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196 NOUVEAUX y o Y
i<jy6. deux bouts, environnée d'une ligne enfoncée
qui femble la vouloir partager
en deux dans fa longueur ou fon plus
grand diametre, & d'une autre qui coupe
à angles droits cette premiere , Se
partage en deux parties égales la longueur
de toute la coque. Cette coque
qui e i ldure, d'une médiocre épaiifeur,
grife, liiTe & fort vive, renferme une
amande de la même figure, couverte
d'une pellicule grife. Le dedans eil: trèsblanc,
6c de la coniîftence des amandes
ordinaires.
Dès qu'on fefent mordu, il fautcaffer
la coque pour en tirer l'amande, la
mâcher & appliquer le marc fur les
trous que les dents du ferpent ont fait,
& s'ils font éloignez, en mâcher deux
& les appliquer fur les trous, après en
avoir legerement fcarifié les environs.
O n enveloppe enfuite la partie bleiTée,
& au bout de deux heures, on leve l'appareil
6c on met un fécond cataplafme
mâché 6caccommodécommele premier.
C e marc fait élever de petites velîîes qui
font remplies du venin comme une eau
claire 6c roullàtre. On les perce pour
l'en faire fortir; 6c on applique ee même
cataplafme jufqu'à ce qu'il eeiîe de
faire élever des veffies. Pour l'ordinaire
il n'eft pas befoin d'un troiiîéme appareil.
On met fur les fcarifications un
emplâtre d'onguent rofat ou divin pour
refermer les petites bleifures, 6c on fe
trouveparfaitement guéri. J'ai vû l'experience
de ee que je viens d'écrire,
6c elle m'a été confirmée par tant de témoins
oculaires,, qu'il faudroit être un
Pirrhonien déclaré pour en douter.
J'ai dit dans ma premiere Partie qu'il
falloitempêcher dedorrair ceux qui ont
été piquez ou mordus des fcrpens. Le
remede que je donne ici exempte de ce
ibin, car cette amande mâchée par le
bklTélui excite un fi grand picottement
A G E S ; A U X .1 S L E S
dans la bouche, avec une fi abondante t<,î
fahvation, qu'il n'a pas le tems de fonger
à fermer les yeux. Le Negre queje
fis traiter avec cette amande, fut en état
de travailler au bout detrois jours. J'ai
goûté de cette amande, fa chair eft blanche
6c ferme, mais je doute qu'il y ait
rien au monde de plus amer 6c de plus
cuifant.
Voici un fruit qui n'eft pas fi defagréable
au goût que celui queje viens
de decnre, mais auffi qui n'eft pas d'une
fi grande utilité. La plante qui le pro- im,,
duit eft une lianne qu'on appelle Lianne c«»
à Concombre. l>ri.
Il y a peu de plantes de cette efpece
qui s'étendent autant que celle-ci. Elle
couvre en peu de tems par une infinité
de branchages tous les environs du lieu
où elle a pris racine. Sa feuille qui eil:
rude eft foutenuë par une queue velue
6c prefque partagée en deux, dont chaque
partie s'évafant jufqu'environ le
milieu de fa longueur, qui peut-être de
trois à quatre pouces, fe reiferre enfuite
6c finit en pointe. Sa fleur eft compof
é e d e cinq feuilles arrondies 6c courbées
parleur extrémité, qui forment un
calice rempli de petites étamines dont
l'extrémité eft ronde 6c rouge j les feuilles
font jaunes, marquetées de points
6c de lignes orangées. Ces fleurs ont
pour fuport un bouton qui eft le fruit
de la plante à laquelle il eft attaché par
une queue d'environ un pouce de longueur.
A mefure que le fruit croît, la
fleur fe flétrit 6c tombe. Ce fruit eft à
peu près de la groifeur d'un oeuf de pigeon
6c de la même figure. Il eftcoU'
vert d'une peau ou écorce fine 6c comme
verniffee, qui eft verte au commencement,
6c violette lorfqu'il eft meur,
t e dedans qui eft partagé en trois par»
ties par une efpece de zeft, eft rempli
d'une matieie tirant fur le verd, de la
COSli-
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 197
Tliiite
fiar lu
Jinx,
confiftence du dedans d'un concombre 6c
de même odeur 6c faveur. C'eft ce qui
a fait donner à cette plante le nom de
Lianne à Concombre. On trouve plufieurs
graines ou femences enveloppées
dans cette matiere. Ellesifont blanches,
tendres 6c de même goût qu'elle.
Onfe fert dans le befoin de ces fruits
pour mettre dans la foupc. On les confit
aufli avec le vinaigre 6c le fel comme les
cornichons} ils ont le même goùi 6c font
fort délicats.
Nous .avons dans toutes les Mes un arbriileau
qui eft admirable pour les maux
des yeux ; comme font les rougeurs, les
foib efl'es, les larmes, les rayes, lesbleffures
6c autres accidens.
Cet arbrifleau n'eft jamais guei'es de
plus de quatre pieds de hauteur, 6c d'un
pouce ou environ de diametre j il eft
couvert d'une écorce mince 6c verte j il
eft fpongieux 6c caifant dès qu'il eft fee.
Il poufle quantité de petites branches,
toutes chargées de feuilles d'environ
trois pôuces de longueur.lur un pouce
6c demi dans leur plus grande largeur,
terminées en pointe comme le fer d'une
pique. Elles font vertes par defllis, 6c
blanchâtres par deiTous. Elles font molaiTes,
coton nées, aiTez épaiflès ôc pleine
de fuc. Les queues qui les attachent aux
branches, font longues, bien nourries 6c
de couleur rouge.
L'extrémité des branches eft chargée
de grappes compofées de petits boutons,
qui en s'ouTrant produiiènt quatre feuilles
blanches, accompagnées de petites
étamines de même couleur, qui environnent
un piftis qui fe change enfin en
un fruit rond, de la groiîèur d'une grofeille.
La peau qui le couvre eft minee,
tendre, délicate 6c rouge, qui renferme
une fubftance aqueule de même couleur
que la peau, au milieu de laquelle
en trouve une petite graine noire 6c feche,
de figure ronde, de couleur grife
q u i contient une amande blanche ôcfarineufe.
Les fleurs 6c les fruits ne fervent à
rien. C'eft dans les feuilles qu'eft toute
la vertu de cette plante. On les pile pour
en exprimer le fuc, dont on introduit
une partie dans les yeux malades, 6c aprés
en avoir bien baigné le deflus &C les
environs, on les couvre avec une comprelTeimbibéedumêmefuc,
ce que l'on
réitéré le foir 6c le matin, ôc en trèspeu
de tems on a vû des tayes 6c d'autres
maux confiderables parfaitement
guéris.
Je ne croi pas devoir renvoyer plus
loin la defcription de quelques arbres
fruitiers de crainte de les oublier.
L e premier eft le Cahimitier. Il vient cahimde
la grofleur 6c de la hauteur des plus
grands Pommiers de Normandie. Rien
n'eft plus beau que cet arbre. Il eft pour
l'ordinaire fort bien faitj fes branches
bien partagées} fon écorce unie, liflê6c
point crevailée, brune 6c bien adhérante
au bois qui eft brun, franc 6c rempli
de beaucoup de feve. Ses feuilles longues
de trois à quatre pouces, 6c d'environ
deux pouces de large dans leur
plus grande argeur, finiiîént en pointe
par les deux bouts, font épaiflès 6c bien
nourries. Elles rendent un peu de laie
quand on les rompt. Le deifus eft d'un
verd vif 6c comme luftré ou vernifie ,
6cle deflbus peint deplufieurs couleurs,
ovi le jaune doré, le feuille-morte, l'aurore
6c le citron, font mêlez avec quelques
petites taches de couleur de feu,
ee qui fait le plus bel effet du monde.
Ses fleurs viennent par bouquets entre
les queues, les feuilles 6c le bois. Elles
font compofées de plufieurs boutons attachezàde
petites queues aurores. Chaque
bouten qui eft le fruit de l'arbre,
poufle à fon fommet une fleur double,
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