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 175  NOUVEAUX  VOY  
 1695.  pour  la  figure  8c  pour  la  couleur,  mais  
 filer  elle  eft  deux  fois  plus  grande  6c  plus  
 rouse-  épailîe.  Sonécorceeilrougeâcre,  épaiffe  
 d'un  bon  pouce,  toute  tailladée j  elle  
 eft  peu  adherente  8c fe  leve  facilement,  
 parce  que  l'arbre  eft  s'empli  de  beaucoup  
 de  feve.  11  paroît  de  couleur  de  
 chair  lorfqu'on  le  coupe,  mais  il  fe  
 décharge  &  devient  gris  a  mefure  qu'il  
 fe  feche.  Il  eft  doux,  il  a  les  fibres  longues, 
   le  grain  fin,  il  eft  leger,  ib  coupe  
 &  fe  travaille  aifément,  mais  ils  ne  
 dure  pas  long-tems.  Le  foleil  le  fait  
 fendre  &  les  vers  s'y  engendrent  &  le  
 percent  à  moins  qu'on  n'ait  foin  de  le  
 tenir  bien gaudronné,8cà  couvert  quand  
 on  ne  s'en  fert  point.  
 Je  loiiaî  deux  Mulâtres  charpentiers  
 de  canots  qui  étoient  efclaves  d'un  habitant  
 de  la  riviere C apot ,  nommé  Courtois  
 ,  avec  lequel  je  fis  marché  à  quinze  
 ecus  pour  la  façon  du  canot ,  &  un  écu  
 ^ à  chacun  des  deux  ouvriers  de  recorapenfe  
 à  la  fin  de  l'ouvrage,  avec  leur  
 nourriture.  L'arbre  que  je  fis  abattre  
 fe  trouva  propre  pour  faire  un  canot  
 de  vingt-neuf  pieds  de  longueur  fur  
 quatre  pieds  de  large  dans  fon  milieu.  
 Je  le  fis  faire  en  pirogue  ,  c'eft-à-dire,  
 pointu  &  relevé  par  les  deux  bouts,  
 parce  que  comme  les  mers  font  fort  
 rudes  dans  nosquartiers, j'étoisbien  aife  
 qu'on  pût  s'en  fervir  fans  être  obligé  de  
 virer.  Ce  qui  m'étoit  arrivé  en  venant  
 de  la  pointe  du  Prêcheur  au  Potiche  
 m'avoit  fait  fage.  Je  ne  fçai  fi  on  fe fouviendra  
 de  ce  que j'ai  dit  dans  un  autre  
 endroit  que  le  canot  différé  de  la  pirogue  
 en  ce  que  celle-ci  eft  poîntuèSc  relevée  
 par  les  deux  bouts,  &ne  fe  gouverne  
 qu'avec  la  pagalle;  au  lieu  que  le  
 canot  n'a  que  l'avant  fait  en  pointe  8c  
 fon  arriéré  qui  eft  coupé  quarrémentou  
 en  poupe, à d'ordinaire  un gouvernail  attaché,^ 
   bien  qu'il  puiiTe  être  auffi  gou- 
 A.GES  AUX  ISLES  
 verné  à  la  pagalle.  
 Lorfque  l'arbre  eft  a  terre  8c  coupé  
 de  la  longueur  qu'on  veut  donner  aure/h"  
 canot,  on  choifit  le  côté  le  plus  plat-/"'"''  
 pour  être  creufé.  On  tourne  l'arbre  fur  
 ce  côté,  pendant  qu'on  travaille  le  côté  
 oppofé  qui  doit  être  le  fond.  On  donne  
 à  celui-ci  une  figure  un  peu  platte  dans  
 fon  milieu  que  l'on  appelle  la  femelle,  
 qu'on  arrondit  infenfiblement  à  mefure  
 qu'on  s'approche  des cotez.  Cette  figure  
 le  rend  p  us  ferme  que  s'il  étoit  tout-àfait  
 rond  ou  coupé  comme  le  delTous  
 d'un  vaiiTeau,  parce  que  pour  lors  il  feroit  
 volage 8c tourneroit  fens  defllis deffous  
 pour  peu  qu'il  ne  fût  pas  aiTez  
 lefté.  Cette  partie  étant  achevée  ,  on  
 le  retourne,  8c on  le  met  fur  des  chantiers  
 pour  le  creufer.  On  fait  trois  ou  
 quatre  trous  de  tarrieres  dans  le  fond  
 pour  connoîtrel'épaiileur  qu'on  lui  doit  
 donner,  8c  la  laiilèr  égale  tout  le  long  
 de  la  femelle  jufqu'à  la  naiilance  des  
 pointes,  où  on  laiife  beaucoup  plus  de  
 bois,  c'eft-à-dire  d'épaiiTeur.  Lorfque  
 tout  le  dedans  eft  creufé,  8c  qu'il  ne  
 refte  plus  qu'à  le  doler  ôc  Îe  polir,  on  
 fait  entrer  par  force  des  rondins  de  la  
 groiîeur  du  bras  ,  tout  le  long  de  fes  
 cotez  en  dedans  ^  pour  les  ouvrir  8c  
 écarter  le  plus  qu'il  eft  poiTible,  Se  on  
 les  y  laifle  jufqu'à  ce  que  le  bois  étant  
 parfaitement  fec  il  n'y  ait  plus  de  danger  
 qu'ils  fe  reiTerrent,  8c qu'ils  fe  rapprochent. 
   On  tourne  le  canot  fur  un  
 côté  pour  doltr  l'autre,  8c  lui  donner  
 l'épaifleur  que  l'on  juge  à  propos,  qui  
 eft  pour  les  grands  trois  bons  pouces  
 à  la  femelle  en  diminuant  peu  à  peu  
 jufqu'aux  bords  ,  oii  on  ne  lui  laiiTe  
 qu'un  pouce  ou  environ.  On  le  polit  
 avec  l'herminette  8c  la  tille  courbe  8c  
 creufe.  Onajuftelesnaiifances  des  pointes  
 en ménageant  de  petites  nerviiresqui  
 partent  de  U  femçlle,  8c  qui  m^irquen^  
 com.  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQ_UE.  177  
 i6pi.  comme  la  fin  d'une  "quille, lorfqu'uncô-  que  larges,  8c  toûjours  aflez  plats.  Ils  
 té  eft  achevé,  on  retourne  le canot pour  font  tous remplis  de  petits  trous  comme  
 en  faire  autant  à'i'autre.  On  a  foin  de  des rayons de miel.  Lorfque  cette  plante  
 ménager dans fa concavité  de  petites éle-  eft  jeune  8c  tendre  8c  qu'on  la  rompt,  
 vations  prifes  dans  répaiifeur  du  bois,  il  en  fort  une  liqueur  épaifle  Se  blanche  
 dans  lefquelles  on  creufe  des  rainures  commedulait.  11  fautquecefoiifonfuc  
 pour  y  faire entrer  les  bouts  des  toftes,  ou  la  feve  qui  la  fait  croître  — 8c la  '  
 nourrit. 
 c'eft-à-dire,  les  planches  ou  bancs  fur  
   Les  extrêmitez  font  toûjours  tendres  
 lefquels  s'aiTeyent  ceux  qui  nagent.  J'en  
 ,  8c s'égrainent  .facilement  quand  
 fis mettre  cinq.  Comme  je  deftinois  ce  
 on  les  preiTe  dans  la  main  avant  qu'elles  
 canot  à  porter de  la chaux 8c des pierres,  foient  forties  .w.liv.^  de  uc  l'eau 1  ;  mais  elles  eues  uurje  
 dur- 
 ne  me  fouciai  pas  qu'il  fut  legerj  je  ciiTent  dès  qu'elles  ont  pris  l'air,  8c  ne  
 lui  fis  donner  plus  d'épaiiTeur  qu'on  ne  s'égrainent  plus facilement.  Cette  planleur  
 en  donne  ordinairement}  je  lui  fis  teou  pierre  eft  blanche  comme  la  neige,  
 mettre  des  courbes  par  dedans  pour  le  pefante  8c  compafte.  Qiiand  on  en  
 fortifier, avec  trois  liens  de fer  à  chaque  rompt  une patte 8c qu'on  examine la  conbout. 
   Il  fut achevé  en quinze jours.  Pour  ftruétion  du  dedans,  on  voit que  fespolors  
 je  fis  marché  avec  un  jeune;homme  res  8c  fes  parties  fe  reflerrent  à  mefure  
 du Bourg  Sainte Marie  pour pêcher de la  qu'elles  s'approchent  du  centre,  8c  que  
 chaux  à une  petite  ance,  éloignée  d'une  les  fibres  des  tiges ou  pieds  font  perpendemie 
 lieuë  ou  environ  de  .ce  Bourg,  diculaires,  8c  celles des pattes,  horifonqu'on  
 appelle  l'Ance  Sazerot.  ^  ,  .  .  .  
 Chmx  La  chaux  dont  on  fe  fert  aux  Tiles du  
 eft  une  plante  qui  croît  dans  la  
 mer.  Elle  vient  dans une  infinité  d'endroits, 
   mais  on  ne  la  pêche  que  dans  
 ceux  qui  n'ont  pas  plus  de  trois  braiTes  
 de  profondeur.  Celle  qui  vient  dans  des  
 lieux  plus profonds  croît  à  fon  aife,  jufqu'à  
 ce que fa hauteur ne lui donnant  plus  
 aflèz de  force  pour  rcfifter  à  l'impetuofité  
 de  la mer  agitée,  elle  fe  rompt 8c eft  
 emportée  fur  la  côte,  oi^i on la ramaflè.  
 Le  pied  de  cette  plante  eft rond ou  ovale  
 j  il s'élargit  à  l'endroit  d'oiiilfort  du  
 fond  comme fi c'étoit  un  bourlet  qui  entaies. 
   Cette  chaux  à une  odeur  fort  approchante  
 de  celle  du  goémon  quand  on  
 a  tire  de  la mer,  qu'elle  perd  à  mefure  
 qu'elle  fe  feche.  
 Il  y  a  deux  maniérés  de  la  pécherj  la Deux  
 premiere  eft  d'entortiller  une  corde  au  
 pied  de  la plante,  que  ceux  qui  font  dans  
 le  canot  tirent  de for c e j  ils rompent  ain-  u  ""  
 fi  le  pied  8c enlèvent  la  plante  toute  en-  chaux,  
 tiere.  On  fe fert de  cette  maniéré  quand  
 il  y  a  plus  d'une  braflé d'eau.  Lorfqu'il  
 y  en  a  moins  les  pêcheurs  fe  mettent  à  
 l'eau  a^ant  le  canot  à  côté  d'eux  ;  ils  
 bhfent'Ies  tiges  ou  pieds  des  plantes  
 avec  des  pinces  d -  .^v^v^ii^,. vjt..  „.vvv,  UeC  fICeIr ,,   o(juu aavveecc   duee   bDoonn-- 
 vironnat  le  pied  pour  le  foûtenir  8c  le  ne  perches  ferrées,  6c  plongent  pour  
 fortifier.  Quand  cette  tigeaun  pied  de  prendre  ce  qu'ils  ont  rompu  ôc  le  methauteur  
 ou  environ,  elle  s'élargit  ôc  fe  .tre  dans  le  canot,  car  la  chaux  ne  fiotpartage  
 en  plufieurs  branches  qui  font  .tepas,  fur  tout  le  pied.  Il  eft  vrai  que  
 comme  une  main  à plufieurs doits}  c'eft  les  extrêmitez  des  pattes  viennent  fur  
 ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  patte  l'eau,  8c  flottent  quand  on  les  rompt  éûe  
 chaux.  Ces  doigts  s'élargiiTent  en-  tant  encore  jeunes 8c  tendres  ;  mais  dès  
 luite  8c en  pouffent  d'autres,  ôc ceux-là  qu'elles  fe  font  imbibées  d'eau  ,• qui  feenoere  
 d'autres.  Tous  fout  plus  longs  Ion les  apparences  s'infinuë  par  l'endroit  
 IL  A  a  de  
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