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i6o NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
grand matiii au bord de la mer. IVlon- par fuccefîîon de teins ie Ibnt couvertes
fieur le Gouverneur fut fort content de
la diligence qu'on avoit apportée à l'éxecution
de les ordres. Les retranchcmens
nouveaux que j'avois tracez, étoient
fort avancez auill-bien que les ré-
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d'un peu de terre. Elle regarde le Sud-
Oùeil. Il y a au pied une petite Chapelle
qu'on dit avoir titre de ParoiiTej
dont les Carmes font en polTeffion & ti'
rent les revenus. Je ne fçai fi cela les
parations des imciens. Nous y demeura- oblige à tenir un Curé refident pour admes
toute la journée , & dînâmes fous miniftrer les Sacremens à quelques hades
arbres. Moniîeur le Gouverneur fit
dîner avec lui les Officiers de Milice qui
commandoient les travailleurs. Nous
retournâmes fouper & coucher à nôtre
gîte oi-dinaire.
Le Mercredi après avoir demeuré une
couple d'heures aux travaux qui s'avançoient
à vûë d'oeil, & dont quelques-uns
ètoient perfeflrionnez , i^ous nous embitans
qui y demeurent, & qui font-là
comme feparez du relie du monde j
mais il eil certain qu'ils fe contentent
d'y envoyer un de leurs Religieux une
fois par mois pour y dire la Meflej
fauf a ceux qui en ont befoin dans
d'autres tems de fe pourvoir comme'ils
le jugent à propos. Il y a dans ces enfoncemens
des montagnes , & fur les
barquâmes dans un grand canot pour re- croupes des mornes fept ou huit habitatourner
à la Bafle-terreen paiTantparle tionsoii l'on fait du cotton, du manioc,
du mil, & oi^i l'on.éleye des volaillesen
quantité. On a mis fur la pointe deux
canons de fer qui fervent pour donner avis
au Fort de la Baile-terre de ce qu'on
voit en mer. Ce quartier nous parut hors
d'infulte par fa fituation, par le peu de
n-ofitqu'y trouveroient les ennemis en
e venant piller, & par fon inutilité pour
vieux Fort.
~ Nous rangeâmes la côte auffi près qu'il
fut poiîible de le faire fans échouer,
& nous nous convainquîmes qu'il étoit
abfolument impoffible de faire aucune
defcente dans ce païs qui fe delFendoit
de lui-même depuis le morne qui
termine la petite ance des trois rivières,
jufqu'à la pointe du vieux Fort} ôcque executer de plus grands delleins , puifquand
Punite
T^ori.
même on fe feroit emparé de la qu'il eft impoffible de penetrer par-là,
petiteance, il étoit impoffibledepene- J- - • — - • • •
trer par-là du côté du vieux Fort ou
réduit, parce qu'on ne trouve partout
qu'une fabife efcarpée & coupée par
des précipices que des gens armez ne
peuvent funnonter, & oii dix hommes
dans les hauteurs en defferoient dix
mille, feulement en faifant rouller fur
eux des pierres qui font-là en bonne
quantité.
La pointe du vieux Fort eftbaiîè,
aiTez unie, d'environ deux cens pas de
large fur un peu plus de hauteur, avec
quelques enfoncemens dans les gorges
des montagnes. Il femble que ce foit
un amas de pierres que les pluyes ont
détachées de a montagne voifine, qui
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. i6 i
u, le bord de la mer jufqu'à une falaife qui tenir quinze ou vingt hommes dans un
lui fait face, d'environ trente pieds de tems d'attaque.
hauteur, qui eft droite comme une mu- Depuis l'Ance delà Croix la côte eft
raille. Un petit ruiifeau d'eau fort clai- fort efcarpée, Sc ne laiiTe entre la falaire
coule dans le milieu de cet enfonce- iè & la mer que fix à huit pieds d'efpaifiçâ.
ni dans le réduit, ni aux trois rivières,
tout ce païs n'étant compofé que de bois,
de montagnes & de précipices, danslefquels
le petit nombre d'habitans qu'il y
a eft fuffifant pour faire tête à une armée.
Nous nous rembnrquâmes en rangeant
toujours la côte de fort près fins
trouver aucun endroit où l'on put
mettre à terre, qu'environ à une lieuë
êc demie du vieux Fort, dans un lieu
appellé l'Ance de la Croix. C'eft un pe- mi
tit enfoncement de vingt cinq à tren-'/«'»
tetoifes de large, outre deux pointes^*'
de mornes qui tombent à plomb dans
la mer. Cet enfoncement peut avoir
neuf à dix toifes de profondeur, depuis
le
ment, & fait une nappe en tombant}
mais foit qu'il foit trop foible ou que
le rocher foit tfop dur ^ il n'a pû jufqu'à
préfent y creufer un canal. L'habitant
qui s'eft niché dans ce trou de
montagne avoit commencé à creufer
un chemin à côté de l'Ance pour defcendre
avec plus de facilité au bord de
la mer & pour remonter, qu'avec une
échelle dont il s'étoit toûjours fervi.
Nous nous fervîmes de l'échelle pour y
aller & pour en revenir. Nous trouvâmes
ce petit endroit fort joli & de bonne
terre, avec des enfoncemens dans
les montagnes qui étoient plus confiderables
qu'ils ne paroiiToient, & nous
découvrîmes un fentier ailez commode,
qui en fuivant les contours des Mornes
, conduifoit dans les terres du Bifdarri
& de Houelmont, qui font des
endroits qu'on doit conferver avec tout
ce fort embaraflez de roches & oii la
mer donne très-fort quand elle eft haute,
ou pour peu qu'elle foit agitée. II
y a à la vérité quelques petits enfoncemens
, mais l'entrée eft encore plus élevée
que celle de l'Ance de la Croix.
Cette côte a une petite demie-lieuë de
long, & finit à un tnorne qui fait le
commencement de l'Ance des Gallions.
On l'appelle le Morne de Raby , du
nom d'un habitant qui y a fon habitation.
L'Ance des Gallions a cinq à fix cens
pas de large, depuis le Morne de Raby
jufqu'à la riviere de Sence, qui fe décharge,
dans la mer au pied d'un autre
petit morne, dont la pointe qui donne
fur la mer eft couverte d'un angle faillant
compofé de pierres feches mêlées
avec de la terre. Cette Ance depuis le
bord de la mer jufqu'à la montagne qui
le foin imaginable fi le Fort étoit atta- y fait face, & qui fait à peu près la fiqf
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dant maîtres, pourroient prendre en
flanc & par derriere les troupes quiborderoient
l'Ance des Gallions & les bords
de la riviere, & s'emparer du réduit, ce
qui leur feroit aifé s'ils fe rendoient maîgure
de l'Ance , n'a. pas plus de deux Retrancens
cinquante à trois cens pas de plat- (hymens
pays.. Les bords de la mer dans la largeur
de cinquante à foixante pas , font daGaltous
couverts de gros cailloux, qui eaufent
une fatigue extrême à ceux qui font
très pendant la nuit de cette petite An- obligez de marcher par cet endroit. Le
ce,Sc qu'ils fiiTent défiler un bon corps de prédecefleur de Monfr. Auger profitant
troupes par le fentier que nous avions de ce grand nombre de pierres, avoit
remarqué. C'eft pourquoi quand nous
fûmes defcendus Monfieur Auger ordonna
à ces habitans de rompre inceffamment
le travail qu'il avoit fait, ôc
fait faire quelques angles faillans pour
couvrir ceux qui défendroient cette Ance
en cas que les ennemis y vouluiTent
.defcendre. Monfieur Auger réfolut de
d'efcarper ce lieu comme il étoit aupa- les joindre les uns aux autres par des
ravant. Il réfolut même de faire faire courtines, & d'en faire de nouveaux oii
un parapet de pierres feches fur le bord ceux qui étoient faits fe trouvoient trop
de cette falaife, avec deux petits flancs éloignez pour fe bien flanquer, & en
qui joigniflènc les deux Mornes, ¿cd'y faifant cela s'approcher. le. plus qu'on
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