis.
C H A P I T R E XX V I I .
Dm Pommier des Ips. La maniere defâire les Canots. Dé la Chaux y du
Sable i du Maillon des T terres de taille.
| E Mercredi i j Juin, je pris
quelques Negres avec nioi ,
6c je fus dans les bois de nôtre
habitation chercher les arbres
qui feroient neceflâires
pour faire la charpente du bâtiment
pi'ojetté, 8c un canot pour aller chereher
la chaux. Le mauvais'étatde nôtre
temporel, nous obligeoit à mettre tout
en oeuvre pour épargner afin de pouvoir
fatisiîii're nos créanciers. Je ne trouvai
Joint d'arbre plus à la main pour faire
e canot dont j'avois befoin , qu'unpommier.
On l'appelle Cottonnier rouge
à S. Domingue 6c à la nouvelle Efpagne.
Je ne vois pas k raifon de ce
nom, car il ne porte ni cotton ni duvet,.
6c n'a rien qui approche des arbres- qui
portent du cotton de quelque efpece
qu'il foit.
L a feuille de cet arbre'eft toute fem- Pomblable
à celk du pommier d'Europe »»
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