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j6 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
1694. donner aux Eglifes qu'ils fréquentent, fon engagement étant achevé, il fe mit
L e Samedi fixiémeMarsle P.Daftez à torquer du tabac, qui étoit alors Ja
partit pour faint Dominguej il s'em- marchandife des Ifles-y 8c quand la fai«
barqua dans une barque de Flibuftiers fon de torquer étoit paflee, il travailloit
qui alloit porter des ordres de la Cour de ion métier. Il s'aflocia avec un autre
en cettelfle-IàSc à fainte Croix > je l'ai- torqueur, dontilheritaquelques annéeslai
condui r e à bord , après quoi j e mon- après. Il fit quelques voyages en courfe ,
tai à clieval pour me rendre à ma ParoiiTe.
. Le lendemain qui étoit le premier
Dimanche du m o i s d é d i é àJa-dçvotion
duRofaire , je confeiFai un grand nombre
de perfonnes, & comme outre les
deux Catechifmes j'avois encore été
obligé dé prêcher, de faire la Proceffion
& la benediétion du faint Sacrem
e n t , il étoit une heure après midi
quand j e fortis de l'EgJife. M. Dauville
Marguillierdela Paroiiîê, prévoyant ma Paroifle- On comptoit plus.de huit
qu'après tant- de fondions j'aurois be- cens Negres travaillans dans ces éta,-
ioin de quelque nourriture, avoit fait bliiTemens. Son fils aîné avec lequel j'éapporter
à dîner au. Preibytere, & yi tois venu de France, étoit Capitaine
avoitinvité leP.le Breton oc quelquesr de Milice, 8c une de fes filles avoit é^
uns des principaux habitansdu quartier, poufé M.delaFof f i l iere, ,Capi taine d'un .
J e ne fçavois rien de tout cela, & je vaiiTeaudu-Roi..
fus fort étonné en. entrant chez moi d'y
trouver la table drelîee & le dîner tout
prêt. Il-faut avoiier que j'étois channé.
des maniérés de mes Paroiffiens, & que
t'euiFe voulu leur en marquer ma reconr
noilfance par des fervices plus confiderables,
que n'étQÌt.mon. aiïïduiré à mes,
devoirs.
J e laiflai la compagnie au Preibytere.
pendant que j'allai confeifer un Negre
d'une habitation de M. R o y , car il en.ayoit
deux très-confiderables dans ma Pa^
roiile,&d'autresencoredansdifFerensen-
Bipiri di'oits & quartiers de r i f le. On ne.peut.
dufaur f^fij é t o n n eme n t penfer. à la fortune de,
cet homme. Il étoit v^nu aux liles en
connu qualité d'engagé i dans les premieres an-
RHxiflts nées que la Colonie commença à fe fbrtTm
'du ii étoit de Bordeaux,.tailleur ou
petit- chauflcrier.de fon.métier.. Le. tems. de..
Roi.
M. Jean R o y eil mort en 1707. étant
pour lors Doyen du Confeil, premier
Capitaine de Milice de l'Ifle, & fanscontredit
le plus ancien habitant. Il é^
toit pour lors âgé de plus de quatre-^
vingt-dixans. Ila.lailTé aux onze enfans
qp'il avoit eus de Luce Bruman fa femme
foixante. & douze Negres chacun, avec
la moitié d'une fucrerie, fans compter
ce qu'ils avoient reçu en mariage,. 8c les
effets qui fe font trouvez dans fa maifon
8c. en France. C'étoit un très-bon
homme j, il étoit logé & meublé magnifiquement
} il recevoit parfaitement bien
ceux qui alloient chez, lui j„ charitable 8i
bienfaifant ,,au de-là de ce qu'on peut
dir-e. L'Eglife d u Prêcheur qui étoit fa.
ParoiiTe lui eft. redevable de fon bâti-,
ment,. 8c delà plus grande partie des;
vafes facrez 8c des ornemens qui y font,
en;
109$ f
fiheureufement, qu'en très-peu de tems
il fe vit en état d'établir une fucrerie,,
8c de faire des établiffemens en divers
quartiers de l'Ifle. Quand j'arrivai à la
Martinique il avoit iix fucreries, celle
du Prêcheur où. il demeuroit étoit accompagnée
d'une, très-belle raffinerie.
Il en avoit une autre dans la montagne
à une lieuë de celle-là.; une à. la Pointe
des Negr e s auprès du Fort Royal; une
à l'ance de la Couleuvre, 8c deux dans
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQUE. 77
en grand nombr e , il avoit la même cha- lui. Eneffetj'ydemeuraijufqu'auSanic-
^ rité Dour lesParoiffes oîi il avoit des ha- di avant le Dimanche d m e pour _ . - r i - r es Rame a u x , Sfc
bitations. Sa mémoire etoit li heureute
qu'il fe fouvenoit des moindres circonftances
des chofeS qui s'étoient paiîees depuis
plus de foixante 8c dix ans, comme
fi elles euifent été prefentes. Comme je
le voyois allez fouvent , j.'avois un plailir
extrême à l'entendre raconter les comincncemens
de nos Colonies,, fes differens
voyages & fes avantures
ce ne fut pas fans peine qu'il me laiiFa la
liberté de me retirer dans ma maifon Curiale.
Je voulus lui faii'e prefent de ce que
Monfieur Pinel 8c les Flibuftiers m'a»-
voient donné:' mais il me fut impoffible
de lui faire accepter la moindre chofe j
feulement après bien des ceremonies,-il
prit un des fromages à condition de me
le rendre, ce qu'il à fait cinq ou fix fois,
Le Samedi 13. le canot que Monfieur difant toujours quand il m'en renvoyoit,
Mi che l avoit envoyé ratuti Fo r t CS. PPJiöet-rrri»e mi/» /-olfii <T*-I?ì I ^mr^rnni-^ -
pour apporter mon bagage, revint avec
tout ce que je voulois faire apporter ,
excepté mon lit. Monfieur Michel- fit
femblant defe fâchera caufe de cela contre
fes N e g r e s ,• Ôcmoije fusaflezfimple
que c'étoif celui qu'il m'avoit emprunté.
• J'achevai cette femaine l'état des ames
de ma Paroilîe. J'y trouvai deux cens
vingt-neuf peKonnes de Communion ,
foixante 8c. dix-huit enfans qui n'avoient
pas encore communié , fix cens nonanpour
croire qu'il le faifoittout de bon , te fix Negres petits ou grands, parmi
& pour travailler à l'appaifer. Je fçûs lefquels il y en avoit foixante 8c quatre;
quelques heures après qu'illeur avoit def- qui avoient communié, & cinquante-^
fendu de l ' appor t e r , afin d'avoir ce pre- huit qui n'avoient pas encore- reçu le
texte pour me retenir plus long tems chez Baptême.
G U A P I T R É X.
État desParoijfes dîs Ifles, des Curez qui le^ dejjervent, ¿r leurs àroiti,
5E fpirituel eft adminiftré dans
toutes les liles par. des Religieux
; il y a^eir autrefois
des Prêtres féculiers qui ont
eu foin de quelques ParôiiTes , mais cela
a duré peu ; & les Religieux de differens
Ordres qui avoient accompagné
les habitans qui ont commencé la colonie,
s'y font toûjoursmaintenus, 8c la
Cour a depuis très-long tems jugé à pro-,
pos de n'admettre point d'autres Ecckfiaftiques;
Voicy l'état des Pafoifies qui étoient
H'l>a Martinique en 1694^ Je parlerai dans •
leur tems des augmentations 8c des chan--
gemens qui y font arrivez. Elles étoient
toutes deffervicspar lesjefuites, les Capucins.
8c les Jacobins ou Freres Prêcheurs,
quel'on appelleaux Ifles les Peres
blancs, comme on appelle les Jefuitesles
Peres noirs.
: - Lesjefui tes deiferventcinqParoiflesy
qui font , celle du Fort Saint Pierre, du
Prêcheur, du Carbet, de laCafle-pilot
e , 8c du Cul-de-fac à Vache. Ils ont
depuis cédé cette ParoiiTe aux Capucins.
Les Capucins avoient foin de la Paroiffe
8c de la Fôrtereife du Fort Roya l , . des
Paroiiîês-duTrou*-au-Chat, duCul-deiiic
Marin, 8C'deux autres qui font aux
ances Darlet.
Les Jacobins avoient la Paroifie du
Moiiillage,- dont l'Eglife leur appartea
q i t , 8c fix autres ParOiiTes à la .Cabefterre
de l'Ifle', qui é toient , iàinte Anne
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