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Projet
ridicule
d'un
•mar.
15-4 NOUVEAUX" V O Y
des favanneseil touffue, déliéefictoûours
verte. Elle engraiffe très-bien les
jeftiaux qu'on y éleve. Nous y vîmes
quelques rocoiiyeres & quantité de mil
6c de manioc.
Un habitant de Saint Chriftophle
nommé d'Othemar, s'étoit venu loger
en cet endroit fen i j o x . & prétendoit
Torh! y fucrerie malgré k difficulté
de tranfporter fon fucre au bord dè
la mer, qu'il difoit qu'il furmonteroit
en ouvrant un chemin nouveau au travers
de ces précipices. Mon&ur Auger
me pria alors d'aller vifiter le deiTein
de cet homme , pour voir s'il ne feroit
point préjudiciable à la Colonie.
Je m'acquittai de ma commiffion , 8c
à mon retour je confeillai au Gouverneur
de lui deffendre de penfer à cet
établiiTement par deux raifòns. La premiere,
pour empêcher la ruine de cet
homme & de fa famille, que fon feul
entêtement précipitoit dans cette entreprife
fans aucune apparence d'yréuffir,
parce que cet endroit eft trop froid &
trop fujet à la pluye pour que les
cannes y puiflent jamais bien meurir,
comme l'experience le faifoit voir par
celles que fes voifins avoient plantées
pour nourrir leurs cochons, qui étoient
toûjours vertes, quoique d'ailleurs longues
& grofies, mais inutiles pour faire
du fucre.
La feconde, que la confervation de
r i f l e dépendoit de la facilité qu'il y
avoit à empêcher les débarquemens
dans ces endroits qui féparent la Baflede
l terre a Cabeil erre, ou en cas que
les ennemis fe fuflent rendus maîtres
d'une partie, on pouvoit avec peu de
monde les arrêter & les empêcher de
penetrer dans l'autre ; ce qui ne feroit
plus poflible dès qu'ils trouveroient des
lieux commodes pour faire des débar-
«juemeos. - A quoi j'ajoûtai ^ue L'embas:-
A G E S AUX ÏSLES
quement que cet homme vouloit faire
chez lui expoferoit fes voifins à êtrepiU
lez par les ennemis. Monfieur Auger
goûta mes raifons, & lui deffendit de
faire aucune trace ni fentier, ni autre
chemin que l'ordinaire, lui laiflant cependant
a liberté de faire du fucre, ôc
de fè ruiner comme il le jugeroit à
propos, mais fans que fon entêtement
5Ût porter préjudice à d'autres qu'à
ui.
Je reviens à préfent à mon fujet.
Monfieur le Gouverneur ajufta quelques
differens qui étoient entre les habitans,
6c leur confeilla déplanter du Cacao
, à quoi il paroiilbit que leur terre
étoit propre, quoique là fuperficie fut
couverte de pierres, puifqu'ils difoient
qu'on n'en trouvoit prefque point
quand on avoit foiiillé environ deuxpieds.
On en a planté quelques arbres
que j'ai vûseni joj . fort beaux 6c bien
chargez.
Après que nous eûmes paffe ce plat
païs nous rentrâmes dans les détroits des
montagnes toûjours à mi-côte, jufqu'à
ce que nous fûmes arrivez au plus haut
de ce chemin oii la vûë eft fort belle
& fort étendue, & l'air extrêmement
frais. Mais ce lieu paroît fi defert &
fi fauvage qu'il n'y auroit aucunefatisfaétion
à s'y arrêter pour ce feul avantage.
Tous defcendîmesenfuiteparun chemin
très-long 8c très-roide, au pied duquel
coule une des trois rivieres qui donnent
le nom à ce quartier. Celle-ci cil
petite, étroite, reflerrée par des rochersj.
& quoiqu'elle n'ait pas plus de deux
pieds d'eau, elle ne laifle pas d'être difficile
à paflet à caufe des rochers dont
fon lit eft femé.
Le quartier des trois rivieres à environ
quatre mille pas de large. C'eft
f i . ° . Eivmi' une plane partagée en deux pai: la
fentâ
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. jj-y
pente d'un gros morne, dans les en- tard quand noiis arrivâmes , £c nous
foncemens duquel il y a plufieurs beaux
établiiTemens. La terre eft bonne, 8c
produit de très-belles cannes, dont le
fucre brut eft parfaitement beau. Il
eft vrai qu'il blanchit difficilement à
moins d'être raffiné, ce ^ui ne tourne
pas au profit de l'habitant, à qui il eft plus
avantageux de faire du fucre terré ou
du fucre b rut , que de raffiner celui
qu'il a fait. On en verra les raifons
êc l'explication de ces differens fucres
ci-après. Il y avoit cependant tout
lieu d'efperer que ce deffaut qui ne
venoit que de ce que la terre étoit encore
trop gralTe, fecorrigeroitàmefure
qu'elle fe dégraiiTeroit en fervant. Il
y avoit fept ou huit fucreries dans ce
quartier-là. Monfieur de la Malmaifon,
Lieutenant de Roi , commençoit d'en
établir une, où j'ai depuis tracé 8c ni^
vellé un canal pour faire un moulin à
eau, aïant pris pour cet effet celle de
la premiere riviere que nous avions paffée.
Nous allâmes defcendre chez le Sieur
Rigolet, Lieutenant de Milice du quartier.
LePereImbert Jefuite qui deffervoit
cette Paroiffe, ne manqua pas de
venir auffi-tôtfaluerM. le Gouverneur.
Il m'offrit fa maifon fort obligeam^
ment, 8c je l'aurois accepté parce
qu'il me fembloit que nous étions
logez fort à l'étroit chez le Sieur Rigoler,
, mais on ne voulut jamais me
le permettre. La maifon de cet Officier
étoit plantée fur une petite efplanade
coupée à mi-côte dans ce gros
morne. Son moulin à eau 8c fa fucrerie
étoient un peu plus bas 8c à côté
de la maifon , auffi-bien que les cafes
de fes Negres 8c les autres appartenances
d'une habitation j de forte que
tous ces bâtimens étoient comme en
•cafcade les uns fur les autres. Il étoit
étions fatiguez, ce qui nous obligea
de fouper auffi-tôt pour nouç aller repofer.
, Le Lundi de grand matin j'accompagnai
Monfieur le Gouverneur à
'Eglife, oil il fut reçû 8c complimenté
par le Curé, je dis la Meffe. Pendant
que Monfieur Auger faifoit la revûë,
je fus rendre vifite au Reverend
Pere Imbertj il étoit dans une veneration
extraordinaire dans tout le païs j
6c c'étoit à bon titre, car c'étoit un
très-digne Religieux, d'une vie dure 8c
auftere, fort appliqué à fes devoirs ,
très-zelé pour le falut de fon peuple ,
fi détaché de toutes chofes que je n'en
ai jamais vû un fi dénué de tout. Le
Seigneur a voulu faire éclater fon mérite
8c ià vertu en lui donnant l'occafion
de pratiquer la vertu de patience
d'une maniere la plus héroïque. II
mourut quelques mois après , comme
il avoit vécu, c'eft-à-dire comme un
Saint. Son Eglife moitié de bois 6c
moitié de Maçonnerie, étoit très-propre
8c très-ornée. Pour fa maifon, la
propreté y tenoit lieu de toutes chofes.
Nous retournâmes chez nôtre hôte
après la revûë, 8c nous déjeunâmes comme
des gens qui ne devoient manger
que le loir j nous montâmes à cheval
pour aller vifiter la grande 8c la petite
ance. Ce font deux enfoncemens que la
mer fi;it dans la terre depuis la premiere
riviere que nous avions trouvée à la
defcente du morne du Trou-au-chat,
jufques aux grandes montagnes qui feparent
ce quartier de celui du vieux
fort. La grande ance eft feparée de la
petite par une cuiiTe de morne fur laquelle
il eft aifé de fe pofter pour empêcher
que ceux qui font fur l'une puiffent
penetrer dans l'autre,
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