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N O U V E A U X V O Y A G E S A U X I S L E S
autrefois d'une roiie à palettes dont
. l'effieu ctoit pofé fur le milieu de la ^liiniere o i » • i
dchaitre^^'^^f ^ ^ rcinuoit p;ir le moyen
l'indigo, de deux manivelles qui étoient au bout
du même eiTieu. Au lieu de palettes on
y a mis enfuite de petits caiflbns fans
tond, & après cela d'autres dont les
fonds étoient percez de trous detarierci
à prefent on fe fert d'une efpece de
fceaux allez grands attachez à de fortes
•»erches pofécs fur des chandeliers par
e moyen defquels les Negres élevent
l'eau, la battent ôc la remuent violem-
- ment & continuellement, jufqu'à ce que
les fels 6c autres parties de la fubftance
delà plante fe foient unis enfemble, Se
comme coagulez fuffifamment pour
fliire corps. C'eft à prendre ce moment
bien juile que l'on reconnoiftlafcience
del'Indigotier, c'ell:-à-dire de celui qui
•En cuoi 'conduit le travail iie l'Indigoterie. Car
tonfifle s'il fait ceiîèr de battre un peu trop tôt
ie o JiiaiLLVlltl ut UilLLIC un peu Liup LUL,
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Ujckn- le grain qui n'eft pas encore formé derépandu
dans l'eau fiîns couler &
gotUr. s'araailer au fond de la cuve, & fe perd
avec l'eau quand on eft oblige de la lâcher,
ce quicaufe une perte confiderable
au propriétaire ; ou, fi étant formé on
continue de labattre, on le dilTont, & on
tombe dans le même inconvenient. Il
fautdonc prendre ce moment, & auffi-
•tôt qu'jon l'a trouvé il faut cefler de
battre, & lailTerrepoferla matiere.
On fe fert pour le trouver d'une petiîe
taiTe d'argent deftinée uniquement à
cet ufage; on la remplit de.cette eau
: rendant que les Negres la battent, & fe-
. on que l'on remarque que la feculë fe
précipite au fond de la taiTe, ou qu'elle
demeure répandue, onceiîe, ou on continue
de battre.
Le -^Diaionnaire general imprimé à
À:i Pire Trévoux,rapportefortferieufement fur
Plumier la bonne foi du Pere Plumier Minime,
i-^ppr- l'Indigotier ayant pris de l'eau de
la batterie dans fa taiîe, crache dedans,
£c que fi l'Indigoeftformé, la feculefc
précipite aaflî- tôt au fond de la taiTe, & \
pour lors il fait cefler le travail de la bat- ;
terie, fmon il le fait continuer. Ce n'eft
pas dans cette feule rencontre qu'on a,
abufé de la crédulité & de laiîmplicité
du Pere Plumier. J'en ai été témoin
dans d'autres occafions, & peut être en
dirai-je quelques-unes dans la fuite de
ces Mémoires. C'eft à quoi s'expofent
ceux qui veulent faire des Relations d'un
pays qu'ils ne voyent qu'en paflant &
comme en courant. Ils s'adreflent fou^
vent à des gens peu inftruitsde ce qu'ils
veulent fçavoir, & qui aiment mieux leur
dire une fottife quede pafîer pour ignorans
j & encore plus fouvent ils tombent
entre les mains de certains raiL
leurs de profeffion dont les liles font
aflezbien pourvûes, qui fe font un plaifif
de leur en donner à garder afin de les
tourner en ridicules quand l'occafion
s'en prefente. Je n'ai gueres connu
d'homme plus aifé à tromper que ce
bon Religieux. Il avoit un talent mer^
veilleux pourdeffigner les plantes, &il
étoit en état de faire des ouvrages ar
chevez dans ce genre-là s'il s'y fut renr
fermé, mais ilelt tombé dans uneinfinité
de bévûës pour avoir voulu^'ijrtir de
faiphere, dont celle que je remarque ici
n'eft pourtant pas une des plus confiderables.
Après qu'on a ceiîe de battre, on
laifle repofer la matiere, la fecule &
précipite au fond de la cuve, & s'y
amafl^e comme une efpece de boiie, 6ç
l'eau déchargée de tous les fels dont
elle avoit été impregnée fumage au
deflus, & s'éclaircit. Pour lors on ouvre
les robinets qu'on a pratiquez dans
la batterie à différentes diftances du
fond, êc on laifle écouler cette eau,
3c quand on cft arrivé à la fuperficie
de
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE.
mt. de la fecule on ouvre les robinets du
' fond afin que toute la fecule tombe
dans le diablotin ou repofoir. C'eft-là
qu'on la laifl'e fe raileoir encore un peu
de tems, après quoi on la met dans
des fachets de toi e de quinze à dixhuit
pouces taillez en pointe, ou elle
acheve de fe purger du refte de l'eau
qui étoit encore reité entre fes parties.
W«- Quand cela eft achevé on l'étend dans,
ri ¿i des caiflbns de trois à quatre pieds de
long fur deux pieds de large, & entro^
pouces de profondeur, Sc
on l'expofe a l air pour la faire fecher
entièrement.
On obferve de ne la point expofer
au foleil parce qu'il mangeroit la couleur
en la fechant, & on a un trèsgrand
foin de la garder de la pluye
parce qu'elle la diflbudroit £c la gâte-
Eoit entièrement.
Ce iju'n il arrive quelquefois que les chenilfiutfai
hs fe mettent dans l'indigo, & pour
pumd peu qu'on les y fouffre elles mangent
^'¡¡ll^'l^^ toutes les feiiilles, fouvent même jufnttie^
qu'à l'écorce 6c le bout des branches,
& fout mourir les fouchcsj c'eft per-
(jre fon temps de vouloir les détruire
ou les empêcher de ravager toute une
piece en leur coupant chemin par quelque
fofle. Le p us feur eft de coujper
promptement l'indigo à quelqu'âge
qu'il foit, & de jetter pefle mefle dans
la trempoire les plantes Se les chenilles,
elles rendent en crevant ce qu'elles
ont dévoré, 6c l'Indigo n'en.eft pas
moins beau.
Il eft vrai que quand la plante n'a
pas atteint fa parfaite maturité, elle
rend beaucoup moins j mais plufieurs
experiences ont fait connoître que la
couleur qui .en vient eft beaucoup plus
belle, de forte qu'on gagne d'un côté
ce qu'on perd de l'autre.
Je voudrois ne pas attendre une lî
rom.I.
97
parfaite maturité pour couper la plante.
Peut-être que tout le fecret de ceux
dont on vante l'Indigo au préjudice du
nôtre , n'eft que de couper l'herbe dans
le tems où elle rend une couleur plus
vive.
J'ai experimenté qu'en laiflant des
Cochenilles fur des pommes de raquettes
qui étoient trop meures, au lieu d'être
rouge elles deviennent feiiillesmortes,
comme le fruit dont elles s'étoient
nourries. La même chofe pourroit
bien arrivera l'Indigo, 6c ce que
je propofe ici n'eft pas un doute fans
fondement, puifqu'il eft appuyé fur l'experience
certaine que je viens de
rapporter, qui prouve évidemment que
la même plante coupée en difterens
âges, produit des couleurs différentes
en beauté. Je ne rifquerois pas ce
confeil à des gens attachez à leur intereft,
ou qui regardent plutôt la quantité
que la qualité de leur marchandife j
mais il me femble n'avoir rien à craindre
du côté de nos infulaires qui font
genereux 6c magnifiques quelquefois
jufqu'au de-là de leurs forces; je leur
confeille donc de faire différentes épreuves
fiir le terrein, la faifon, l'âge de
la plante, l'eau qu'ils emploient pour
la ftire tremper, le point delà diiTolution
8cc. Et je fuis feur qu'avec un
peu de tems, de travail 6c de patience
ils feront de l'Indigo qui égalera, 6c
même furpaflera ceux des pays étran-
'on vante le plus. Les hade
faint Domingue fçavent
qu'en 1701. leur fucre brut étoit d'une
très-mauvaife qualité, 6c qu'il ne
fe faifoit qu'avec des peines infinies,
6c tout le monde convient à prefent,
que par leur travail, leur aflîduité
6c leurs recherches, il-eft devenu
autant 6c plus eftimé que celui des Isles
du Vent: Pourquoi i]e pourra-t-on
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Experience
pro^oftt
pour
rendre
l'Indigt
plus
beau.
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