io8 NOUVEÀUX VOYAGES 'AUX TSL'ËS
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i<5y6. Lorfqu'on les fait cuire avec la vian-
Diffi- de pour tenir lieu de pain, comme font
rentes nos Boucaniers, nos chaiTeurs de Saint
7eTd\û- î^omingLie Se beaucoup d'habitansj on
commo- fe contente de les bien laver fans les peder
les 1er, & on les met dans la marmite quand
fatates.
la viande cft écumée. Elle fe cuifent
ainfi , Se en profitant de la graiile de
la viande , elle lui communique leur
fuc 8c leur odeur. Quand tout eft cuit,
on ôte facilement la peau des patates, 8c
on les mange comme le pain avec la
viande, fans oublier la pimentade, qui
cft la fauce favorite de bien des gens.
On les pele & on les coupe par quartiers,
lorfqu'on les veut faire cuire avec
la viande tomme on fait les navets, les
carotes & autres racines j pour lorselles
iê fondent entièrement, £è font un potage
épais comme une purée d'un trèsbon
goût.
On les mange au deiTert comme dufruit.
Après qu'elles font cuites fous les
cendres chaudes, on les pele & on les
fert arrofées d'un jus d'orange avec du
fucre. On les mange fouvent toutes
chaudes fans y rien ajoûter , parce que
ce fruit étant cuit porte fa fauce avec
lui, & eft toujours bon. Je le croi même
plus fain de cette maniere.
La patate étant fouillée 6c tirée hors
de terre dans un tems fec,&expofée un
peu au folcii & mife dans un ieu fee,
fe conferve plus d'un an. On en porte
en Europe fans qu'elles fe gâtent. Les-
Anglois en ufent plus que nous î c'eft
fouvent le pain des équipages de leurs
vaiircaux,mémc de ceux de guerre, fur
tout de leurs garde-côtes des Iflcs.-
Lorfque le Sieur du Parc qui commandoit
le Cheval-marin prit en lâ . . le.
Jerfai, vaiifeau de guerre Anglois de
cinquante canons ; on n'y trouva pour
tous vivres que quelques barils de boeuf
fallé Sc force patates. On les fouille en
tout tems 8c en toutes faifons, 6c on
eftime ce fruit ÎÎ bon 6c fi fain, qu'on
dit en proverbe, Que ceux qui rétournent
en Europe après avoir mangé des
patates, rétournent aux Ifles pour en
manger encore. Je ne fçaurois mieux
comparer le goût de ce fruit quand il
.eft roti, qu'à celui des marons 6c des
culs d'artichaux mêlez enfemble. Jene
prétends pas pourtant impofer à perfonne
la neceffitè d'en juger comme
moi, parce que c'eft une efpece de loi
de ne point difputer des goûts.
Je m'étonne feulement que certaines
Provinces de France qui ne vivent que
de chataignes ou de b ed noir, ne cultivent
pas de patates, qui font infiniment
meilleures, qui ne craignent ni la grêle
ni la gelée, Sc àqui il ne faudroit au plus
que cinq mois pour venir à maturité.
L'experience que j'ai faite à la Rochelle
me convainquant que ce fruit peut venir
par toute la France, auifi parfaitement
du moins qu'il vient en Irlande & en Angleterre.
C H A P I T R E XIX.
Des oifeaux appeliez Viables. De leur chajje. Defcription
àe la Souphriere.
E Mardi treizième Mars le P.
Gaffbt me ramena au Baillif
dans fon canot. Quoiqu'il fut
affez petit Se fort volage, c'eft
à dire, qu'il eut peu de fermeté
fur fon aflîette, j'aimais mieux m'ew
fervir, que de retourner achevai j mon
Negre le conduifit par le même chemin
que nous étions venus. Ce voyage me
fit plaiiîr
Le
•Tóm.MJhr^. Z J'aff. tot.
Igname- .
Scitic^
' Za Sct^/riere lev
Gua-delou^c .
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