ttf •
„: îffi^i .-iî
29i NOUVEAUX V O Y A G E S A U X Î S L E S
ï6()f>. mirent à blimchir leurs Sucres, comme
quelques-uns avoicnt vû qu'on le blanchifTcit
auBref i l , àCayenne, 8Cen quelques
habitations de la Guadeloupe. On
fit venir des Ouvriers de ces lieux-là, on
en appella de France Se de Hollande, de
maniere qu'au commencement de l'année
-1 (ipf. il y avoitdéjà plufieurs Habitans à
k Martinique qui blanchiilbient leurs Sucres,
& les Rafineurs commencèrent à
manquer de pratique.
Lepremier qui s'appliqua à cette Manufafture,
fut un nommé Mart in, qu'on
appelloit le fol , pour le diftinguer d'un
autre de même nom, qui quoiqu'il parût
avoir plus de fageiTe, n'avoit paseû
l'efprit de commencer un pareil établilîement,
qu'on peut dire avoir été la fource
des grands biens , dont cette Ille s'efl:
remplie.
• Comme cette Manufafture étoittoutà
fait oppofée aux intérêts des Rafineurs
deFrance, ils obtinrent un Arrêt du Confeil
du Roi qui augmentoit les droits
d'entrée du Sucre blanc venant desllles,
„.„„^ de fept livres par cent, tellement que le
d'entrée Sucreblanc qui étoit pilé dans les barridt!
Su- ques, terré ou rafiné, fe trouva chargé
, de quinze francs par cent de droits d'entrée;
& celui qu i écoit en pain, de vingtdeux
livres dix fols : on efperoit que cette
augmentation de droits rumeroit cette
-Manufaéture naiflante. E t pour encourager
les Habitans à reprendre la fabrique
du Sucre brut, & pour donner par ce
moyen de l'occupation aux Rafineries,on
diminua de vingt fols par cent les entrées
du Sucre b rut , qui ne paya plus que trois
livres-au lieu de quatre qu'il payoit auparavant.
Mais il arriva tout le contraire
de ce qu'on avoit projetté.
O n regarda cet Arrêt comme une
permiffion generale que le Roi donnoità
tous fes Sujets de faire du Sucre blanc.
O n fe mit à en faire par tout;. Lçs Vaif-
Aui'
mentation
des
droits
féaux de Bordeaux trouvant un profit
confiderable à apporter des pots & des
formes, en apportèrent en quantité. On
eleva des Potteries dans tous les endroits,
où l'on trouva de la terre qui y étoit propre,&
fiins fe mettre en peine qui payeroit
es quinze francs d'entrée par cent, on fit
une quantité prodigieufe de ce Sucre.
Les Portugais nous aiderent encore à faire
valoir cette Manufadure, parce qu'aïant
trouvé des minei d'or, & des Rivieres
quiencharientdans leur fable, ils occupèrent
une partie de leurs Negres à ce
travail, & négligèrent beaucoup leur Sucre;
ce qui fit que beaucoup de lieux
d'Europe qui fe fervoient du leur, eurent
recours au nôtre,qui trouva parce moyen
un débouchement confiderable tant du
côté du N o r d , que dans toute la Medi- Rdfcns
terranée, d'autant plus que les Provençaux
voyant lesgrands profits qu'avoient
fait les Sieurs Maurellet Negocians de sucm
Marfeille dans leur Commerce aux Mes, hUms.
commencèrent d'y envoyer leurs Vaiffeaux
chargez de marchandifes de leur
païs, • qu'ils vendirent avantageufemént,
& firent des profits confiderables fur lei
Sucres blancs, fur le C a c ao , für l'Indigo,
& autres marchandifes, dont ils fe chargèrent
, qu'ils étoient aflurez de bien vendre
dans toute la Mediterranée, 6c dans
les Echelles du Levant , oîi les Tur c s , qiïi
s'accoûtumoient à prendre leurCafFé avec
le Sucre, en fàifoient une grande confommation.
C'eft ainfi que s'eft établie la Manufaéture
du Sucre blanc, Sequele Sucre
brut, dont onfaifoitparconfequentune
aflez petite quantité, cil monté à un prix
très-haut; ce qui rapportoitun profit iî
confiderable aux Habitans, que fi la Pai x
de R i fwi c k eût duré encore quelques années,
les lilesferoient devenues un-fecond
Pérou. On doit être perfuadé de cette vérité
, quaad on fçaura qu'en 1700,1 / o i ,
&
ere terre.
DU SUC RE TERRE.
O n appelle Sucre terré celui qui fe
blanchit au fortir des chaudieres fans être
fondu une feconde fois, ni clarifié avec
ConduliequH
faut
garder
dans U
fabrique
dece
Sucre.
F R A N C O I S E S -DE L'AMERIQ^UE. 295
fie au commencement de 1701. les Sucres ver de ne pas fouffrir qu'on les étende 1696.
blancs terrez ou rafinez ont été vendus fous l'appenti des fourneaux, ou devant
quarante-deux livres le cent, Sc même leurs bouches pour les fecher après qu'on
jufqu'à quarante quatre livres:, les Sucres les à lavez, car quoiqu'ils foient éloignez
bruts depuis douze jufqu'à quatorze li- du feu, il ne laiiTe pas d'agir aflez forte- Prkaiti
vres, & les Sucres paflezjufqu'àdix-huit ment fur eux, fur tout lorfqu'ils font"""
livres. ufés, &d'en brûler les poils 8c la laine,
Nous verrons ce que c'efl: que le Sucre qui font cependant ce qu'il y a de plus ne- prendre
pairé,Sc cequienafaitnaîtrelafabrique, ceflaire pour arrêter les ordures duSucre. pourles
après que j'aurai dit ce qui regarde le Su- Il vaut mieux en avoir un plus grand
nombre, afinqu'ilspuiiFent fecher à ioifir
au Soleil, à l'air & au vent. Je me fuis
fervi d'unexpedient qui m'a toûjours bien
réiiffi, fur tout dans nos Sucreries, où il
y avoit fix chaudieres :, c'étoit de pafier
deux fois le vezou ; premièrement de h
, ... grandedansle propre avec une grofletoide
oeufs, comme eft celui qu'on appelle ledeVitréaflez ferrée,quiretenoit le plus
Sucre rafiné. ^ • gros de la graifleSc des autres immondi-
Si la propreté eft neceflaire à toute for- ces,dont le Sucre eft toûjours chargé ; Sz
te de Sucre, on doit dire, que c'eft com- quand le vezou étoit bien écumé dans la
me l'ame de celui-ci > & fi l'on doit em- propre, on le paflbit dans la leffive par le
ployer de bonnes Cannes, quand on veut blanchet de drap, où il pafloit plus aiféfaire
de bon Sucre brut , pour rèiiflîrà ce- ment,Scfe trouvoit beaucoup mieux pului
ci, il faut qu'elles foient dans toute rifié. C'eft dans cette chaudiere qu'on
leur perfeftion . j-ette laleflive,dont j'ay donné ci-devanp
Lorfque le jus eft dans la grande, on y la compofition, excepté i p j^^n ' y met
met des cendres ài'ordinaire, mais peu point d'antimoine, parce qu'il grife ou
ou point de chaux, parce que, comme noircit le grain du Sucre. Après qu'il a
j'ay déjà remarqué, la chaux rougit le été bienicf l ivé,&bienécumé, onlepaflb
Sucre. Après qu'il a été écumé dans la dans lel|ambe;iu, & de-H dans le firop,
grande avec tout le foin poflîble, on le où l'on acteve dele purifier, & où il découlé
dans le blanchet en le paflant dans la meure jufqu'à ce que la batterie foit vuide
propre. 11 faut que les blanchets foient Pour lors on la charge du tiers ou environ •
bons. Se qu'en mettant le vezou dans la de ce qui eft dans le firop, afin qu'étant
caifl'e, on n'en laifle point tomber furie en plus petite quantité, on puifli plus faglacis,
nifurl'euvage, parce qu'iltom- cilement achever de le purifier, Scdele
beroit dans la propre fans avoir paifé par cuireplus promtement : car dans ce traie
blanchet. Si la chaudiere eftgrande, ou vail on ne peut trop pouffer la cuiflbn du
fi e vezou eft beaucoup chargé,Ü engraif- Sucre, fur tout après qu'il a été pafle Se
fc beaucoup le blanchet, Sc ne letraverfe leflîvé. A mtfure que ce qui eft dans la -
que difficilement; encecasil vaut mieux batterie, approche de fa cuiflbn on k
changer de blanchet, quand le vezou eft charge de ce qui eft dans le firop, deux
a demi paiie, Se en mettre un autre bien ou trois cueillerées à la fois, jufqu'à ce
lave Se bien leche i fur quoi il faut obfer- qu'il n'y en refte plus qu'environ le quart
- de
t
f i i
• i i i
a