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45 N O U V E A U X VOYAGËS AUX ISLES
iSpji 2;ones font plus petits que ceux de nos
nies. Ils font tous verds, excepté la tête,
dont le deiTus eft jaune.
Ceux de Guinée font gris, couleur de
cendre. Ils ont les ailles 6c la queue prefque
toutes rouges.
Chaque Ifle & chaque contrée de la
Terre-ferme produit fes Perroquets,
que l'on diftingue par le plumage. Tous
ces oifeaux vivent très - long- tems ,
quoiqu'ils foient fujets à ;in mal qui
leur fait fouffrir les mêmes accidens que
le mal caduc, fait reffentir aux hommes.
Ils vivent tous de fruits & de graines,
&leur chair contracte l'odeur Se
la couleur du fruit ou graine dont ils fe
nourriiîênt. Ils deviennent extrêmement
gras dans les faifons que les goyaures
font meures, êc ils ont une odeur de
•inufcade 8c de gerofle qui fait plaifir
quand ils mangent des graines de bois
d'Inde. Ils lie pondent jamais que deux
oeufs, que le mâle 6c la femelle couvent
l'un après l'autre. Ces oeufs font
â peu près de la groiTeurde ceux de pigeon;
ils font picoctez & marquetez de
diiFerens points, comme ceux des perdrix,
Ils choifiilent des trous dans les
arbres pour f.ùre leur nid: pour peu
qu'un trou de pourriture ou de branche
rompuë foit commencé, ils l'ont bientôt
agrandi avec leur bec; c'eft là que
fans autre matière que quelques unes
de leurs plumes, ils pondent leurs oeufsj
k s couvent & élèvent leurs petits.
On appelle Perriques la U'oifiéme efpece
des Perroquets. Elles font toutes
très-petites, & c'eft en partie leurpetitciTe
qui fait leur beauté. Celle de la
Guadeloupe font à peu près de la groffeur
d'un merle, toutes vertes, excepte
quelques petites plumes rouges qu'e les
ont fur la tête. Leur bec eft blanc ; elles -
font fort douces, careiTantes& apprennent
facilement à parler. Celles du
Brefil iont entièrement vertes; leurs il
plumes femblent couvertes d'un petit
duvet blanc très-fin, qui les fait paroître
comme d'un verd argenté. Elles ont mfi.
la queue fort longue, la tête bien faite, ""h
l'oeil vit-, le bec noir Se fort recourbéj ''' ''
elles font fort privées, & femblent aimer
à s'entretenir avec les perfonnesj
il eft rare de leur voir garder le filence,
car qu'elles entendent parler, foit de
jour ou de-nuit, elles fc mettent de k
partie, Se veulent toûjours avoir ledefius.
Elles vont toûjours en troupes, 6c
fuivent les graines & les fruits à mefure
qu'ils meuriiTent. C'eft. un vrai plaifir
de les entendre quand elles font fur
un arbre, leur plumage v^rd empêche
qu'on les puifle diftinguer des feuilles,
quoique leur babil faflè CQnnoître qu'elles
y font en grand nombre, de forte
qu'un chalTeur qui n'eft pas fait à ce badinage,
fe defefpere d'entendre faproyc
il proche de lui fans la pouvoir voir ni
la tirer. Le remede à cela eft de demeurer
en repos Se enpofturede tirer, parceque
ces babillardes ne peuvent pas demeurer
long-tems en la même place ;
quand elles ont un peu becqueté une
baye ou un fruit, cl es volent à un autre
, on les voit alors & on les tire. Elles
regardent tomber celles qu'on a ti- ^ Î
rées £c crient de toutes: leurs forces, 'JH
comme fi elles vouloient chanter inju-ripv
res au chaÎFeur. Elles font pour l'ordinaire
très-graffes, & ont un goût merveilleux
, fur tout dans la faifon des
graines de bois d'Inde. Après qu'elles
font plumées & vuidées , on les enveloppe
dans les feuilles de vigne pour
les faire rôtir. C'eft un manger des plus
délicats.
Le jeudi vingt-huit Janvier les Gailions
d'Epagne pailèrent devant le Macouba,
environ à une lieue ôc demie au
, large. Ils étoientau nombre de dix-fept
avec
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F R A N^C O I S E S DE L'A M E R I a . U E; 47
avec deux petites fregattes ou pataches, avoit fept ou huit qui paroiflbîent avoir îip;.'
Dès qu'on les apperçût, 8c avant qu'on ou du moins qui pouvoient porter cinconnût
qui ils étoient, on donna l'alar- quante ou foixante canons. Les autres
me , Se les habitans fe rendirent avec n'en paroiflbient pas fi bien pourvûs.
leurs armes au quartier d'alTemblée, Par bonheur pour eux, nous n'avions
pour marcher de là felon les ordres qui pour lors qu'un feul vaifleau de guerre,
leur feroient donnez. Mais quand on 6c tous ños Flibuftiers étoient dehors,
reconnut que c'étoient les Galliohs d'Ef- S'ik étoient venus un peu plûtôt, nous apagne,
chacun s'en retourna chez foi, vions cinq gros vaiflèaux qui en auroient
bien alTuré que ces Meilleurs étoient rendu bon compt e , & qui leur auroient
trop pacifiques pour rien entreprendre fait terminer leur voyage au Fort Royal
contre nôtre repos. Ces vaifleaux nou9 ou au Fort Saint Pierre. Ils moiiillerent
parurent fort chargez de monde. Ils a- fous le vent de la Dominique, oiiilsfivoient
la plupart trois galleries, ce qui rent de l'eau 6c du bois,
les faifoit paroître fort élevez -, il y en
C H A P I T R E IX .
D e s T o u r h u r o u X i d e s C r a b e s ^ d e s C i n q u e s . D'une m a l a d i e
a p p l l é e m a l d ' e j l o m a c .
Crâis
i e i i f f i
Itili es
|Ous eûmes dans les premiers
jours du mois de Mars quatre
ou cinq grains de pluye,
qui nous amenerentun nombre
prefque infini de Tourlouroux.
C'eft une efpece de Crabes de
- terre faites à peu près comme celles que
l'on prend dansles mers d'Europe, mais
bien plus petites, puifque les plus gros
Toulouroux n'ont pas plus de deux
pouces 6c demi ou au plus trois pouces
de largeur. Leur écaille eft aiTez dure,
quoiqu'elle foit mince. Elle eft rouge;
le milieu du dos eft d'un rouge-brun,
qui s'éclaircit peu à peu, jufque fous
le ventre qui eft d'un rouge fort clair.
Leurs yeux font noirs, durs comme de
la corne, qui fortent 6c qui rentrent dans
leurs orbites, comme ceux des EcreviTes,
Il ont quatre jambes de chaque
côté, compofées chacune de quatre articles
, dont le dernier eft plat 6c terminé
en pointe ; c'eft avec cela
qu'ils marchent Se qu'ils 'raclent la terre.
Outre ces huit piedsi l s ont encore
deux mordans bien plus gros que les
jambes, dont les extremitez faites comme
celles des Crabes de mer, pincent
bien fort 6c coupent les racines, les fruits
Scies feuilles dont ils fe nourriiTent. Le
gauche eft toûjours plus petit que le
droit. Quand ils marchent 6cqu'i s rencontrent
quelque chofe qui leur fait
peur, ils frappent leurs mordans l'un
contre l'autre, comme s'ils vouloient à
leur tour épouventer leurs ennemis. Si ^dre/ff
on les prend par une jambe ou par un desCramordant,
ils vous la laiftènt à la main
6c s'enfuyent, car ils ont cela de com-^^"
mode, que leurs jambes fe détachent
par pieces de leurs jointures, comme fi .,
elles n'y étoient que coléesj ôc s'ils onty^"'^"'
le bonheur des'échaper, il leur revient
une autre jambe ou un autre mordant
l'année fuivante. La raifon qui le fait
croire, eft qu'on trouve fort fouvent
des dépouilles de Crabes ou de Tourlouroux
aufquels il manque quelque
membre. Se cependant l'animal qui l'ai
quitté. Se qui eft dans dcs.feiiille&oufous.
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