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 144  NOU  V E A U X  VOY  AGÈS  
 iC";6.  principaux  du  quartier  ,  qu'il  vouloit  
 entendre  &  accommoder  dans  un  lieu  
 neutre.  Il  ne  faut  pas  confondre  ce  
 quartier  avec  celui  de  l'Ulet  à  Goyaves, 
   qui  cft  à  la  balTe  terre,  ni  avec  la  
 A U X  ISLES  
 grande  riviere  à Goyaves  du  grand  culde 
 fac.  Ce  font  trois  endroits  difFerens  
 à  qui  l'abondance  des  arbres  de  cette  
 efpece  qu'on  y  a  trouvez,  à  fait  donner  
 le  même  nom.  
 C H A P I T R E  X  X  1 1  L  
 Vefcription  de  la  Cabejlerre-,  du  Marqtùfat  de  Sainte  Marte.  Projet  d'une  
 maifon  forte  pour  Monfieur  Houel.  VeGengembre-,  de fa  culture  &  de  fes  
 ifages-,  des  bots  marbrez  &  violets-,  de  la  Canelle  bâtarde.  
 5E  Jeudi  troifiémc  Mai  Monfieur  
 Auger  fit  de  grand  matin  
 larevûëde  Ja  Compagnie  
 de  cette  ParoiiTc.  Elle  étoit  
 d'environ  cinquante  hommes. 
   Elle  avoit  été  bien  plus  nombreufe, 
   car  ce  quartier  eft  fort  peuplé,  
 ilins  le grand  nombre  d'habitans,quipar  
 pique  contre  les  Officiers  d'Infanterie  
 s'étoient  mis  dans  la Compagnie  de Cavalerie. 
   Monfieur  Auger  parla  à  ceux  
 qui  étoient  en  differens,  &  leur  donna  
 jour  pour  fe  trouver  au  Fort  de  la  bafie  
 terre,  où  il  devoit  les  accommoder.  
 Nous  partîmes  fur  les  deux  heures  
 pour aller coucher  chezMonfieurHouel.  
 Les  deux  quartiers  depuis  Arnouvilic  
 juiqu'à  la  ravine  de  la  Briqueterie  oii  
 commence  le Marquifat  de  Sainte  Marie  
 ,  font  bien  peuplez Sc bien  cultivez.  
 E t  quoique  la  terre  y  foit  rouge,  elle  
 ne  lailîe  pas  d'être  bonne.  J1 y  a  quelques  
 fucreries,  mais le  principalncgpce  
 de  ces  habitans  étoit  le  gengembre.  Ils  
 font  auffi quantité  de  manioc,  de  legumes, 
   de  tabac  &  autres  denrées  ,  &  ils  
 élevent  un  très-grand  nombre  de  beftiaux  
 6c de  volailles.  Il  ne  manque  pas  
 d'eau  en tous  ces  quartiers  j  je  comptai  
 huit  rivieres  &  prefqu'autant  de  ravines  
 qui  donnent  de  l'eau  depuis  la  riviere  
 du  Coin,  jufqu'à  celle  de  Briqueterie,  
 qui  eft un efpace d'environ quatre  lieiies.  
 L'habitation  particulièredesMelîIeurs  
 de  BoiiTeret,  Confeigneurs  &  propriétaires  
 parindivis  delaGuadeloupe,  avec  
 Monfieur Houel ,  fut érigée  en  Marquifat  
 en  i(î...  fous  le  nom  de  S. Marie.  Il Uu^i  
 a  environ  une  lieiie  de  large  le  long  de f"''''.  
 la  mer,  &  toute  la  diftance  qu'il  y  a^j,^  
 depuis  le  bord  de  la merjufqu'auxgran- mm»  
 des montagnes  qui  feparent  laCabefterre  
 de  la  Bafie-terre,  qui  peut-être  de*®'  
 trois  lieiies  ou  environ.  Lorfque  ces  
 Mcffieurs  partagèrent  l'Ifle,  il  fut  ilipulé  
 entr'eux  qu'en  quelque  lot  que  ce  
 Marquifat  tombât,  il  reftcroit à fes premiers  
 maîtres,  avec  tous fes  droits  Seigneuriaux, 
   fuis  aucune  dépendance  de  
 celui  dans  le  partage  duquel  il  fe  trouveroit. 
   Ainfi  en  ont  joiii  Meffieurs de  
 Boiiîéret  ,  quoique  leur  Marquifu  fe  
 foit  trouvé  dans  le  partage  de  Monfieur  
 Houel.  
 On  y  voit  encore  Içs  ruines  d'une  
 cfpece  de  maifon  Seigneuriale  ou  de  
 château  ,  qui  felon  les  apparences  n'a  
 jamais  été  achevé,  Ce  qui  marque  la  
 grandeur  &  la  magnificence  du  maître  
 qui  le  pofl'edoit,  ce  font  de  grandes  
 allées  de  poiriers  qui  traverfent  cette  
 terre,  non  feulement  le  long  du  grand  
 chemin,  
 kl " :  
 F R A N C O I S E S  
 iijiS.  chemin,  mais  encore  qui  partagent  en  
 plufieurs  grands  quarrez  toutes  les  terres  
 qui  étoient  employées  en  cannes  ,  
 en  maniocs,  entabacSc  enfavanes,  autourdefquelles  
 on  pouvoitfe  promener  
 en  caroiTe à couvert  du foleil.  Il y  avoit  
 un  moulin  à eau  &une  fucrerie dont  on  
 voit encore les murailles,  &  qu'on  rétabliroit  
 à  peu  de  frais  fi  les  héritiers  
 de Monfieur deBoifieret s'accordoient  à  
 vendre  cette Seigneurie  à un  feul ; mais  
 comme  ils  veulent  être  tous  Marquis,  
 ils  déchirent  chacun  un  petit  morceau  
 du  titre  pour  s'en  parer,  pendant  que  
 l'eilenciel  demeure  en  friche.  Il  y  a un  
 étang  dont  la  chauffée  &  les  environs  
 font  couverts  de  Poiriers.  La  quantité  
 de  ces  arbres  plantez  a  la  ligne,  &  qui  
 étoient  entretenus  avec  beaucoup  de  
 foin,  dans  le  tems  que  les  Seigneurs  y  
 refidoient,  fait  que  le  vulgaire  appelle  
 cette  terre  les  Poiriers,  plûtôt  que  le  
 Marquifat  de  Sainte  Marie.  
 iihis  Les  arbres  qu'on  appelle  Poiriers  ne  
 ilfilkz portent  aucun  fruit.  On  leur  a  donné  
 'mirs  
 ce nom,  parce  que leurs  feuilles  approchent  
 beaucoup  de  celles  des  poiriers  
 d'Europe pour  la  figure,  excepté feulement  
 qu'e  les lesfurpafient  en  longueur,  
 largeur  &  épaiflèur.  Les  fleurs  qu'ils  
 portent  tousles  ans,  font  d'un  violet  
 clair  tirant  fur  la  couleurde  chair j  elles  
 fontcompofées  de  cinq  feuilles étroites  
 par le bas,  quis'élargiflent&s'épanoùiffent  
 en forme de calice)  elles font minces  
 & de peu de durée.L'écorce du poirier eil:  
 blanche & fort tailladée.  Le  bois eft gris,  
 liant,  franc  8c aifé  à  mettre  en  oeuvre.  
 On  s'en  fert  à  faire  des jantes  de  roiies.  
 Quand  on  le  met en planches,  il  prend,  
 fort bien  le poli.  Il  eft  très-bon  pour  la  
 Sculpture,  parce  qu'il  eft  plein  &  fore  
 doux.  Cet  arbre  devient  fort  grand  &  
 î6u6.  
 D E  L'AMERIQ^UÉ.  I4 r  
 mieux que bien  d'autres  arbres  qui  font  
 gros & qui paroifl'ent plus forts que  lui.  
 Il  y  a  un  bon  moiiillage  depuis  les  PirtJc  
 mafurés  du  Château  jufqu'au  de-là  de  
 l'embouchure  delà  riviere.Deux  grands  
 rochers  à  fleur  d'eau  qui  en  font  éloignez  
 d'un  demi  quart  de  lieuë,  appeliez  
 l'Homme &  la F emme ,  rompent  la  
 violence  de  la mer ,  &  font  que  les vaiffeaux  
 peuvent  être  en  feureté  dans  cet  
 cndroit-là,  qu'il  feroit  très  aifé  de  fortifier, 
   &  d'en  faire  un  Port  excellent  
 pour toute la Cabefterre,  &  cela  même  
 à  peu  de  frais ,  parce  que  la  chaux  eft  
 en  abondance  dans  ces  quartiers,  auffibien  
 que la terre  pour  faire  des  briques,  
 &,que  laBaiTe-terre  peutfournir  du  ciment  
 rouge  tant qu'on  en pourroit  avoir  
 befoin,  &  au  de-là.  J'ai  découvert  depuis  
 que  ce  ciment  rouge  étoit  la  veritable  
 Pouflblane  telle  qu'on  la  trouve  
 au Royaume  de Naples  &  en  beaucoup  
 d'endroits  d'Italie.  Je fus avec Monfieur  Defein  
 Auger  vifiter  &  mefurer  ces  rochers  Scpni-le  
 les  baiTes  qui  les  environnent,  &  les  
 pafles qui  font entr'eux &  la terre.  Nous  
 remarquâmes  fur  tous  les  deux  un  endroit  
 plus  élevé  que  le  refte ,  8c  qui  
 n'eft  fous  l'eau quedans  les grandes  marées  
 des  Equinoxes,  à  ce  que  nous  dirent  
 des habitans  de  ces quartiers-là,  affez  
 fpacieuxpoury  bâtir fur  chacun  une  
 tour  de  fept  à  huit  toiies  de  diametre,  
 capables  de  contenir  aflez  de  canon  Sç  
 de  monde  pour  défendre  le  Port.  
 En  attendant  que  cela  fe  piit  exécut 
 e r ,  Monfieur  Auger  ordonna  de  réparer  
 une  batterie  de trois  pieces  qui  étoit  
 derriere  le  Chateau >  &  que  quelques  
 habitans  la  plupart  Mulâtres  ou  Negres  
 hbres  qui  fiiifoient  valoir  quelques  
 morceaux  de  terre  du  Marquifat,  fc  
 joindroient  aux  domeftiquesSc  aux  Nefort  
 branchu,  &  comme  il  eft  fouple,  gres  du  Marquis  de  Boifleret,  un  des  
 il  refifte aux  coups  de  vent  beaucoup  Seigneurs  de  cette  terre,  ,qui  les  y  a- 
 Tom.  IL  V.  voit  
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