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mes Shoirs W W W & par les termes d’ay a«
H ü inférés tant dans les lettres d ere&on précédemment
accordées, que dans celles qui pourraient
l’être A l'avenir, ne s'entendront tpe des enfans mà-
les de celui en faveur de qui l’éreéhon aura ete laite,
& des mâles qui en feront defcendus de mâle en male
en quelque ligne & degré que ce foit.
Que les claufes générales inférées ci-devant dans
quelques lettres d’éreûion de duchés-pairies en faveur
des femelles, & qui pourroient l’être en d’autres à
l’avenir, n’auront aucun effet qu’à l’égard de celle
qui defcendra & fera de la maifon & du nom de celui
en faveur duquel les lettres auront ete accordées,
& à la charge qu’elle n’époufera qu’une perfonne
que le roi jugera digne de pofféder cet honneur, &
dont il aura agréé le mariage par des lettres patentes
qui feront adreffées au parlement de Paris, & qui
porteront confirmation du duché en fa perfonne &C
defcendans mâles, &c. t
Ce même édit permet à ceux qui ont des duches-
pairies, d’en fubftituer à perpétuité le chef-lieu avec
une certaine partie de leur revenu , jufqu’à 1 5000 livres
de rente, auquel le titre & dignité defdits duchés
& pairies demeurera annexe, fans pouvoir etre
fujet à aucunes dettes ni détra&ions de quelque nature
qu’elles puiffent être , après que l’on aura ob-
fervé les formalités prefcrites par les ordonnances
pour la publication des ordonnances ; à 1 effet de
quoi l’édit déroge à l’ordonnance d Orléans, a celle
de Moulins, & à toutes autres ordonnances & coutumes
contraires.
Il permet auffi à l’aîné des mâles defcendans en
ligne direfte de celui en faveur duquel l’éreétion des
duchés & pairies aura été faite, ou à fon défaut ou refus
, à celui qui le fuivra immédiatement, & enfuite
à tout autre mâle de degré en degre, de les retirer
des filles qui fe trouveront en être propriétaires , en
leur rembourfant le prix dans fix mois fur le pie du
denier 25 du revenu aéhiel, & fans qu’ils puiffent
être reçus en ladite dignité qu’après en avoir fait le
payement réel & effeftif.
L’édit ordonne encore, que ceux qui voudront
former quelque conteftation au fujet des duches-pai-
ries, &c. feront tenus de reprél'enter au roi, chacun
en particulier, l’intérêt qu’ils prétendent y avoir,
afin d’obtenir du roi la permiffon de pourfuivre l’affaire
au parlement de Paris, &c. ^
La haiite, moyenne, & baffe juftice qui eft attachée
aux duchés-pairies, eft une juftice feigneuriale.
Les fourches patibulaires de ces juftices font à fix
piliers. ,
Anciennement lorfqu’une feigneurie etoit erigee
en duché, c’étoit ordinairement à condition que l’appel
de fa juftice reffortiroit fans moyen au parlement.
Il y a cependant quelques-unes des anciennes
pairies eccléfiaftiques qui ne reffortiffent pas immédiatement
au parlement, comme Langtes, &c. Les
ére&ions de duchés étant devenues plus fréquentes,
on met ordinairement dans les lettres, que c'eft fans
diflraction de rejfort du juge royal: ou fi l’on déroge au
reffort, c’eft à condition d’indemnifer les officiers de
la juftice royale ; & jufqu’à ce que cette indemnité
foit payée, la diftraâion de reffort n’a aucun effet.
Les nouveaux réglemens enregiftrés au parlement
font envoyés par le procureur général aux officiers
des duchés-pairies reffortiffantes nuement au parlement
, pour y être enregiftrées, de même que dans
les lièges royaux.
Ces juftices des duchés-pairies n’ont pas néanmoins
la connoiffance des cas royaux ; elle demeure toujours
refervée au juge royal, auquel la pairie reffor-
tiffoit avant fon éredion.
Depuis la déclaration du 17 Février 1731, on ne
peut plus faire aucune infinuation au greffe des du-
D U chls-palrles, hon plus que dans les autres juftices fei-i
gneuriales.
On tenoit autrefois des grands jours pour les duchés,
en vertu de la permiffon qui en étoit accordée
par des lettres patentes du roi. On permettait meme
quelquefois de tenir ces grands jours à Paris ; ces
grands jours ont été fupprimés & rétablis par differentes
déclarations , & enfin fupprimés deffimtive-i
ment. Paye^ G r a n d s jo u r s & P a ir ie s . (A )
D U C K S T E IN , ([Comm.) efpece de bierre blanche
, fameufe dans toute l’Allemagne, qui fe braffe
à Konigllutter, dans le duché de Brunfwic-Wolffen-
butel ; elle eft d’un goût très-agréable : on prétend
qu’elle eft un bon remede contre la pierre & la gra-t
v e lle . Il s’en fait un très-grand commerce. Diclionn,
univerfel de Hubner.
D U C T IL IT É , f. f. en Phyftque, eft une propriété
de certains corps, qui Jes rend capables d’être battus,
preffés, tiré s , étendus fans fe rom pre, de maniéré
que leur figure & leurs dimenfions peuvent être con-
fidérablement altérées en gagnant d’un côté ce qu’-*
elles perdent d’un autre.
Tels, font les métaux qui gagnent en long & en
large , ce qu’ils perdent en épaiffeur lorfqu’on les
bat av e c le marteau, ou bien qui s’allongent à me-*
fure qu’ils deviennent plus minces & plus déliés ,
quand on les fait paffer à la filiere.
T e ls font auffi les gommes, les g lus , les réfines,’
& quelques autres corps que l’on appelle ductiles,
quoiqu’ils ne foient pas malléables ; car fi on les ramollit
par l’e au , le fe u , ou quelque menftrue, on
peut les tirer en filets.
Par conféquent l’on a deux claffes de corps ductiles,
dont l’une .eft compofée de corps durs, & l’autre
de corps fouplés ou qui obéiffent au toucher : nous
allons donner quelques remarques fur chacune de
ces efpeces.
La caufe de la ductilité eft très-obfcure , parce
qu’elle dépend en grande partie de la dure té , dont
la caufe eft une de celles que nous connoiffons le
moins. Il eft vrai qu’ordinairement on rend raifoq
de la dureté , en l ’attribuant à la force d’attra&ion
entre les particules des corps d ur s , & que l’on déduit
la ductilité de la flexibilité des parties du corps
ductile, qui font parallèlement unies les unes aux
autres ; mais ces hypothefes ne font guere latis-
failantes: car i ° . il ne paroît pas que l ’attraâion des
parties de la matière, quoiqu’établie par différentes
expériences, puiffe fervir à rendre raifon de la dureté
; puifqu’en fuppofant des particules de matière
qui s’attirent, il reftera encore à fa vo ir fi ces particules
font dures ou n o n , & on retombera dans la
queftion de la dureté primitive, queftion qui paroît
au-deffus de la portée de notre efprit : 20. à l’égard
de la ductilité, c e n’eft point l’expliquer que de l’attribuer
à la flexibilité des corp s , puifqu’on demandera
de nouveau d’oii vient cette flexibilité. Voye{
D u r e t é , C o h é s i o n , & c.
Au lieu de ces hypothefes imaginées pour expliquer
la ductilité, nous allons entretenir ici notre lecteur
de quelques expériences curieulqs & fur prenantes
fur les corps ductiles, en prenant nos exemples
dans l’o r , le v e r r e , la to ile d’araignée.
Ductilité de l'or. Une des propriétés de l’o r , eft
d’être le plus ductile de tous les corps : les Batteurs
& les Tireurs d’o r nous en fourniffent un grand nombre
d’exemples. Voyer Or. L e pere Merlenne, M.
Rohault, M. Ha lley, &c. en ont fait la fupputation,
mais ils fe font appuyés fur les rapports des ouvriers,.
M. de Reaumur, dans les mémoires de l’académiç
royale des Sciences en 1713, a pris une route plus
fûre t; il en a fait l’expérience lui-même : il trou v e
qu’un fimple grain d’o r , même dans nos feuilles d’o r
communes, peut s’étendre jufqu’àQccuper 3 6 pouces
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quarrés ? ; & une once d’o r, qui mife en forme de
cube n’eft pas la moitié d’un pouce en épaiffeur, longueur
ou largeur, battue avec le marteau, peut s’étendre
en une furface de 146 piésquarrés & £, étendue
près de la moitié plus grande que celle que l’on
pouvait lui donner il y a 90 ans. Du tems du pere
Merfenne on regardoit comme une chofe prodigieu-
f e , qu’une once d’or pût former 1600 feuilles, lef-
quelies. réunies ne faifoient qu’une furface de 105
piés quarrés.
Mais la diftenfion de l’or fous le marteau, quoique
très-confidérable, n’eft rien en comparaifon de
celle qu’il éprouve en paffant par la filiere. Il y a
des feuilles d’or qui ont à peine l’épaiffeur de Têoôoo
de pouce ; mais partie d’un pouce eft une
épaiffeur confidérable., en comparaifon de l’épaif-
feur de l’or filé fur la foie dans nos galons d’or.
Pour concevoir cette ductilité prodigieufe, il eft
néceffaire de donner à nos lefteurs quelque idée de
la maniéré dont procèdent les Tireurs d’or. Le fil que
l’on appelle communément .du j i l d'or, & que tout
Je monde fait n’être autre chofe qu’un fil d’argent
doré ou recouvert d’o r, fe tire d’un gros.lingot d’argent
pefant ordinairement 45 marcs. On lui donne
une forme de cylindre d’un pouce & demi environ
de diamètre , & long de 22 pouces. On le recouvre
de feuilles préparées par le Batteur d’o r , les
pofant l’une fur l’autre, jufqu’a ce qu’il y en ait affez
pour faire une épaiffeur beaucoup plus confidérable
que celle de nos dorures ordinaires : & néanmoins
dans cet état cette épaiffeur eft très-mince, comme
il eft aifé de le concevoir par la quantité d’or que
l ’on employé à dorer les 45 marcs d’argent : deux
onces en font ordinairement l’affaire, & fort fou-
vent un peu plus qu’une. En effet, toute l’épaiffeur
de l’or fur le lingot excede rarement ^ ou partie
d’un pouce, & quelquefois elle n’en eft pas la
■ partie.
Mais il faut que cette enveloppe d’or fi mince le
devienne bien d’une autre maniéré. On fait paffer
fucceffivement le lingot par les trous de différentes
ifilieres, toujours plus petites les unes que les autres,
jufqu’à ce qu’il devienne auffi fin ou même plus fin
qu’un cheveu. Chaque nouveau trou diminue Le dia-
pietre du lingot ; mais il gagne en longueur ce qu’il
perd en épaiffeur, & par conféquent fa furface augmente
; néanmoins l’or le recouvre toûjours : il fuit
l ’argent dans toute l’étendue dont il eft fufceptible ;
& l’on ne remarque pas même au microfeope qu’il
en laiffe àdécouvert la plus petite partie. Cependant
à quel point de fineffe doit-il être porté, lorfqu’il eft
tiré en un filet dont le diamètre eft neuf mille fois
plus petit que celui du lingot ?
M. de Reaumur, par des mefures exaûes & un
{calcul rigoureux, trouve qu’une once de ce fil s’allonge
à 3 23 2 piés, & tout le lingot à 116315 20, me-
fure de Paris, ou 96 lieues frahçoifes ; étendue qui
furpaffe de beaucoup ce que Merfenne, Rohault,
Halley, &c. avoient imaginé.
Merfenne dit qu’une demi-once de ce fil eft longue
de 100 toifes. Sur ce pié une once de'ce fil ne
s ’étendroit qu’à 1200 piés ; au lieu que M. de Reaumur
la trouve de 3232. M. Halley dit que fix piés
de fil ne pefent qu’un grain, & qu’un grain d’or s’étend
jufqu’à 96 verges, &.que par conféquent la dix-
«nillieme partie d’im grain fait plus d’un tiers de pouce.
Il trouve que le diamètre du fil eft une cent qua-
tre-vingt-fixieme partie d’un pouce ; & l’épaiffeur
de l’or une 1.54.500™ partie d’un pouce. Mais ce
compte eft encore au-deffaus.de celui de M. de
Reaumur ; car fur ce principe l’once de fil ne de*
,vroit être que de 2680 piés.
Cependant le lingot n’eft pas encore parvenu à fa !
plus grande longueur, la plus grande partie de l ’or
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trait eft ffie où travaillé fur foie ; & avant de le filer
on lapplatit, en le faifent paffer entre deux rouleaux
ou roues d’un acier exceffivement poli ce qui
le tait encore allonger de plus d’un feptieme. M. de
, aumur trouve alors que la largeur de ces petites
lames ou plaques n’eft que la huitième partie d’une
ligne ou la 96 partie d’.un pouce, & leur épaiffeur
une .307s'; 1 once d’or eft alors étendue en unefur-
tace de 11 copiés quarrés ; au lieu que la plupart
des batteurs d o r , amfi que nous l’avons obfenré,
ne I etendent qu à 146 piés quarrés.
Mais quelfe doit être la fineffe de l’ôr étendu d’ua
ne manière fi exceflive ? Suivant le câlctil de M. de
Keaiimur, fon epaiffeur eft la 175000« partie d’u-
I ne |9 & 2.100000« partie d’un pouce , ce qui
n eu que la treizième partie de l’épaiffeur déterminée
par M. Halley; mais il ajofite que cela fuppofe
1 épaiffeur de l’or par-tout égale, ce qui n’eft pas
probable; car en battant les feuilles d’or, quelque
attention que 1 on y ait, il eft impoffible de les étendre
egalement. C ’eft dequoi il eft facile de juger par
quelques parties qui font plus opaques que d’autres;
amfi la dorure du fil doit être plus épaiffe aux endroits,
où la feuille eft plus épaiffe.
M. de Reaumur fupputant quelle doit être l’épaif-
feur de 1 or aux endroits où elle eft 1a moins confidérable,
la trouve feulement d’une 3150000™ partie
d un pouce ; mais qu’eft-ce qu’une 3150000™ partie
d’un pouce? Ce n’eft pourtant pas encore la plus
grande ductilité de l’or ; car au lieu de deux onces
d or que nous avons füppofées au lingot, on peut
n’y employer qu’une feule once ; & alors l’épaiffeur
de l’or aux endroits les plus minces ne feroit que la
6300000™ partie d’un pouce.
^ Néanmoins quelque minces que fuient les lames
d’o r, on peut les rendre deux fois plus minces, fans
qu’elles ceffent d’être dorées. En les preffant feule-
mentbeaucoup entre les roues, elles s'étendent au
double de leur largeur, & proportionnellement en
longueur; de maniéré que leur épaiffeur fera réduite
enfin à une treize ou quatorze millionième partie
d’un pouce. '
Quelque effrayante que foit cette ténuité de l’o r ’
il recouvre parfaitement l’argent qu’il accompagne.
L’oeil le plus perçant & le plus fort microfeope né
peuvent y découvrir le moindre vuide ou la moindre
difeontinuité. Le fluide le plus fubtil & la lumière
elle-même ne peuvent y trouver un paffage : ajoû-
tez à cela que fi l’on fait diffoudre dans de l’eau-forte
une piece de cet or trait ou de cet or laminé, on ap-
percevra la place de l’argent tout excavée, l’argent
ayant été diffous par l’eau-forte, & l’or tout entier
en forme de petits tubes.
Quant à la ductilité des corps qui ont de la mol-
leffe, elle ne va pas à un degré fi furprenant; cependant
le le&eur ne doit pas être furpris que, parmi
les corps duâiles de cette claffe, nous donnions
la première place au verre, qui eft de tous les corps
durs le plus fragile.
Ductilité du verre. Tout le monde fait que quand
le verre eft bien pénétré de la chaleur du feu , les
ouvriers peuvent le former & le façonner comme
de la cire molle ; mais ce qu’il y a de plus remarquable,
e’eft qu’on peut le réduire en fils d’une fineffe
& d’une longueur exceflive.
Nosfileurs ordinaires ne font pas leurs fils de foie,'
de lin, ou d’autres matières femblables, avec autant
d’aifance & de célérité à beaucoup près que nos fî-
leurs de verre qui travaillent fur une matière fi
fragile.
On a des plumets de cette matière pour orner la
tête des enfans ; on en fait d’autres ouvrages beaucoup
plus fins que les cheveux, qui fe plient, qui fe
courbent, qui notent comme eux au moindre vent.