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Rocou; on n'avoit point encore cultivé
le Cacao : le Gengcmbre, le Coton
, & l'Indigo ne failpient que d'y
paroître: le Tabac étoic la feule marchandife
à laquelleon s'appliqiioic. Auffi
_cft-ce celle que le P. du Tertre a décrite
plus-exactemenr. Mais comme il
s'en faut bien qu'il n'ait tout vû par
Jui-méme, il a écrit bien des choies fur
le rapport d'autrui, & s'ell: trompé
dans celles-là.
L e lîeur Bict, Prêtre, qui a pris
Ja peine de nous donner l'Hiftoire de
fon Voyage à Cayenne fous le nom
à^HiJîoire de la France Equinoxiale, in
40. imprimée à Paris en 166^. n'a point
du tout rempli l'idée qu'on pouvoir
avoir de fon Ouvrage par le titre qu'il
lui a donné. Il fait connoître qu'il n'avoit
rien vû à Cayenne, encoremoins
à la Martinique où il ne mit pas pied
à terre, & qu'il n'a employé le peu
qu'il a demeuré malade à la Guadeloup
e , qu'à écouter les calomnies dont
certaines perfonnes étoient bien aifes
qu'il remplît l'Ouvrage qu'il méditoir,
afin de les faire débiter en France, &
qu'on y ajoûtât foi , parce qu'elles venoient
d'un homme que fon caraftere
rcndoit refpeâable.
L e Miniilre Rochefort, qui n'a jamais
vû les liles de l'Ameriquequepar
les yeux d'autrui, n'a pas laiiTé d'en
écrire i'Hiftoire in 40. imprimée en
Hollande en 16 f p. qui feroit aiTezfupportable
, puifqu'il a copié le P. du
Tertre; mais il a entièrement gâté fa
narration çar fes defcriptions tout-àfait
éloignées de la vérité, dans la vûë
de rendre les chofes plus agréables, 6c
de mieux cacher fon larcin.
L e Voyage de M . de la Barre, Lieutenant
General des liles', imprimé à
Paris in 12. en 16... eft plutôt un Factum
contre M. de Clodoré, Gouver-
F A C E.
neur de la Martinique, qu'une Relation
exafte £c fincere de ce qui s'y eil
paiîé } & il j'étois d'humeur à prendre
parti dans ces vieilles querelles, j'ai entre
les mains des Notes que M. de Clodoré
a écrites fur le quatrième Tome
du P. du Tertre, par lefquelles il répond
très-bien & très - vivement à ce
que M. de la Barre avoir avancé dans
fa Relation. ,
Nous avons encore quantité de gens
qui paiTant par nos Ifles fans prefquey
mettre pied à terre, n'ont pas laifle
d'en donner des defcriptions. D'autres
ont été plus loin; ils les ont décrites
fins les avoir vues, &ont travailléfur
des Mémoires fi vieux, fi peu exaiSbs,
pour ne pas dire quelque chofe de pis,
qu'ils ont fait autant de chutes que de
pas, & débité autant de fiuiTetez qu'ils
ont écrit de lignes. C'eft ce qu'on remarque
dans tous ces Ecrivains qui voyagent
fans fortir de leurs maifons, ou '
qui veulent nous faire connoître à fond
un Pais , dont à peine ils ont apperçû
de loin quelque petite partie.
L e fieur Durretqui vient de publier
un Voyage de Marfeille à L ima, imprime
à Paris chez Coignard en 1720.
in 12. fe reconnoîtra aifément dans ce
tableau. Comme il eft trop connu pour
bazarder de dire qu'il a fait le voyage
en perfonne, il fe cache fous le nom
du lîommé Bachelier Chirurgien de
Bourg en BreiTe, qu'il fuppofe avoir
fait ce voyage en 1707. dans le VaiiTcau
le S. Jean-Baptifie de Marfeille, commandé
par le Sr. Doublet, & à qui il
veut qu'on ait l'obligation du fond de
la Relation, ne fe refervant pour lui
que la gloire d'en avoir adouci & poli
le ftile, & d'y avoir ajouté des Notes
qui doivent la faire regarder comme un
Ouvrage tout nouveau, fans pourtant
que les Notes & les changemens qu'il
M
Vréfac.
dnVoyade
Marfeille
Lima,
p. 9.
Préface
Î^i-
Tteuxil
me Partie,
M S 8 .
Deuxième
Partic,
fag.
Z-J.
R E F A C E. ii j
y a faits, regardent les faits rapportez
par l'Auteur, parce qu'il fe feroit un
"crapule de toucher au fond de fa Relation.
Il auroit été à fouhaiter que lui ou
Bachelier euiTent eu le fcrupule de ne
pas toucher à celle du P. Feiiillée, Minime,
Botanifte & Aftronome célébré,
qui nous a donné le voyage qu'il a fait
de Marfeille au Pérou dans le même-
VaiiTeau & la même année; ou s'il ne
pouvoir point faire autrement, le copier
fidelemenr, & il ne feroit pas tombé
dans une infinité de bevûës & de contradiétions
qu'on trouve à chaque ligpe.
Il devoir ne quitter jamais un fi bon
guide, & fe contenter de nous'donner
en abrégé le Voyage de ce Pere, dépoiiillé
de fesObfervations Aftronomiques,
dont bien des gens ne font pas
capables, fans le gâter, comme il a
fait, par ce qu'il y a mis du fien. L'Auteur
prétendu a trop de bonne foi, &
feroit trop aifément convaincu de menfonge,
s'il ofoit avancer qu'il a pene-
' tré dans le Mexique. Son voyage s'eft
terminé à L ima , & c'eft de Lima qu'il
eft revenu en France à droiture, ians
avoir touché aux liles de l'Amerique,
6c encore moins à Madagafcar, dont
il ne laifie pas de nous donner une affez
longue defcription (graces à M . de
Flacourt, qu'il ne cite pas) qui vient
à fon Ouvrage aulîî apropos, que ce
qu'il nous dit de l'Inquifition & de
l ' A a e de Foi que ce Tribunal fit faire
à Madrid pour la réjoiiiiTance du Mariage
de Charles II. avec Mademoifelle
d'Orléans. Mais M. Durret vouloir
écrire & faire un gros volume, Se il
falloir pour cela qu'il le farcît de tour
ce qu'i avoit lû dans Herrera, dans
Acofta, dans la V e g a , DomBarthelemi
de las Cafas, Mariana, Sandoval,
ThomasGa^e, Samfoa, du Val,Rob-
be, le Maire, fans oublier Antoine de
Solis, & fon Tradufteur} ce qui fe- Préface
Ion lui n'empêche pas qu'on ne trouve î-ag. 11,
dans fon Ouvrage des chofes nouvelles
qu'on ne trouve point dans les autres:
6c en cela il a raifon, car on ne trouvera
>5
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dans aucun Auteur de bon fens,
comme font ceux qu'il a citez, ni dans
ceux qu'il n'a garde de citer : Que
les Cocos pendent aux Arbres com- t^S- 50'
me de grofles Perles, dont la coque
qui n'a pas plus d'un pouce d'épaiffeur,
ne laiiTe pas de fournir de quoi
raifafier deux perfonnes: Que les
Caleballes de Darien font peintes 6c
fort eftimées des Efpagnols : Que les f i - 53-
„ Indiens ont une racine appellée Caf-
„ fava, qui reifemble ailez à des Pa-
„ naisj mais qu'il y en a de deux ef-
„ peces5runedouce,ôc l'autrevenimeufe
'î qu'ils ratifient la douce 6c la
mangent de même que les Potates}
8c qu'à.l'égard de la venimeufe, ils
la prefientj & après en avoir fait
fortir le jus qui eft fort dangereux,
ils râpent une partie de ce qui refte, î®*
5 5
5 5
j, & la reduifent en poudre; ils font
5, une pâte de l'autre, qu'ils étendent
„ fur une pierre fous laquelle il y a du
„ feu; ils jettent enfuite de cette pou-
„ dre fur la pierre, qui venant à s'é-
„ chauffer, cuit la pâte qui eft ferme
55 6c br-une: ils la pendent enfuite fur
„ les maifons 6c fur les hayes, pour la
5, faire fecher. On s'en ferr commu-
„ nément au lieu de pain à la Jamaïque
6c dans les autres Ifles Occiden-
„ talcs. Voilà afllûrément une defcription
toute nouvelle du Manioc 6c delà
manière de faire la Caflave. Mais ce
lï'eft encore rien. M. Durret a bien
d'autres chofes nouvelles à nous direj
par exemple, quand on eft arrivé aux
petites Ifles qui font tout auprès du Porc
de l'Ifle de Cayenne qui eft par les cinq
* * i de-