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 iC>9AIndifference  
 des  
 Caraïbes. 
   
 rj  
 Armes  
 îles  Caraïbes  
 ,  
 leurs  
 arcs.  
 àiti  
 poudre,  foitenpet-dant  les vis ou  quelqii'autre  
 piece}  parcequ'étant  tortmékncoliques  
 6c  fort  defoeuvrez  ,  ils  
 paflent  les  journées  entières  couchez  
 dans  leurs  hamacs  à  le  démonter  Se  
 remonter ;  &  comme il  arrive  fouvenc  
 qu'ils oublient  la  fituation  des  pieces  ,  
 ou  qu'ils  en  perdent  quelqu'une,  ils  
 jettent  le  fufil  fans  s'en  mettre  plus  
 en  peine  ni  s'en  chagriner ;  car ce font  
 les  plus  indifférentes  creatures  qui  
 foient  forties des mains  de Dieu.  
 Les  arcs  dont  ils  fe  fervent  ont  fix  
 pieds ou environ de longueur,  les deux  
 bouts  font ronds  de  neuf  à  dix  lignes  
 de  diamctre,  avec  deux  hoches  pour  
 arrêter la corde.  La grofleur s'augmente  
 également  des deux  bouts  en  venant  
 vers  le milieu  qui  eit  ovale  en  dehors  
 Se plat  en dedans,  c'eit-à-dire du  côté  
 où  ell  la  corde}  de  forte  que  le milieu  
 de l'arc  a un  pouce  Se demi  de  diaraetre. 
   Ils les font pour l'ordinaire de bois  
 verd  ou  d'une efpece de  bois de  lettre,  
 dont la couleur eft brune,  mêlée de quelques  
 ondes d'un  rouge brun.  Ce bois eft  
 pefant,  compaéle  Si  fort  roide ,  ils  le  
 travaillent  fort  proprement  ,  fur  tout  
 depuis que le  commerce avec  les Européens  
 leur  a procuré  des inftrumens  de  
 fer,  au lieu de ceux depierres ou de cailloux  
 tranchans  dont  ils  fe  fervoient  
 autrefois.  La  corde  eft  étendue  tout  
 -le long  de l'arc  qui eft droit  fans  aucune  
 courbure,  elle eft  attachée  aux  hoches  
 des deux  bouts fans être ni trop roide, 
   ni  trop  lâche.  Elle  eft de pitte ou  
 de caratas de deux  à trois lignes  de diametre. 
   
 leurs  Leurs  fléchés  font  faites  de  l'extréfieches. 
   mité  OU-tige  que  les  rofeaux  pouflènt  
 tous  les  ans • quand  ils  veulent  fleurir.  
 Elles  ont  environ  trois  pieds  Se  demi  
 de  longueur  avec  la  pointe  qui  y  eft  
 entée Se fortement  liée  avec  du  fil  de  
 pottofi.  Cette  pointe  eft de  bois  verd  
 de fept à  huit  pouces de lang,  k  groffeur  
 égale  celle  dii  rofcau  à  l'endroit  
 où  ellÈ  y  eft  entée,  après  quoi  elle  
 diminue  infenfiblement  jufqu'au  bout  
 qui  eft  pointu.  Elle  eft toute  coupée  
 par de  petites  hoches  qui  font des  ardillons  
 fort  proprement  travaillez  Se  
 taillez  de  manière  qu'ils  n'empêchent  
 point  du  tout  la  fleche  d'entrer  dans le  
 corps  contre  lequel  elle  eft  décochée}  
 mais  qui  empêchent  qu'elle n'en puilTe  
 fortir  qu'en  élargiflant  confidcrablfement  
 la  playe,  ou  en  pouflant la  fleche  
 vers  la  partie  oppofée  pour  la  retirer  
 par  une  nouvelle  bleiTure.  Q_uoique ce  
 bois  foit  très - dur  par  lui-même,  les  
 Caraïbes  en  augmentent  encore  la dureté  
 en  le  mettant  dans  les  cendres  
 chaudes  pour  confommer  peu  à  peu  
 l'humidité qui y  feroit reftée, Se  reilèrrer  
 ainfi  fes  potes.  Le  refte du  rofeau  
 ou  de  la  fleche  eft  tout  uni,  il  y  a  
 feulement  une petite hoche au bout  afin  
 d'empêcher  qu'elle ne glifle ou  n'échappe  
 de  la corde  quand  on  la  tire.  Ils les  
 ornent  quelquefois  avec  des  plumes de  
 peroquets  refendues  ôc  collées  à  fix  
 pouces  prèsdu bout,  mais  cela  eft trèsrare  
 ,  Se  il  l'eft  prefqu'autant  de  trouver  
 leurs  floches  fans  qu'elles  foient  
 empoifonnées.  Quoique j'aye dit dans  
 mapremierePartie-comment  ils le  font,  
 je vais le repeter ici  pour  la  commodité  
 du Leéteur.  Ils  font une fente dans l'écorce  
 du mancenilier.  Se ils y  mettent  
 le  bout de  leurs fléchés Se les y  laiifent  
 ufqu'à  ce  qu'elles  foient  imbibées  du  
 ait  épais,  vifqueux  Se  empoifonné  de  
 ce  mauvais  arbre.  Après  qu'elles  font  
 feches  ils  les  enveloppent  dans  une  
 feiiillesdiecachibou,  ou  dans une gaifne  
 de  palmifte  pour  s'en  fervir dans  l'occafion. 
   
 Lorfqu'on  veut  ôter  le poifon de ces  
 flèches on met  les  pointes  dans les  cendres  
 rouges,  Se on  gratte  avec  un  coûteau  
 Mii0  
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 IBûutou  ûu  ^ia-ssUe-  vif  s  Carailres.  
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