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Deux
Maçons,
Vxnui
des Negns.
«Gardie»
dis beffjuux.
3 i 8 NOUVEAUX VOY
pagnonavec lui, cela va fouvent jufqu'à
cent fols.
Quand on a une fois des ouvriers dans
une inaifon, c'eftun trefor qu'on ne fçauroit
t rop eilimer, & pour qu'il ne fe perde
pas, il faut avoir foin de leurs donner des
apprentifs, & leur faire de tems en tems
quelque gratification à proportion du travail
qu'ils f o n t , du de l'avancement qu'on
remarque dans ceux qu'ils inftruifent.
Il ne faut pas un ong difcours, pour
perfuader ungrosHabi tant ,qu' i l abefoin
de Maçons chez lui: il arrive tous les
jours tant d'accidens aux fourneaux, aux
chaudieres, & à d'autres endroits que
l'ons'épargne desdépenfes confiderables
lorfqu'on a des maçons chez foi, 6c quand
o n n'en a point à faire, on trouve toûjours
àlesloiier. Lemoins qu'ils puilTent
gagner c'ell cinquante fols par jour chacun
avec leur nourriture.
Il eft bon de diftinguer toujours les
Nègres ouvriers des autres, foit en leur
donnant plus de viande, foit en leur faiiant
quelque gratification. Rien ne les
anime davantage à chercher l'occafion
d^apprendre un métier. Tel qu'il puiiTe
ê t r e , il eil toujours d'une grande utilité
pour une maifon. Lesprofirsque font les
ouvriers, les attachent à leurs maîtres,
& leur donnent le moyen d'entretenir
leurs familles avec quelque forte d'éclat,
& le plaiiîr d'être au-defllis des autres
contente extrêmement la vanité dont ils
font très-bien pourvus. J'en ai vû qui
étoient fi fiers d'être Maçons ou Menuiiîers,
qu'ils affeétoient d'aller à l'Eglife
avec leur réglé & leur tablier.
O n doit mettre à la garde des beiliaux
un Negrefidclle, &qui aime ce métier.
Les Negres du Cap-Verd, de Sénégal,
Se de Gambie, y font les plus propres ,
nrce qu'ils ont chcz-eux quantité de
jeftiaux qu'ils regardent comme leur
principale richeiTe. Le Comiaandeur
A G E S AUX ISLES
blanc ou N^gr e doit les compter tout les i6<X>.
matins, avant qu'ils aillent paître, & le
foir quand on les fait rentrer dans le Parc.
Pour les moutons,les chevres ou cabrittes.
Ce font les petits enfans qui font chargez
du foin de es garder fous ladi redion du
Gardien du gros bétail.
On donne le foin des malades à quelque
NegreiTe fage & intelligente, qui les
ferve d i l igemment , qui aille chercher à la
cuifine ce dont ils ont befoin, qui tienne
les lits, Scl'infirmerie p ropre, & qui n'y
laifle entrer autre chofe que ce que le Chi -
rurgien a ordonné.C'eft une neceffité d'avoir
une infirmerie dans une Habitation :
outre que les malades y font mieux foignez,
& plus facilement que dans leurs
cafes i c'eft un moyen fur de diftinguer
ceux qui le font véritablement, de ceux
qui le contre-font, ou par pareÎTe, ou pour
faire quelque ouvrage dans leurs cafes.
Vingt-cinq perfonnes fuffifent pour couper
des Cannes, & entretenir un Moulin
à eau, & fix chaudiers, fur tout quand
on a un peu d'avance du jour precedent, eou/er
& que les Cannes font belles, nettes, Se Canbien
entretenues. Quand on n'a pas cette
avance,à caufe d'une Fêt e pendant laquelle
les Cannes coupées auroient pû fe gât
e r , onenvoyecouperdes Cannes depuis
le matin jufqu'à l'heure du déjeûné, à
tous ceux qui devoient travailler à la Sucrerie
, à la Purger ie, aux Fourneaux, au
Bois, &au Moulin, de forte qu'en moins
de deux heures on ait aiîez d'avance pour
mettre au Moulin, & avancer le travail
fans le diicontinuer. Comme c'eft le plus
aifé de tous les travaux, les femmes y font
autant d'ouvrage que les hommes.C'eft-là
principalement qu'on les employe , auiïïbien
qu'au fcrvice du Moulin, qui deshonoreroitles
hommes, s'ils y éroientem- P""'-
ployez. Je me fuis quelquefois fervi de 'ji"
ce moyen pour punir des Negres qui^^S"
éioient lâches Scparelleux. Je les f;ifois/e«Ar.
mettre
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 329
16^6. mettre à repailerlesbagaces, qui eft l'em- vent pas entrer aufervicedu Moul in, de
ploi qu'on donne à la plus foible des N e - la Sucrerie, ou desfourneaux, doivent
greflesqu'on employe au Moulin. Il n'y grater & grager le manioc qui doit être
avoitpomtde chagrin pareilau leur, ni cuit le j o u r fuivant. Une Negreife aiTiftéc
de prieres & de promeflès qu'ils ne me d'un enfant, ou de quelque infirme, pour
fatlent, pour être ôtez de ce travail qui paiTer le manioc par l'hebichet doivent
les Çouvroit de honte. rendre une barrique de farine par joui%
stx cm. Ahndenepas manquer de bois à b rû- c'eft-à-dire, environ deux barrils &demi.
C f' , mettre à profit les branches Et afin qu'il ne puifle y avoir de fraude
des arbres que les charpentiers ne met- fur cet article qui eft important & trèstent
point en oeuvre, il eft bon d'avoir tentatif, il faut que les boëtes à prefler
toujours cinq ou fix Negr e s dans le bois, foient toujours pleines, jufqu'à la marque
Ils en d o p e n t faire chacun une cabrouet- qu'on aura faite, après avoir remarque la
tee par jour . Lorfqu'ils font fix, on en quantité de manioc g raeé qu'elles doivent
met quatre a hacher, & deux à fendre, contenir pour faire une barrique de farine.
Autant qu il fe peut faire, il faut qu'ils II y a bien des Habitans qui fe fervent '
travaillent au voifinage des fcieurs de plûtôt d'unCommandeurNegr e que d'un j
long, afin que le m a u r e , ou le charpen- blanc. Sans entrer dans lesraifons d'écouer
voye plus facilement ce qu'ils font, nomie, je croi qu'ils font fort bien, Se
Uuand on a ce foin, on peut continuer à je m e n fuis toujours bien trouvé. Il faut
taire du Sucre pendant fept a huit mois, choifir pour cet emploi , un Negre fidefanscramdredemanquerdebois,
pourvu le, fage, qui entende bien le travail, qui
qu onaitfeulement uneavance de fix fe- foit a f f e a ionné , qui fâche fe faire o b é i ,
marnes avant de commencer à faire du 6c bien executer les ordres qu'il reço t
Sucre i parce que ces fix hommes rem- ce dernier point eft aifé à trouver • car il
fomme. Depuis 1 invention des nouveaux mandent avec plus d'empire, \ oui fe
fotirneaux on confomme beaucoup moins faifent mieux obéir que les NegSs^C'ef t
debois, &ainfi on pourra employer ces au Maître à veiller fur fes auTres nua S
lix hommes a d'autres ouvrages. Ces mê- tez. » «tuucs quaumes
coupeurs fervent encore à abatre & Le Commandeur doit être toujours
deblayerlesarbresquelecharpentierleur avec les N e g r e s , fans les abandonnTk
v a ? d e l'a Ê ^ p r e f i b ^ r t Î : -
. ^ d q u ' o n d o i v e a v o i r u n e b o n n e p r o .
une quantité de manioc fuffifante pour dans le boir, pou pouvoirXrau^af
fore une bamque defarine. Les Negres trel'étatdelèurtravail. C' e f t l ui^évî '
SclesNegreiTes qui ne font pas de garde 1er les Negr e s , & les faire affifter à la P r t
pendantlanuit, c'eft-à-dirc, qui nedpi - refoir&matin, ôcfaire, ou
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