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178 NOUVEAUX VOYíAGES AUX ISLES
iC</i. de la rupture ; elles coulent au fond.
Soit que cette plante fc reproduife paa"
racines qui relient au fond delà mer,
cette foit que la liqueur blanche qui en coule
plantefe quand on la rompt, lui ferve comrae de
repro- germe & de femence pour renaître &
duit, e? ° ^ , -1 ra • 1 II
en corn- pouiler de nouveau, il elt certain qu elle
hien de repoufl'etoujoiars, fîcquete lieux où ily
Urns, en a mjg jjg g'^jj dégai-niffent jamais.
Quoiqu'ellcfoit dure & compaâie^elfc
croît allez vite. J'ai eiîpénimenté éticntà
la Guadeloupe, t|u'aïaiat ifait roTiiapTéoai
pêcher, comme on dit auxilies, de la
•chaux à Tance des fontaines boiiillantcs,
autrement Tlflet àGoyaves,enn*e la terre
ôcun rocher, nommé l'Hcrmitage, qui
eneiléloigné d'environ cent pas, où il
n'y a pas plus de quatre pieds & demi à
cinq pieds d'eau, & où les plantes de
•chaux étoient prcfque à fleur d'eau. &
empêclioient les canots de paffer quandje
les fis rompre ; il m'arriva vingt-deux
mois après que paiTant la nuitpar lemême
endroit, le canot oùj'étois s'aiTêta tout
court,comme s'il eut échoiié fur un banc
de fable-, je fis amener la voile pourfon^-
xJer & voir ce qui nous arrêtoit, & nous
trouvâmes que nous étions échouez fur
les plantes de Chaux, dont j'en rompis
.quelques tiges avec la main, de forte
•que nous eûmes aiTez de peine à nous
tirer d'affaire en rebrouifant chemin ,
8c nous fûmes obligez de faire le tout
du rocher, après avoir eiTayé le paiTage
enplufieursendroits, où nous trouvâmes
par tout la Chaux trop ha-nie &
trop forre. Cette plante étoit crue de
quatre à cinq pieds -era vingt-deux mois.
Je ne croi pas qu'elle faiîe tant de pr-dgrès
aux lieux où la mer eft rude, comme
font les Cabefterres. J'ai remarqué
qu'elle ne poulîc jamais au deiTus de k
furface de 'eau. Il faut'quand elle ert
arrivée à ce terHïe, qu'eiic grofiííTe ou
q^u'elle pouiTe des braincihes de côté & tfijj,
•d'autre j -car il n'eft pas croyable que la
nature ceffe d'opercr de produiine,
quand elle a commencé à le faioe avec
tant de, vivacité.
Le four dont on fe fert pour ouiue la
chaux, eit demaiçonnerieordinaire. Il rifan
eft fait comrae un entonnoir, dont le {"f"'*"
bout le plus étroit efb-vers la terre. On
adoiTe toûjours ces fours contre im terrein
élevé, afi.n de pou voir aller de plein
pied firr le bord , &les charger plus aiîement
que s^'il falloir y (monter avec
une échelle. On choifit autant qu'il eft
poffible un lieuvoiiîn d'une riviere, oa
de quelqu'autreeau , pour la commodité
d'éteindre la chaux quand elleeftcuite.
On donne depuis huit jufqu'à dix
pieds J e diamctre à l'ouVertured'enhaut,
'& dix à douze pieds de profondeur. On
Jaiile en bas tine ouveixure de deux pieds
& demi en quarré, qui fert pour mettre
le feu quand on commence la cuiffon,
6c ;pou'r retirer la ichaux à mefure
qu'elle tombe en cuifant , lorfqu'on
continue de charger le four de bois 6c
de chaux.
Lorfqu'on veut charger un four, 00 Mdm
emplit de bois fee le fond de Tentónnoir,
fans trop le preflèr ni le fouler.
On met par deiTus quelques buches d'un cmnh
bois dur, qui fe confume difficilement,
comme le railînier, le bois lézard,
le chatanier , l'oranger & autres
ifemblables; on ks taille comme pour
faire un grillage, & on'Jmet par deffiis
environ un pied & deimi de bois coupé
par morceaux & accommodé uniment.
O n met la'chaux fur ce bois. Qiiand
«lie ell jeune on met les pattes toutes
entières, mais quand elle eit vieille ,
ou que les morceaux'font trop gros, ou
que ce font des tiges qui font toujours
"plus dures & plus compa<Sfees que le relie^
i •oiilcsosupeenpieces'avec uneméchante
F R A N C O I S E S D
chante hacke,, afin qw^its cuifentmieux
Scplus vite. On donne à ce lit de chaux
un bon pied d'épaiiTeur. On fait enfuite
un Ut de bois une fois plus épais que la.
chaux qu'on doit mettre deflùs ^ & on
continuëainfi à remplir le four , & mêrne
à le charger trois ou quatre pieds au
deffus defes bords, de difièrens lits de
chaux & de bois alternativement. Après
que cela eft achevé, on met le feu au
bois fee dont k fond du four eft rempli,
qui fecomnc^mique aux autres touches
de bois. Autant qu'on le peut faire
il vaut mieux fe fervir de bois verd que
de bois fee, outre que le premier fait un
feu plus vif, il eft certain qu'il dure beaucoup
davantage que celui qui eft fee.
AmefurequeleboisfeconfumeSc que
k chaux fe cuit, elle tombe dans le fond
du four, d'où celui qui en a le foin la retire
avec un fourgon qui eft garni par le bout
d'une bande de fer encroiftant, qui lui
fert auffi à retirer les cendres. On charge
debois 6c de chaux le deiTus du four à mefure
que ce qui eft deiTous s'affaifle, fe
cuit 6c tombe, 6c on peut continuer ainfi.
plufieurs jours jufqu'à ce que les cendres
îé multipliant trop, empêchent l'air d'agir
par la bouche, 8c de faire confumer
le bois en cuifant la chaux,
i««'«- La chaux que Ton retire du four eft
mife à côté dans une place que Ton a
deftinée pour cela. Elle fe fond d'ellemême
en peu de tems, 6c fe réduit en
une poudre blanche comme la neige ,
déliée, fine 6c douce comme la farine
de froment. Si on veut l'éteindre en
fortant du four, on jette un peu d'eau
deflùs, 6c auiîî-tôt elle fe met en poudre.
Elle ne fe conferve en pierre que
quand elle n'eft pas cuite. Ellefoifonne
beaucoup} elle eft grafle 6c fort tenace.
De très-habiles connoiffeurs qui
ont été aux liles, conviennent qu'elle
cft beaucoup meilleure que celle d'Euiit
il la
tkux.
E I . 'AMERIQ.UE. t^ f
Kope, qu'elle fe cuit plus aifément, Se '«^A
qu'elle foifomie davantage. On la peut
eonferver éteinte dans d^es fofles comme
en Europe, mais il eft mieux de la
garder ea poudre, elle perd moitais de
ta bonté. J'ai éprouvé que le m^ortieir
que je faifoisfî^eavecde k chaux vive
fe fechoii plutôt , 6c faifoit corps bien
plus prampteraent que quand la chaux
étoit éteinte depuis quelque tems. Cette
expérience m'a obligé de me fervir
prefque toiijours de chaux vive. Il eft:
vrai qu'elle mange un peu le bout des
doigts des maçons, mais la peau revient
iiUis ceflè , 6c d'ailleurs c'eft à eux à y
prendre garde 6c à s'y accoutumer.
La chaux que Ton trouve par toute
la grande terre de la Guadeloupe quand
on foiiille dans k terre, eft de même
efpece que celle que Ton pêche à k
mer. Il eft difficile d'en rendre raifon.
Seroit-il poiîible que toute l'étendue de Co^/fcterrein
qui compofe cette lile ne fut
dans les fiecles pailez, qu'un haut-fond
rempli de plaiites de Chaux, qui a'iant la granbeaucoup
crû 6c rempli les vuides qui ^^ten t .
étoient entre elles, occupez par Teau,
ont enfin hauffe leterrein 6c obligé Teau loupt.
à fe retirer 6c à laifler à fee toute k fuperficie?
Cetteconjeéture toute extraordinaire
qu'elle paroiiTe d'abord, n'a
pourtant rien d'impoffible , Se deviendra
même aflez vrai-fembkble à ceux
qui l'examineront fans prévention. Car
enfin en fuivant le commencement de
ma fuppofition, ces plantes aïant crû
& rempli tout Tefpace que Teau occupoit,
fe font enfin étouffées Tune l'autre}
les parties fuperieures fe font réduites
en pouffiere 6c en terre ; les oyfeaux
y ont kiifé tomber les graines de
quelques arbres, qui ont germé 6c produit
ceux que nous y voyons, 6c la nature
y en a fait germer d'autres qui ne
font pas d'une efpece commune aux au-
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