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Ct NOUVEAUX VOY
quet qui connoiflbitik famille & fon men
t e I'avoit retirée chez elle pour lui tenir
compagnie, & l'aida- à reducation de
les enfans.
chm-ité -, On doit cette loiiange aux habitans
TÀst" ^^ ^^ Martinique, qu'il leroit difficile de
U Ma,: ajouter à la generofité, à l'empreiTethi^
uc. nient & à la charité qu'ils témoignèrent
pour fecourir les habitans de S. Chriftophle
& des autres Illes , dont les Anglois
s'étoient emparez. Chaque chef
de famille les prenoit chez foi, plûtôt
à proportion de fa charité que de fes
moyens, & aimoit mieux que ili famille
manquât fouvent du neceflàire , que
de voir fouiFrir ces pauvi'es exilez. On
fit pour eux une quête dans toute l'Iile
qui produifit près de cinquante mille
Francs qui auroient beaucoup foulagé
ces pauvres gens , avec les autres fecours
dont on les aiTiftoit, fi cet argent
ayoit été diilribué avec autant d'égalit
é que la juiiice le demandoit j mais
certaines familles furent fi bien partagées,
qu'il ne refta prefque rien pour
les autres qui le méritoient, & qui en
avoient un auffi grand befoin. De iorte
qu'on pouvoit dire avec autant de vérité
que du tems de l'Apôtre : Jlius
ijurit^ alias ehrius eft. J'en connois à
qui . la déroute , de Saint Chrillophle
a été très-avantageufe par le moyen de
ces abondantes aumônes , & qui peuvent
dire avec juftice ce qu'un Ancien
difoit autrefois : Nous étions perdus
fi. • nous n'avions fas été perdus. Dieu
veuille que la ledure de ces Mémoires
les faiîent rentrer en eux-mêmes,
& les obligent de reftituer aux pauvres
ee que leur adreiTe leur a enlevé de cette
i:haricé.
• Pour revenir aux Cacaos confits, je
priai Mademoifelle Marie-Anne, après
qu'on fut forti de table, de m'apprendre
commentane faifoit cett« confitu-
AGES AUX ISLES
r e , elle n'en fit aucune difficul tégc kî^^,
afin de me le iiùrc mieux comprendre,
elle me fit entrer dans l'office, où il y en
avoitqui n'étoienr pas encore achevées,
& dontellem'expliqualafa^on dclamaniere
qui fuit.
„ Le Cacao que l'on veut confire, àoit ALWÎJ
être cueilli quelque tems avant qu'il foit de
meur. On connoît la maturité de ce fruit
quand les coiîes qui le renferment commencent
à jaunir dans leur entre deuxj
on doit donc cueillir les coiTes quelques
jours avant qu'elles foient en état-de
jaunir.
Les amandes de Cacao étant cueilhes
dansjcet état, font blanches, tendres
, délicates j on les met tremper
dans l'eau douce & bien claire, & on
les change d'eau foir & matin pendant
cmq ou fix jours, enfuite on les larde
en cinq ou fix endroits avec de petits
lardons d'écorce de citron , & de ca-
' FRANCOISES DE L'AMERIQUE. RFJ
\i6ijn, laiiTé égoûter, on les plonge dans une m'en demander la permiffion, puifque rCi^jf.,
' baffine pleine d'un firop bien clarifié & j'étois leur pafteur, 6c que cette petite
f o r t d e f u c r e , & fur le champ on les foumiffion à l'Eglife mettroit leur confnelle
fort mince. On fait un firop du
plus beau fucre, mais fort clair , c'eftà
dire où il y ait peu de fucre, on les
met tremper pendant- vingt-quatre heures
, auffi-tôt qu'il eft hors du feu, où on
l'a purifié & clarifié. On les retire dece
firop au bout de vingt-quatre heures, &
pendant qu'ils égoûtent, on fait un autre
firop femblable au premier, mais un
peu plus fort de fucre, où on les laifle
«ncore vingt-quatre heures. On fait ce
manege pendant fix jours, augmentant
à chaque fois la quantité de fucre, fans
les mettre jamais fur le feu ni leur donner
d'autre cuilTon que celle qu'ils acquièrent
dans ces difiirents firops A la fin
on fait un firop de confiftance dans lequel
on met un peu d'elTence d'ambre,
de mufc, ou d'autres odeurs où
on les conferve pour s'en fervir au befoin.
C^and on les veut tirer au fee on
les ôte de leur firop, èc après les avoir
hiiïé
met dans une étuvc où ils prennent le
candi. .
, Cette confiture, comme on voit, demande
beaucoup de foin , & conlùme
beaucoup de fucre. Les confituriers des
nies en font très-rarement > &c à moins
d'un écu la livre , ils ne peuvent pas
l'entreprendre , ou la faire comme , il
faut.
• . L e Mercredi des Cendres j'en fis la
benediéton & la ceremonie dans mon
Eglife, je chantai laMelTe & jeprêchai.
Monfieur Dauville mon Marguillier me
pria à dîner. Je vins dire la Méfié à mon
cience en repos. Je les priai de m'envoyer
leurs Negres qui n'étoient pas
baptifez les Dimanches Se les Fêtes au
matin, afin que je pûflé leur faire une
inftruétion particulière avant le Catéchifme,
où je fouhaittois que leurs
enfans -, leurs engagez ou domefi;iqucs
-6c leurs Negres, ié trouvaflént avant
la grande Meflej & qu'à l'égard des
enfans qui fe difpofoient à la premiere
Communion, je leur ferois le Catéchifme
le Mardi & le Vendredi de chaque
femaine. C'eftla règle que j'ai toûjou'-s
obfervée pendant que j'ai été Curé. Je
Eglife les trois joure fuivans , & j'ache- les avertis enfuite que j'étois obligé de
vai pendant ce tems-là de prendre l'état m'abfenter pendant la plus grande
des ames de ma Pai'oifle, & de voir les parti.e d, e l, a f^e mai. ne pour aller au
Fort Royal rendre mes devoirs au Gouverneur
général, & que le Pere Breton
fuppleroit en mon abfence. Je finis en
les pi'iant de fe trouver à la maifon
Curiale après que l'Office feroit achevé,
pour quelques affaires que j'avoisà leur
propofer.
Tous les chefs de famille s'érànt
ailémblez au Presbytère, Monfieur Mide
enfans & les Negres qu'il falloir difpofer
à la premiere Communion & au Baptême.
Le Vendredi le Pere Breton vint dîner
chez mon hôte, il amena avec lui mon
Compagnon de voyage leP. Daf tez, que
le Supérieur general de nos Miffions
envoyoit au Fort Saint Pierre attendre
quelqu'occafion pour aller à la Miffion
S.Domingue, où il le deftinoit. Je chel Capitaine du (Quartier, leur reprele
retins avecfmoi, afin d'aller enfem- fenta la neceffité qu'il y avoit d'augble
à la BaiTe-terre, où j'étois obligé de menter le bâtiment du Presbytere, &
me trouver le Lundi fuivant.
Le Dimanche z8. Février, je me rendis
de grand matin : à mon Eglife, où
je confeiTai beaucoup dè monde, que je
communiai à la Mefie 'bafle que je dis,
les moyens de le faire fans beaucoup
de dépenfe. Tout le monde cpnfentit
à cette propofition, & fe cottifa felon
fes moyens, mais avec beaucoup de
generofité. Monfieur Dauville comme
laillant au Pere Daflez, felon la coûtu- Marguillier fut chargé du recouvreme,
l'honneur de chanter la MeiTe de ment de ce qu'on avoit promis, & de
Paroiilê_. Je prêchai après l'Evangile fur faire inceiTamment travailler aux planla
neceffité Scies qualitez du jeûne. ches, efiéntes & autres bois, dont ks
J'avertis que l'on pouvoit manger des Charpenrierslui donnèrent le mémoire,
oeufs, Se que ceux qui auroient befoin afin que tout fut prefb pour les Fêtes
de manger de la viande, après s'être de la Pentecôte, qui étoit le tems que
bien examinés devant Dieu, dévoient les deux Charpentiers qui demeuroient
daus
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