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 N  O  U  V  E  A  U  X  V  O  Y  Ä G ' E  S  A  U  X  I  S  L  E  S  
 ce  qu'on  ne  trouve- pas dans un  tèmps,  
 fe  prefentefouvent  de  lui-même dans un  
 autre;  que  les graines,  les plantes  Scies  
 arbres  qui ne réûififlent pas dans une  terre, 
   fontfouventmerveil edans  unterrain  
 tout  voifin.  Lafaifon,  la difpofition du  
 temps,  les accidens  im prevûs,  ou  irrémédiables, 
   5c beaucou  p d'autres  circonftanccs  
 contribuent  infiniment  à  taire  
 réiiinr  ou  écheoir  les entreprifes qui paroiiToient  
 les mieux'  concertées.  Mais la  
 patience,  la vigilance, le travail Scies reflexions  
 font  furmonter  toutes fortes  de  
 difficultez  telles  qu'elles  puiffen.t  être.  
 C'eft beaucoup demander à nos  Français  
 de PAmerique}  mais  il  faut  efperer que  
 leur  intereft  les  aidera à  vaincre  la repugnance  
 qu'ils ont pour  le travail,  fur tout  
 quand  il  ell  un  peu  de  longue  haleine.  
 Des  Marchandifes  propres  peur  les  Ifles^  
 y  fur  le/quelles  il y  a  un profit  confide'  
 rahle  à  faire.  
 AL'égard  des  Marchandifes  qu'on  
 peut  porter d'Europe  auxUles,  il  
 faut fe  perfuader que  tout  ce qui fe confomme  
 parla  bouche,  eft d'un debit infini, 
   que quelque quantité qu'on en  porte, 
   on  n'en  a  jamais  rien  rapporté,  &  
 que quand les chofes ont  été  bonnes,  les  
 Marchands  y  ont  toûjours  fait  un  pi ofit  
 raifonnable,  6c ordinairement  très-conilderable. 
   
 Je  mets  fous  le  titre  de  Marchandifes  
 qui  fe  confomment  par  la  bouche,  le  
 BoeufScleLard,  les Farines,  toutes fortes  
 de  Poiilbn  falé,  les  Jambons,  les  
 Langues  de  Boeuf  &  de  Cochon,  les  
 SaucilTons  de  France  &  d'Italie,  toutes  
 fortes  de  Fromages  tant  François  qu'Etrangers  
 ,  les fruits fees de toute  efpece,  
 les Huiles  d'Olive  &à  brûler,  le Beurre  
 &  autres  pioviiions  de  ce  genre j  la  
 Cire  
 5 f 4  
 Il  n'y  a  pas  long-temps  qilé  les  Marons  
 &  les  Châtaignes  étoient  inconnus  
 dans  le  Nord.  Un  Marchand Limofin  
 l'avifa  d'en  porter  pour  cent  écus  à  la  
 Foire  de.  Bordeaux  j  Se  il  les  vendit  
 d'abord  fi  avantageufement,  qu'il  en  fit  
 venir  en toute  diligence une aflèz  grandê  
 quantité qu'il vendit encore mieux : ce qui  
 a  toûjours  continué  depuis  ce temps-là,  
 Se  a donné un débouchement  fi  confiderable  
 à  ces  fruits,  que  ce  qu'on  regardoit  
 avant  ce temps-  à comme  unebagatelle, 
   cft  devenu  le  fond  d'un  très-bon  
 Commerce  Se  très-avantageux  pour  les  
 Provinces  où  l'on  cultive  les  Châtai^  
 gniers.  Ils viendroient  en  perfeiSlionaux  
 Iflesi  5c comme  ils n'y feroient pas fujets  
 à  la  gelée,  comme en France,  ils  pourroient  
 fuppléer  quand  les  autres  manqueroient. 
   On  peut  raifonner  de  même  
 d'une  infinité  de  chofes que  l'on peut  tirer  
 de ces heureufes Se fertiles  terres.  
 Mais  il  faut  que je  donne  un  avertiffement  
 à  ceux  qui  voudront  commencer  
 les  épreuves.  Se é'tablir  les Manufaftures  
 dont  j'ai  parlé  dans  tout cet article Sc  
 dans les  autres  endroits de  cet  Ouvrage,  
 c'eft de  fe  fouvenir  que  les  commencemens  
 font  toûjours  rudes  Se  difficiles-,  
 &  que  comme  il  a fallu beaucoup de patience  
 ,  de  dépenfe ,  de  tems,  de foin 8c  
 (Je travail,  pour porteries Manufactures,  
 les Arts,  les  Sciences,  Se le  Commerce  
 au  point  de perfe«5tion où nous les voyons  
 aujourd'hui  en  France,  il  faiut  auffi  
 qu'ils  s'attendent  aux  contretemps  que  
 les  premiers  inventeurs  des  chofes  ont  
 éprouvez. Mais ils doivent à leur exemple  
 ne fe point  rebuter  pour  les  difficultez  
 qu'ils  pourront  rencontrer:  ils  doivent  
 tenter  difîerentesvoyes,  employerdifferens  
 moyens,  travailler  fans  relâche  8c  
 avec  courage,  jufqu'à  ce  qu'ils  foient  
 parvenus  au  but qu'ils fe fontpropofé.  
 Mille  experiences nous ont  appris  que  
 F  R  A  N  e  O  I.S  E  I>E  t.'A  M  E  R^I  Q^J  E.  
 Cire  Se  la  Chandelle j  les  Vins  Fran-i  
 çois  Se  Etrangers  les  Eaux-de-Vie  ,  
 les  Liqueurs,  Se generalemenc  tout  ce  
 qui  peut  flater  le  goût,  &  fervir  à.la  
 bonne  chere  Se  aux  plaifirs  de jla  tST  
 ble.  Après  quoi  on  ne ^oi t  pas  oublier  
 les remedes de  quelquenàturequ'ilspuif*  
 "fent  être,  bons,  mauvais,  ou  inutiles.  
 Nos  Efculapes qui les achètent,  ont foin  
 de  s'en  défaire  à  un  prix  d'autant  plus  
 haut,  qu'ils  font moins  connus :  ils  en  
 if  S  
 ;  Les  meilleurs  lards viennent  de la Rochelle  
 auffi  bien  que  les  farines.  Les  
 Marchands  ¡de [cette  Ville  font  accoramodans, 
   ÔCon s'çft toûjoursloiié de leur  
 .droiture,,  de  leur  fide  lité,  ôe  de  leuïs  
 manieres.  Les,Normands  y ont  fait tout  
 Je Commerce  pendant  un grand  nombre  
 ,-d'années.  Se  on  peut  dire,  que  ce  font  
 eux qui ont peuplé les liles,  de forte qu'il  
 y  a  très-peu  de  familles  qui  ne  foient  
 .Normandes,  ou  defcenduës d'autres  fafçavent  
 fur  ce  chapitre  autant  pour  le  milles  Norniandesi  de-là  on  doit  conmoins  
 que  les Apotiquaires  de  Paris.  dure  que  nos  Infulaires  ne  manquent  
 Le Boeuf  falé d'Irlande  eftleplusefti-  nid'cfprit,  ni  d'adreiTe,  Se que  les  uns  
 mé.  Se  avec  raifonj  car  il  eft  certain  ^  les autres, ç'eft-à-dire,  les Marchands  
 qu'il  eft  toûjours  le  meilleur ,  le  plus  qui  viennent  de  ce païs-là  Se nos  Habigras, 
   le  plus  defoffé.  Se  le  moins  fu-  tans  n'ont  pas  oublié  la  fimplicité  natulet  
 .aux  friponneries,  pourvû  qu'il  n'ait  jelle  à leur  Nation.  C'eftunplaifirdeles  
 point  été  refait dans un cemin  Port  que  voir  traiter enfemble,  les Peuples  moins  
 la  charité  m'empêche  de  nommer,  où  .ruiez  y trouyent infiniment  à profiter,  
 l'on en eft venu jufqu'àcet  excès,  de met-  Les meilleurs.ferremens comme  haches,  
 tre dans les Barils des têtes de Boeuf toutes  .ferpes,  hoiies,  toute  forte de fer^travailentieres  
 avec  les jambes  Se  les  pieds.  Se  lé.  Scies armes  viennent de Diep*pe.  La  
 même  au  lieu  de  Boeuf,  de  la  chair  de  poudre  qu'on  appelle  mal-à-propos  de  
 Cheval  avec  les pieds encore  tous  ferrez.  
 •  Les Marchands  ont  allez  foin de faire  
 vifiter  les Sucres  qu'ils  reçoivent.  Se de  
 faire faire des Procès  verbaux,  quand  ils  
 y trouvent  quelque  défiiut j  la condition  
 devroit  être  égale,  Se  les  Intendans  
 Se Juges  qui  font  fûr les  lieux devroient  
 veiller  plus  qu'ils  ne  font  furies malverfations  
 des Marchands,  les  en  punir  feverement, 
   afin que  leur exemple  retînt  
 Cherbourg,  car  on  n'y en a jamais  fair,  
 a  toûjours  paiTée  pour  la  meilleure,  Sc  
 a  étélong-tems  l'unique dont nos Boucaniers  
 fe iervoient.  Les  Normands  portent  
 encoreaux Mes des toiles Sc des dentelles  
 de  toute efpece, des chapeaux,  des  
 ouvrages  d'ivoire,  des draps,  Se comme  
 ils  font  voifins  de Paris,  quieftlafourcç  
 intariiTable  des  modes,  ils  font  auffi  
 toûjours  les premiers,  ou du moins  ils le  
 peuvent ê t re,  qui en portent l'ufage dans  
 leurs  femblables dans  le  devoir.  On  me  
 pardonnera  bien  ce  petit  avis :  car  puif-  nos  Ifles.  
 que  j'ai  eu  foin  d'enfeigner  aux  Mar-  Les  meilleurs  vins  François  viennent  
 chands  à  connoître  les  défauts des  marchandifes  
 des  Ifles,  il me  femble  qu'il  
 cft jufte d'empêcher que  lesHabitans  ne  
 foient  trompez  dans  celles  qu'ils  ache  
 de  Bordeaux  Se des  environs.  On  fçait  
 que  tous  les  vins  qu'on  charge  à  Bordeaux  
 ,  ne font pas des  vins de Grave  où  
 de Gravier,  Se  qu'il  y  en  a  infiniment  
 tent,  Se  l'unique  moyen  pour cela  eft la  davantage qui font de Palus, c'eft- à-dire  
 vifite des marchandifes  avec  la  confifca-  de ces endroits  bas Se gras,  qui  donnent  
 tion  &  1 amende  quand elles  fe trouvent  des vins épais  Se durs,  fi  recherchez  des  
 defeaueufes.  .  peupks  du Nord.  C'eft à  ceux  qui  les  
 ,  Zz  i  ache-