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 i<5y6.  Lorfqu'on  les fait  cuire  avec  la  vian- 
 Diffi-  de pour  tenir  lieu  de  pain, comme font  
 rentes  nos  Boucaniers,  nos  chaiTeurs  de  Saint  
 7eTd\û-  î^omingLie  Se beaucoup  d'habitansj  on  
 commo-  fe contente  de les bien  laver  fans les peder  
 les  1er, & on  les met dans la marmite quand  
 fatates.  
 la  viande  cft  écumée.  Elle  fe  cuifent  
 ainfi  ,  Se  en  profitant  de  la  graiile  de  
 la  viande  ,  elle  lui  communique  leur  
 fuc  8c leur  odeur.  Quand  tout  eft  cuit,  
 on  ôte  facilement la peau  des patates, 8c  
 on  les  mange  comme  le  pain  avec  la  
 viande,  fans oublier  la  pimentade,  qui  
 cft la  fauce  favorite de  bien  des  gens.  
 On  les pele  & on  les  coupe par  quartiers, 
   lorfqu'on  les veut  faire cuire  avec  
 la  viande  tomme  on  fait les  navets,  les  
 carotes  &  autres  racines j  pour  lorselles  
 iê  fondent entièrement,  £è font un  potage  
 épais  comme  une purée  d'un  trèsbon  
 goût.  
 On  les mange  au  deiTert  comme  dufruit. 
   Après  qu'elles  font  cuites fous les  
 cendres  chaudes,  on  les pele  &  on  les  
 fert  arrofées  d'un  jus  d'orange  avec  du  
 fucre.  On  les  mange  fouvent  toutes  
 chaudes  fans y  rien  ajoûter ,  parce  que  
 ce  fruit  étant  cuit  porte  fa  fauce  avec  
 lui, & eft toujours bon.  Je  le  croi même  
 plus  fain de  cette  maniere.  
 La  patate  étant  fouillée 6c tirée  hors  
 de  terre  dans un  tems  fec,&expofée un  
 peu  au  folcii  &  mife  dans  un  ieu  fee,  
 fe conferve  plus d'un  an.  On  en  porte  
 en  Europe  fans qu'elles  fe gâtent.  Les- 
 Anglois  en  ufent  plus  que  nous  î  c'eft  
 fouvent  le  pain  des  équipages  de  leurs  
 vaiircaux,mémc  de ceux  de  guerre, fur  
 tout  de  leurs  garde-côtes  des  Iflcs.- 
 Lorfque le  Sieur  du  Parc qui  commandoit  
 le Cheval-marin  prit  en  lâ  .  .  le.  
 Jerfai,  vaiifeau  de  guerre  Anglois  de  
 cinquante  canons ;  on  n'y  trouva  pour  
 tous  vivres  que quelques  barils de  boeuf  
 fallé Sc force patates.  On  les  fouille en  
 tout  tems  8c  en  toutes  faifons,  6c on  
 eftime ce fruit  ÎÎ bon  6c  fi  fain,  qu'on  
 dit  en proverbe,  Que  ceux  qui  rétournent  
 en  Europe  après avoir  mangé  des  
 patates,  rétournent  aux  Ifles  pour  en  
 manger  encore.  Je  ne  fçaurois mieux  
 comparer  le  goût  de  ce  fruit  quand  il  
 .eft roti,  qu'à  celui  des marons  6c  des  
 culs  d'artichaux mêlez  enfemble.  Jene  
 prétends  pas  pourtant  impofer  à  perfonne  
 la  neceffitè  d'en  juger  comme  
 moi,  parce  que  c'eft  une  efpece de  loi  
 de  ne  point  difputer des goûts.  
 Je  m'étonne  feulement que  certaines  
 Provinces  de  France  qui  ne  vivent  que  
 de  chataignes  ou  de  b  ed  noir,  ne  cultivent  
 pas de patates, qui font infiniment  
 meilleures,  qui  ne  craignent  ni  la grêle  
 ni la gelée, Sc àqui  il ne  faudroit  au plus  
 que  cinq  mois  pour  venir  à maturité.  
 L'experience  que j'ai faite à la Rochelle  
 me convainquant  que  ce  fruit peut venir  
 par  toute  la  France,  auifi  parfaitement  
 du moins qu'il  vient en Irlande & en Angleterre. 
   
 C H A P I T R E  XIX.  
 Des  oifeaux  appeliez  Viables.  De  leur  chajje.  Defcription  
 àe  la  Souphriere.  
 E  Mardi  treizième Mars le  P.  
 Gaffbt me  ramena  au  Baillif  
 dans fon canot.  Quoiqu'il fut  
 affez petit Se fort volage, c'eft  
 à  dire,  qu'il  eut  peu  de  fermeté  
 fur fon aflîette, j'aimais mieux m'ew  
 fervir,  que  de  retourner achevai j  mon  
 Negre  le  conduifit  par  le même  chemin  
 que  nous étions  venus.  Ce  voyage me  
 fit  plaiiîr  
 Le  
 •Tóm.MJhr^. Z J'aff. tot.  
 Igname- .  
 Scitic^  
 ' Za  Sct^/riere  lev  
 Gua-delou^c .  
 l É