m 3 4 4 n o u v : & a u x v o y a g e s ^ a u x ï s l e s
fort de gerôfle dans les écorees de nds -Commerce de Ceyian, n'apportent que
Bois d'Inde, fi on fe contentoit d'en la Ganelle excéliente de Ceyta Vaca, &
"Hépoiiiller feulement les plus petits & les de Colombo, & qu'ils n'y mêlent poipt
plus jeunes, 6c de ne fe fervir que delà -quelques parties de celle des autres enlecohd^
e écorce, ou écorce intérieure, qui droits ? La difference que l'on remarque
cft toujours plus fine & plus délicate ôc «ntre les paquets, -qui font une balle de
d'une odeur plus douce.
On fçait que les Portugais ont uïi
grand nombre de Caneliers au Brefil,
foit qu'ils en ayent apporté l'efpece avec
Canelle, eil quelquefois trop grande,
pour ne pas donner lieu de croire qu'elle
ne vient pas toute du même endroit. Oa
ne fçait que trop, que la bonne foi des
rée de la côte de Malabar, qui en eft toute
remplie, ou de la Chine , de la Cochinchine,
des Mes de Timor & de Mindenao,
car cet arbre fe trouve dans une
infinité d'endroits. Il eft für que les Caneliers
vîennent parfaitement au Brefil, &
qu'encore qu'ils ne foient pas auffi parfaits
<}ue ceüx d'une contrée de l'Ifle de Ceyian
, on ne laiife pas de s'en fervir & de
«'en bien trouver. Car il eft bon de remarquer
que toute la Canelle de Ceyian
Ji'eft pas également bonne ; 6c il y a une
difference très-grande entre ce le qui
•nelles bâtardes qui croiiTent naturellement
chez eux, qu'ils auroient foin, de
les abbattre dès qu'ils font arrivez à une
certaine grofleuren l'écorce devient trop
épaiiTe, ôc trop matérielle, qu'ils les
dépoiiilleroient feulement tous les trois
ans, & qu'ils ne prendroient que la féconde
écorce. Ne rendroient-i s, pas un
fervice confiderable à leur Nat ion, en lui
fournilTant à bon marché une choie,
que ks étrangers lui vendent fi chéri &
ne fe feroient-ils pas à eux-méme un revenu
confiderable d'une chofe
„ ^ leur
croît depuis Ce3?ta'Vacajufqu'àColom- coûteroit fipeu de travail &de dépenfe?
bo, & celle qui vient depuis Grudu- Que fi après des experiences réïterées
malé jufques à Tenevaré. Or comme & faites avec fagefle 6c patience, on ne
un homme paiferoit pour un ridicule, pouvoit pas rendre nos Caneliers natus'ilnevouloit'boire
quedu vin de Cham- reis, auffi bon que ceux de Ceyian, ne
pagne, 6c encore de celui qui eft le plus pourroit-on pas cultiver de ceux du Brecxcellent
à quelque prix qu'il fût, 6c fil,-ou de ceux des Indes Orientales, que
en avoir, & qu'à fon
nos Vaifleaux nous apporteroient, &
même des meilleurs de Ceyian, malgré
toute la vigilance de ceux qui les gardent.
J'ai parlé de la CaiTe ou Canifice dans
voifins ce qu'on peut avoir chez foi à bon ma premiere Partie, où le Lefteur pourÉaarché,
d'une qualité un peu inférieure ra voir ce que j'en dis, 8c fe convaincre
à la vérité, mais dont il n'y auroit qu'à de l'inutilité qu'il y a d'aller acheter dans c^ß^
diminuer la dofe pour lui faire produire le Levant à prix d'argent une drogue
le même effet. que l'on peut avoir dans nos ïfles en troc
D'ailleurs eft on bien fûr que les Hol- de marchandifes, ce qui eft le veritable
landois, qui fe font rendus maîtres du 6c plus avantageux Commercei fur tout
k
quelque peine qu'il fallût prendre pour
défaut il aiue
de l'eau, de
u'il eft ridicule
mât mieux ne boire
même il me femble
d'aller chercher à grane s frais chez -fès
F R A N C O I S E S D
Kîp«- la Caffe des Mes étant meilleure, 6c la
pouvant avoir toûjours recente.
Outre le Canificier qui eft un très-gros
arbre, nous avons un petit arbriffeau ,
qu'on ^appelle communément Caiîier,
quoique très-improprement : car il ne
sorte point de CaiTe, d'ailleurs il eft foiîle,
ne croît jamais à plus de deux ou
trois pieds de hauteur. Se ne porte de fruit
que de très-petites filiques, qui renferment
fa graine. Ce qu'il a de bon font fes
feuilles. Elles font fi femblables à celles
du Senné en toutes leurs parties, qu'il
eft impoffible de les diftinguer du Senné
qui vjentdu Levant, avec cet avantage
qu'elles en ont la vertu en dégré fupe-
. rieur. Les gens fages, ne fe fervent point
d'autre Senné dans nos Mes, obfervant
feulement d'en mettre une dofe plus petite
dans lesMedecines ou autresremedes
dans lefquels on les fait entrer.
Onp ourroit ne fe fervir en France que
de la CaiTe ôc du Senné venant des Jfles,
on les adroit plus recentes, & à meilleur
marché, que ce qui vient du Levant.
Quand on n'emploiroit l'écorce des
palétuviers ou mangles d'eau falée qu'à
tanner les cuirs, ne feroit-ce pas encore
de quoi faire un bon Commerce.? On le
pourroit fubftituer dans prefque toute
l'Italie à certains glands qu'on appelle
valonée, qu'on va chercher fur les côtes
deDalmacie, aux Mes de l'Archipel, 6c
dans les Echelles du Levant pour tanner
les cuirs.
Il eft certain, que fi on vouloit planter
des Oliviers dans nos Mes, ils y viendroient
en perfeftion, 6c qu'ils rapporteroient
plûtôt, ôc plus abondamment
qu'en Europe, fans être fujets à la gêlée
qui les fait mourir. Ces arbres n'empêcheroient
point que le bétail ne pût paître
dans lesfavannes, oti on les planteroit,
au contraire, ils leur donneroient de
l'ombre i ôc puifque les Oliviers .fauva-
E L'AMERIQ^UE.' 545-
ges y croiiTent en perfeftionSc fans cul- if></>.
ture dans les bois, ôc fur les bords de la
mer, qui empêcheroit les Oliviers francs oUv^en
• d'y venir.
Un Habitant de la Martinique nommé
le Sieur d'Orange en avoit un auprès de
fa maifon, qui fut abattu par accident,
ôc que l'on trouva tout chargé de fruit.
Tous nos Habitans fçavent cela , 6c
voyent bien le profit confiderable qu'ils
feroient fur l'huile qu'ils recuëilleroient
chez eux} mais leur indolence fur ce
point, ôc fur quantité d'autres chofes
n'eft pas pardonnable j ôc quand ils devroient
s'en fâcher, j e ne ceiTeraijamais
de la leur reprocher. Craignent-ils que
l'huile qu'ils feroient chez eux ne porte
préjudice à celle qu'on recueille en Provence
ôc en Languedoc? Mais tout le
monde fçait, que ces deuxProvinçes n'ont
jamais été en état de fournir celle qui eft
neceíTaire pour tout le Royaume, ôcque
les Marchands font obligez d'aller enlever
les huiles d'Efpagne, de Portugal, delà
cote de Gennes, du Royaume de Naples,
de Sicile, Ôcde plufieurs endroits
du Levant , pour fournir aux befoins du
Royaume. Qu'elle neceiïïté, je vous prie,
y a-t-il d'enrichir nos voifins, toûjours
jaloux de nôtre bonheur, Ôcfouventnos
ennemis declarez , ôc d'aller acheter
leurs denrées, quand nous les pouvons
tirer de nôtre crû en aiTez grande quantité
pour nous en fournir, ôc pour en
tranfporter dans les endroitsqui en manquent.
Le Sieur Jacques du Roi écoit fur le
point d'établir une Verrerie à la Martinique,
lorfque la Guerre de 16S8. furvint.
Ce fut ce qui l'empêcha d'Executer fon
projet, quin'auroit pas manqué de réiiffir,
puifque nous avons dans le paï's tout
ce qui eft necelTaire pour cette Manufaéiure.
On fçait que les fougeres de tou -
te efpece n'y manquent pas, on trouve
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