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ie h ï Klir F R A N C O I S E S D E L^A Pvl E R K Í . U E.
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p94- cives, fur tout s'il n'eft; pas tout à fait
meur. Ceux qui veulent éviter cet accident
& n'avoir rien à craindre de fa
qualité cauftique y le coupent par tranches
& le mettent pendant une heure
dans un plat avec du vin & du fucre.
On boit ce vin après avoir mangé le
fruit} il eit extrêmement agréable, il
femble qu'il nettoyé & rejoiiit le coeur.
fjntinas On confit ce frui-t tout entier avec fa
\itnjifs. couronne , 6c on en envoye quantité
en Europe. Cela fait un très-bel effet
pour terminer une piramide de confitures
fecbes, maisfon goût & fon odeur
reilent en Amérique, car comme l'un
& l'autre fe trouve dans fon fuc , ce fuc
ne peut être altéré par le feu & par le
fucre fans fe diffiper & fe perdre prefque
entièrement. J'en ai apporté en
France que j'avois fait faire à la Martinique
avec tout le foin poffible, mais
qui ne me paroiiToient plus que comme
de la filaffe fucrée, en comparaifon de
ce qu'ils étoiqnt avant qa'ils fuflent
confits.
nmaf- Qpand cette plante eil dans une bonijui
fur ne terre, outre l'Ananas principal qu'ell'Anii
le porte fur fa maitreffe tige, elle fait
I de petits rejettons bien plus petits à la
j fie, vérité que le principal, mais qui ne
laiiTent pas de meurir. Le plus fur eft
de lés arracher en déchirant un peu la
tige & de les mettre en terre j ils reprennent
aifément, groiîiûent & viennent
en perfeition en dix ou douze
mois, au lieu que la couronne étant
plantée ne porte du fruit qu'au bout
de trois ans. La bonté de ce fruit ne
doit pas empêcher d'ufer de précaution
quand on le mange crud j car puifqu'il
fait iiiigner les gencives, & que fon fuc
corrode le fer & l'acier à peu prescomnie
l'eau-foi t e , on doit craindre qu'il
ne produife les mêmes effets, quand il
cil mangé j c'eft la penfée de bien des
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gens : je n'ai pourtant rien éprouvé ddee lí^íW'
feinblable , quoique j'en aye mangé
aEcz fouvent de cette maniere j je croi
que le ferment qui aide ou qui fait la,
digeftion des alimens émouffe les acides
répandus dans le fuc de ce fruit, ou
que la chaleur naturelle fait fur lui le
même effet que le vin dans lequel oa
le met tremper comme j'ai remarqué
cy devant.
L'eau de-vie que l'on fait aux Tiles
avec les écumes Se les firops du fucre ,
n'eft pas une des boiffons la moins en cjlimée
ufage, on l'appelle Guildine ou Taffia ^f-
Les Sauvages, les Negres, les petits
habitans ôc les gens de metier n'en
cherchent point d'autre, èc leur intemperance
fur cet article ne fe peut dire >
il leur fuffit que cette liqueur foit fort
e , violente & à bon marché, il leur
importe peu qu'elle foit rude ôc defagreable.
J'en parlerai amplement dans
un autre endroit. On en porte quantité
aux Efpagnols de la côte de Carac,, de
Cartagene, des Hondures Sc des grandes
lûes ; ils n'y mettent aucune difference
d'avec celle qui eft faite de vin,
pourvu qu'elle fait dans des bouteilles
de verre d'Angleterre bien bouchées 5c
liées avec du fil d'archal, ou dans des
cannevettes d'Hollande de dix ou douze
flacons. Les Anglois en- confomment
auiîi beaucoup, & ne font pas plus délicats
que les Efpagnols) ils ont inventé
deux ou trois fortes de liqueurs,
dont l'ufage & l'abus font paffez chez
nos François, toujours très-ardens imitateurs
dece qu'ils voyent de mauvais
chez nos Voifins-.
La premiere s-'appeHe Sang-gris -, el- sangle
eft compofée de vin de Madere que
l'on met dans une jatte de criftal ou
fayance avec du fucre, dujusde citron, des Anun
peu de cane!le & de gérofleen pou- gl«isdre,
beaucoup de mufcade & unecroute.
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